En voilà des copains. En plus d’organiser des concerts sur le bassin chambérien, John & Salomé se prennent en main et font ce que toute asso devrait faire, c’est-à-dire un site internet/fanzine qui documente et prolonge les concerts.
Le site étant tout récent, on y trouve pour l’instant surtout des reports sur les soirées organisées par ces « Fournisseurs de bruit associatif » – dont l’un avait d’ailleurs été chroniqué dans ses pages. Concerts globalement « à tendance psychédélique ». Qu’ils disent. Mais comme leur définition du psychédélisme est plutôt oecuménique et qu’elle accueille aussi bien L’Effondras que les jeunes italiens de Flying disk, je crois bien que cette tendance pourrait faire pas mal de convertis.
Flying disk sont d’ailleurs le premier groupe interviewé dans leurs pages. L’interview apporte une touche personnelle et chaleureuse au site et permet de découvrir le groupe, ou d’approfondir la découverte. Voire de découvrir et de profiter de l’évènement même si on était pas là. Bref une démarche un peu plus collective et participative que la stricte fréquentation individuelle de concerts. Un pas vers la constrution d’une « scène », en quelque sorte.
Sans compter que les chroniques sont écrites dans un français imagé et coloré, mélange d’érudition et de blagues à deux balles qui fait tout le charme de l’écriture rock’n roll. C’est divertissant et instructif. Il faut aller y faire un tour !
Soir de pluie dans une carrosserie où Parquet Sonore invite Société étrange et Maria Violenza.
Le trio Société étrange – basse, batterie et un « mécano » aux machines pour les sons électroniques – commence. Société étrange nous tourne quasiment le dos. Seul le batteur est face au public mais après tout, on s’en fout, on n’est pas là pour regarder mais pour écouter.
Leur musique est tout en progression, répétitive, hypnotique, doucement mais sûrement, au fur et à mesure. Société étrange nous embarque dans un trip aux accents Kraut, les rythmiques mêlées aux sons et effets électroniques font que, petit à petit, l’hypnose sonore prend.
Ça commence bien dans ce garage… C’est au tour de Maria Violenza, avec tout son petit barda, concept « One-woman-band ». Maria Violenza joue sur un synthé vintage, elle joue aussi de la guitare, donne parfois des coups de percus, appuie sur des pédales, branche et débranche ses jacks…
Elle chante en français, en italien, en anglais, mêle et fait se télescoper diverses influences dans une espèce de « cold-synth-arabian-punk » je sais pas quoi. Multiples casquettes, multiples facettes d’une musique qui ensorcelle… J’ai eu « Moisissure » en tête plus de 24h et aussi sa « valse déglinguée » de Waltz7 chantée dans une langue non identifiée…
« Elle bosse » me dit un pote à la moitié de son concert, elle est partout, au four et au moulin. Maria Violenza en solo a en tout cas bien fait chauffer notre moteur.
La Brasserie pirate continue d’accueillir des concerts de la scène locale, malgré les visites de plus en plus assidues de nos amis policiers. Ce soir, c’était Disco boule, Catalgine et Don aman. Trois groupes pour une affiche bien variée, concoctée par Flo cosmique.
Disco boule déboule de Lyon. Ce tout jeune groupe que personne ne connaissait – à part Flo Cosmique qui connait tout – vient de sortir un EP, dont on reparlera bientôt.
Batterie hyperactive et bien intense. Lignes de guitare héroïques. Tricotage, asticotage, demi-tour, salto. Le trio a le math-rock agile, malicieux, et entraînant malgré le son un peu bridé.
Ensuite, ce fût nous, Catalgine.
Les discussions d’après-concert firent manquer le début du set de Don aman. Groupe originaire de Lyon/Dijon dont le 1er EP est chroniqué dans ces pages. Un album est à venir.
On retrouve cette musique qui prend le temps d’installer, de travailler ses ambiances. Avec cette voix hors du commun à la fois intense et délicate. Mais les retrouvailles sont de courte durée – même pas de photos – car le groupe doit écourter son set, victime d’un énième passage des hommes en bleu.
Belle soirée néanmoins. Le public était restreint mais énergique et la nouvelle déco de la brasserie totalement érotique. Merci Flo.
Dans la programmation de Cave12, des groupes de « rock » – attention, on est quand même assez loin de Téléphone, hein -, il y en a pas des masses. Mais quand il y en a, c’est souvent de la haute voltige.
A peine le temps d’entrer que déjà, La Confraternita del purgatorio, groupe italien on l’aura compris, fait résonner les premiers sons de son set. Une batterie pour marteler les rythmiques syncopées et deux gars aux machines pour faire jaillir un flux continu d’électronique grouillant. Symphonie pour épileptiques.
Viva il papa !
Y’a comme un organisme bizarre qu’a pris greffe sur la machine, une bactérie qui prospère dans les circuits. Une forme mutante qui pullule et prend contrôle du système. Bref, je crois qu’on a un problème.
Le batteur avait même le tee-shirt qui dit « I like the pope and the pope smokes dope » où on voit Jean-Paul II qui fume un joint. Sacrément vintage. Ils en ont pas fait pour Benoît XVI, d’ailleurs. Faut dire que Jean-Paul II, il avait un peu plus une gueule que Benoît XVI aussi. Mais bon, c’est pas le sujet.
Assez sur cette Confraternita qui, d’ailleurs, n’a joué que 30 minutes. Et au tour des allemands de Don Vito dont le set sera lui aussi court et intense.
Noise-rock haletant, cartoonesque, en éruption permanente. A la vitesse de la lumière, dans le sillon de Melt-Banana et Lightning bolt, mais qui sait aussi faire danser. Même si c’est la bave au lèvre et le regard fixe et vide.
Une cocktail explosif génial et finalement assez populaire et qui leur vaudra même un rappel.
Collectif regroupant le personnel de trois groupes tout à fait recommandables du coin – Crankcase, les Punks sportifs et Nurse -, la tribu sonore reprend du service après une période moins active. Leur but n’est pas seulement de soutenir les groupes sus-nommés mais aussi de fomenter une explosion de rock’n roll local en organisant des surprise-parties amicales, sociales et dansantes. Rien moins que ça. Et ils peuvent même parfois faire des pique-niques. C’est dire si ces gens sont dangereux.
En bon apaches qu’ils sont (bonjour l’appropriation culturelle, heureusement qu’on est pas aux States), ils vont commencer par investir le Poulpe 2.0, les 22 et 23 décembre. Fins stratèges, ils gardent leurs plans soigneusement cachés pour l’instant.
Même lieu, même affiche que lors du concert mémorable de 2016. A un nom près puisque Nurse remplaçait What the fuck? Pourquoi changer une équipe qui gagne ?
La Spirale est une petite salle associative, un endroit différent qui fleure bon le do it yourself. Gérée par les groupes, on peut y boire un coup, rencontrer les groupes bien sûr et acheter les disques de la scène locale.
C’est Sloks qui ont ouvert les hostilités. J’attendais avec une certaine impatience de les revoir en concert et de rencontrer ce groupe interviewé par mail l’an dernier. Ils étaient visiblement ravis de leurs trois jours de tournée dans les environs et bien décidés à ne pas laisser une miette aux chiens.
Le rock’n roll est mort de puis longtemps mais Sloks en ont clairement rien a foutre. Leur musique est faite pour réveiller les morts de toutes façons.
Ces rythmiques martelées, cette guitare abrasive et les incantations déchirées d’Ivy Claudy aux allures d’exorcisme, tu crois que c’est pour quoi ?
On retrouve avec plaisir leurs morceaux qui suintent la hargne en roue libre. « Close the door », Use me »… Use me Use me / And abuse me / I can take / even more !
Le trio jouera aussi quelques nouveaux morceaux, plus groovy selon leurs dires. J’avoue que je n’ai pas fait suffisamment attention pour vraiment le remarquer.
L’album à venir, qui devrait sortir sur le label suisse Voodoo rythm records, permettra de se faire une idée plus précise. Claudy nous racontera les circonstances assez marrantes de sa rencontre impomptue avec Reverend Beat-Man, suite à un concert d’après-midi peu mémorable.
Les locaux de l’étape, Thee Sweeders prennent la suite avec leur rock tendu, moins mélodique que dans mon souvenir. La voix rappelle même quelque chose de Motorhead.
Ils seront rejoints par un copain pour une très chouette reprise de Gun club. « The house on highland ave », je crois.
Après cette série de concerts avec Sloks, ce serait chouette que cette collaboration transalpine prenne la forme d’un disque partagé. Et apparemment, il se pourrait bien que ce souhait devienne réalité un jour. Hé hé.
Et c’est à Nurse qu’il revient de clore la soirée. Vus pour la deuxième fois en peu de temps, mais on ne s’en lasse pas.
Malgré la fatigue – dans Nurse, y’en a toujours un qui arrive explosé – leur émo-rock fievreux et sensible fait son effet. Sur le public comme sur le groupe, pris d’instants de folie. C’est bien la première fois que je vois un guitariste essayer d’attaquer son batteur en plein concert.
Certains ambiances ciselées, fragiles, flirtent presque avec la pop, mais vibrent toujours de suffisamment d’intensité pour ne jamais vraiment y toucher. Le groupe varie les atmosphères, essaye des trucs, des plans osés, sans jamais se perdre et en restant toujours lui-même.
Et pour terminer, un petit live qui a été fait deux jours avant, lors du concert de Sloks à Urgence disks, à Genève.