Kelley Walker (Mamco – mai 2017)

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Le MAMCO à Genève propose jusqu’au 10 septembre une chouette expo du New-Yorkais Kelley Walker.

mur 1Tableaux géants de murs briques rouges tissés de coupures de magazines, rappelant immanquablement les facades new-yorkaises et le bruits non-stop de la Grosse pomme…

rorschach 1Planches de Rorschach en acrylique grand format et couleurs pop.

flics noir.JPGAgrandissement de clichés pris lors du mouvement pour les droits civiques, barbouillé de chocolat. Pas les réalisations les plus originales mais elles ont apparemment provoqué des polémiques dans le sud des Etats-Unis récemment.

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Les images ont un sens, c’est sûr, mais ce que j’apprécie dans les arts,  « visuels » ou autres, c’est de se laisser aller à son instinct sans trop réfléchir, se laisser conduire par ses émotions esthétiques plus que par la raison.

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Et puis un chouette hommage au 7″, en forme de mur de disques mis en scène avec leur pochette/insert.

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Je suis peut-être pas critique d’art mais je sais reconnaître un vinyle de PIL ou de Jesus Lizard quand j’en vois un !

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Kurt aubaine (Staches, Kurt, Telemark – Usine, 12 juin)

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Les derniers accords du dernier morceau de Staches résonnent lorsque je passe la porte de l’Usine ce soir-là. Grésillants et entraînants. Ce sera pour une autre fois.

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Double ration germanique. On commence par Telemark, qui, à vrai dire, fait partie d’un ensemble de groupes qui partagent à la fois un son et des musiciens. Soit un punk-rock noise entrainant, des riffs dissonants posés sur une rythmique survitaminée, limite disco d’ailleurs pour le dernier morceau.

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Impossible de résister, le savoir-faire est là et le front-man tient bien la scène, sans en faire des tonnes non plus.

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Kurt pratique à peu près la même formule mais il faut bien avouer que ce groupe a quelque chose de spécial. Leur formule à eux frise la perfection. Guitare tranchante, voix gueulée avec ce qu’il faut de charge émotionnelle, batterie millimétrique, frénétique. Et la basse… Ferrailleuse, survoltée, totalement intouchable. Le bassiste ne tient d’ailleurs pas en place et semblerait pouvoir enchaîner cinq sets sans broncher.

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Initialement influencé par le screamo (ou hardcore émo comme on disait à l’époque), ce groupe avait bien cartonné à la fin des années 90/début 2000 et s’est forgé son propre style, à mi chemin entre punk-rock énergique et noise bouillonante. Les morceaux commencent systématiquement à un très haut niveau d’énergie et réalisent le tour de force de faire encore monter la tension. C’est presque éreintant.

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Les discussions d’après concert révèleront des personnes éminemment sympathiques, tranquilles et humbles, suivant leur petit bonhomme de chemin, loin du business de la musique. Vivre de la musique ? No way !

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Je sais pas comment il a fait vu comme il était excité mais David « Livegenevatv » a réalisé une prise bien chouette du concert. La voilà. La classe !

>>>>>>>>> KURT

>>>>>>>>> TELEMARK

>>>>>>>>>> STACHES

« Shellac sera toujours Shellac » (Shellac – la Belle électrique, 5 juin)

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Tu vois, frère, c’est simple. Il y a deux types de noise-rock. Celui qui procède par accumulation, de couches de bruits, de distortion, de larsens. Tu peux mettre Unsane, Sonic Youth et tout le shoegaze et le grunge que tu veux dans cette catégorie. Et puis, il y a celui qui au contraire opère par démembrement, par dérapage rythmique controlé. Sec, percussif. Chirurgical. Et, de ceux-là, Shellac est le pape, l’épitome depuis plus de vingt ans.

Lumières sobres et fixes – la fiche technique du groupe stipule que le technicien lumière peut aller boire des bières pendant le concert -, amplis mythiques sur scène, public fervent qui se presse. La messe peut commencer… Ladies and gentlemen : Shellac of North America.

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Shellac, c’est d’abord un son. Celui que tu t’es pris dans les dents le jour où tu as entendu les notes qui ouvrent « At action park », que ce soit aujourd’hui ou en 1994. Et le son est là, plus cristallin, plus métallique et rachitique encore que dans tes rêves.

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Ce serait un cliché que de dire que le groupe enchaîne les tubes, vu que c’est le cas de la plupart de leurs morceaux. Mais des titres comme « Dog and pony show », « Prayer to god » ou ceux du super dernier album – 2014, quand même – conservent une sacré dose de mordant, d’énergie hargneuse et contenue qui éclate brusquement de temps à autre. Le public reste attentif mais il y avait aussi une bonne bande d’agités qui faisaient plaisir à voir.

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Leur habituelle session de questions-réponses aura donné lieu à quelques questions débiles – réponses cinglantes de plus. Ca a été l’occasion de leur demander pourquoi ils n’avaient pas accepté de première partie de dernière minute. Decibelles avait dû annuler au dernier moment pour des raisons personnelles – Steve Albini leur a d’ailleurs rendu un chouette hommage. Je m’attendais à la réponse : ils veulent connaître personnellement le groupe et être en mesure d’assumer et de le soutenir.

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Toujours aussi intraitables. Ils ont d’ailleurs refusé les accréditations demandées initialement par Rictus, laissant Olivier « el patron » tout dépité. Pas de pub. Pas de traitement spécial. Préfèrent être disponibles pour passer du temps avec les gens après le concert plutôt qu’accaparés par des journalistes autorisés.

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Steve « Prayer to god » Albini

Avec ce concert mémorable, je bouclais aussi une sorte de grand chelem, de graal personnel : Unsane, Fugazi, Jesus Lizard, Shellac. La boucle est bouclée !

Massicot/Housewives split 7″

massicot hswvsLes split 7″ scellent en général l’amitié et la proximité artistique de deux groupes. C’est le cas avec ce disque que partagent les genevoises de Massicot et les anglais de Housewives, qui ont joué ensemble sur bon nombre de scènes et dont les approches déviantes du rock ont un air de parenté évident.

Une voix, monocorde, parlée, débite un fil tendu. Autour, les arabesques et accidents de la musique. Des petites notes de guitare, lumineuses et pétillantes, plombées tout à coup par une partie lourde et stridente. Massicot invente une transe électrique naïve et nerveuse – un peu dans le sillon d’anciens comme Dog faced hermans – et je crois bien que Kokteilis est mon morceau préféré du groupe.

Comme à leur habitude, Housewives, réunit des éléments totalement disparates dans un ensemble dont on se demande comment il tient. Leur EXC. 281016 est à la fois linéaire, répétitif, épars et aléatoire. Un post-punk crispant et déshumanisé, la tension sourde à l’état pur, suicidé par une fin abrupte. Faut vraiment découvrir ce groupe incroyable, avec une petite préférence pour les premiers enregistrements, plus punks.

 

Massicot/Housewives split 7″ (Blank Editions / Hands In The Dark / Red Wig / Et Mon Cul C’est Du Tofu? / Harbinger Sound)

>>>>>>>>>>>>>>>>>> MASSICOT

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> HOUSEWIVES