« Le sacre du tympan » (Harpon, Baxter Stockman – Trokson, 12 avril)

 

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Petit tour à Lyon – ville noise – pour un concert pour amoureux des rythmes syncopées et des guitares ponceuses de tympans.

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Harpon et Baxter Stockman sont deux trios (nombre d’or du noise-rock ?), français et finlandais – et néamnoins amis puisque, si j’ai bien compris, ils ont déjà partagé une tournée auparavant ainsi qu’un disque.

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Harpon joue  fort. Noise-rock lourd et intense aux ambiances sombres, poisseuses. Voix criée qui émerge par instants d’une masse sonore compacte implacable pour ensuite disparaitre à nouveau. Batteur hanté qui semble scander les morceaux, ou rechercher l’oxygène pour éviter la suffocation, au choix.

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Baxter Stockman, eux, jouent très très fort (potard volume du Marshall au trois-quart, on est allé regarder après le concert) et c’est avec rigueur et application qu’ils s’attachent à vriller les oreilles du public.

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Noise-rock tranchant, affuté, rythmique jesus-lizardienne (Ah, ce son de basse metallique à gros grain !) et quelques morceaux bien tubesques (« Male talent » !) qui ont fait grimper la température.

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Petit bout de conversation avec les groupes ensuite. Bien sympathiques et qu’on devrait revoir régulièrement puisque le batteur de Baxter Stockman nous a confié que « We’re planning to tour A LOT ».

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Journée shopping, aussi.

 

« La gueule dans les amplis » (Nevraska, We are the incredible noise – Le Poulpe, 9 avril 2016)

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Le Poulpe est un endroit magique pour au moins deux raisons. Premièrement, on est là, à Reignier, et tout-à-coup quand on entre on a l’impression d’être téléporté à Brooklyn. Deuxièmement, je sais pas comment ça se fait mais il y a toujours du monde.

Et ils servent de bonnes bières, aussi. Deux raisons et demi, disons.

Nevraska jouait pour la première fois ici, dans le minuscule espace concert qui ressemble à la salle de danse d’une boite de nuit rock ‘n roll. Ca avait l’air de leur poser de sacrés problèmes. Déjà ils n’étaient pas arrivés à caser la batterie sur la scène et avaient été obligés de la mettre  directement dans la salle, le long du mur latéral. Et puis les amplis faisaient des leurs aussi, apparemment. Bref, ça avait pas l’air simple.

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En fait, ça a été juste parfait. D’abord, tout le monde était hypnotisé par le jeu du monsieur derrière les fûts. Ca fonctionne vraiment très bien comme ça  – et puis des groupes qui mettent le batteur en avant il y en a eu quand même quelques-uns, à commencer par Nomeansno. Et Papier tigre, aussi. Le son était génial, très abrasif. Je crois que ça fait 6 fois que je les vois et chaque concert est différent, à chaque fois j’ai l’impression de découvrir un truc nouveau (qui probablement ne l’est pas du tout) comme ces beats synthétiques qu’ils ont envoyés à un moment, ou le chant bien punk de Cyril. Bref, les morceaux déboulaient vitesse grand V et la tension est montée tout au long du set. Finalement, les concerts dans les petites salles bien blindées, c’est ce qu’il y a de mieux.

Il y avait du spectacle aussi avec We are the incredible noise, qui ont joué en version sans chanteur. Je n’ai pas compris si c’était exceptionnel ou s’ils  en avaient plus du tout et eux-mêmes n’en ont pas parlé donc on n’en saura pas plus.

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Leur set était intense, carré et sauvage mais j’aurais un peu  de mal à définir leur musique. Certains riffs tournent en boucles sacadées de façon plutôt noise ou post-bidule puis ça part parfois sur des parties plus gros stoner endiablé…

Nevraska + Piniol – Brise-Glace, 25 mars

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Quelques instants qui paraissent un peu tâtonnants, puis la musique de Nevraska prend ses marques, le son devient plus organique, et les morceaux du duo prennent leur vitesse de croisière.DSCN1077

Sur cette « grosse » scène, la variété de leurs influences ressort encore davantage. Noise, hardcore, voire hardcore mélodique, émo, rock, etc. assimilés, revisités, régurgités par le duo basse/batterie dans des compositions ciselées, dont le haut régime reste la marque de fabrique.

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Le public est restreint (forcément, deux groupes plutôt axés noise, pas forcément connus…) mais les gens en redemandent, c’est chouette à voir. Les morceaux sont rythmés par le sourire et les saluts de Pascal, le bassiste (ce type a quelque chose du maître zen). Le duo, qui a mis un paquet de temps à venir jouer au Brise-Glace, est visiblement content d’être là et leurs morceaux bien rodés méritent vraiment d’être gravés sur disque. Leur album devrait sortir en septembre…

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Piniol

Piniol est une formation lyonnaise issu de la fusion de deux groupes, Ni et Poil. C’est une sorte de groupe dédoublé ou de groupe miroir: deux batteurs, deux bassistes et deux guitaristes et un clavier au milieu.

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Le premier long titre s’ouvre sur quelques arpèges très post-rock qui vont se dérouler en une pièce d’ampleur comme un espèce d’immense escargot psychédélique. Waouh.

La musique de Piniol, c’est une architecture angulaire, monstrueuse, grotesque, dont on se dit qu’elle ne peut être issue que d’un cerveau malade…

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On n’est plus dans le math-rock, mais plutôt en eau trouble, quelque part entre math-rock, jazz-rock et musique contemporaine. Une musique à la fois groovante et savante, plutôt grandiloquente, et parfois kitsh.

Les parties plus chorales ou orchestrales m’ont plu davantage que celles plus destructurées où le groupe joue avec les styles musicaux (zouk…).  Là, j’avoue que j’ai tendance à décrocher, parce que je ne vois plus que les effets produits, et moins ce que la musique a à dire.

 

Interview : TUCO

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Des gros riffs qui tournent en boucle, façon Panzer division, striés parfois de fulgurances où l’atmosphère se fait changeante et les accords inattendus… Ce que j’avais entendu de Tuco m’avait bien mis les crocs. Un concert – manqué –  à Urgence disks le 25 février dernier et la petite vidéo qui allait avec n’avaient fait qu’aiguiser cette frustration. J’ai donc décidé d’envoyer quelques questions au jeune groupe suisse originaire de Duillier, histoire d’en savoir un peu plus…

Vous avez enregistré un EP en 2009/2010. Qu’est-ce qui s’est passé pour vous depuis ?

Laurent (basse, voix) : Ouais, ça fait un peu groupe de branlos tout ça… En fait, le timing n’aurait pas pu être beaucoup plus mauvais que ça. On l’a enregistré en août 2009, et je partais voyager avec ma copine pour 9 mois en septembre. Quand je suis rentré de voyage, Michel (guitare) décidait de partir pour travailler à Zürich, où il est resté 3 ans environ. Bon, lui n’a pas chômé là-bas, car il a vite rejoint Gletscher (post-rock), où cette fois il jouait de la batterie. Quand il est revenu, on s’est tout de suite dit qu’on allait reprendre Tuco, mais cette fois-ci c’était Patoche, notre batteur à l’époque de l’enregistrement, qui n’était plus de la partie, maintenant il fait bouger des culs dans Lord Makumba, un groupe d’afro-beat basé sur Genève. Du coup, on a demandé à Seb (batterie) de nous rejoindre. On le connaît depuis toujours et il venait de quitter Mumakil pour des raisons de problèmes récurrents au poignet. Ça a pris un peu de temps pour qu’il puisse se remettre à jouer normalement, mais maintentant ça roule nickel. Du coup, on s’est remis à composer et à répéter régulièrement, et on espère que ça va continuer comme ça!

Tuco, c’est le personnage d’une série, je crois. Pouvez-vous nous en dire un plus sur le choix de ce nom et cette inspiration ?

Laurent : Ah ouais, c’est le narcotrafiquant dans Breaking Bad. En fait, quand on a commencé la série n’existait pas encore. Tuco, c’est plutôt un double hommage: premièrement, c’est le personnage « The Ugly » (le truand) dans le film de Sergio Leone, on s’est dit que ce bandit mexicain dégueulasse, ça correspondait assez bien avec notre musique. Ensuite, c’est un hommage au groupe Keelhaul qui nous a beaucoup influencés, où Tuco est le nom de la première track de leur premier album.

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Pour vous, cette musique, c’est juste de la musique ou y a-t-il également un esprit et des idées ?

Laurent : Bon c’est clair que c’est la musique qui importe le plus. En fait, au début on avait commencé en groupe instrumental avant qu’on ne se rende compte qu’il manquait quelque chose, la voix. Je me suis fait désigner volontaire et dans la composition on pense à la voix en termes de « Ah ouais, ce serait bien d’ajouter du chant sur cette partie bourrine », sans aller beaucoup plus dans les détails. Pour revenir aux idées, nous n’avons jamais pensé à Tuco comme un vecteur pour promouvoir des idées. Par contre, il est à mon avis impossible de ne rien laisser transparaître de ce qu’on pense ou ressent, et quelque part cela se retrouve dans notre musique. En fait, on ne cherche ni à cacher ni mettre en avant certains aspects de nos personnalités. Ce que l’on recherche, c’est créer des émotions quelles qu’elles soient chez nos auditeurs. Tuco est un espace où chacun d’entre nous peut se laisser aller, ce qui la plupart du temps signifie raconter des blagues moisies entre les morceaux.

Le visuel de votre EP fait un peu penser à l’esthétique communiste ? Qui l’a réalisé ?

Laurent : Ah ouais, merci, en fait je ne l’avais jamais vu comme ça. C’est Manon Roland (http://www.manonroland.ch/), une copine illustratrice qui l’a fait. Elle est super talentueuse et fait plein de trucs : illustrations, graphisme, animations. On lui a donné carte blanche, on voulait juste que celà représente le côté brut, sans fioritures de notre musique. On a été super contents du résultat. Je vais lui dire, cela lui fera plaisir.

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Et en passant, que pensez-vous de l’idée du communisme ? Etes-vous à l’aise dans la société, disons, libérale et matérialiste dans laquelle nous vivons ?

Laurent : Alors l’idée du communisme est bonne, mais se base sur une conception assez optimiste de l’être humain où tout un chacun réalise que le bien commun s’aligne avec le bien individuel. Je ne pense pas que l’humain ait atteint un tel niveau de développement, à mon avis les intérêts personnels primeront toujours sur le bien commun, même si le système global en pâtit. Comme tu le vois, je ne suis guère optimiste, mais c’est mon avis personnel. Après, au niveau de la mise en application du communisme, le tableau est absolument accablant, avec des privations de libertés inacceptables. Si tu regardes maintenant, la plupart des pays qui ont un régime officiellement communiste au pouvoir pratiquent le libéralisme économique, et ne gardent que le régime totalitaire en tant qu’état-flic (je pense notamment à des pays comme la Chine ou le Vietnam, dont je suis originaire).

Après, je ne suis pas fan de la société ultra-libérale dans laquelle nous vivons. Lire que les 60 plus riches possèdent autant que la moitié de la population la plus pauvre fout clairement les boules. Après, on se rend compte du bol immense d’avoir grandi en Suisse, où la liberté de penser et de s’exprimer est généralement garantie, où on bénéficie d’une éducation de qualité et des perspectives personnelles et professionnelles. Dans ce contexte, je me vois mal cracher dans la soupe, même si nos privilèges ont un coût pour le reste de la planète. À la fin, la chance que nous avons de vivre dans cette société est que nous pouvons faire des choix, ce qui au niveau global est un luxe.

Comment s’est passé votre concert à Urgence disks ? Avez-vous apprécié de jouer dans ce lieu ?

Laurent : Alors oui c’était super. Damien d’Urgence Disk a été hyper-classe : nous a invités, nous a fait la promo, nous a nourris, nous a filé des bières, nous a filmés et nous a encore donnés l’argent des entrées.

Quels sont vos projets ?

Laurent : Dans l’immédiat, notre but est de donner le plus de concerts possible et de continuer à progresser et composer. D’ici la fin de l’année, on aimerait bien enregistrer les nouvelles compositions (EP ou LP, à voir).

Merci beaucoup ! Voulez-vous rajouter quelque chose ? Une petite blague ? Un message qui vous tient à coeur ?

On ne dira qu’une chose : Le général est arrivé à pied par la Chine mais Superman a une bouille incroyable.

https://tuco12666.bandcamp.com/releases

« Toujours pas guéris » (Happening, Therapy ? – Chateau-rouge, 28 janv)

 

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Happening full power  (Toutes les photos sont de Geoffrey Martin, voir plus bas)

Le concert d’Happening commence par un faux départ. Peut-être de nervosité, le batteur casse le ressort de sa pédale de grosse caisse. Ce sera l’unique faux-pas du trio : le reste du set est exécuté de manière implacable.

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Happening, c’est un peu le power-trio par excellence. Chacun à son poste, pas de filet ou de solution de remplacement. On avance en rang serré, le groupe fait corps, avec notamment une basse-batterie inébranlable, qui martèle son propos sans une note ou un coup de caisse claire en trop.

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La musique nerveuse du trio alterne riffs anguleux et montées en puissance mélodiques, moments suspendus et explosions de fureur. Les ambiances se télescopent et se succèdent de manière aussi mouvante et imprévisible que la grosse mer de la pochette de leur tout nouveau disque.

L’énergie explosive du trio, son attitude sur scène, son contact chaleureux avec le public (plutôt le fait d’Anthony, le chanteur, il faut bien le dire), tout sent la sincérité et l’envie d’en découdre. La petite scène du café de Chateau-Rouge permet une proximité qui va bien au groupe et permet de prendre sa mesure.

 

… A peine le temps de commander une bière qu’on a déjà raté les tout premiers moments du set de Therapy? A vrai dire, je n’avais pas d’attente particulière vis-à-vis du concert de ce vieux groupe irlandais. J’aime bien les premiers disques, la période un peu plus noise-rock, avant le coming out pop de Troublegum. J’assiste donc, sceptique ou presque, aux premiers titres du groupe. Les morceaux sont souvent limpides, il y a un vrai talent pour écrire des hymnes power-pop – je fais exprès d’exagérer un peu, le groupe était labellisé « métal » par Chateau-rouge… – des hymnes, donc, au ton faussement enjoué, aux mélodies souvent douce-amères. Mais enfin, ces riffs simples, alignés, ces progressions d’accords, on a parfois un peu l’impression de les avoir entendus mille fois. Et de limpide, Therapy? semble tout-à-coup un groupe trop évident, transparent.

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Ladies and gentlemen : Mister Andy Cairns

 

Mais…

Mais ?

Mais.

Mais les gars savent y faire. Mais la sauce prend. On ne sait pas comment mais, au fil du concert bien rodé, l’énergie monte peu à peu. L’hymne tout à coup, sans qu’on en ait vraiment pris conscience, s’est mis à vibrer. Alors oui, certes, Andy Cairns raconte toujours les mêmes conneries (ça fait 23 ans que « son français est merde », selon un observateur avisé). Oui, ça lève son instrument au ciel à tout bout de champ en signe de domination du stade. Ca fait chanter le public et ça place des vieux tubes au bon moment pour arracher des soupirs d’aise téléphonés. Mais, à y réfléchir, l’oeil exhorbité de Cairns et sa voix de petite fille apeurée ne sont pas si lisses que ça et l’enthousiasme des musiciens est vraiment entraînant. On sent qu’ils prennent plaisir à organiser cette fête païenne et bon enfant, où l’on célèbre sa névrose dans le pogo et la bonne humeur.

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Quel pied de réentendre Teethgrinder et d’autres morceaux de ce dance-rock répétitif et froid issu de l’album Nurse ! Un petit bout d’I wanna be your dog aussi, qui viendra pimenter le set (Pourquoi juste un bout, d’ailleurs ? Je les ai haïs à ce moment-là…), déclenchant un pogo immédiat. Et la reprise de Diane (avec le violoncelle enregistré), prenante et belle, même si leur version n’est pas aussi déchirante que l’original d’Husker-Du.

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Les titres se sont enchainés et la pression n’a cessé de monter pour atteindre ce joli moment d’ivresse sonique qui vous laisse pantelant, lorsque le groupe a quitté la scène et que les lumières crues ont à nouveau envahi la salle, à gueuler pour qu’ils reviennent, qu’ils en donnent encore. Et oui, Therapy? reste une belle bête de scène…

PS Cet article est une « coproduction » entre Rad-Yaute et le webzine Rictus (http://rictus.info/mag). Un webzine coopératif et non-profit tout azimuts intéressant.

PPS Les photos sont copyright Geoffrey Martin : http://www.geoffrey-martin.com/. Merci à lui.

« Ode to a band »

 

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Sous le titre pompeux « nouvel ep en avant première exclusive », un article du webzine Mowno permet actuellement d’écouter deux titres inédits de Condense,  groupe lyonnais défunt il y a bien 20 ans ou presque.*

http://www.mowno.com/non-classe/exclusivite-mowno-ecoutez-le-nouvel-ep-de-condense-en-avant-premiere-du-4-au-10-decembre/

Les deux morceaux « Bacteria » et « Ode to a boss » (les joies du travail salarié et des « petits chefs – un thème cher à Marc, le chanteur, si je me rappelle bien) sont bien représentatifs de ce que fût la noise haletante des lyonnais. Cette voie étouffée sur quelques arpèges dissonants, comme tapis en embuscade, ces gros riffs saignants bricolés entre eux, répétés et répétés (déjà) comme si c’était la seule issue…

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Condense, c’était aussi les textes de Marc. Aussi étouffants que la musique qui lui servait d’exutoire, liant ressenti personnel, envies de révolte et considérations socio-politiques. Assez proches d’une certaine façon des préoccupations de la scène hadcore do it yourself avec laquelle  ils étaient plutôt en froid. Une écriture d’une maturité largement au-dessus de la moyenne, en tous cas.

Même les dessins, réalisés par un des musiciens (qui a dit « Do it yourself » ?), qui accompagnaient les livrets du groupe étaient bien chouettes… Condense, groupe parfait ?

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Quel plaisir de réécouter « Genuflex »… Avec le recul, c’est vraiment un album génial, équilibre idéal entre violence et introspection, que certains groupes atteignent parfois. Pas un morceau qui soit commun, des idées tordues et néamoins limpides. Aaaaahhhh, le punk-rock shizo de « We got power », les lignes atrocement dissonantes de « regress » comme passées en marche arrière, les notes tenues jusqu’à la nausée de « 81 » AAAAAAHHH ! les mélodies magnifiquement désespérées de « Controlled bleeding ou « It’s only basic paranoia »… AAAAAAAAAAHHHHH !

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHH !!

Bref, comme vous l’aurez compris, c’était vraiment un beau groupe, que je conseille vivement à ceux qui ne connaissent pas. Et qui me fait dire que quelque part la version « noise » du rock a quelque chose de supérieur musicalement à d’autres versions (punk, garage, hardcore, etc.)… Je sais pas… ces morceaux où tout est possible, mais surtout le plus radical… cette façon de procéder par ruptures, par accidents et par accumulations, de répéter jusqu’à la nausée, juqu’à se faire mal, comme on creuse pour aller déterrer quelque chose… Il y a un truc puissant qui m’enthousiasme là-dedans…

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« Controlled bleeding » (Genuflex)

Voilà… Les disques vont être réédités prochainement par Atypeek music, un hommage largement mérité, et on trouve de chouettes vidéos de concerts sur le net, aussi.

Mangez, maintenant.

 

*Il y aurait beaucoup à dire sur les concepts d' »avant-première » et d »exclusivité » – comme de tout ce qui s’inspire de l’univers le plus commercial – mais personnellement je ne vois pas ce que cela a à faire avec un disque d’un groupe punk, ou d’inspiration punk… Pour la peine, je leur pique leur image…

Illustrations extraites de l’album « Genuflex » (Pandemonium records, 1995)

« On a tous un côté Marylin… » (Marylin Rambo, Fuper, Lado – L’Ecurie, 17 nov.)

12235021_1647047992217879_5609822117425556904_nIl y a un nombre impressionnant de pédales d’effets sur scène pour Fuper. La musique du duo genévois a un côté assez minimaliste, lo-fi, une espèce de garage trafiqué ou de pop déréglée. Quelques plantages, dus sûrement à la jeunesse du projet, qui je trouve rendait le concert humain. On peut même dire que ça accentuait sérieusement le côté lo-fi.

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Fuper, merfi.

Lado, c’est une formation où les deux Marylin Rambo s’amusent à faire le backing band pour un madoliniste, si ce mot existe. C’est frais et folk de traviole.

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Marylin Rambo, c’est un duo guitare/batterie de Lozère. Math qui rocke pas mal, et même assez burné, un peu dans les parages de Pneu. Il parait que c’était pas leur meilleur concert, mais ça a bien fait danser quand même et c’était très agréable de les rencontrer. Aurel fait un microlabel très beau, epicericords (il fait le graphisme aussi) et multiplie les projets (au moins 4 à ma connaissance). Ils avaient une chouette table avec des fanzines et quelques  disques (c’est triste un concert sans table), ils m’ont vendu un CD qui ne marche pas mais comme ils donnent les affiches qu’ils vendent 5 euros, c’est pas grave.

Le label en question : http://epicericords.tumblr.com/

« L’orchidée cosmique » (Urgence disks – 1er nov.)

DSCN0350Quelques images  du show de L’Orchidée cosmique à Urgence disks. L’Orchidée, c’est un projet solo d’un bassiste d’Annecy. Plongées soniques tout en douceur, perte de pesanteur, grosse basse distordue. Ca joue autant avec les pieds et les pédales d’effets qu’avec les doigts. Tout se bouscule, se superpose ou se répond. Chouettes effets de contrastes sur les textures sonores. On pouvait penser aussi à des trucs un peu cold typés années 80, car finalement on retrouve des bases rock assez classiques, notamment lorsqu’il y a un beat. Un projet à suivre…

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Et une petite vidéo d’un morceau pas encore publié, et encore sans nom : https://www.youtube.com/watch?v=GvwrCei_9P0&feature=youtu.be

« Petits et gros cochons » (Pigs, Yurodivy, Nesseria, Sofy Major, Euglena, Wardhill, Plèvre – Usine, 25 oct.)

DSCN0332Drone to the bone est une association qui organise des concerts depuis 6 ans – post-hardcore ou affilié en général mais aussi de la musique plus expérimentale de temps à autre – dans des salles genévoises comme l’Ecurie ou l’Usine. On leur doit  notamment les concerts de Death Engine ou Retox, pour ne citer que quelques exemples récents mémorables. 6 ans, une occasion comme une autre de faire la fête autour d’un monstre concert ce soir-là.

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Yurodivy

Yurodivy est une jeune formation de Strasbourg (deux ans d’existence), qui joue un post-hardcore sombre. Comme beaucoup d’autres groupes, seulement, ils ont la très bonne idée d’insérer des passages noise bien dissonants dans leur musique. Avec en plus un son efficace et pas saturé d’effets.

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Plèvre creuse une veine similaire mais où l’aspect violent et chaotique est beaucoup plus marqué. Le groupe déverse sa lave sonique sur le public, qui était déjà pas trop exité mais là parait carrément assommé.

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Plèvre

Avec Nesseria, on retrouve le côté plus dynamique du hardcore. La voix est également proche du grind-core, mais  le groupe balance des parties ultra-rapides, des parties down-tempo ou post-hardcore, ça pioche un peu partout et c’est vraiment bien foutu.

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Nesseria

Les deux groupes qui suivent prouvent bien que voir un groupe sur scène est complètement différent de l’écouter sur disque. Personnellement, je n’aurais pas forcément été client à priori du stoner de Wardhill. Par contre, voir la passion et l’énergie qu’ils dégagent sur scène est vraiment génial.

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Wardhill

Même chose pour les russes d’Euglena et leur black/grind, avec lesquels la pression monte d’un cran, pour un coup de pied au cul total. Là aussi, on sent que les gars sont les premiers fans de leur musique et qu’ils sont trop contents d’être sur scène.  Ca bouge, ça blague, ça interragit avec le public. Et au final, le groupe transmet quelque chose d’assez positif. Plutôt marrant pour un groupe qui fait une musique aussi sombre…

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Euglena

Pas si facile de passer après la tornade russe, mais Sofy major n’est pas un groupe à se démonter facilement. A vrai dire, ils ont même un côté assez monolithique. On s’embarasse pas trop de breaks et de variations, ça file droit, c’est puissant et linéaire.

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Sofy major

Pour être honnête, j’étais surtout venu pour Pigs, appâté par la présence de Dave Curran, basse d’Unsane, ici au chant et à la guitare. Sur disque, on retrouve le côté bien lourdingue d’Unsane mais avec une dimension mélodique plus marquée. Quelque part, ce concert, c’était deux générations qui se rencontraient et je me demandais quelle impression Pigs ferait, après des groupes plus « modernes »…

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Dès les premières notes, on sent qu’on a pas affaire à n’importe qui. Tout sonne et est ultra en place. Comme sur disque, le son te colle au plafond et tu n’arrives plus à redescendre. Dave Curran est une boule de nerfs, cool avec le public, mais tendu et affûté. Le batteur m’a particulièrement impressionné (ex-Hell no, un vieux groupes New-Yorkais, copains de Born Against si je me rappelle bien).  Il frappe tout ce qui doit être frappé, tricote le charlet juste ce qu’il faut. Y’a rien de mieux à regarder qu’un bon batteur!

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Ce qui est bizarre, c’est que la salle s’est un peu vidée au fil du concert. C’est un peu con vu la qualité des groupes qui jouent… Parfois, ça donne l’impression que c’est le creux de la vague pour ce genre de musique… ou la fin… ? Remarque, j’ai vu Unsane une fois, au Confort moderne à Poitiers, il y a peut-être 15 ou 20 ans et c’était à peu près dans les mêmes conditions. Alors… alors, longue vie à Drone to the bone.

http://dronetothebone.tumblr.com/

http://music.solarflarerds.com/album/you-ruin-everything

http://www.yurodivy.net/

https://nesseria.bandcamp.com/

https://euglenaband.bandcamp.com/

https://plvre.bandcamp.com/

http://wardhill.bandcamp.com/

http://www.sofymajor.com/

« Brassé localement  » (Nevraska, Komodo experience – Brasserie pirate, 26 sept.)

komodo nevraskaDécouverte pour moi de ce chouette lieu – la brasserie pirate. Encore un endroit sur Annecy qui fait de bons concerts, tous les vendredi pour être précis.

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Nevraska

Nevraska joue en premier. Petite intro bruitiste et c’est parti pour un set de leur math/noise-rock, qui sait aussi être mélodique et swinguant. C’est pas du math-rock qui fait mal à la tête, juste ce qu’il faut de galipettes pour te garder éveillé.

DSCN0091Pendant leur set, on reconnait Liru et Nebula, les deux morceaux « démo » bien percutants déjà disponibles sur leur bandcamp et j’écoute les autres avec intérêt (l’expérience de voir un groupe en concert est totalement différente selon qu’on connait leurs morceaux sur disque ou pas, je trouve). Certains sont plus dansants, plus lisibles mais en général leur style est assez trépidant et te laisse guère le temps de reprendre ton souffle. L’abum, prévu pour début 2016, s’annonce bien! Et d’ailleurs, il y a une campagne de financement par pré-commande.

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Komodo experience

C’est Komodo experience, autre groupe d’Annecy, qui joue ensuite. Noise-hardcore-punk, disait le flyer. Peut-être, surtout pour la batterie, j’ai trouvé (un batteur qui, disons, n’hésite pas à taper sur ses fûts…), parce que la guitare, elle, reste assez métal. Du coup, ça fait un espèce de crossover. Ultra-énergique, mais moins ma tasse de thé, personnellement.

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