« Das Himmel über Tokyo » (Group A, GNOD – Cave12, 25 avril)

Group A 1

Quelques images des deux découvertes d’hier, Group A et Gnod à Cave12. Floues et surexposées comme il se doit.

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Spoken-word suffoquant sur beats irradiés. Parasites, anti-musique industrielle et martiale. La musique de Group A ne semble qu’une composante parmi d’autres d’un projet total.

Group a 5 bis

Costumes, graphisme, vidéos, tout est soumis à une même esthétique radicale et négative dans laquelle on se retrouve immergé le temps de leur concert/performance. Pas très loin de ce qu’on trouve chez certains groupes hardcore/grind, d’ailleurs.

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Gnod est un collectif noise-rock psyché anglais. La pochette de leur dernier disque laisse penser que leur musique intègre une forte dimension politique mais sur scène ça ressemblait surtout à un grand exhutoire de rock bruitiste, frontal et massif.

a3774987830_10.jpgGnod

Group A

Grimheart

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Ce blog/site/zine est réalisé par Alain, anciennement guitare du groupe de hardcore annecien Bloc. Il mériterait bien le nom de fanzine puisqu’il s’agit en fait d’une sélection personnelle de groupes, triés sur le volet, la crème de la crème, et présentés dans une petite bio et discographie commentée dans le détail, accompagnées de quelques photos et vidéos.

La tonalité d’ensemble est plutôt post-hardcore, la jonction tumultueuse où se mèlent les courants – hardcore, crust, émo, métal, math et j’en passe des encore plus rigolotes – avec un groupe comme Converge en figure de proue. Pas de locaux dans ce top du hardcore d’aujourd’hui et un seul groupe français (pas que ce soit important en soi, mais bon) : les inoubliables Amanda woodward.

Plein de ferveur ardente, fait par un connaisseur, cette initiative peut être utile pour découvrir de nouveau groupes, par curiosité, ou pour celui qui aurait loupé un wagon à un moment donné. On a le droit de décrocher. Un seul regret : qu’il soit alimenté avec parcimonie. Mais en même temps, l’avantage d’internet, c’est bien que chacun publie au rythme qui lui va, aussi souvent ou aussi rarement qu’il lui plait.

Grimheart.com

« Think universally, act locally, go to the library »

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La médiathèque de La Roche-sur-Foron n’a peur de rien et accueillera un concert du local space-fuzz hero L’Orchidée cosmique, accompagné des grungy rockers de Slang ! Eh ben, quand on pense que l’ouverture de ce lieu a été accompagné de polémiques quant à son utilité dans la diffusion de la culture…

Ce concert conviendrait autant à de jeunes professionnels en mode afterwork qu’aux pratiquants de méditation active (niveau avancé).

« Feel good music / Feel bad music » (Stefano Pilia, Zu, Totorro – Brise-Glace, 8 avril)

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En raison peut-être d’une affluence trop restreinte, ce concert s’est finalement déroulé dans la petite salle du Brise-Glace. La faute à une programmation trop aventureuse ? Peu importe, on gagnait en convivialité ce qu’on perdait niveau son.

Débuts en douceur avec Stefano Pilia, assis seul face au public avec sa guitare et ses nombreuses pédales d’effets. Enfin en douceur, si on veut. Ses petites notes cristallines venant se crasher régulièrement sur des murs du son bruitistes.

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Une musique tentant un pont entre entre post-rock, folk et ambient bruitiste. Assez hypnotisant.

Les italiens de Zu sont les rois de la collaboration : leur discographie bien fournie compte plus de disques réalisés avec des invités que ceux du groupe lui-même. Mais là, c’était bien Zu en trio, soit Luca T. Mai au saxophone bariton, Massimo Pupillo à la basse et le suédois Tomas Järmyr derrière les fûts.

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Ce groupe est un volcan. Une éruption continue de riffs carnassiers, de bastonnades en règle, de raclées sonores. Martèlements incessants à la batterie. Agression continue de basse rocailleuse. Et le sax qui zèbre un ciel déjà surchargé en électrons. Faut pas sortir, par ces temps-là.

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Et le plus surprenant et le plus génial avec ce groupe, c’est l’inventivité folle dont il fait preuve et qui fait parfois totalement mouche. Tout à coup, au milieu du déluge d’agression sonore, un plan arrive. Un plan incroyable qui prend tout à contre-pied, un plan que tu n’as jamais entendu auparavant et qui sonne comme c’est pas permis, comme rien d’autre.

La classe. L’engagement total d’un groupe qui écrit des pages nouvelles de l’histoire du rock. C’est rien moins que ça, Zu !

Bien que les deux groupes soient estampillés « Maths », les ambiances ensoleillées de Totorro ne pourraient pas être plus éloignées de l’ouragan qu’on vient d’essuyer. Comme quoi les étiquettes taisent autant qu’elles disent.

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Le groupe a décidé de jouer à même la salle, au milieu du public. Les musiciens ont l’air confiants, enchaînent les blagues avec le public. En réalité, leur musique doit autant à l’émo-rock et au post-rock des années 90 ou 2000 qu’à autre chose. Son côté lisse et déjà entendu me laisse un drôle de goût dans la bouche, me séduit pas vraiment. Musique légère et malicieuse ou produit pas dérangeant et pré-formaté, prêt à être récupéré ? Chacun tranchera. Ou pas. Y’a pas mort d’homme dans ce genre de débat de toutes façons.

En ce qui nous concerne en tous cas, on a assez tôt rejoint la nuit annecienne, où la jeunesse éméchée s’essayait déjà à quelques plongeons.

« Punk au chapeau » : une interview avec Olivier Lowlight (PART 2)

pork pie hat jaune

Suite de notre interview avec le punk annecien. On y cause photo, lecture, graphisme et conseils vestimentaires, entre autres ! Merci encore à lui.

Si tu devais donner trois conseils d’écoute pour quelqu’un qui ne connaît pas le punk-rock, ce serait quoi ?

Des conseils ? Je ne sais pas trop…

Tout d’abord il faut comprendre l’état d’esprit du punk-rock, son « éthique » : tout le monde a le droit et peut faire du punk rock, pas besoin d’être un virtuose. Donc forcément il ne pas s’attendre à des concerts carrés, ou à des disques au son super produit. Il faut se rappeler de la démarche qui consiste à dire : je peux le faire, ou tout du moins essayer. Cela dit, appeler punk rock certains trucs n’excuse pas tout, ah ah ah !

Ecouter avec le volume à fond, en sautant partout ou en faisant du air guitar.

3-Et si on aime, ne pas hésiter à être curieux. Le punk rock c’est très très vaste, il n’y a pas que les Sex Pistols. Ecoutez Fugazi (je l’ai déjà dit, non?), ou les Thugs, ou les Carbonas, ou The Nomads, ou… Allez hop ! trois groupes vite fait, comme ça, à découvrir. Profitez, c’est gratuit :

Chrome Cranks : Shine It On (un des plus grands groupes de l’univers du monde entier de la terre, selon moi).

The Pagans : What’s This Shit Called Love ? (un groupe culte, souvent ignoré et oublié des encyclopédies du rock…)

Baseball Furies : Desperate Pleasures (écoutez tout l’album, Greater Than Ever, un des meilleurs disques de garage punk des années 2000, des paroles d’une noirceur totale)

Voilà. Ce sont tous des groupes américains, et presque du même coin. Pas trop de trucs français dans mes influences, à part les Thugs ou les Dogs, qui chantaient en anglais en plus.

Olive rouge

Tu fais également un site de photos de concerts (LowLightConditions). Qui ou qu’est-ce qui t’a inspiré pour te mettre à la photo ?

Pendant plus de 10 ans j’ai assisté à plein de concerts incroyables, des choses que tes collègues de boulot ne comprennent pas. Pour elles/eux, un concert ou une performance live c’est Johnny au Stade de France, ou une poufiasse qui tente sa chance à la Star Ac’; un petit groupe c’est un groupe de baloche qui fait des reprise de Emile et Image, ou alors un groupe de quardras qui s’éclatent sur du Noir Désir à la fête de la musique (alors qu’ils pourraient reprendre le Gun Club, tant qu’à faire).

Pendant plus de 10 ans je me suis dit : « Merde ! Et il n’y a personne pour filmer ou prendre des photos ! ».

J’aimais déjà la photo, mais je n’étais pas un vrai photographe, pas de vrai appareil digne de ce nom et aucune connaissance technique. J’admirais le travail de Glen E. Friedman, Ed Colver ou Charles Peterson, mais je n’avais absolument aucune idée du matériel qu’ils utilisaient. De plus le prix était un frein.

En 2007, j’ai touché une prime au boulot, je me suis payé un réflex numérique, marque Pentax, un K10D. Pourquoi Pentax ? Parce que c’était l’outsider, l’alternative aux deux gros (Canon et Nikon). Et pour à peine plus cher que les Canon et Nikon de la même gamme, le K10D était construit comme un tank (coque magnésium et baïonnette en métal) et il ne craignait pas les éclaboussures, deux choses utiles quand ça bourre dans un pogo et qu’il pleut de la bière… Depuis j’ai évolué, je suis passé au K20D, ça doit bien faire 8 ou 9 ans maintenant, ah ah ah !

Du numérique ? Ben ouais, le numérique c’est pratique : tu vises, tu fais tes régalages, clic, clac, tu regardes ton écran, c’est pas bon, tu corriges… Et comme ça tu apprends très vite. Alors certes, il faut quand même du temps pour maîtriser et peaufiner les techniques, mais tu gagnes aussi de l’argent sur les développements ou sur l’inscription au club photos du coin, ce qui t’évites par la même occasion de fréquenter des dames de l’âge de ta mère, ou ta grand-mère, qui se montrent des photos de leurs chattes. L’animal de compagnie bien entendu…. (Merci Laurent pour cette anecdote).

Y a-t-il une photo dont tu es particulièrement fier ou content et que tu voudrais partager avec nous ?

Rien de spectaculaire, juste une photo de Chris Langeland.

Chris

Nurse, mon groupe préféré du coin (et du moment). En attendant qu’ils veuillent bien sortir quelque chose…

nurse

Quels sont les retours sur LowLightConditions ? Que penses-tu que ce genre de site peut apporter ?

Un témoignage d’une scène à une époque. C’est bateau comme réponse mais je ne vois pas trop quoi dire de plus… C’est consultable par tout le monde, le site est sobre, On peut y accéder depuis à peu près n’importe quel navigateur ou n’importe quelle machine. Et de toute façon je ne sais pas faire mieux.

Les gens me disent aller régulièrement sur le site pour voir les nouveautés. En ce moment ils doivent être déçus, je ne fais plus grand chose depuis des mois.

The Sloks a sorti un 45 tours et ils ont utilisé une des photos de leur concert à la Spirale pour le dos de la pochette. J’en ai reçu un exemplaire par le courrier, c’est très bien, parfait. Je ne demande pas plus.

Qu’est-ce que tu penses des photos de concerts locaux qu’on peut voir, sur internet par exemple ?

Je me dis qu’il y a encore des gens motivés. Motivés pour organiser des concerts et motivés pour documenter tout ça. Bon, je sais bien que ça n’intéresse pas grand monde. Encore une fois, il n’y a qu’à voir la fréquentation dans les concerts de musique « alternative »… Je parle pour Annecy. Ailleurs ça m’a l’air plus vivant.

As-tu déjà fait/participé à un zine papier ?

Nan. Mais des potes ont utilisé quelques photos pour leur fanzine Achierpointcom, maintenant officiellement disparu, je pense pouvoir l’affirmer. Mais leur label Shit In Can Records est toujours actif.

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Lis-tu toi-même des fanzines / webzines / magazines régulièrement ? Quels seraient tes conseils de lecture ?

Je lis moins qu’il y a quelques années, mes acouphènes me gênent beaucoup dans la concentration nécessaire à la lecture.

Il y avait un fanzine que j’aimais particulièrement bien, mais qui a disparu : Punk Planet. Des interviews ont été regroupées dans un livre qui s’appelle We Owe You Nothing, je ne sais pas si c’est encore disponible.

J’achetais aussi Thrasher Magazine, pour le skateboard et pour la musique, notamment l’encadré de Wez Lundry qui était très orienté garage et punk. Mais il est devenu difficile de le trouver sur Annecy. En parlant de garage et de punk j’aime bien Dig It !, mais je ne l’ai pas acheté depuis des années non plus. J’essaie de me faire ma propre opinion en écoutant beaucoup de musique sur internet. L’avis des critiques ne m’intéresse pas, je préfère consulter la biographie et la discographie des membres de groupes, c’est plus enrichissant.

D’ailleurs je lis presque exclusivement des livres sur la musique : témoignages ou biographies. Je termine en ce moment England’s Dreaming de Jon Savage. Une histoire du punk anglais et une espèce d’essai sociologique en même temps, très intéressant. J’ai commencé un livre sur la scène de Seattle : Everybody Loves Our Town : un recueil d’interviews par Mark Yarm. Et un autre bouquin sur Nuclear Device.

Ah oui, un roman finlandais bien barjo : Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés de Arto Paasilinna.

Continuons dans le roman. J’aime beaucoup le polar et le roman noir, en France avec Jean Bernard Pouy ou Jean Patrick Manchette ; et aux USA avec Chester Himes ou Davis Goodis. Et je conseille vivement David Peace, un auteur anglais, et son Quatuor du Yorkshire, œuvre en quatre volumes (1974,1977,1980 et 1983) avec un style proche de James Ellroy. C’est très, très, mais alors très noir.

En politique, je lis de temps en temps un essai (Noam Chomsky par exemple), mais je n’écoute plus aucun discours depuis bien longtemps. De toute façon c’est le plus démagogue qui gagne, les gens sont débiles, ça ne va pas tarder à se démontrer une fois de plus…

Lu le mois dernier: L’Univers à portée de main, écrit par Christophe Galfard, un élève de Stephen Hawkin. Un ouvrage de vulgarisation pour comprendre comment, en gros, fonctionne l’univers, de la théorie de la relativité générale à la mécanique quantique, sans avoir à se taper des équations imbitables.

Tant qu’on est sur le sujet je vous conseille ces conférences de Etienne Klein, David Elbaz, Leonard Susskind (en anglais).

J’aime la bande dessinée, surtout l’indépendante et surtout en noir et blanc, encore du snobisme. Sinon, je suis abonné à Fluide Glacial, c’est tout

Je suppose que en tant que photographe, tu es sensible au graphisme. Pourrais-tu nous donner 3 pochettes de disques dont tu apprécies le graphisme ?

1 – The Monsters, Youth Against Nature (1995).

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Pochette dessinée par Merinuk: http://intherubberroom.blogspot.fr/

Le premier pressage sur Record Junkie est une espèce de pochette triptyque. Je vous laisse découvrir l’intérieur. Le repressage chez Voodoo Rhythm est en gatefold.

2 – Unsane, Vandal-X.

unsane

45 tours sorti chez Sub-Pop en 1990.

Un de mes groupes préférés, vu six fois en concert. J’adore cette pochette, je ne sais pas pourquoi, elle me fascine. A tel point qu’il y a une vingtaine d’année j’en avais fait un t-shirt à l’aide d’une imprimante et de papier transfert. Du noir et blanc, un truc sombre, parfait, merci.

3 – His Hero Is Gone, The Plot Sickens: Enslavement Redefined.

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Le groupe avant Tragedy, les inventeurs du « crust mélodic », ah ah ah !

Je les avais découvert avec le 45 tours Fools Gold, sorti la même année (1998).

Là encore du noir et blanc, avec un graphisme bien sombre et sinistre, je dois avoir un problème avec la joie de vivre, non ? Pochette gatefold avec une photo intérieure dont le message semble intemporel face à la condition humaine. Je vous laisse décrouvrir…

Voilà, c’est tout, merci beaucoup, Olivier ! Mot de la fin ?

Soyez pessimistes !

On a moins mal au cul quand vient le temps des désillusions.

Ah, et une dernière question, le petit chapeau que tu portes souvent me fait penser à Billy Childish, est-ce une référence à l’ancien chanteur des Headcoats ?

Nan, c’est juste que j’ai une tête à chapeau, j’en profite… Et puis je suis chauve. Le modèle, c’est un simple pork pie hat, un peu vieux, mais comme ça je peux le fourrer dans le coffre de la Vespa sans craindre de le déformer, il est déjà bien abimé.

Je possède une casquette comme celle que des Headcoats, mais je la porte rarement car elle est un peu grande, faudrait que j’en trouve une à ma taille. Ca s’appelle une « deer hunt cap » en anglais pour celles et ceux qui voudraient en porter une aussi.

Les groupes d’Olive : Fuck da tourist, Smutt, What the fuck?!, Thee Sweeders

Son site de photos : Lowlightconditions

« Poême de bruit » (Korto, L’Effondras – Brin d’Zinc, 31 mars)

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Retour au Brin d’Zinc pour un concert organisé par John et Salomé*, une toute nouvelle asso (dans laquelle on retrouve des membres du groupe Don Glow) dédiée aux musiques psychés sous toutes leurs formes.

Korto ne sont pas inconnus au bataillon, c’est un groupe qui tourne très régulièrement et a justement sorti un 7″ avec les susnommés Don Glow.

Paire basse-batterie ronflante, véloce, qui fait un boulot terrible tandis que la guitare vient y poser ses motifs planants ou stridents. Le psyché-rock de Korto, c’est une pincée de froideur kraut hallucinée, un peu d’huile stoner pour le moteur, sans oublier un brin de pop dans la voix éthérée qui surfe sur l’ensemble avec nonchalance, et rappelle certains groupes noisy-pop anglais des années 90.

Vous assemblez tout ça, vous y mettez (note la touche stylistique locale) un coup de clé à molette bien serré et vous avez un joli bolide rétro-futuriste prêt à vous emmener vers les étoiles.

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De L’Effondras, on ne connaissait que peu de choses. Une réputation de groupe à part, quelques chroniques et l’écoute d’un disque, impressionnant, où tout semble pensé, travaillé, mûri. La hâte d’aller à la rencontre physique de leur musique le disputait à la curiosité à l’approche de leur concert au Brin de zinc, sur la route d’une tournée pour la sortie de leur deuxième album, « Les Flavescences ».

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Dès les premiers accords, l’atmosphère est tendue, habitée. Le trio est arc-bouté sur ses instruments, respire la concentration. On les sent déterminés à donner quelque chose de fort, au service de leur musique à la fois grandiose et épurée. Notes esseulées, esquisse de mélodie, sans cesse reprise, sans cesse amplifiée et ornée.

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La présence de l’Effondras pouvait étonner dans une soirée dont la couleur annoncée était plutôt la musique psychédélique. A priori, avec L’Effondras, on est à mille lieux de la musique psyché. Loin des déluges de fuzz, des ritournelles garage estampillée sixties ou des solos tonitruants à la wah-wah. L’Effondras, c’est tout le contraire : le dépouillement, la sobriété, tant au niveau du son que des mélodies. C’est l’anti-psyché. Ou alors : psychédélique dans un tout autre sens, un sens austère et beau. Moins porté sur les paradis artificiels et plus sur une contemplation violente, sur l’obscurité et le mystère.

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En fait, ces types donnent l’impression de jouer du rock avec une rigueur d’instrumentistes classiques et leur musique elle-même explose les cadres du rock. Elle en garde pourtant toute la violence – des références comme Sonic Youth ou les pointures du post-rock sont régulièrement évoquées – mais les atmosphères puissamment émotionnelles qu’elle convoque sont d’une intensité, d’une ferveur qu’on ne trouve pas dans le rock, ou presque pas. C’est au-delà. C’est à la fois plus sombre et plus lumineux. Il y a quelque chose d’intemporel, de vif, de sensible et de troublant.

Une belle rencontre.

*Pourquoi « John et Salomé« , me direz-vous ? Parce que Les Nuls. Et je ne sais pas si l’idée de passer le sketch en version audio au début du concert – un dialogue de faux film porno, pour ceux qui ne connaissent pas – sera reconduite à chaque fois, mais c’est une idée des plus conviviales.

PS Toutes les photos sont de Lionel Fraix. Merci à lui. Pour une raison tout à fait indépendante de ma volonté il n’y a que des photos de L’Effondras. C’est pas fait exprès.

L’Effondras

Korto

John & Salomé