Tôle froide, Owun, Lynhood – La Reliure, 18 fév.

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C’est à La Reliure, vieille baraque occupée par des ateliers artistiques à la facade psychédélique tout à fait incroyable, que se déroulait finalement ce concert.

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D’abord les lyonnaises de Tôle froide. Le trio propose une musique entre post-punk (un peu) rageur et pop acidulée. Des (petites) cousines de Massicot, en quelques sortes.

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Avec du chant en français, comme il sied bien à ce style à la fois revendicatif et naïf, leur set était frais et bien dynamique. Et elles avaient de jolies cassettes et patchs sur leur table de distribution.

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Owun sont Grenoblois et ce concert était l’étape genevoise d’une tournée à l’occasion de la sortie de leur album.

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Son massif, rythmiques répétitives, immuables, kaléidoscope d’effets et de réverbérations. La musique du trio est à la fois dansante et hypnotique, énergique et froide, martiale et aérienne.

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Un cocktail bien personnel, qui se mûrit dans le temps et demande de l’attention. D’ailleurs de nombreuses personnes – enfin, proportionnellement à la petite foule présente, hein – se sont assises au fil du set. L’impression d’avoir fait un voyage, transporté hors du temps… C’est donc que cette étrange machine fonctionne.

Lynhood clôturait cette soirée mais je n’ai fait qu’apercevoir ce projet solo qui semble tracer une ligne fragile et originale entre mélodies délicates et des éléments plus bruitistes. Elle aussi a sorti un disque sur le même label grenoblois, Reafforests.

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« Punk porn » (Tuco, Orso, Cocaine piss – Undertown,16 déc.)

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Ouh la la la, mais c’est que Drone to the Bone nous proposait ce soir-là un petit concert avec trois groupes variés comme on aime, avec en plus une pincée de folie noise plus qu’aguichante. Hop hop hop, on se presse à l’Undertown, très chouette salle située près de l’aéroport de Genève, malgré le brouillard à couper au couteau.

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Le son net et précis servait de belle manière le hardcore massif de Tuco, bloqué sur un tempo lourd, piéton et poisseux,

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Alternance de voix, cassée, hurlée, au bord de l’apoplexie (j’adore utiliser ce mot mais, en vérité, je suis pas sûr qu’il soit médicalement très approprié) pour Laurent, le bassiste, plus tendues et sombres pour les deux autres.

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Tuco, c’est de la belle mécanique, lourde, massive et cependant bien huilée , réagissant au quart de tour. Un disque, album ou autre, devrait voir le jour quelque part en 2017 et il est attendu de pied ferme.

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Avec Orso, la cavalerie est de sortie. C’est pas moins de 3 guitaristes qui s’alignent sur scène en plus du bassiste. Pas de chant, par contre. On sent bien chez ce groupe la volonté de faire une musique différente, bâtie sur autre chose que l’inusable couplet-refrain, en un mot quelque-chose de « post ». Et cette musique à la fois puissante et planante propose ses moments intéressants, dans lesquels l’instrument qui ressort le plus est finalement la batterie et ses variations.

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Mais par contre, elle est si est si monobloc, si monocorde et linéaire, qu’elle peine quand même à susciter l’émotion. Chez moi, en tous cas. Coup dans l’eau. Ou alors il y a quelque chose que je n’ai pas compris, ce qui est tout à fait possible.

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Cocaine piss arrive de Belgique avec une jolie réputation d’un des groupes les plus dingues du moment sur scène. Et, de fait, il se sera passé pas mal de trucs fous pendant leur concert court mais intense. Entre le punk en roller qui déboule tout-à-coup la scène sans crier gare pour sauter par dessus les retours et le gars qui débitait ses cours de russes au micro, ça n’a pas manqué de rebondissements.

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Mais le plus taré de tout, c’était certainement la musique du groupe. Punk-hardcore speed estampillé années 80*, traversé de drôles de soubresauts noise, sur laquelle la voix de la chanteuse rajoute une bonne couche de folie**. Une bonne fée punk a dû se pencher sur le berceau de ce groupe parce que la première fois qu’on l’entend cette voix a tendance à hérisser le poil et puis, au final, faut bien avouer que ça fonctionne à mort.

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D’autant plus que la chanteuse incarne cette folie, passant un bon moment du concert dans le public ou à terre. Les (assez nombreux) photographes et cameramen présents ne s’y trompaient pas, qui suivaient le moindre de ses mouvemens pour saisir un instant de « punk porn » (2.0). C’était un peu étrange, mais faut dire que ce groupe a quand même tout ce qu’il faut pour faire la prochaine couverture de Maximum rock’nroll (si c’est pas déjà fait, d’ailleurs ?!?) Et quoi qu’il en soit que ça fait du bien de voir un groupe pour lequel un concert c’est un peu plus qu’une pure performance musicale. RRAAAAAAAAAAAAHHHH GGGGGGGRRRRRRRRRRR PUUUNNKK YYEESSSSSSSSSSS !!!!

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*Un peu à la manière de Youth avoiders, excellent groupe vu il y a peu à la Makhno.

**De manière vraiment similaire à The Sloks, excellent groupe vu récemment à Annecy. C’est marrant les coincidences.

« Cosmos en sous-sol » (Loubatière/Messon, Pauvros/Kawabata – Cave12, 6 novembre)

DSCN2722.JPGCyril Messon est un jeune guitariste aux projets très divers, dont Noyades qui vient de sortir son album,  et son duo improvisé avec le batteur Rodolphe Loubatière attise la curiosité.

Ils joueront une assez longue pièce d’une trentaine de minutes, s’ouvrant en mode décalé/syncopé, comme souvent dans cette musique « libre » mais qui a aussi ses gimmicks, pour bientôt plonger dans un torrent de notes et de roulements.

L’énergie est là, mais on ne quitte jamais vraiment l’impression de flux ininterrompu et c’était un peu frustrant que ce flux ne se fixe jamais ou trop rarement dans une forme, si éphémère soit-elle. Alors que le duo se réclame (entre autres) du noise-rock dans sa bio, de noise-rock, je n’ai point entendu.

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Je ne pouvais pas rester longtemps pour le concert du duo suivant, Jean-françois Pauvros/Makoto Kawabata. Leur performance promettait d’être un trip dont ni la durée ni l’intensité sonore n’était connue. On savait juste que ça pouvait atteindre des dimensions cosmiques. L’ouverture sur des notes éthérées jouées à l’archet sur les deux guitares électriques semblait déjà flotter en apesanteur dans la stratosphère. Dieu sait où ils ont fini.

« Top of the pop hardcore punk ! » (Crude Caress,Hello my name is, Youth avoiders – La Makhno, 28 oct)

afficheOutre leur nom rigolo, Crude caress fait du street-punk réglé comme du papier à musique. Par contre il n’y avait pas de choeurs. Ils ont peut-être oublié.

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Le côté ultra carré a quelque chose de pas déplaisant et les Suisses gratifieront leur public hypnotisé d’ une reprise de Time for living des Beastie boys…

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Hello my name is est un jeune groupe de Lausanne qui a sorti un album il y a peu et a l’air de beaucoup jouer. Passé la surprise du chant en français (avec ce nom, je m’attendais à de l’anglais), le groupe enfile un set de punk-rock fluide et bien rodé. Le skate-punk leur coule des doigts. La voix est assez rauque, en anglais elle pourrait faire penser à Hot water music, mais en français, ça avait des accents assez rock.

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Si la salle était un peu calme pour les lausannois (bon en même temps on n’est pas obligé d’être toujours tout fou, hein), elle ne résistera guère aux hymnes hardcore-punk de Youth avoiders. Faut dire que leurs morceaux pied au plancher sont sacrément entraînants. Plus que ça même. Il y a une folie, quelque chose d’intense et d’urgent qui rappelle le hardcore originel, celui de Minor threat ou de 7 seconds.

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Et cette voix, cette putain de voix juvénile qui s’étrangle de fureur. Waouh. Finalement, la différence entre un bon groupe de hardcore et un super groupe de hardcore, c’est souvent la voix, non?

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Par contre le set sera vite consommé (y aurait-il du minutemen chez le Youth avoider ?). Live fast. Et c’est parfait comme ça. Ca laisse le temps de jeter un oeil dans les bacs conséquents des distros présentes (In-Humano et Culture famine), sans lesquelles le punk ne serait pas le punk.

Cyclamen (Urgence disks – 28 octobre)

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De passage à Genève sur la fin d’une tournée européenne, le trio du Mans Cyclamen jouait à Urgence disks, cette antre géniale où passe à peu près tout ce qui touche, gratte ou cogne sur des cordes ou des peaux.

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Difficile de pas penser à Amanda Woodward en les écoutant – et à la façon dont ce groupe a marqué le hardcore, en France et ailleurs – cet émo qui rocke, ces changements abrupts, cette façon de gueuler ou de parler et jusqu’à certains effets, certaines évocations dub, sur la guitare.

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Le groupe apporte aussi sa dose de chaos et de folie personnelle. Et des idées originales, comme le banjo sur Les turpitudes, extrait de leur dernier EP.

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« Usine intime » (Zerö, Mike Watt & Il Sogno del Marinaio – Usine, 12 octobre)

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L’Usine en mode café-cabaret feutré, si, si, c’est possible. Peu d’affluence ce mercredi soir, malgré les grands noms à l’affiche.

dscn2511Les lumières de Zérö étaient intégralement rouges, sûrement pour rappeler la pochette de leur dernier disque. De Bästard, leur ancien groupe (dont ils joueront d’ailleurs un titre), je me rappelle une musique balladeuse, capable d’emprunter à presque tout, de l’ambiant au noise, au cabaret, aux musiques traditionnelles…

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Zérö a aussi cette dimension touche-à-tout, cinématographique. Musique tendue, brumeuse. Parfois un peu insaisissable, à l’image des visages évanouis de leur pochette encore une fois. Mais aussi traversée de montées de tension stridentes…

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Après les ombres mouvantes de Zérö, le punk-rock expérimental et malicieux de Mike Watt, acoquiné avec le duo italien Il Sogno del Marionaio.

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Avec toujours ce style inimitable – quelque part entre rock minimaliste et progressif, si vous avez du mal à imaginer, vous n’avez qu’à écouter –  et cette voix reconnaissable entre mille, Mike Watt continue de tracer son bonhomme de chemin. L’ex-Minutemen (pères de tous les punks de traviole de la terre) et bassiste des Stooges* a toujours la patate pour venir jouer dans des endroits sombres et enfumés. L’Usine cette année, Bellecombe-en-Bauges en 2014. A plus de 60 ans, avec son inamovible chemise à carreaux, il est la preuve vivante que le punk-rock, ça peut être autre chose qu’une musique formatée. Il me fait penser à un monde où on oublierait pas qu’on a été un gosse, où on oublierait pas qu’on peut être passionné, que ça peut être beau de créer, envers et contre tout.

Hey, c’est pas un peu la classe, ça ?

*Après Steve MacKay au Poulpe (avec Bunktilt), en 2014 ou quelque chose comme ça, c’est le 2e Stooges que je vois en concert dans le coin ! Hé hé ! A quand Iggy pop à Urgence disks?

Farrokh Bulsara, Intercostal, Agonir, Mort mort mort (La Makhno, 8 mai)

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Hey, quelques images du concert de dimanche soir à la Makhno…

DSCN1381Les tchèques de Farrock Bulsara ont joué en premier. Emo-hardcore bien foutu, sans surprise mais qui sonnait bien, même la voix.

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DSCN1391.JPGIntercostal joue du stoner. Mais pas du stoner aérien, plutôt la version les deux pieds dans le ciment. Des morceaux épiques, des méandres de riffs, le son épais et martial.

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Tu croyais avoir touché le fond. Eh ben… Agonir signifie abreuver quelqu’un d’injures (c’était marqué sur l’affiche) et il se pourrait bien que ce soit ce qu’ils aient fait. Crustcore violent, avec 2 voix masculine et féminine et le bassiste d’Intercostal à la guitare. Dans les règles de l’art. Avec tout ce qu’il faut de grind et de dis-beat. Peace, ha ha.

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Mort mort mort avaient déjà joué à Annecy en 2014. Ils avaient l’air un peu crevés et pourtant leur post-hardcore lourd et atmosphérique était bien prenant. Il a quelque chose de Neurosis. Il y a même un petite ressemblance physique pour le bassiste… On sent l’expérience de ce groupe de Caen qui doit jouer et tourner depuis environ une dizaine d’années et dont les membres sont issus d’autres formations hardcore marquantes.

 

« Supersonic youth ! » (Llamame la muerte, Presque maudit- Usine, 2 mai)

PM entente.JPGAvantage et inconvénient d’arriver en retard. Avantage: tu arrives pour trouver le groupe au milieu du concert, bloqué sur une note répétée inlassablement devant un public médusé. C’est drôle, venant de l’exterieur. Inconvénient : tu rates le premier groupe.

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Presque maudit, c’est presque comme Marilyn Rambo, presque. Une déferlante de rythmes concassés, un déluge sonore sans guère d’interruption,  avec peut-etre un peu plus de colonne vertébrale, dû à une une guitare supplémentaire que je soupconne d’être baryton mais peut-être pas.

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A l’image du morceau plein de swing classique pour lequel le groupe a réalisé une vidéo, leur musique saccadée a une légère tendance à produire chez le spectateur des mouvements incontrôlables qui te font ressembler à une animation GIF. Ou une animation gifle. Mais pas assez au goût du batteur, qui a éprouvé le besoin de jouer des cymbales avec ses pieds et de venir danser dans le public.

Jolie table aussi, où on trouvait les productions d’Epicericords, le label d’Aurel, guitariste de Presque maudit. Plein de disques et de sérigraphies magnifiques à prix libre.

Worst in me, « A long way home » (Bad mood records/Inhumano/Don’t trust the hype/Ashes cult)

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« A long way home » est le premier EP du quintet Worst in me, basé à Genève. La version vinyle est sortie conjointement sur plusieurs labels tandis qu’une version cassette en édition limitée était éditée par Ashes cult, micro label récent dont Xavier, le bassiste du groupe, est partie prenante.

« Living with decency », le morceau d’ouverture, donne le ton, avec une jolie partie hardcore rapide, un break sombre qui pourrait rappeler Neurosis et son riff metalcore final. Le style du quintet est en effet un dosage varié de différents ingrédients du hardcore depuis, disons, une vingtaine d’année et les 6 morceaux qui composent ce EP sont remarquablement homogènes.

On y trouve une forte composante mélodique et émotionnelle, comme sur « Profit on mankind » et son  mid-tempo presque pop-punk, ou dans « Citizen X » où la voix parlée me rappelle un morceau d’un des tout premiers groupe emocore (ou screamo, ou hardcore DIY, comme vous voudrez, on s’en fout) français : Finger print (1994…).

Mais le hardcore de Worst in me sait aussi être puissant ou lourd et travailler ses ambiances avec des parties lentes striées de guitares bloquées sur des notes suraigues, typiques du post-hardcore. Les mélodies et progressions d’accords ne sont pas toujours très originales… mais est-ce le but?

Quant à la voix, je ne peux pas m’empêcher de penser à Roger Miret d’Agnostic front tant certaines attaques sont proches. Ces intonations sont d’ailleurs assez répétitives et c’est un autre reproche qu’on peut faire au groupe.

En fait, si on devait résumer shématiquement ce disque, on pourrait même dire qu’il ressemble à ce qui se passerait si Agnostic front faisait de l’emo (la greffe peut sembler improbable, mais je dis ça sans moquerie aucune !)  Du hardcore intense, sincère et concerné, comme tout hardcore devrait l’être.

Worst in me, « A long way home » (Bad mood records/Inhumano/Don’t trust the hype/Ashes cult)

https://worstinme.bandcamp.com/

Interview : TUCO

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Des gros riffs qui tournent en boucle, façon Panzer division, striés parfois de fulgurances où l’atmosphère se fait changeante et les accords inattendus… Ce que j’avais entendu de Tuco m’avait bien mis les crocs. Un concert – manqué –  à Urgence disks le 25 février dernier et la petite vidéo qui allait avec n’avaient fait qu’aiguiser cette frustration. J’ai donc décidé d’envoyer quelques questions au jeune groupe suisse originaire de Duillier, histoire d’en savoir un peu plus…

Vous avez enregistré un EP en 2009/2010. Qu’est-ce qui s’est passé pour vous depuis ?

Laurent (basse, voix) : Ouais, ça fait un peu groupe de branlos tout ça… En fait, le timing n’aurait pas pu être beaucoup plus mauvais que ça. On l’a enregistré en août 2009, et je partais voyager avec ma copine pour 9 mois en septembre. Quand je suis rentré de voyage, Michel (guitare) décidait de partir pour travailler à Zürich, où il est resté 3 ans environ. Bon, lui n’a pas chômé là-bas, car il a vite rejoint Gletscher (post-rock), où cette fois il jouait de la batterie. Quand il est revenu, on s’est tout de suite dit qu’on allait reprendre Tuco, mais cette fois-ci c’était Patoche, notre batteur à l’époque de l’enregistrement, qui n’était plus de la partie, maintenant il fait bouger des culs dans Lord Makumba, un groupe d’afro-beat basé sur Genève. Du coup, on a demandé à Seb (batterie) de nous rejoindre. On le connaît depuis toujours et il venait de quitter Mumakil pour des raisons de problèmes récurrents au poignet. Ça a pris un peu de temps pour qu’il puisse se remettre à jouer normalement, mais maintentant ça roule nickel. Du coup, on s’est remis à composer et à répéter régulièrement, et on espère que ça va continuer comme ça!

Tuco, c’est le personnage d’une série, je crois. Pouvez-vous nous en dire un plus sur le choix de ce nom et cette inspiration ?

Laurent : Ah ouais, c’est le narcotrafiquant dans Breaking Bad. En fait, quand on a commencé la série n’existait pas encore. Tuco, c’est plutôt un double hommage: premièrement, c’est le personnage « The Ugly » (le truand) dans le film de Sergio Leone, on s’est dit que ce bandit mexicain dégueulasse, ça correspondait assez bien avec notre musique. Ensuite, c’est un hommage au groupe Keelhaul qui nous a beaucoup influencés, où Tuco est le nom de la première track de leur premier album.

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Pour vous, cette musique, c’est juste de la musique ou y a-t-il également un esprit et des idées ?

Laurent : Bon c’est clair que c’est la musique qui importe le plus. En fait, au début on avait commencé en groupe instrumental avant qu’on ne se rende compte qu’il manquait quelque chose, la voix. Je me suis fait désigner volontaire et dans la composition on pense à la voix en termes de « Ah ouais, ce serait bien d’ajouter du chant sur cette partie bourrine », sans aller beaucoup plus dans les détails. Pour revenir aux idées, nous n’avons jamais pensé à Tuco comme un vecteur pour promouvoir des idées. Par contre, il est à mon avis impossible de ne rien laisser transparaître de ce qu’on pense ou ressent, et quelque part cela se retrouve dans notre musique. En fait, on ne cherche ni à cacher ni mettre en avant certains aspects de nos personnalités. Ce que l’on recherche, c’est créer des émotions quelles qu’elles soient chez nos auditeurs. Tuco est un espace où chacun d’entre nous peut se laisser aller, ce qui la plupart du temps signifie raconter des blagues moisies entre les morceaux.

Le visuel de votre EP fait un peu penser à l’esthétique communiste ? Qui l’a réalisé ?

Laurent : Ah ouais, merci, en fait je ne l’avais jamais vu comme ça. C’est Manon Roland (http://www.manonroland.ch/), une copine illustratrice qui l’a fait. Elle est super talentueuse et fait plein de trucs : illustrations, graphisme, animations. On lui a donné carte blanche, on voulait juste que celà représente le côté brut, sans fioritures de notre musique. On a été super contents du résultat. Je vais lui dire, cela lui fera plaisir.

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Et en passant, que pensez-vous de l’idée du communisme ? Etes-vous à l’aise dans la société, disons, libérale et matérialiste dans laquelle nous vivons ?

Laurent : Alors l’idée du communisme est bonne, mais se base sur une conception assez optimiste de l’être humain où tout un chacun réalise que le bien commun s’aligne avec le bien individuel. Je ne pense pas que l’humain ait atteint un tel niveau de développement, à mon avis les intérêts personnels primeront toujours sur le bien commun, même si le système global en pâtit. Comme tu le vois, je ne suis guère optimiste, mais c’est mon avis personnel. Après, au niveau de la mise en application du communisme, le tableau est absolument accablant, avec des privations de libertés inacceptables. Si tu regardes maintenant, la plupart des pays qui ont un régime officiellement communiste au pouvoir pratiquent le libéralisme économique, et ne gardent que le régime totalitaire en tant qu’état-flic (je pense notamment à des pays comme la Chine ou le Vietnam, dont je suis originaire).

Après, je ne suis pas fan de la société ultra-libérale dans laquelle nous vivons. Lire que les 60 plus riches possèdent autant que la moitié de la population la plus pauvre fout clairement les boules. Après, on se rend compte du bol immense d’avoir grandi en Suisse, où la liberté de penser et de s’exprimer est généralement garantie, où on bénéficie d’une éducation de qualité et des perspectives personnelles et professionnelles. Dans ce contexte, je me vois mal cracher dans la soupe, même si nos privilèges ont un coût pour le reste de la planète. À la fin, la chance que nous avons de vivre dans cette société est que nous pouvons faire des choix, ce qui au niveau global est un luxe.

Comment s’est passé votre concert à Urgence disks ? Avez-vous apprécié de jouer dans ce lieu ?

Laurent : Alors oui c’était super. Damien d’Urgence Disk a été hyper-classe : nous a invités, nous a fait la promo, nous a nourris, nous a filé des bières, nous a filmés et nous a encore donnés l’argent des entrées.

Quels sont vos projets ?

Laurent : Dans l’immédiat, notre but est de donner le plus de concerts possible et de continuer à progresser et composer. D’ici la fin de l’année, on aimerait bien enregistrer les nouvelles compositions (EP ou LP, à voir).

Merci beaucoup ! Voulez-vous rajouter quelque chose ? Une petite blague ? Un message qui vous tient à coeur ?

On ne dira qu’une chose : Le général est arrivé à pied par la Chine mais Superman a une bouille incroyable.

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