« No GVA » (Massicot, Lithics – Usine, 17 sept.)

Pas mal de monde à l’Usine ce lundi soir-là – une fois n’est pas coutume – pour une soirée estampillée, disons, post-punk.

On ne présente plus Massicot, qu’on voit jouer très régulièrement à Genève. Mariage des contraires. Grooves chaloupés et vagues fraîches de dissonances stridentes, mécaniques. Voix qui semble flotter au-dessus de la musique, immuable, répétitive, indifférente. Bande-son drôle et un peu angoissante d’un Buster Keaton dada.

La sonorisation délicate permet d’apprécier les nuances de la musique. Son espèce de présence-absence, qui semble voulue, recherchée, travaillée par les trois musiciennes dont l’interaction avec le public est assez minimale.

Les américains de Lithics, eux, terminaient plus d’un mois de tournée. La veille, ils jouaient à Lyon et étaient plutôt frais pour cette date. Le lendemain, ce serait Prague.

Lithics, c’est ce qui a rapport à la pierre (nous rappelle une publication distinguée). Voix détachée et immuable de la chanteuse, preuve de l’ADN post-punk commun avec Massicot. Son des guitares tranchant comme des lames de rasoirs. Aigrelet, désossé, transparent. Batterie sèche et raide. Même la basse à des airs de jouet.

De cette formule minimaliste qui rappelle les Minutemen – autre ancêtre commun qui pourrait rapprocher les deux groupes -, Lithics tire des morceaux au cordeau, dansants et absolument  imparables. Tubes millimétrés qui parsèment leur dernier LP et qui prennent un malin plaisir à dévier régulièrement de leur route droite et bien traçée.

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« En avant dans toutes les directions » (Massicot, The Ex – Cave12, 13 déc.)

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SUPER_JOIE FANTASTIQUE MERCREDI SOIR !, comme dirait Cave12. Enfin, je le fais pas aussi bien qu’eux. Avec deux groupes bien connus dont la rencontre relève de l’évidence.

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Massicot installe un drôle de ballet déséquilibré et mutique.  D’un côté, les tropiques, les rythmes chaloupés et entraînants. De l’autre, la guitare atone, stridente et répétitive. La voix scandée, presque martiale par moment et parfois chantée en letton, je crois – ce qui d’ailleurs n’a rien à voir.

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C’est un inconfort étrange, un brin absurde, bizarrement déviant et plaisant. Quelque chose comme l’équivalent musical de Buster Keaton.

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Un musique intense, tendue. La concentration des musiciennes est palpable sur scène. Ce qui n’empêche pas une bonne dose de complicité d’ailleurs.

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Quel pied de revoir The Ex et leur agit-prop-punk à nul autre pareil ! Ca faisait presque longtemps – si on omet les projets parallèles vus entre-temps et qui passent régulièrement dans le coin.

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Le groupe a beau exister depuis un paquet d’années – 1979, quand même, ils détestent rien plus que l’ennui et présentaient donc un set entièrement nouveau, pour un album à venir. La motivation était grande et le set commence pied au plancher. Et Terrie et Andy ne tardent pas à se lancer dans un de leurs fameux duel de guitares ferrailleux. Une copine souffle : « Ah ouais, The Ex, c’est la baston, en fait ! »

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Sans connaître les titres, on reconnait la patte typique des hollandais bruyants  – en fait, il n’y a que la moitié du groupe qui est originaire des pays-bas – les hymnes bruitistes frénétiques où la musique du groupe a des accents de fanfare noise – surtout depuis qu’ils ont trois guitares. Un long titre sonique répétitif, presque instrumental. D’autres ambiances plus retenues, avec parfois la voix presque enfantine de Katherina.

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The ex, 38 ans d’âge.

Ce groupe a quelque chose d’un ovni, quand même. Ou d’un miracle. Sa manière de faire ce post-punk à la fois naîf et vindicatif, expérimental et bruitiste, n’appartient qu’à lui.  The Ex, c’est l’antithèse du math-rock.

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Sac poubelle avec boules de mousse collées dessus, utilisé par Terrie pour jouer de la guitare. Objet de nos questionnements.

Et pour Rad-Yaute, c’était un peu  « Foward in all directions »  ce soir-là, aussi. Vu que ça a été l’occasion d’une expérimentation avec la vidéo. Une interview filmée par Mister David, aussi connu sous le nom de LiveGenevaTV MC. On attend le résultat avec une certaine, euh, appréhension.

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>>>>>>>>>>> THE EX

Massicot/Housewives split 7″

massicot hswvsLes split 7″ scellent en général l’amitié et la proximité artistique de deux groupes. C’est le cas avec ce disque que partagent les genevoises de Massicot et les anglais de Housewives, qui ont joué ensemble sur bon nombre de scènes et dont les approches déviantes du rock ont un air de parenté évident.

Une voix, monocorde, parlée, débite un fil tendu. Autour, les arabesques et accidents de la musique. Des petites notes de guitare, lumineuses et pétillantes, plombées tout à coup par une partie lourde et stridente. Massicot invente une transe électrique naïve et nerveuse – un peu dans le sillon d’anciens comme Dog faced hermans – et je crois bien que Kokteilis est mon morceau préféré du groupe.

Comme à leur habitude, Housewives, réunit des éléments totalement disparates dans un ensemble dont on se demande comment il tient. Leur EXC. 281016 est à la fois linéaire, répétitif, épars et aléatoire. Un post-punk crispant et déshumanisé, la tension sourde à l’état pur, suicidé par une fin abrupte. Faut vraiment découvrir ce groupe incroyable, avec une petite préférence pour les premiers enregistrements, plus punks.

 

Massicot/Housewives split 7″ (Blank Editions / Hands In The Dark / Red Wig / Et Mon Cul C’est Du Tofu? / Harbinger Sound)

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Anne-James Chaton/Andy Moor, Massicot – Cave12, 8 mai

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Vernissage de sortie d’album pour le groupe genévois Massicot, avec, comme première partie de choix, le duo Andy Moor (guitare / The Ex)/Anne-James Chaton.

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Anne-James Chaton à la voix, Andy Moor aux brosses

Enfin duo… la bande-son et les images fixes projetées jouent un grand rôle dans la performance de ce duo-là. Les textes/poêmes d’Anne-James Chaton sont minimalistes, factuels, des relevés, des listes. On navigue entre l’anecdotique, l’information pure et le vertige créé par l’accumulation. Ils fonctionnent souvent à la façon d’énigmes, comme celui sur la mort de Diana ou celui, très poétique, où l’on comprend plus ou moins qu’il est pornographique (dumoins c’est ce que j’ai cru comprendre… )

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Dis d’une voix profonde et imperturbable (que j’ai trouvée impressionnante de maîtrise), il y a quelque chose d’objectif, de froid et en même temps qui amène vers une tension sourde. Comme si ces chiffres, ces faits, ces infos qui sont une grande partie de notre quotidien étaient un écran où parfois on distingue le drame et l’humain. Les références à la religion et au sacré sont d’ailleurs très présentes…

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Andy Moor comme vous ne l’avais jamais vu !

La guitare d’Andy compose un décor sonore, ou passe par dessus et viens parasiter la voix, ou raconte des histoires dans son coin. Les projections ancrent dans le contexte. L’ensemble à un peu un côté Godspeed you black emperor! (Les lignes de guitares ont d’ailleurs un petit goût post-rock, enfin quand même façon The Ex, hein).

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Massicot

Cave12 est remplie lorsque les Massicot montent sur scène. Leur set était bien trépidant, emmené par une basse-jouet qui donne une tonalité de traviole à leur musique répétitive et malicieuse. Mais j’avoue que j’étais plutôt fatigué et je n’ai pas profité plus que ça du concert. C’était la fête, en tous cas.

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