« La belle Belgique sonique » (Nurse, It it anita – Le Poulpe, 6 déc.)

Ca fait déjà un mois, mais le souvenir est encore chaud comme la braise : Nurse et It it anita au Poulpe. Disons-le tout net : certainement le concert le plus mémorable que j’ai vu dans ce lieu.

Issu de différentes formations – Crappy stuff, NFO, Shivaz – Nurse pratique un rock noisy émotionnel très abouti, qui les place à part dans la scène locale.

Le groupe avait annoncé c’était leur dernier concert avant longtemps. Acculé par les contraintes diverses – comme tout ceux qui essaient de mener de front leur passion et le reste – ils tentent, si j’ai bien compris, de se dégager du temps pour créer de nouveau et, peut-être, donner une suite à leur merveilleux premier LP.

Les morceaux de Nurse sont une matière sombre mais hautement inflammable et il y a toujours un moment où elle s’embrase. C’est chouette de les réentendre sur cette scène, agrémentés d’une reprise du groupe grenoblois Virago que j’entendais pour la première fois. D’autant plus qu’à la console, Jérémie a ciselé un son d’une profondeur étonnante qui permet de les entendre dans les meilleures conditions qui soient.

Les Belges de It it anita étaient plutôt attendus, et pour cause, un premier concert au Brise-Glace avait laissé des marques et convaincu pas mal de monde. Y’a pas de hasard.

It it anita pratique aussi un rock bruyant qui, au-delà de l’influence Sonic youth évidente surtout sur les premiers disques, va piocher un peu partout sans a priori.

Mais sur scène, le mélange prend totalement corps. Rythmique baston, mélodies gorgées d’émotion et murs du son irradiants. It it anita joue sur tous les tableaux, appuie sur toutes les manettes en même temps, excelle dans toutes les disciplines. Et, là aussi, le son joue sa part et transcende la musique.

Un bon concert, c’est aussi un public qui vibre et réagit et l’action est dans la fosse autant que sur scène. Hystérie, tremblement, échange de fluide, osmose océanique entre les Belges soniques et la foule en sueur qui se presse contre la scène.

Le groupe finit par descendre la batterie au milieu du public – bien sûr qu’ils la descendent – pour une dernière transe sauvage et collective. Pas d’évanouissement, de visions ou d’état de conscience modifié mais on n’en était pas loin.

« Reignier, on va se faire tatouer tes initiales sur la poitrine ! », rigole le groupe. Sûr qu’en tous cas on t’oubliera pas de sitôt, Anita.

A suivre : une chouette interview, aussi bientôt qu’il sera possible.

PS Les photos sont encore une fois d’Olive. Je sais pas si il était inspiré ou si c’est un nouvel appareil photo, mais il faut absolument visiter son site Lowlightconditions pour aller voir toute la série qui est géniale. Merci Olive.

>>>>>>>>>> IT IT ANITA

« William Burroughs Haute-Savoie microtour – jour 1 » (Dewaere, Cutter – Le Poulpe, 22 nov.)

Retour sur un weekend un peu spécial. Le concert du lendemain – avec les russes de Jars, report à venir – était calé depuis un moment quand Greg nous propose de jouer aussi la veille, avec Dewaere, ce groupe breton qui a sorti un des disques les plus explosif et rafraîchissant de l’année dernière. Wow.

Avec le terme « noise » ou « noise-rock » sur l’affiche, tu as toujours un peu un doute sur le nombre de gens qui va  répondre présent, mais il y avait déjà un petit public – beaucoup de têtes connues, forcément – quand on a commencé.  On en dira pas plus si ce n’est que, avec les chouettes conditions de sonorisation du Poulpe, ça a vraiment été un bon moment pour nous.

Dewaere, c’est une formation classique guitare/batterie/basse/chant, mais il ne faut pas longtemps au public maintenant plutôt dense pour se rendre compte que Maxwell, le chanteur, est quand même quelque chose d’assez spécial. Grand échalas nonchalant qui, avec sa veste sur le dos, donne toujours l’impression d’être passé là par hasard. J’ai vu un groupe de punk jouer et je me suis dit que j’allais venir foutre un peu le bordel avec mon incroyable chant de crooner débraillé – ce qui est à peu près la façon dont s’est vraiment passé la création du groupe, comme on le verra dans l’interview réalisée après le concert, à paraître bientôt-mais-pas-tout-de-suite.

Mid-tempo sans repos, basse vrombissante, ferrailleuse et une guitare avec un je-ne-sais-quoi de 80s. Mais je sais pas vraiment pourquoi tout le monde ne cesse de répéter « noise-punk » à leur propos – ou alors punk à la Buzzcocks, oui. Dewaere écrit de vraies chansons. Avec ce chant improbable, c’est un cocktail à peu près parfait que sert le groupe.  Une formule gagnante et une vraie découverte pour ceux et celles qui étaient là. Joli choix de programmation du Poulpe.

Et ce n’est que le début, comme on le verra bientôt.

 

>>>>>>>>>> CUTTER

>>>>>>>>>> DEWAERE

« Plus que de la musique » (Les punks sportifs, Guerilla poubelle – Le Poulpe, 2 fév.)

Plein de monde pour ce concert organisé par les copains de la Tribu sonore. Tant mieux ! Des jeunes, de la danse, du pogo, de la sueur et de la bonne humeur. A tant fréquenter des soirées obscures, on oublie presque que ça peut être aussi ça la musique.

En parlant de bonne humeur, les Punks sportifs assurent la première partie. Punks peut-être, sportifs c’est possible – à vérifier néanmoins -, mais qui envoie sympathiquement en tous cas. Leurs morceaux rigolards et enragés rappellent plutôt le rock alternatif français des années 80, Garçons bouchers et compagnie, et ouais !

Guerilla poubelle est un groupe qui a sacrément marqué, le groupe phare des années d’adolescence pour beaucoup. C’est pas mon cas  – et pour cause – mais  à les voir en live, on comprend immédiatement. Avec plus de 1000 concerts au compteur, le punk-rock leur coule littéralement des doigts. Breaks millimétré, accélérations pied au plancher, refrains imparables et mélodies gorgées d’émotion, avec cette voix beuglée reconnaissable entre mille. Le groupe use de toutes les ficelles qui ont fait le punk-rock, le pop-punk, le hardcore mélodique et j’en passe, depuis un paquet d’années.

Mais c’est autant par son attitude et ses choix que pour sa musique que ce groupe est marquant et ça se ressent parfaitement pendant le concert. Ultra chaleureux mais aussi concerné et politisé, Till – le chanteur – n’hésite pas à s’exprimer, prendre à partie le public – pas en donneur de leçons mais en tant que membre d’une scène, d’un mouvement.

Sur les tables de distro, on se rend compte que le groupe ne se contente pas de faire sa propre promotion mais emmène toute une scène avec lui. Des bacs remplis jusqu’à la gueule de toute une ribambelle de groupes punk et indépendants, ceux sortis sur leur label, Guerilla asso, ou sur d’autres labels. Je mate ça pendant que les gens prennent leur pied devant la scène. C’est classe. Le punk-rock mélo n’est pas forcément la musique avec laquelle je me sens le plus d’affinités mais je donnerai beaucoup pour voir davantage de concerts avec cette attitude et cette ambiance.

>>>>>>>>>> LES PUNKS SPORTIFS

>>>>>>>>>> GUERILLA POUBELLE

>>>>>>>>>> GUERILLA ASSO

 

« Le noise-rock est un sport de combat » (Buzz rodeo, Nurse – Le Poulpe, 17 mars)

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Parfois les rêves se réalisent. Parfois les hasards coïncident. Nurse qui fêtent au Poulpe leur premier album, un des disques de la scène locale les plus attendus, de ce côté-ci en tous cas. Et Buzz rodeo en rade de date sur la route de leur tournée italo-franco-espagnole… Alignement des planètes au-dessus de l’auberge supersonique de Reignier. Bon sang.

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Pas sûr que qui que ce soit ait entendu le nom de Buzz rodeo avant cette soirée du 17 mars. Pourtant le trio de Stuttgart a déjà deux albums, une poignée de formats plus courts et quelques tournées en France au compteur.

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Buzz rodeo, c’est un noise-rock tendance ligne claire. Guitare tranchante, aiguisée comme un scalpel. Rythmique roulante, lourde mais sans excès. Pas de de graisse aux entournures. Juste ce qu’il faut de gravier dans la bouche et la peau(st-punk) sur les os. Et un certain savoir-faire dans la mélodie narquoise, aussi.buzz_rodeo-12.jpg

Le trio – Ralph à la guitare, Helge à la batterie et, last but not least, Daniela et ses magnifiques santiags rouges à la basse – execute son set.  Deutsches qualität. Et le mot exécution prend ici tout son sens.

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« Arkansas », « Underground luxury », « Jordan’s walk »…. Coups dosés, calibrés, méthodiques. Faits pour atteindre leur cible et qu’on fasse comme Ralph. Qu’on tombe à genoux.

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Le public était plutôt stoïque. Mais attentif, c’est déjà ça. Et il s’est encore densifié pour le début du concert des Nurse, qui fêtaient donc la sortie de leur premier album, dont on reparlera très bientôt par ici. On pouvait se le procurer en CD ce soir-là, pour la version vinyle va falloir attendre encore un peu.

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Pop sensible et ciselée ? Post-hardcore furieux et explosif ? Qui sait… Nurse trace sa ligne entre émotions contradictoires. Corde raide tendue au-dessus des à-pics.

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Sur la scène du Poulpe 2.0 (qui, d’ailleurs, vient du Macumba, si, si), avec un son peut-être un peu moins naturel que lorsqu’il sort directement des amplis, on retrouve ces morceaux qu’au fil des concerts on a appris à connaître presque par coeur. Qu’on devine composés à l’instinct. Taillés pour la scène.

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Quelles que soient les conditions, le lieu et l’heure, le groupe carbure toujours à l’énergie explosive, la transe dans le feu de l’action,  la purification par les flammes. Prêts à tout pour faire vivre l’instant. Quitte à se retrouver lui-aussi sur les rotules à la fin du concert. Certainement une des expériences les plus intenses de la scène locale en ce moment.

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Vous avez dit Noise rock freak ?

Toutes les photos sont de Dylan D. Breed, un grand merci à lui !

On peut déjà voir – bon sang, quelle rapidité – quelques images de ce concert, au flou dosé, calibré et méthodique, sur l’excellent site photo d’Olive, que je ne saurai trop vous recommander.

>>>>>>>>>> BUZZ RODEO

>>>>>>>>>> NURSE

« Indie punk Xmas » (Crankcase, Off models – Le Poulpe, 23 déc.)

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Retour sur un concert qui remonte un peu mais qui valait le coup. Deuxième jour de l’invasion du Poulpe par la Tribu sonore avec un début à la MJC de Reignier et la projection de « Diesel ». Manquée en ce qui me concerne, malgré que j’ai fait l’interview de David Basso auaparavant, mais il parait que c’était bien.

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Puis, il y a Crankcase qui a joué. C’est top, Crankcase. Tout le monde aime Crankcase.

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Une pincée de rock’n roll, une  mesure de punk-hardcore pied au plancher, un soupçon d’envolées surf-pop et une attitude goguenarde qui leur donne parfois des airs de Hard-ons haut-savoyards.

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En plus, le groupe a le bon goût de laisser sonner sa basse distordue, teigneuse et un brin metallique – ce qui est quasiment une condition pour faire de la musique écoutable, pas de doute là-dessus.

Puis ce fût au tour des drômois de Off models et leur manière assez craquante de se tenir alignés sur la scène. Un peu Beatles, non ?

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Guitares cristallines, mid-tempo qui rocke et une chanteuse rayon de soleil pour une musique émo/mélo sensible et enjouée. Il sera d’ailleurs possible de revoir le groupe sur la petite scène du Brise-Glace bientôt, le 28 février pour être précis.

Avec la distro conséquente d’Anartisanart dans la salle, cette invasion avait un peu des airs de mini-festival indépendant. JaxLR a ensuite pris le relais pour ambiancer jusqu’au bout de la nuit. Ou, pour être exact, jusqu’à ce qu’on se fasse virer. On ferme. Bon OK, mais à l’année prochaine, hein.

>>>>>>>>>> DIESEL

>>>>>>>>>>> CRANKCASE

>>>>>>>>>>> OFF MODELS

 

Top 10 2017 discipline : Greg Callendrier

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Last but not least. Au tour de Greg de conclure ce tour du monde d’ici des playlists 2017. Greg est un afficionado du Poulpe, notre CBGB à nous – hey attend, le Poulpe 2.0, c’est bien mieux que le CBGB, non !!?* Bref, DJ émérite et animateur radio à ses heures pas perdues, Greg est lui aussi une véritable encyclopédie de poche – aucun rapport avec sa taille, hein – du rock’n roll. Lui, évidemment, modeste, soutiendrait le contraire. Mais sa rétrospective variée, pointue et sélectionnée avec un soin d’amoureux prouve largement qu’il a tort.

Dernier petit coup d’oeil dans le rétro sur 2017 avant de s’engouffrer tête la première dans la nouvelle année.
C’est la première fois que je m’attèle à la rédaction de la liste des disques qui m’ont marqué dans l’année. Exercice ultra subjectif que l’on me propose là. Alors oui, subjectif je le serai, après tout il s’agit ici de mon top à moi.

C’est parti pour une douzaine de LP avec dans le désordre :
DEADCROSS, « Deadcross »
1er album ultra attendu pour ces 4 vieux briscards de la scène californienne qui dépote et on est pas déçu une seconde. C’est lourd, carré, efficace et ils ont les crocs comme à la première heure.
https://youtu.be/WpdcT8kyP1U
RADIOHEAD « oknotok 1997 2017»
20 ans ! Déjà 20 ans que Radiohead a retourné le cerveau de toute une génération avec cet album indispensable. 12 perles qui sont toujours autant belles et pertinentes ici rééditées dans une version augmentée de 11 autres titres; face B ou réels morceaux inédits de l’époque qui n’ont pas à pâlir devant ceux ayant terminé sur la galette d’origine.
https://youtu.be/0sFvFVkeGVg
TOGETHER PANGEA, « Bulls and roosters »
Après un EP sorti en 2015, 3e LP pour ces désormais quatre garçons pas spécialement dans le vent mais toujours aussi frais. Une bande de branleurs magnifiques (on parle ici de potes de FIDLAR, Audacity, No parents…) qui savent aussi bien écrire de superbes mélodies faussement désinvoltes que des hymnes aux riffs ultra efficaces.
Et si vous les croisez sur scène je vous mets au défi de ne pas finir à sautiller au milieu de la fosse, sourire béat accroché aux lèvres, comme un gosse de 15 piges à son premier concert punk.
https://youtu.be/98lWrKFlyE0

LYSISTRATA « The thread »
Après quelques petites sorties, l’obtention du 1er prix « pastaga » SA live music et une réputation de bulldozer live (réputation clairement pas usurpée) voici donc le premier LP de LYSISTRATA. C’est ici 7 titres en 43 mins tendues, nerveuses et parfois foutraques qui font plus que retranscrire l’énergie brute du groupe sur scène. 1er LP et 1re réussite.
https://youtu.be/XclGscH_KYo

KORTO « Korto »
Les locaux de l’étape. Sorti cet automne sur le label Six tonnes de chair records, ce premier long format (après un split single avec les chambériens de Don Glow) est un disque que l’on a du mal à décoller de la platine. Chaque titre à son tempo, son identité propre… Mais l’album, dans son entièreté, s’écoute comme défilerait une route en trois dimension ou l’on se laisserait guider par le groupe qui maîtrise carrément bien son propos. Une envolée du gratteux, un break du batteur, une ruée du bassiste, quelques harmonies vocales, ça monte, ça tourne, accélère, vire, freine, et Un plaisir de se laisser conduire par ses trois-là sur ce trajet vers… Vers quoi au juste? On s’en fout complet, l’important étant de profiter du voyage.
https://youtu.be/ugcRAuT2Slw

METZ, « Strange peace »
Débarqué façon blitzkrieg en 2012 sur nos contrées avec un premier disque tonitruant et ravageur suivi trois ans plus tard de son petit frère très justement appelé « II », voici donc le troisième album, toujours sur Sub pop, des canadiens de Metz. La batterie est toujours aussi lourde et frappe toujours aussi fort, la basse souffle toujours autant, la gratte est toujours aussi rêche et la voix, reconnaissable entre mille, vient transpercer le tout de manière, elle aussi, toujours aussi vindicative. Et pourtant cet album est différent. Ayant fait le choix d’une production moins rentre-dedans le trio n’en a pour autant pas rangé sa hargne toujours sous-jacente mais ici canalisée pour mieux mettre en relief la tension de morceaux à l’écriture impeccable. Savoir évoluer sans se renier, la marque d’un grand groupe.
https://youtu.be/0lBQdzSQSaI

FUFANU, « Sports »
Ces islandais ont commencé en 2015 sous forme de duo electro et ont gentiment évolué pour apparaître aujourd’hui comme un trio mélange d’influences diverses plutôt recommandables, du post-punk à la new-wave.
Sorti en début d’année, l’album SPORTS est un décathlon qui ne demande aucun effort tant cet album est fluide. Rythmes de batterie plutôt soutenus, basses rondes, nappes de synthés bien eighties, quelques gimmicks electro légers et la voix parfois grave de Kaktus qui vient se poser sur l’ensemble comme une cerise sur l’hjónabandssaela (ouais, Google m’a dit que c’est un gâteau islandais…) Vraie belle découverte de 2017, à suivre.
https://youtu.be/9CZ2oWZWrWk
UNSANE, « Sterilize »
Le trio est du genre à qui on ne la fait pas. Officiant depuis 1988 mais réellement stable depuis 1994, ils creusent depuis sans relâche le sillon d’une noise monolithique sans concession.
Monolithique tant le disque est brut, lourd, carré… Et étrangement le tout n’est pas pesant, on ne la leur fait pas, je vous dis! On aligne pas huit albums en près de trente piges sans acquérir un minimum de savoir faire. Tout ici est efficace et précis, une baffe, une leçon de son.
https://youtu.be/0fRDzoUzl3c

IDLES, « Brutalism »
Décidément ces temps-ci l’Angleterre fourmille de groupes porteurs d’un rock plutôt vénère et noisy qui font plaisir à écouter. Venu de Bristol, Idles a su se démarquer de ses compatriotes grâce à ce premier long réussi en tous points avec une mention spéciale pour la production qui est de mon point de vue juste parfaite.
Batterie qui claque des rythmes variés, basse à l’avenant, guitares rageuses opérant par giclées acides et Joe Talbot en chanteur possédé déchirant le tout en éructant ses textes comme il gueulerait à une meute de chiens de vous bouffer le derche. Un album pareil moi je dis WELL DONE!!!
https://youtu.be/7Oxqf_15k0w

PHARMAKON, « Contact »
D’emblée je vous annonce qu’il s’agit ici du disque qui cette année m’a le plus retourné, marqué,… on en sort pas indemne. Pas le genre de galette qu’on cale nonchalamment sur la platine dans les soirées de l’ambassadeur, ho non!
Pharmakon, en grec cela signifie le remède autant que le poison, un tout; et derrière ce pseudo se cache margaret qui seule derrière ses machines prend un malin plaisir à nous tourmenter/expier avec sa voix de démente qu’elle envoie parfois se fracasser sur le mur de sa noise-indus souvent compact. Et l’on se retrouve comme perdu à nager de nuit en eaux troubles et profondes pour finalement s’apercevoir que l’on est descendu au centre de soi même pour se retrouver seul au contact de sa/ses multitude/s qu’il va falloir regarder en face, apprivoiser pour esperer remonter à la surface sain et sauf. Bref, cet album est un disque thérapeutique et il fait un bien fou!
Je ne vous met donc pas le lien d’un titre, mais celui de l’album complet. C’est la posologie de ce Pharmakon.
https://youtu.be/NM9cnEt_h_s

KEVIN MORBY, « City music »
Quatrième opus pour Kevin Morby depuis 2013 après avoir été bassiste au sein de Woods. Les titres de City music sont comme autant de perles pop/folk/rock au charme discret mais bien réel. Pas d’esbrouffe ici, le sieur Morby est un artisan discret qui s’efface au profit d’une écriture riche en harmonies et instrumentations sans jamais se perdre dans le grandiloquent ou le too much. De l’orgue par ci, une slide par là… C’est juste, c’est beau et surtout ce n’est pas chiant une seule seconde. Ce qui, convenons en, est assez rare; certains albums d’artistes folk étant souvent encore plus gonflants que leurs auditeurs.
https://youtu.be/QLL3AmFnhL8

Voila, c’est terminé. J’espère vous avoir donner envie de jeter une oreille attentive à ces quelques galettes de l’année écoulée. Et oui, il y en a eu d’autres en 2017, que je n’ai pas citées ici, que je n’ai pas écoutées ou qui sont tout simplement passé au travers de mon radar… On ne peut pas être partout.
2018 annonce déjà quelques belles surprises, alors soyez attentif et surtout curieux. The next big thing  répète peut-être en bas de chez vous…

* Quelqu’un qui est vraiment allé au CBGB pour de vrai pourrait-il/elle nous dire ? Si oui, je publie direct. Si il y a des photos, je fais un bisou. Si il y a un tableau comparatif, j’envoie à 50 millions de consommateurs.

La tribu sonore

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Collectif regroupant le personnel de trois groupes tout à fait recommandables du coin – Crankcase, les Punks sportifs et Nurse -, la tribu sonore reprend du service après une période moins active. Leur but n’est pas seulement de soutenir les groupes sus-nommés mais aussi de fomenter une explosion de rock’n roll local en organisant des surprise-parties amicales, sociales et dansantes. Rien moins que ça. Et ils peuvent même parfois faire des pique-niques. C’est dire si ces gens sont dangereux.

En bon apaches qu’ils sont (bonjour l’appropriation culturelle, heureusement qu’on est pas aux States), ils vont commencer par investir le Poulpe 2.0, les 22 et 23 décembre. Fins stratèges, ils gardent leurs plans soigneusement cachés pour l’instant.

On va donc voir ce qu’on va voir.

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« Torrents d’amour soniques » (Black Mont-Blanc, Noyades, Satan – Le Poulpe, 6 janv.)

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Trois groupes au Poulpe, c’était presque un mini festival !

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Et trois groupes bruyants, en plus. C’est Black Mont-Blanc qui a ouvert le bal, bien qu’on était un peu trop serrés – mais c’est qu’il y a du monde – pour danser. Black Mont-Blanc, c’est un nouveau groupe – c’était leur premier concert – où, en plus du guitariste chanteur, l’on retrouve deux membres de We are the incredible noise, si je ne me trompe pas. Incredible noise qui répète également au Poulpe. Parce que le Poulpe, en plus d’organiser de bons concerts, sont aussi une pépinière de groupes. S’il-vous-plaît.

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Trio, donc. C’est beau les trios. C’est pur. Surtout quand ça envoie du noise-rock furibard, tendu. Breaks nerveux, cassures, voix qui s’étrangle en arrière-fond du torrent de bruit.

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Quelques morceaux plus planants aussi, où le groupe se laisse aller à des arpèges méditatifs. Belle entrée en matière, pas de doute, et qui donne grandement envie d’en voir et d’en écouter plus. Voilà un groupe qui devrait aller taquiner les Worst in me et autres Tuco de l’autre côté de la frontière.

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Noyades

La salle s’est remplie encore un peu plus, si c’était possible, pour Noyades. Ce trio lyonnais vient de sortir son premier album et enchaine les weekends de concerts dans une tournée en pointillés.

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La musique de Noyades est une sorte de croisement entre noise-rock (grosse basse) et musique psyché (cavalcades effrénées, portes de la perception traversées depuis belle lurette).

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Le tourbillonnement sonique entêtant fait son effet étourdissant, mais mes oreilles formatées au post-hardcore ne peuvent pas s’empêcher d’être génées par le côté très linéaire de cette musique, qui me semble désuet. J’essaye mais j’arrive pas vraiment à m’y faire.

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Satan viennent tout droit de Grenoble et ont asséné un set totalement furieux et totalement jouissif. Rafales de blasts incessantes. Grind-punk bloqué sur l’ultra-violence.

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Le chanteur de ce magnifique groupe portait un tee-shirt de Danzig et, à bien y réfléchir, leur « musique » a un petit côté rock ‘n roll, un petit côté horror-punk. Mais petit.

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All hail Satan !

Pour les adorateurs du malin et les amateurs de bruit vomi que nous sommes, par contre, c’était 100% de bonheur.

« La gueule dans les amplis » (Nevraska, We are the incredible noise – Le Poulpe, 9 avril 2016)

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Le Poulpe est un endroit magique pour au moins deux raisons. Premièrement, on est là, à Reignier, et tout-à-coup quand on entre on a l’impression d’être téléporté à Brooklyn. Deuxièmement, je sais pas comment ça se fait mais il y a toujours du monde.

Et ils servent de bonnes bières, aussi. Deux raisons et demi, disons.

Nevraska jouait pour la première fois ici, dans le minuscule espace concert qui ressemble à la salle de danse d’une boite de nuit rock ‘n roll. Ca avait l’air de leur poser de sacrés problèmes. Déjà ils n’étaient pas arrivés à caser la batterie sur la scène et avaient été obligés de la mettre  directement dans la salle, le long du mur latéral. Et puis les amplis faisaient des leurs aussi, apparemment. Bref, ça avait pas l’air simple.

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En fait, ça a été juste parfait. D’abord, tout le monde était hypnotisé par le jeu du monsieur derrière les fûts. Ca fonctionne vraiment très bien comme ça  – et puis des groupes qui mettent le batteur en avant il y en a eu quand même quelques-uns, à commencer par Nomeansno. Et Papier tigre, aussi. Le son était génial, très abrasif. Je crois que ça fait 6 fois que je les vois et chaque concert est différent, à chaque fois j’ai l’impression de découvrir un truc nouveau (qui probablement ne l’est pas du tout) comme ces beats synthétiques qu’ils ont envoyés à un moment, ou le chant bien punk de Cyril. Bref, les morceaux déboulaient vitesse grand V et la tension est montée tout au long du set. Finalement, les concerts dans les petites salles bien blindées, c’est ce qu’il y a de mieux.

Il y avait du spectacle aussi avec We are the incredible noise, qui ont joué en version sans chanteur. Je n’ai pas compris si c’était exceptionnel ou s’ils  en avaient plus du tout et eux-mêmes n’en ont pas parlé donc on n’en saura pas plus.

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Leur set était intense, carré et sauvage mais j’aurais un peu  de mal à définir leur musique. Certains riffs tournent en boucles sacadées de façon plutôt noise ou post-bidule puis ça part parfois sur des parties plus gros stoner endiablé…