Printemps noise ! part 1 (The dawn, Deveikuth, It it anita, Frustration, Catalgine, Nevraska)

C’est le printemps noise ! En Haute-Savoie, il n’y a pas que des pentes enneigées et des gilets jaunes en Audi, il y a aussi des concerts qui défouraillent. Retour en images sur quelques moments forts de la saison. Non… j’ai dit ça ?

On commence par un show à Genève, toute proche : The Dawn et Deveikuth à la Makhno. Deux groupes bien obscurs que Drone to the bone est allé cherché dans les tréfonds de l’underground marseillais.

T-Shirts rigolos  – dont celui du chanteur à l’effigie de Rorcal, clin d’oeil au patron ? – mais power-violence chaotique joué avec fougue pour The Dawn qui fait pas rigoler du tout. C’est lourd ? Rapide ? C’est le troisième morceau ou le dix-septième?

Avec un morceau intitulé « I bet you like Botch, bitch », on pouvait s’attendre à ce genre de correction. Le groupe existe depuis 10 ans, a sorti plusieurs albums et faisait ici son dernier concert avec son chanteur/hurleur. Sortie avec les honneurs.

On retrouve le bassiste de The Dawn dans Deveikuth, mais derrière les fûts. Plus question de blasts et de morceaux pieds au plancher ici car il s’agit de Funeral doom. Eh oui, c’était mon premier concert de Funeral doom ! Peut-être bien que vous vous demandez ce que c’est. Eh bien, une sorte de doom minimaliste bloqué sur des tempos ultra lents.

Invocations caverneuses déchirantes, effet de trance hallucinée. Bon enfin, on sent le temps passer quand même au bout d’un moment. Ah le concert est fini ? OK, c’était le moment.

Passons sans transition aux Belges de It it anita, qui jouaient  au Club du Brise-Glace mercredi 13 mars – c’est-à-dire le même soir que Zu à genève, y’a des jours comme ça… –  dans le cadre du festival Hors-Pistes. Même qu’il y avait du monde. Et un premier groupe aussi, que je n’ai pas vraiment vu.

Par contre, It it anita pas question d’en perdre une miette. Ouverture du concert tout en larsens et déjà c’est beau. Disposition atypique du groupe sur scène – les deux guitaristes et la paire basse-batterie se faisant face, de profil par rapport au public. Un concert tonitruant où tu avais parfois vraiment l’impression de te retrouver à la grande époque de la  Jeunesse sonique – période Goo ou quelque chose comme ça – tant le groupe maîtrise ses envolées noise. Ce en quoi ils sont un peu les cousins de A Shape, autres héritiers Sonic youthiens, mais parisiens.

Les deux chants très travaillés savent aussi ciseler de chouettes mélodies et d’ailleurs ce serait idiot de réduire ce groupe à cette influence tant ils sautent d’un registre à l’autre avec naturel.

Le final sauvage dans la fosse a mis tout le monde d’accord : ce groupe est géant. Et je crois bien qu’on devrait en entendre parler dans pas trop longtemps, du côté du Poulpe à l’automne prochain pour être plus précis. Hmm, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Le Poulpe justement, où jouait Frustration le 30 mars dernier.  Y’a des groupes, c’est comme si tu étais maudit et que chaque fois qu’ils jouent quelque part, il y a un empêchement. Ca a été le cas pendant un bout de temps avec Frustration donc ce concert était un peu comme une revanche.

Un DJ, deux ou trois gars qui dansent et font les cons devant – tiens c’est le groupe. Eh ben, ils ont l’air en forme. Les échos du concert de la veille à Cave 12 avec Usé sont pourtant moyens. Assez froid, fatigués peut-être. Mais ce ne sera absolument pas le cas ce soir : le groupe enfile ses tubes post-punk comme des perles. Après un début plutôt cool, le groupe enchaîne les morceaux plus lourds ou plus expérimentaux. Leur post-punk de connaisseur donne l’impression de voyager dans le temps, de revisiter des périodes, des styles, avec toujours ce côté à la fois martial, raide, mais aussi dansant qui caractérise ce style plus à la mode que jamais. Inusable.

C’est un Frustration joyeux, enjoué qu’on verra au Poulpe. Même le chanteur – qui n’a pas la réputation d’être toujours très communicatif – est hilare. Mais la palme revient au bassiste. Pour une raison que je n’ai pas très bien saisie, il avait fait le trajet depuis Genève à pied, avec une bouteille de pastis pour seul ravitaillement. Résultat, il est déchainé, casse ses cordes, prend la parole à tort et à travers. Le set prend des allures absolument hilarantes. Il  donne l’impression de vouloir se battre avec la totalité du public. C’est le bordel, tout le monde se marre, danse et ceux qui s’amusent le plus, ce sont certainement les Frustration. Superbe.

On finit avec Catalgine et Nevraska au café de Chateau-rouge le 27 avril (on est jamais mieux servi que par soi-même, hein). Concert dont la préparation fiévreuse aura d’ailleurs empêché d’aller voir Alabaster et Noiss au Brise-Glace. Dommage.

Un chouette concert en ce qui nous concerne, devant un public restreint mais chaleureux. Faut dire qu’il y avait de la concurrence ce soir-là et aussi que ces soirées, pourtant gratuites et tournées vers la scène locale, peinent un peu à faire recette. A tel point que Julien – pourtant un enjailleur de premier ordre tout dévoué à la cause – jetterait l’éponge. Faut faire quelque chose.

C’était  surtout le plaisir de revoir Nevraska après une assez longue période sans concert, durant laquelle Kick a pris la place de Cyril devenu parisien. Ils ouvrent avec Kollapse, morceau génial à écouter absolument, un de mes morceaux favoris du duo. Ca part donc bien. Alternent ensuite titres connus et cinq nouveaux morceaux. A part un passage à effet électro/boîte à rythmes assez frappant, difficile de se faire une idée sur un seul concert, même si on retrouve souvent ce noise-rock swinguant et survolté qui est la marque de fabrique du groupe. Blues-punk power !

Le nouveau batteur a un jeu plus ramassé que Cyril et ramènera peut-être le duo vers quelque chose de plus brut, qui sait ? A vérifier lors des prochains concerts, par exemple le 15 juin avec les excellents Tuco aux Tilleuls. En attendant un prochain enregistrement. Comme il se doit à Chateau-rouge, tout ça s’est terminé en karaoké post-hardcore entre gens gentils, copieusement arrosé de bières artisanales. Tu veux quoi d’autre ?

>>>>>>>>>> THE DAWN

>>>>>>>>>> DEVEIKUTH

>>>>>>>>>> IT IT ANITA

>>>>>>>>>> FRUSTRATION

>>>>>>>>>> CATALGINE

>>>>>>>>>> NEVRASKA

« La giclée blanche » (Atomic spunk – Chateau rouge, 22 déc.)

atomic couvRetour sur un passage au concert des Atomic spunk au café de Chateau-rouge, il y a quelques semaines. Juste le temps de se prendre une petite giclette de leur atomic spunk à eux.

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Un punk-rock sans temps-mort, toutes guitares dehors, la voix rock caverneuse de Jello-Denis – un peu diminué par un problème de cheville et pourtant il avait mis des baskets. Sans oublier une section cuivre percutante.

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Un mélange détonnant qui m’a rappelé des – très bons – souvenirs du côté d’Alternative tentacles. Allez savoir pourquoi… Encore un bien chouette groupe d’ici. Bon sang ça commence à faire un sacré nombre !

« Solides bolides » (Smutt, Korto – Café Chateau-rouge, 20 mai)

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Je sais pas si c’est le printemps mais les concerts bourgeonnaient sacrément ce weekend-là. Vendredi, Nurse et Fakirs à Chateau-rouge, le dernier show de Komodo experience à la Spirale et Third project, entre autres, à la Brasserie pirate. Et puis ce samedi, une affiche assez éclectique qui proposait deux des groupes les plus intéressants du coin : Smutt et Korto.

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Smutt est un des groupes les plus actifs de la région. Ils revenaient d’une mini-tournée en Espagne et ont sorti un 7″ il y a peu.

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Les Anneciens ont balancé pied au plancher leur set de punk-rock soutenu et teigneux, agrémenté de quelques reprises bien chouettes.

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Korto avait un son plus brut que d’habitude – c’est Smutt qui avaient fait la balance pour eux ou quoi ? Peu importe. Les mélodies envoûtantes et aériennes, la paire basse-batterie bien charpentée avec un batteur aux rythmiques immuables assez hypnotisant, tout est là et le groupe maîtrise totalement son propos.

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Juste le regret d’avoir été si peu nombreux à apprécier et soutenir ces deux groupes. L’intention de soutenir la scène locale et les groupes indépendants est louable mais ça doit quand même être possible de faire davantage passer le mot.

Ceci dit, on n’a pas besoin d’être des centaines pour passer une excellente soirée. Et ceux qui étaient là étaient clairement les meilleurs.

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Smutt

Korto

« Le futur dure longtemps » (Dinky Dwale, Catalgine, Les Cancres, Fisted by a priest – Café Chateau-rouge)

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Organisé par la fine équipe des studios de Chateau-rouge, cette soirée sur le thème « No future? » réunissait une affiche bien variée…

Dinky Dwale a ouvert le bal… Duo folk-punk taillé pour ce genre de scène entre le concert et le café, avec un chouette contraste entre la guitare accoustique, la voix féminine et les accents plus rugueux du second guitariste.

group-e-4Ce fût ensuite notre tour. On (Catalgine) a essayé de proposer quelque chose d’assez personnel, en partie parce qu’on trouvait pas très punk de se limiter à faire des reprises fidèles de « standards punks »…

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Au final, c’était quand même assez fidèle. A part la reprise libre de « Punk is dead » de Crass qui n’avait pas grand chose à voir avec l’original.

DSCN2410.JPGC’était un bon moment, en tous cas. On s’est demandé si les gens connaissait encore Joy division, au vu des réactions…

Pris par les conversations d’après concert, je n’ai pas réellement écouté le set des  Cancres. Une musique aux accents carrément trad, avec un chanteur bien jeté, à ce qu’on m’a dit. Ils ont fait une reprise de « Bankrobber » des Clash. Une sacrément bonne idée, ces reprises trad de morceaux punks. Je pense que le concept aurait pu être poussé encore plus loin, d’ailleurs.

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Vu que, dans le punk, il faut à peu près 20 ans d’activité pour se voir qualifier (ou s’auto-qualifier dans certains cas) de « légende », cela fait de Fisted by a priest  une semi-légende annemassienne.

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Fisted by a priest, père fouettard du punk-rock

Au vu du show explosif et joyeux du punk cover-band, ça parait pas usurpé. Black flag, Ramones, Bad Brains, Turbo negro – les tubes punks s’enchainent. On boude pas son plaisir, constamment en train de se dire « Ah ouais attends, je la connais celle-là ». On lève le poing, on beugle les choeurs et Trasho de Grilled flesh party aura  même droit à un slam jusqu’à l’extérieur de Chateau-rouge.

DSCN2477.JPGLe groupe a clairement une préférence pour les tout débuts du punk-hardcore – en fait, je connaissais même pas le morceau antique de Bad Brains qu’ils ont joué (Regulator). Et surtout, à écouter leurs versions de « New rose » ou de « California über alles », on se dit quand même que ce sont des putains de bons morceaux.

Merci donc à eux de faire vivre le patrimoine !

« Aujourd’hui la salle de répète, demain l’univers. » (Interview Happening)

 

Rencontre avec Anthony (guitare/chant), Bastien (batterie) et Martin (basse) : les hommes derrière la boule de nerfs dont le nom est Happening.

 

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Martin, Bastien et Anthony avant leur concert à Chateau rouge

Pouvez-vous me parler un peu de ce que vous avez fait avant Happening ?

Anthony : J’étais dans un groupe qui s’appelait Arteries Shaking avec Martin. Au départ, Happening, c’était Bastien et moi, on écrivait des morceaux, on s’essayait à de nouvelles choses. Puis on a demandé à Martin de faire la basse.

Bastien : Moi, j’avais un groupe de pop-punk, Pin-Up explosion. Des chansons de skateboard… En fait, on s’est connu à l’école de musique. À la base, Anthony et moi, on faisait des reprises de Rammstein (rires)…

Anthony : Puis à un moment on s’est dit qu’il était peut-être temps de faire quelque chose de concret, on a proposé à Martin de nous rejoindre et c’est comme ça que c’est né.

Vous considérez Happening comme votre projet le plus sérieux ?

Anthony : Clairement. Les autres projets étaient sérieux mais on a appris grâce à eux et on essaye de faire le moins d’erreurs possibles – même si on en fait malgré tout, mais moins qu’avant, peut être de manière plus réfléchie. Je pense que c’est le projet sur lequel on va le plus loin, sur lequel on se dévoile et sur lequel on s’investit pour de vrai.

 

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Interview Happening – Tom à la captation (Photos DR Geoffrey Martin)

 

Vous venez de sortir un album. Pouvez-nous dire un peu dans quelles conditions ça s’est fait ?

Anthony : Il est sorti via Send the wood music, un label de Montpellier, qui a sorti d’autres groupes très cools, genre Gnô, un des groupes dans lequel jouait avant Christophe Godin. On les a connus par le biais d’Arteries Shaking. On leur a proposé de sortir l’album et ça s’est fait. Il est distribué par toutes les plateformes connues, style Itunes, Amazon, Spotify, toutes ces saloperies qui ne servent à rien à notre échelle (rires) ! Si vous voulez acheter un album physique, faut venir nous voir jouer, ou le commander sur le shop du label, ou sur le nôtre !

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre lien avec le Brise-Glace ?

Anthony : On les avait rencontrés avec Arteries shaking. Pour moi, on s’en est fait des amis, des alliés… C’est grâce à eux qu’on joue aujourd’hui. On a enregistré les voix de notre premier EP chez eux, des bonus acoustiques, ils nous ont suivis, nous ont placés sur certains plans. On a retravaillé avec eux pour l’album et on a fait une résidence récemment, avec Tom, qui est l’ingé-son sur les plans comme aujourd’hui. C’est clairement notre salle de coeur !

Bastien : Concernant le boulot de résidence, on a surtout bossé sur le son du groupe, sur des plateaux qui en valent la peine, avec du vrai matos et surtout avec Tom.

Anthony : J’ajoute que quand on parle de « plateaux qui en valent la peine » c’est juste qu’il y a des salles qui permettent plus de choses que d’autres, qui demandent plus de travail. Mais, tous les plateaux en valent la peine. Jouer dans une cave est tout aussi important que faire une grosse SMAC. L’important, c’est les gens… Comme disait Bastien, on a passé du temps à bosser sur le son, sur l’identité du groupe. A travers le matériel, il faut arriver à un son qui sonne un peu comme si on jouait dans notre salle de répète, en plus travaillé évidemment. On cherche un rendu qui nous ressemble, qui ressemble au dernier disque qu’on a sorti.

Est-ce que vous pouvez avoir l’impression d’être formatés dans ces résidences, d’une manière ou d’une autre, d’avoir une pression par rapport à ce que vous aviez envie d’amener ou d’être ?

Anthony : Si on ne connaissait personne, on se serait peut-être sentis dépendants, on aurait peut-être cherché à se comporter comme comme on nous demandait de nous comporter mais là c’est pas du tout le cas. Si on a envie d’aller fumer un clope et de rien faire pendant dix minutes, personne va nous emmerder. Ce sont des collègues, des copains, du coup quand l’un a envie de faire une pause, l’autre a aussi envie, et quand l’un a envie de bosser, ben l’autre, c’est pareil. Il n’y a aucune contrainte… Dans la mesure du raisonnable évidemment. Là-bas, on se sent toujours à la maison. Les conditions sont chouettes et personne ne nous a jamais mis la pression. Je pense que c’est pour ça que ça se passe si bien.

 

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Interview Happening – Finalement, c’est un double Tom

Sur votre site, vous décrivez votre groupe comme « alternatif ». En quoi est-ce que vous êtes alternatifs ? Le punk, ça signifie quelque chose, pour vous ?

Bastien : Les deux formations qu’on avait avant étaient deux groupes punk, pop-punk ou autre…

Anthony : Le punk, nous concernant, c’est plus une énergie qu’on essaie de garder dans nos morceaux qu’un style.

Bastien : On se décrit « alternatif » parce qu’on ne sait pas… Aux yeux de nos grands-parents, on fait du hard-trash-metal-extrême-etc et aux yeux des mecs qui font ça, on fait de la pop. (rires)

Anthony : Dès le départ, on s’est dit qu’on ne voulait pas d’étiquettes, on ne se ferme pas de portes. Si on écrit quelque chose qui ne colle pas esthétiquement à ce qu’on a fait avant, on s’en tape. Quand je regarde les affiches à l’étranger, il y a rarement de style, c’est juste un nom et puis basta. Si les gens veulent savoir ce que c’est, ils vont écouter. Sur notre site, c’est « post-hardcore alternatif », on a rien de post, rien de hardcore et rien d’alternatif. Pourquoi on a mis ça ? Je ne sais pas ! C’est peut-être ce qui s’en rapproche mais, dans l’absolu, on s’en fout. On joue de la musique. On n’a jamais voulu rentrer là-dedans… Si un jour, on veut rapper sur un morceau, on le fera. C’est pas pour autant qu’on se considérera comme groupe de rap ! C’est triste, ce besoin de ranger les groupes dans une case.

Y a-t-il des groupes qui vous tiennent particulièrement à cœur ? Qui vous ont inspirés pour faire ce que vous faîtes, même au-delà de l’inspiration musicale ?

Martin : On écoute plein de trucs. Pas forcément reliés à ce qu’on fait…

Anthony : Martin écoute du rap français ou US en plus d’écouter les mêmes trucs que nous… plus on passe de temps ensemble, plus j’apprécie aussi.

Martin :Moi, j’aime les textes, aussi. Quand j’écoute des groupes comme Norma Jean, ça me parle…

Je pense qu’on s’inspire de toutes les musiques qu’on écoute, on ne compose pas forcément dans tel ou tel esprit. On laisse aller.

Anthony : Le fait de faire quelque chose qui ne parle pas forcément à tout le monde vient sûrement de ça. On se nourrit d’un tas de trucs différents. Après, s’il y a un groupe auquel on nous compare très souvent, c’est Thrice. J’en suis plutôt fier parce que c’est un de mes groupes préférés, même si je n’ai jamais eu l’impression de m’inspirer d’eux pour composer, c’est peut-être inconscient.

Vous êtes contents de jouer avec Therapy?

Bastien : Moi, je ne connaissais pas avant mais on est content parce que c’est des gros papas avec une carrière remarquable. C’est cool de jouer avec des pointures comme ça.

Anthony : C’est après avoir accepté la date qu’on a découvert qui était Therapy ?, qu’on s’est rendu compte de la notoriété qu’ils avaient, de l’impact qu’ils ont eu sur d’autres générations. On est contents et fiers. Il n’y a pas si longtemps on était dans notre salle de répète à envisager de fonder un groupe et aujourd’hui on nous demande de faire la première partie de Therapy? dans une super salle, dans des conditions qui sont tops. A notre petite échelle, c’est hyper motivant. On est juste ravi. Merci Château Rouge ! Bisou Therapy? !

Est-ce que vous avez d’autres activités autour de la musique ou en lien avec ce milieu-là ?

Martin : Moi, je suis président de la MJC d’Aix-les Bains, là où on répète.

Anthony : On a pas peur de dire que chez nous, il se passe pas grand-chose à l’exception d’un gros festival et d’un événement sur une semaine que notre mjc organise. Sinon, il se passe rien du point de vue de la musique rock. Du coup, Martin a voulu s’impliquer pour essayer de faire changer les choses, les avis, les préférences. Même si évidemment, il n’y a pas que le milieu de la musique à faire évoluer. Encore une fois, à notre petite échelle, on tente des trucs.

Bastien : Je fais de la vidéo, de la photo et du graphisme. Tout ce qui tourne autour de ça.

Anthony et Bastien : C’est lui qui a fait la pochette de l’album, nos clips avec parfois une aide extérieure, nos visuels pour un peu tout ce qu’on fait. Faut le dire, même s’il n’ose pas se mettre en avant. (Rires)

Bastien : Et puis, je vais parler d’Anthony – vu que lui parle de moi -, lui, il sait se servir de Protools maintenant (rires). Il a fait les guitares et les basses de l’album chez lui… On a tous un peu développé des compétences pour faire avancer le groupe et celle-ci nous permettront peut-être d’évoluer en dehors également.

Anthony : Faire les choses nous-mêmes, ça nous permet d’économiser de l’argent et d’arriver à un résultat qui nous plaît vraiment. Plus le temps passe et plus on devient autonome, j’espère qu’à terme, on n’aura juste besoin d’un petit groupe de gens autour de nous avec qui tout gérer.

Pour revenir à Aix-les-Bains, est-ce qu’il y a d’autres groupes dont vous vous sentez proches et dont vous voudriez parler ? Est-ce que vous faîtes partie d’une scène ?

Martin : Il y a quelques groupes sur Aix-les-bains, mais pour trouver des gens qui ont des goûts musicaux et des ambitions qu’on partage un peu, c’est plus sur Lyon. Il y a Directors Cut, avec qui on a déjà joué et avec qui on rejouera.

Anthony : Ils avaient ouvert pour nous pour la sortie de l’album, avec d’autres potes, du nom d’Above the North, c’est un groupe de melodic-hardcore de Lyon. Il y a aussi Tusk qui vaut bien le coup.

Bastien : Y’a aussi Space fisters, j’étais en musique étude avec eux, qui se bougent le cul pour faire du son.

Est-ce que vous lisez des fanzines ou des blogs ?

Bastien : Euh, j’avoue que…

Martin : Un peu Altnews ou quand on parle de nous, mais pas trop au courant non plus…

Bastien : Plutôt les pages Facebook…

Anthony : Moi, par contre, je lis un tas d’articles, que ce soit des petits fanzines ou des gros sites. Pas un site en particulier mais un peu tout ce qui passe, si un titre me plaît, je lis. Je passe du temps là-dessus. C’est peut-être un peu plus mon rôle dans le groupe… Puis ça fait des histoires à raconter. Parfois trop. (rires)

C’est quoi, vos projets pour la suite ?

Anthony : Faire un concert sur une autre planète, pour l’équipe de Stargate SG-1. (Rires)

Bastien : On booke une tournée pour le mois de février., avec un groupe anglais, Kidbrother. Puis ensuite tourner le plus possible…

Anthony : On veut aussi faire un max de clips. Diffuser nos morceaux par le biais de la vidéo, parce que c’est plus intéressant qu’un simple fichier audio. Et puis à terme, refaire un disque… mais pas tout de suite, hein.

Martin : Le projet, c’est de devenir les maîtres du monde ! D’aller le plus loin possible.

Anthony : D’aller là où on veut aller, essayer de séduire les gens pour que notre vie tourne autour des concerts, des tournées… et essayer d’être fiers de ça quand on sera vieux, ou morts.

Anthony, j’ai vu que tu avais un projet qui s’appelle Mental Jail…

Anthony : C’est un duo accoustique, un peu plus accessible qu’Happening en terme de style, avec Anthony Arbet qui était un membre d’Arteries Shaking. On va enregistrer prochainement. J’y crois vraiment, je suis assez content de ce qu’on fait tous les deux. C’est deux guitares acoustiques, un pedal-board et deux chants. Bastien va s’occuper de tout le visuel et Martin écrira peut-être des textes pour nous. Qui sait ? C’est un truc qui me tient à coeur et je pense que mes frangins d’Happening en feront partie d’une certaine façon…

https://happening.bandcamp.com/

PS Cette interview est la suite de ma collaboration avec Rictus (http://rictus.info/aujourd-hui-la-salle-de-repete.html) – il y en aura probablement d’autres ! – et toutes les photos sont copyright Geoffrey Martin. Merci à lui ! (http://www.geoffrey-martin.com/)

« C’est du brutal… » (Grilled Flesh Party, Brokenhead, Kess’Khtak – Café de Chateau rouge, 6 fév)

 

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On s’est laissé tenter par cette surprise party, comme en organise régulièrement Chateau-rouge pour les groupes qui y répètent. L’occasion de découvrir des groupes pour par cher – vu que c’est gratuit – dans la chouette salle du café.

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Grilled flesh et son bassiste à la tête qui brûle.

Grilled flesh party sont d’Annemasse. C’est un groupe qui allie brutalité et bonne humeur : tous les morceaux tournent autour de l’apologie de la viande. L’ironie, c’est que je sois végétarien… mais nous autres ne sommes pas touchés par ces provocations d’arrière garde car nous savons que le futur nous appartient. Ha ha !

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Le groupe a aussi la particularité d’avoir une boîte à rythme, ce qui accentue encore le côté radical de leur musique, qui oscille entre death et trash assez old-school, j’ai trouvé. Un groupe à l’enthousiasme communicatif et  fun à regarder, en tous cas.

Suivaient Brokenhead, là aussi plutôt death-metal, puissant avec un son qui montait d’un cran. Les passages qui m’ont le plus marqué me rappelaient le Sepultura de Chaos A.D., pas forcément une mauvaise référence…

Les Genévois de Kess’khtak faisait office de tête d’affiche ce soir-là. Leur assaut sonore pied au plancher a clairement pour but de clouer tout le monde au fond de la salle. Ca va rarement moins vite que à fond, leur musique m’évoquait très exactement l’expression « death-core » : la sauvagerie du death et le côté énergique, presque groovy, du hardcore. Les deux chanteurs et leurs micros sans fil ont un côté hip-hop marrant, un peu dommage que leurs deux voix sonnent quasiment identiques.

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J’ai mis en ligne une petite vidéo, bien amateure, d’un titre de  Grilled Flesh Party ici : https://www.youtube.com/watch?v=1ZkxsJ_Kleg&feature=youtu.be

« Toujours pas guéris » (Happening, Therapy ? – Chateau-rouge, 28 janv)

 

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Happening full power  (Toutes les photos sont de Geoffrey Martin, voir plus bas)

Le concert d’Happening commence par un faux départ. Peut-être de nervosité, le batteur casse le ressort de sa pédale de grosse caisse. Ce sera l’unique faux-pas du trio : le reste du set est exécuté de manière implacable.

HAPPENING LIVE CHATEAU ROUGE ANNEMASSE

Happening, c’est un peu le power-trio par excellence. Chacun à son poste, pas de filet ou de solution de remplacement. On avance en rang serré, le groupe fait corps, avec notamment une basse-batterie inébranlable, qui martèle son propos sans une note ou un coup de caisse claire en trop.

HAPPENING LIVE CHATEAU ROUGE ANNEMASSE

La musique nerveuse du trio alterne riffs anguleux et montées en puissance mélodiques, moments suspendus et explosions de fureur. Les ambiances se télescopent et se succèdent de manière aussi mouvante et imprévisible que la grosse mer de la pochette de leur tout nouveau disque.

L’énergie explosive du trio, son attitude sur scène, son contact chaleureux avec le public (plutôt le fait d’Anthony, le chanteur, il faut bien le dire), tout sent la sincérité et l’envie d’en découdre. La petite scène du café de Chateau-Rouge permet une proximité qui va bien au groupe et permet de prendre sa mesure.

 

… A peine le temps de commander une bière qu’on a déjà raté les tout premiers moments du set de Therapy? A vrai dire, je n’avais pas d’attente particulière vis-à-vis du concert de ce vieux groupe irlandais. J’aime bien les premiers disques, la période un peu plus noise-rock, avant le coming out pop de Troublegum. J’assiste donc, sceptique ou presque, aux premiers titres du groupe. Les morceaux sont souvent limpides, il y a un vrai talent pour écrire des hymnes power-pop – je fais exprès d’exagérer un peu, le groupe était labellisé « métal » par Chateau-rouge… – des hymnes, donc, au ton faussement enjoué, aux mélodies souvent douce-amères. Mais enfin, ces riffs simples, alignés, ces progressions d’accords, on a parfois un peu l’impression de les avoir entendus mille fois. Et de limpide, Therapy? semble tout-à-coup un groupe trop évident, transparent.

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Ladies and gentlemen : Mister Andy Cairns

 

Mais…

Mais ?

Mais.

Mais les gars savent y faire. Mais la sauce prend. On ne sait pas comment mais, au fil du concert bien rodé, l’énergie monte peu à peu. L’hymne tout à coup, sans qu’on en ait vraiment pris conscience, s’est mis à vibrer. Alors oui, certes, Andy Cairns raconte toujours les mêmes conneries (ça fait 23 ans que « son français est merde », selon un observateur avisé). Oui, ça lève son instrument au ciel à tout bout de champ en signe de domination du stade. Ca fait chanter le public et ça place des vieux tubes au bon moment pour arracher des soupirs d’aise téléphonés. Mais, à y réfléchir, l’oeil exhorbité de Cairns et sa voix de petite fille apeurée ne sont pas si lisses que ça et l’enthousiasme des musiciens est vraiment entraînant. On sent qu’ils prennent plaisir à organiser cette fête païenne et bon enfant, où l’on célèbre sa névrose dans le pogo et la bonne humeur.

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Quel pied de réentendre Teethgrinder et d’autres morceaux de ce dance-rock répétitif et froid issu de l’album Nurse ! Un petit bout d’I wanna be your dog aussi, qui viendra pimenter le set (Pourquoi juste un bout, d’ailleurs ? Je les ai haïs à ce moment-là…), déclenchant un pogo immédiat. Et la reprise de Diane (avec le violoncelle enregistré), prenante et belle, même si leur version n’est pas aussi déchirante que l’original d’Husker-Du.

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Les titres se sont enchainés et la pression n’a cessé de monter pour atteindre ce joli moment d’ivresse sonique qui vous laisse pantelant, lorsque le groupe a quitté la scène et que les lumières crues ont à nouveau envahi la salle, à gueuler pour qu’ils reviennent, qu’ils en donnent encore. Et oui, Therapy? reste une belle bête de scène…

PS Cet article est une « coproduction » entre Rad-Yaute et le webzine Rictus (http://rictus.info/mag). Un webzine coopératif et non-profit tout azimuts intéressant.

PPS Les photos sont copyright Geoffrey Martin : http://www.geoffrey-martin.com/. Merci à lui.