« William Burroughs Haute-Savoie microtour – jour 2 » (Jars, Cutter – Bistro des Tilleuls, 23 nov.)

Suite de nos aventures au pays de la noise. Après une première soirée haute en couleurs – et comment ne serait-ce pas le cas avec les gais lurons légèrement cramés de Dewaere ? -, fatigués mais euphoriques mais attention sans autre drogue dans le corps que l’adrénaline et l’endorphine, on file vers Annecy et son fameux Bistro des Tilleuls.

Là-bas, les choses se lancent doucement. Les Russes ont du retard. On admire les travaux réalisés dans l’été qui optimise l’espace de scène. Jars arrivent. On fait connaissance, on mange et on fait les balances. A peu près en même temps. Matt, qui nous accueille, trime comme un dingue. A la fois au bar, au son et au service. Il est déjà 21 h 30. Les Russes ont l’air trop sympa. Le public est là. C’est cool.

On ouvre la soirée avec Cutter, devant un public déjà bien compact, puis c’est au tour de Jars de monter sur scène. Repérés sur un ou deux webzines et sur la foi de quelques morceaux, on est bien curieux de voir ce que ça va donner.

Jésus, y’a certainement pas de lézard. Jars, c’est le power trio par excellence. Formation rapprochée, combative, qui maintient un feu nourri jusqu’à ce que tu tombes à genoux.

Leur noise-rock sale et lourdingue évoque irrésistiblement quelques figures du genre : Big black, ou Jesus lizard pour les arpèges torves, mais aussi parfois des trucs plus rock mais pas moins énervés – Nirvana période Bleach, pour être précis. Et cette voix rauque gueulée en russe qui en rajoute encore dans la rage crue. Les groupes qui chantent dans leur propre langue ont quelque chose en plus, pas en moins. Enfin, certains.

Le public massé devant la petite scène est immédiatement ultra réceptif. Pogo, chutes diverses et variées, mouvements de foule plus ou moins contrôlés. La salle est sombre, moîte et méchamment houleuse. Soir de gros temps. Sasha, le très sympathique batteur blond, rayonne derrière ses fûts. Il nous fait un show pas possible à base de grimaces maniaco-euphoriques et cogne comme un damné. Plaisir d’offrir, joie de recevoir.

Ce qu’offre Jars, c’est un set intense et punitif, mené d’une main sûre, qui s’achève dans un chaos de larsens et de hurlements. Ce genre de groupe authentique et sincère, qui sera pour toujours hors des radars, ne se croise que sur la route. Fallait être là. L’excellente interview réalisée dans l’arrière-cuisine du resto confirmera pleinement cette impression.

Affaire à suivre, sans aucun doute.

Les chouettes photos sont de l’ami Olive et de son site LowLightConditions.

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« William Burroughs Haute-Savoie microtour – jour 1 » (Dewaere, Cutter – Le Poulpe, 22 nov.)

Retour sur un weekend un peu spécial. Le concert du lendemain – avec les russes de Jars, report à venir – était calé depuis un moment quand Greg nous propose de jouer aussi la veille, avec Dewaere, ce groupe breton qui a sorti un des disques les plus explosif et rafraîchissant de l’année dernière. Wow.

Avec le terme « noise » ou « noise-rock » sur l’affiche, tu as toujours un peu un doute sur le nombre de gens qui va  répondre présent, mais il y avait déjà un petit public – beaucoup de têtes connues, forcément – quand on a commencé.  On en dira pas plus si ce n’est que, avec les chouettes conditions de sonorisation du Poulpe, ça a vraiment été un bon moment pour nous.

Dewaere, c’est une formation classique guitare/batterie/basse/chant, mais il ne faut pas longtemps au public maintenant plutôt dense pour se rendre compte que Maxwell, le chanteur, est quand même quelque chose d’assez spécial. Grand échalas nonchalant qui, avec sa veste sur le dos, donne toujours l’impression d’être passé là par hasard. J’ai vu un groupe de punk jouer et je me suis dit que j’allais venir foutre un peu le bordel avec mon incroyable chant de crooner débraillé – ce qui est à peu près la façon dont s’est vraiment passé la création du groupe, comme on le verra dans l’interview réalisée après le concert, à paraître bientôt-mais-pas-tout-de-suite.

Mid-tempo sans repos, basse vrombissante, ferrailleuse et une guitare avec un je-ne-sais-quoi de 80s. Mais je sais pas vraiment pourquoi tout le monde ne cesse de répéter « noise-punk » à leur propos – ou alors punk à la Buzzcocks, oui. Dewaere écrit de vraies chansons. Avec ce chant improbable, c’est un cocktail à peu près parfait que sert le groupe.  Une formule gagnante et une vraie découverte pour ceux et celles qui étaient là. Joli choix de programmation du Poulpe.

Et ce n’est que le début, comme on le verra bientôt.

 

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« Boy, man, machine » : an interview with DROSE

The music of the american trio DROSE is a non-identified object in many regards. It’s a kind of slow and deconstructed industrial metal, where field recordings of sounds in a factory – the one where Dustin Rose, the thinking mind behind the band, works – are on equal terms with instruments and sometimes seem to impose their own relentless pace in a man-machine mimetism that is the very own source of inspiration of DROSE. Wether it is on the unique object/record published by the label Computer students (compiling their last album and several other recordings) or during one of their meticulous live performances, the encounter with this band is sure to have an effect on you. After going though that experience at their Urgence disk (Geneva) gig, I felt like following up with a bunch of questions I sent to Dustin by email.

This is your first time as a band touring Europe. What type of experience has this been so far ?

It’s been great! We have been shown excellent hospitality and the shows have been well attended.

The name DROSE seems to suggest that Dustin is central in the creation of your music. Is that the case ? I’ve read that your songwriting starts with the drums but can you shed more light on the process that leads to the writing of your songs ?

It’s true and the songs are usually written starting with a drum composition. The drums are very foundational in this music, so this is where I begin. I find it easy to explore different frameworks from the strongest rhythm element.

The creation of very particular soundscapes is obviously a major part of your music, with a sense of compressed space and the use of machine noises being key elements. Does this come first and do you have to work ways to recreate this sound during your live performances ? Would it be right to say that, in this respect, DROSE is similar to a studio band ?

I collect interesting audio when I come across it and then sort out how I can use it later. In order to bring this audio with us for live performances I have built some equipment to make that possible. We are able to reproduce any sounds from the recording in a live performance.

In particular, I noticed the drums were equipped with a sound system during your gig in Geneva. Can you tell us more about this system ? Are they used to modify the sound of the drums or to activate loops ?

I use pure data (puredata.info) to program our live sets or recordings. The drum sensors and foot switches are brought into pure data using a Teensy micro controller to play and manipulate sound files, synthesized or live audio. The audio is triggered in real-time, there is no click track, it keeps the performances expressive. The program counts drum hits in some sections, waits for button presses or is even allowed to behave randomly in some sections of songs.

The relation between man and machine is a theme running though « Boy man machine ». Would you say that this album is a concept album and, by extension, do you see DROSE as a concept band ?

It’s OK to call it a concept album I was attempting to describe an entire idea. I am not sure DROSE is a concept band.

A very dark, anguished outlook on the relation between man and the machine emerges from your music. Is this just a theme to expand on artistically or can you also see political and ethical implications  ?

Some of the ideas or tales of the songs are parallel with political or sociological happenings but it was not a direct intent. boy man and machine are a closed system, each effecting the other and representing thoughts, feelings, situations or experiences.

I heard you met Julien Fernandez of Computer students while he was on tour with his former band, Passe-montagne, and you were involved in setting up shows in your city. Can you tell us the story of your relationship with him ?

Julien was traveling with his band Passe Montagne. I believe it was 2009 or 2010 summer. My band Toads and Mice hosted Passe Montagne and The Conformists in Dayton Ohio. We were all friends instantly, it was a great time.

I hardly know anything about the musical and artistic scene in Columbus, Ohio. How does a band such as yours fit in with the local scene ?

The Columbus Ohio music scene was very hospitable to DROSE, I am grateful to everyone who has ever came to a show, bought something or shared.

I’ve been told there’s a new DROSE album in the works. How do you approach this new recording and what do you expect from it ?

That’s true! This material has a different sound but it’s the same DROSE.

 

>>>>>>>>>> DROSE

>>>>>>>>>>> COMPUTER STUDENTS