« La théorie de l’électrocution » (La Confraternita del purgatorio, Don Vito – Cave12, 9 oct.)

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Dans la programmation de Cave12, des groupes de « rock » – attention, on est quand même assez loin de Téléphone, hein -, il y en a pas des masses. Mais quand il y en a, c’est souvent de la haute voltige.

A peine le temps d’entrer que déjà, La Confraternita del purgatorio, groupe italien on l’aura compris, fait résonner les premiers sons de son set. Une batterie pour marteler les rythmiques syncopées et deux gars aux machines pour faire jaillir un flux continu d’électronique grouillant. Symphonie pour épileptiques.

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Viva il papa !

Y’a comme un organisme bizarre qu’a pris greffe sur la machine, une bactérie qui prospère dans les circuits. Une forme mutante qui pullule et prend contrôle du système. Bref, je crois qu’on a un problème.

Le batteur avait même le tee-shirt qui dit « I like the pope and the pope smokes dope » où on voit Jean-Paul II qui fume un joint. Sacrément vintage. Ils en ont pas fait pour Benoît XVI, d’ailleurs. Faut dire que Jean-Paul II, il avait un peu plus une gueule que Benoît XVI aussi. Mais bon, c’est pas le sujet.

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Assez sur cette Confraternita qui, d’ailleurs, n’a joué que 30 minutes. Et au tour des allemands de Don Vito dont le set sera lui aussi court et intense.

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Noise-rock haletant, cartoonesque, en éruption permanente. A la vitesse de la lumière, dans le sillon de Melt-Banana et Lightning bolt, mais qui sait aussi faire danser. Même si c’est la bave au lèvre et le regard fixe et vide.

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Une cocktail explosif génial et finalement assez populaire et qui leur vaudra même un rappel.

Comme un groupe de rock.

Ha.

>>>> LA CONFRATERNITA DEL PURGATORIO

>>>> DON VITO

 

Future faces, « Revolt » EP

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Tout beau, tout chaud – non, en fait il est sorti il y a quelques semaines -, voici le premier EP des genevois de Future faces. Un groupe qui attire l’attention, par le pedigree de ses membres, d’abord, issus de plusieurs formations marquantes de la cité de Calvin – Elizabeth et Equus. Et aussi parce que ce premier disque sort chez Throatruiner records, le label d’Elizabeth, généralement plutôt pouvoyeur de hardcore violent et sombre, mais pas que. La preuve.

Avec ses rythmiques lourdes – héritage du récent passé hardcore ? – et ses guitares cristallines, stellaires, le morceau d’ouverture, Embraces, plante le décor. En plein terrain post-punk/new-wave.  Mais pas de rigidité à la Joy division ici. Pas de chemise boutonnée au col et de danse épileptique. Quoique, pour les chemises, j’en sais rien en fait. Il y a quelque chose d’ample, d’envôutant chez Future faces. Peut-être cette voix grave qui semble presque murmurée et réchauffe l’atmosphère crépusculaire.

Un peu moins accessibles mélodiquement, Structures et Columns dérivent dans les mêmes eaux glacées. Naviguent entre lourdeur atone, écrasante et déshumanisée, et des mélodies fragiles et scintillantes. January, un morceau plus enlevé qui pourra rappeler The Cure, clôt le disque.

Dans sa jolie pochette dessinée par Jonathan Sirit, ce premier EP est une bien belle carte de visite. Qui donne grandement envie de voir ce que le groupe est capable de transmettre sur scène. Bientôt, on espère.

Future Faces, « Revolt » (Thoatruiner records, 2017)

>>>>>>>>>> THOATRUINER RECORDS

>>>>>>>>>> FUTURE FACES

Kelley Walker (Mamco – mai 2017)

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Le MAMCO à Genève propose jusqu’au 10 septembre une chouette expo du New-Yorkais Kelley Walker.

mur 1Tableaux géants de murs briques rouges tissés de coupures de magazines, rappelant immanquablement les facades new-yorkaises et le bruits non-stop de la Grosse pomme…

rorschach 1Planches de Rorschach en acrylique grand format et couleurs pop.

flics noir.JPGAgrandissement de clichés pris lors du mouvement pour les droits civiques, barbouillé de chocolat. Pas les réalisations les plus originales mais elles ont apparemment provoqué des polémiques dans le sud des Etats-Unis récemment.

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Les images ont un sens, c’est sûr, mais ce que j’apprécie dans les arts,  « visuels » ou autres, c’est de se laisser aller à son instinct sans trop réfléchir, se laisser conduire par ses émotions esthétiques plus que par la raison.

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Et puis un chouette hommage au 7″, en forme de mur de disques mis en scène avec leur pochette/insert.

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Je suis peut-être pas critique d’art mais je sais reconnaître un vinyle de PIL ou de Jesus Lizard quand j’en vois un !

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Kurt aubaine (Staches, Kurt, Telemark – Usine, 12 juin)

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Les derniers accords du dernier morceau de Staches résonnent lorsque je passe la porte de l’Usine ce soir-là. Grésillants et entraînants. Ce sera pour une autre fois.

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Double ration germanique. On commence par Telemark, qui, à vrai dire, fait partie d’un ensemble de groupes qui partagent à la fois un son et des musiciens. Soit un punk-rock noise entrainant, des riffs dissonants posés sur une rythmique survitaminée, limite disco d’ailleurs pour le dernier morceau.

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Impossible de résister, le savoir-faire est là et le front-man tient bien la scène, sans en faire des tonnes non plus.

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Kurt pratique à peu près la même formule mais il faut bien avouer que ce groupe a quelque chose de spécial. Leur formule à eux frise la perfection. Guitare tranchante, voix gueulée avec ce qu’il faut de charge émotionnelle, batterie millimétrique, frénétique. Et la basse… Ferrailleuse, survoltée, totalement intouchable. Le bassiste ne tient d’ailleurs pas en place et semblerait pouvoir enchaîner cinq sets sans broncher.

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Initialement influencé par le screamo (ou hardcore émo comme on disait à l’époque), ce groupe avait bien cartonné à la fin des années 90/début 2000 et s’est forgé son propre style, à mi chemin entre punk-rock énergique et noise bouillonante. Les morceaux commencent systématiquement à un très haut niveau d’énergie et réalisent le tour de force de faire encore monter la tension. C’est presque éreintant.

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Les discussions d’après concert révèleront des personnes éminemment sympathiques, tranquilles et humbles, suivant leur petit bonhomme de chemin, loin du business de la musique. Vivre de la musique ? No way !

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Je sais pas comment il a fait vu comme il était excité mais David « Livegenevatv » a réalisé une prise bien chouette du concert. La voilà. La classe !

>>>>>>>>> KURT

>>>>>>>>> TELEMARK

>>>>>>>>>> STACHES

Massicot/Housewives split 7″

massicot hswvsLes split 7″ scellent en général l’amitié et la proximité artistique de deux groupes. C’est le cas avec ce disque que partagent les genevoises de Massicot et les anglais de Housewives, qui ont joué ensemble sur bon nombre de scènes et dont les approches déviantes du rock ont un air de parenté évident.

Une voix, monocorde, parlée, débite un fil tendu. Autour, les arabesques et accidents de la musique. Des petites notes de guitare, lumineuses et pétillantes, plombées tout à coup par une partie lourde et stridente. Massicot invente une transe électrique naïve et nerveuse – un peu dans le sillon d’anciens comme Dog faced hermans – et je crois bien que Kokteilis est mon morceau préféré du groupe.

Comme à leur habitude, Housewives, réunit des éléments totalement disparates dans un ensemble dont on se demande comment il tient. Leur EXC. 281016 est à la fois linéaire, répétitif, épars et aléatoire. Un post-punk crispant et déshumanisé, la tension sourde à l’état pur, suicidé par une fin abrupte. Faut vraiment découvrir ce groupe incroyable, avec une petite préférence pour les premiers enregistrements, plus punks.

 

Massicot/Housewives split 7″ (Blank Editions / Hands In The Dark / Red Wig / Et Mon Cul C’est Du Tofu? / Harbinger Sound)

>>>>>>>>>>>>>>>>>> MASSICOT

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> HOUSEWIVES

« Rock’n roll maximum » (Part Chimp – Usine, 26 mai)

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Arrivés trop tard pour Stearica et Orso mais on chope quand même au vol le concert de ces anglais supersoniques de passage en Europe (sic). En toute bonne foi, on les connaissait à peine mais un morceau entrainant du nouvel album a suffi à nous appâter.

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Son massif ! Disto énôôôôôôrme ! Amplis poussés à bloc … Le volume fait partie intégrante de cette musique.

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Dans Part Chimp, il y a du tempo pachydermique, du riff stoner (de Brest) ventru, de la disto prête à craquer à la Unsane et même des harmonies, des mélodies limite sucrées parfois.

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Les anglais étaient visiblement déjà passés par l’Usine et bien contents d’y être de retour. Des gars détendus et sans attitude, avec une sacré expérience. Plus de 15 ans d’existence et 6 albums sous le bras, quand même.

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La quarantaine rugissante, quoi !

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>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> PART CHIMP !

« Et votre lac est rempli des larmes de vos vieux? »* (Korto, Conformists – Usine, 11 mai)

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Avec un album et une tournée européenne tous les 5 ou 6 ans (la dernière date de 2011), les américains de Conformists suivent un rythme qui n’appartient qu’à eux. Leur concert à l’Usine était donc une occasion rare à ne pas louper pour les amateurs de rock pas-comme-tout-le-monde.

Avec un chanteur aux allures d’Henry Rollins dada, leur musique prend un malin plaisir à brouiller les pistes, à empiler les rythmes improbables, à bricoler des accouplements contre-nature, des pieds-de-nez et des bifurcations soudaines. Pas moyen de se laisser aller, d’être tranquilles.

Et puis se fend tout à coup d’une grosse soufflante noise-rock, groovy et dissonante à souhait. Bien jouissive après les asticotages en règle.

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Pas de pédale d’effet à la mode, pas de guitare en alu bling-bling. Un ampli, une guitare, un volume. Point. Presque une ambiance jazz, et apparemment, ils n’en voulaient pas plus. Pas étonnant qu’ils aient enregistré tous leurs albums chez Steve Albini. C’est un peu le roi du son brut et sans artifice, non ?

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Bref, un groupe éminemment sympathique, hors des modes et potache comme c’est pas possible. Les locaux de Korto jouaient en premier. J’ai loupé leur concert mais, vu l’activité intense du groupe en ce moment, ce n’est certainement que partie remise.

*Réponse du chanteur de Conformists a un gars qui lui expliquait qu’à Genève, on tapait les vieux pour s’amuser…

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« Das Himmel über Tokyo » (Group A, GNOD – Cave12, 25 avril)

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Quelques images des deux découvertes d’hier, Group A et Gnod à Cave12. Floues et surexposées comme il se doit.

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Spoken-word suffoquant sur beats irradiés. Parasites, anti-musique industrielle et martiale. La musique de Group A ne semble qu’une composante parmi d’autres d’un projet total.

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Costumes, graphisme, vidéos, tout est soumis à une même esthétique radicale et négative dans laquelle on se retrouve immergé le temps de leur concert/performance. Pas très loin de ce qu’on trouve chez certains groupes hardcore/grind, d’ailleurs.

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Gnod est un collectif noise-rock psyché anglais. La pochette de leur dernier disque laisse penser que leur musique intègre une forte dimension politique mais sur scène ça ressemblait surtout à un grand exhutoire de rock bruitiste, frontal et massif.

a3774987830_10.jpgGnod

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