Happening, « In the middle of the seas »

 

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Mon coeur balance au moment d’écrire une chronique du premier album d’Happening, « In the middle of the seas », et je pense qu’il balancera jusqu’au bout… Pourtant j’ai bien envie de parler du disque de ce groupe : je les ai vus une seule fois en concert (avec Lofofora, au Brise-Glace) et c’est un souvenir excellent.

Pas facile de décrire la musique du trio d’Aix-les-Bains (il me semble), qualifiée de « post-hardcore » sur leur site. En gros, Happening fait partie de ces groupes mélangeant la puissance de riffs métal et mélodies, parfois à la limite de l’émo. Le chouette son de cet enregistrement, qui a gardé un côté abrasif (quoique je t’aurais bien parfois gonflé un peu la basse…) lui permet d’exprimer sa puissance de feu.

Car Happening est un groupe ultra percutant. Ca joue serré, tout en place, ça s’arrète net pour mieux t’exploser à la face ensuite. Sur scène, faut bien dire ce qui est, le trio fait carrément de l’effet. Même Reuno, le sympathique chanteur de Lofofora, avait fait des commentaires enthousiastes au micro. A ce niveau-là, on peut parler d’une certaine maîtrise et d’ailleurs les morceaux se permettent d’emprunter à différents styles sans perdre en personnalité (riff un poil hard rock dans Crisis, par exemple…)

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Ils sont que trois mais ils sont tous à bloc, y’en a pas un qui soit en dessous des autres et sans en faire des tonnes non plus. On sent un groupe hyper soudé, sincère, qui cherche à créer une musique organique qui exprime autant la colère que l’espoir ou la sérénité… Les morceaux sont très portés par le chant, qui est bon – fait assez rare pour être souligné – et dont certaines lignes me rappellent parfois les Burning heads, sur Love it strong, love it wrong, par exemple. C’est marrant parce que le style n’a pas grand-chose à voir… Quoique… En remplaçant la base metalcore par une base punk-rock…

Bon, je vais nuancer un peu… C’est un cliché de dire qu’un groupe a les défauts de ses qualités, mais je trouve qu’il y a quand même un peu de ça… Chaque morceau fourmille d’idées et d’énergie mais – OK c’est peut-être juste une histoire de préférence personnelle – me laisse toujours l’impression qu’aucune idée n’est exploitée totalement à fond. Et qu’on évolue un peu systématiquement d’un couplet rageur vers un refrain inspiré et mélodique. Je sais que c’est le style qui veut ça mais personnellement j’aime bien les groupes qui creusent un truc, qui laissent une ambiance s’installer, quelque chose monter, quitte à surprendre après. Plus sournois, peut-être.

Avec Happening, au contraire, chaque morceau dit rapidement ce qu’il a à dire, l’ambiance est très vite posée et ne se dément pas. Finalement, la musique d’Happening est à l’image de la pochette de leur disque (une vague qui se brise) : dans le mouvement, l’émotion, toujours à son apogée, son point de rupture.

Mais le milieu des mers, c’est aussi les profondeurs sombres et, en ce qui me concerne, le titre ne tient pas tout à fait ses promesses de ce côté-là. Encore un fois, je pense que c’est affaire de ressenti personnel… je suis sûr que la musique de ce groupe parlera a de nombreuses personnes, comme elle le fait déjà. Et j’espère en tous cas avoir convaincu que ça vaut largement une petite écoute et surtout de se donner la peine de se déplacer si ils passent par chez vous (par exemple le 28 janvier à Chateau-Rouge avec Therapy?). Ca sera déjà pas si mal…

Happening, « In the middle of the seas » (Send the wood music).

https://happening.bandcamp.com/album/in-the-middle-of-the-seas

« Bikinis, plastique et soleil pâle » (Expo Martin Parr, Evian – 20 déc.)

DSCN0455L’occasion de voir une expo d’un grand photographe n’est pas si fréquente en Haute-Savoie, alors on ne va pas se priver :  « Life’s a beach » regroupe des photos du photographe anglais Martin Parr sur le thème de la plage, au Palais-Lumière à Evian, jusqu’au 10 janvier.

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Martin Parr pourrait être décrit comme un photographe qui traque le détail qui tue. Il ne s’intéresse d’ailleurs pas vraiment à son sujet en soi mais aux détails, donc, et aux effets de décalage et de contraste qu’ils peuvent produire. Et plus ils sont gros – que dis-je, énormes – plus il aime ça.

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Ce n’est pas pour autant vulgaire – Martin Parr est bien trop classe pour ça – c’est plutôt un regard amusé et empathique sur tous ces détails kitchs. Un regard décalé qui finalement correspond  exactement à ce qu’on attendrait d’un anglais. Ce qui est déjà assez drôle en soi.

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Plage artificielle au Japon. Flippant.

Mais on pourrait aussi dire que ces photos témoignent à leur manière de l’insignifiance  – du narcissisme individuel, de la culture dans une société de consommation de masse. Voire d’une certaine forme de misère de l’existence dans ces sociétés. Mais cette manière-là de dénoncer est infiniment plus fine et drôle que celle de l’art contemporain qui squatte les centres d’art subventionnés par l’Etat.

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Ha ha. Hum.

Et à ce jeu-là, les photos prises sur les plages anglaises (celle de la première salle à droite) remportent la palme. Gamin jouant parmi les détritus, grosse dame feuilletant tranquillement la une d’un tabloid haimeux, chacune de ces photos (qui sont aussi les plus anciennes) ferait une pochette de disque de rock excellente.

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C’est cette dizaine de photo qui m’a vraiment plu. Le reste est parfois moins percutant. Martin Parr, c’est d’abord un collectionneur (c’est lui qui le dit) et un photographes de séries à thèmes – dont certaines sont visibles sur écran : les casquettes, les animaux, les photographes… – au risque d’être parfois plus un photographe de la quantité que de la qualité.

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Mais bon, lui au moins encourage les visiteurs à prendre ses photos en photo, c’est pas comme au Brise-Glace ! 😉

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Ici, c’est Evian city, pas Chateauroux, motherfucker.

« Ode to a band »

 

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Sous le titre pompeux « nouvel ep en avant première exclusive », un article du webzine Mowno permet actuellement d’écouter deux titres inédits de Condense,  groupe lyonnais défunt il y a bien 20 ans ou presque.*

http://www.mowno.com/non-classe/exclusivite-mowno-ecoutez-le-nouvel-ep-de-condense-en-avant-premiere-du-4-au-10-decembre/

Les deux morceaux « Bacteria » et « Ode to a boss » (les joies du travail salarié et des « petits chefs – un thème cher à Marc, le chanteur, si je me rappelle bien) sont bien représentatifs de ce que fût la noise haletante des lyonnais. Cette voie étouffée sur quelques arpèges dissonants, comme tapis en embuscade, ces gros riffs saignants bricolés entre eux, répétés et répétés (déjà) comme si c’était la seule issue…

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Condense, c’était aussi les textes de Marc. Aussi étouffants que la musique qui lui servait d’exutoire, liant ressenti personnel, envies de révolte et considérations socio-politiques. Assez proches d’une certaine façon des préoccupations de la scène hadcore do it yourself avec laquelle  ils étaient plutôt en froid. Une écriture d’une maturité largement au-dessus de la moyenne, en tous cas.

Même les dessins, réalisés par un des musiciens (qui a dit « Do it yourself » ?), qui accompagnaient les livrets du groupe étaient bien chouettes… Condense, groupe parfait ?

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Quel plaisir de réécouter « Genuflex »… Avec le recul, c’est vraiment un album génial, équilibre idéal entre violence et introspection, que certains groupes atteignent parfois. Pas un morceau qui soit commun, des idées tordues et néamoins limpides. Aaaaahhhh, le punk-rock shizo de « We got power », les lignes atrocement dissonantes de « regress » comme passées en marche arrière, les notes tenues jusqu’à la nausée de « 81 » AAAAAAHHH ! les mélodies magnifiquement désespérées de « Controlled bleeding ou « It’s only basic paranoia »… AAAAAAAAAAHHHHH !

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHH !!

Bref, comme vous l’aurez compris, c’était vraiment un beau groupe, que je conseille vivement à ceux qui ne connaissent pas. Et qui me fait dire que quelque part la version « noise » du rock a quelque chose de supérieur musicalement à d’autres versions (punk, garage, hardcore, etc.)… Je sais pas… ces morceaux où tout est possible, mais surtout le plus radical… cette façon de procéder par ruptures, par accidents et par accumulations, de répéter jusqu’à la nausée, juqu’à se faire mal, comme on creuse pour aller déterrer quelque chose… Il y a un truc puissant qui m’enthousiasme là-dedans…

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« Controlled bleeding » (Genuflex)

Voilà… Les disques vont être réédités prochainement par Atypeek music, un hommage largement mérité, et on trouve de chouettes vidéos de concerts sur le net, aussi.

Mangez, maintenant.

 

*Il y aurait beaucoup à dire sur les concepts d' »avant-première » et d »exclusivité » – comme de tout ce qui s’inspire de l’univers le plus commercial – mais personnellement je ne vois pas ce que cela a à faire avec un disque d’un groupe punk, ou d’inspiration punk… Pour la peine, je leur pique leur image…

Illustrations extraites de l’album « Genuflex » (Pandemonium records, 1995)

« Frog fest ! » (21 nov 2015)

Party

Quelques vidéos de cette soirée aussi mémorable qu’énigmatique (à l’occasion de l’obtention de la nationalité française d’un copain, je précise, absolument rien de nationaliste là-dedans!)

La reprise de « Jesus stole my girlfriend » du groupe australien Violent soho, par Le Manche et Môssieur André Michel, qui devrait faire une seconde carrière dans le punk garage houblonné :

Un classique du répertoire, toujours par les mêmes « Le manche » (quel nom !) :

Et enfin, euh, nous. Et ça nous a fait bien plaisir que notre première apparition publique se soit faite dans le salon d’un copain plutôt que sur une scène d’1m50 de haut, sponsorisée par, disons, des commerçants lepenistes. Au hasard.