« Apocalypse noise » (Unsane, Sofy major – Epicerie moderne, 31 mai)

unsane 4Echappée du mardi soir jusqu’à Feyzin, à l’Epicerie moderne. Une salle déjà de bonne taille  avec une petite librairie intéressante et une jolie expo de Florent Blache visible dans le bar. Accompagnés de leurs potes de Sofy major, Unsane y marchait dans les traces de leur tournée de 2012. Les labels Bigoût records et Solar Flare (le label de Sofy major) étaient aussi de la partie et tenaient des stands.

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Sofy major

Vus – découverts même, en ce qui me concerne – à l’Usine l’an dernier, le trio Sofy major a le stoner rocailleux. Ca rocke, ça file droit sur du mid-tempo puissant qui suinte le gasoil. Pleins de sons merveilleux s’échappent de l’ampli basse, sauf que t’entends plus rien si t’es du côté du bassiste. Musicalement, je trouve ce groupe assez proche des genevois de Wardhill. Ou d’Unsane, tout simplement. La filiation est bien visible,  même si c’est une affaire un peu plus rock.

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Bon moi, j’avoue que j’ai moyennement la vibe stoner. De mon point de vue, Sofy major, c’est un peu comme être lancé à plein gaz dans un vieux camion sur une de ces routes américaines infinies. C’est super sympa, ça peut être enivrant même, mais c’est aussi un poil monotone. Le dernier morceau par contre, plus lent, plus répétitif, introduit tout à coup une tension sourde qu’il n’y avait pas durant leur set et laisse entrevoir un autre visage du groupe…

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Unsane

Orfèvres du bruit blanc, Unsane fait monter direct son noise-hardcore bluesy jusqu’à l’incandescence et la température ne redescendra pas, bloquée à l’intensité maximale. Le groupe new-yorkais enchaine sans effort apparent ses ouragans soniques, les classiques « Scrape », Commited » ou « Alleged » ou des titres tirés des albums plus récents comme « Against the grain » ou « It’s only pain », poignants à tomber.

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Les visages sont tordus par des grimaces. Il y a une tension telle dans les morceaux que même les silences entre les titres ne sont qu’un temps de suspens menaçant.  Vinny Signorelli, le batteur, la pulsation du groupe, ne peut pas s’empêcher de jouer même entre les morceaux. Certains dans le public s’essaient au pogo mais ça ne prend pas, Unsane c’est un tempo trop lourd, trop écrasant.

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Dans le public, les rangs se sont bien resserrés. C’est classe de voir un groupe avec autant d’expérience derrière lui vivre encore la musique qu’il joue de cette manière. Une musique surpuissante et abrasive mais qui pourtant ne sonne jamais  métal et qui a à peine bougé en plus de 25 ans d’existence. Comme si elle exprimait quelque chose de trop primitif pour subir l’influence des modes ou du temps.

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L’homme à l’harmonica

Pas de rappel. Le set laisse un champs de ruine derrière lui. Seul Dave Curran reste sur scène, collé à son ampli basse pour laisser bourdonner et mourir un dernier larsen.

Encéphallogramme plat.

Game over.

« Petits et gros cochons » (Pigs, Yurodivy, Nesseria, Sofy Major, Euglena, Wardhill, Plèvre – Usine, 25 oct.)

DSCN0332Drone to the bone est une association qui organise des concerts depuis 6 ans – post-hardcore ou affilié en général mais aussi de la musique plus expérimentale de temps à autre – dans des salles genévoises comme l’Ecurie ou l’Usine. On leur doit  notamment les concerts de Death Engine ou Retox, pour ne citer que quelques exemples récents mémorables. 6 ans, une occasion comme une autre de faire la fête autour d’un monstre concert ce soir-là.

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Yurodivy

Yurodivy est une jeune formation de Strasbourg (deux ans d’existence), qui joue un post-hardcore sombre. Comme beaucoup d’autres groupes, seulement, ils ont la très bonne idée d’insérer des passages noise bien dissonants dans leur musique. Avec en plus un son efficace et pas saturé d’effets.

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Plèvre creuse une veine similaire mais où l’aspect violent et chaotique est beaucoup plus marqué. Le groupe déverse sa lave sonique sur le public, qui était déjà pas trop exité mais là parait carrément assommé.

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Plèvre

Avec Nesseria, on retrouve le côté plus dynamique du hardcore. La voix est également proche du grind-core, mais  le groupe balance des parties ultra-rapides, des parties down-tempo ou post-hardcore, ça pioche un peu partout et c’est vraiment bien foutu.

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Nesseria

Les deux groupes qui suivent prouvent bien que voir un groupe sur scène est complètement différent de l’écouter sur disque. Personnellement, je n’aurais pas forcément été client à priori du stoner de Wardhill. Par contre, voir la passion et l’énergie qu’ils dégagent sur scène est vraiment génial.

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Wardhill

Même chose pour les russes d’Euglena et leur black/grind, avec lesquels la pression monte d’un cran, pour un coup de pied au cul total. Là aussi, on sent que les gars sont les premiers fans de leur musique et qu’ils sont trop contents d’être sur scène.  Ca bouge, ça blague, ça interragit avec le public. Et au final, le groupe transmet quelque chose d’assez positif. Plutôt marrant pour un groupe qui fait une musique aussi sombre…

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Euglena

Pas si facile de passer après la tornade russe, mais Sofy major n’est pas un groupe à se démonter facilement. A vrai dire, ils ont même un côté assez monolithique. On s’embarasse pas trop de breaks et de variations, ça file droit, c’est puissant et linéaire.

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Sofy major

Pour être honnête, j’étais surtout venu pour Pigs, appâté par la présence de Dave Curran, basse d’Unsane, ici au chant et à la guitare. Sur disque, on retrouve le côté bien lourdingue d’Unsane mais avec une dimension mélodique plus marquée. Quelque part, ce concert, c’était deux générations qui se rencontraient et je me demandais quelle impression Pigs ferait, après des groupes plus « modernes »…

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Dès les premières notes, on sent qu’on a pas affaire à n’importe qui. Tout sonne et est ultra en place. Comme sur disque, le son te colle au plafond et tu n’arrives plus à redescendre. Dave Curran est une boule de nerfs, cool avec le public, mais tendu et affûté. Le batteur m’a particulièrement impressionné (ex-Hell no, un vieux groupes New-Yorkais, copains de Born Against si je me rappelle bien).  Il frappe tout ce qui doit être frappé, tricote le charlet juste ce qu’il faut. Y’a rien de mieux à regarder qu’un bon batteur!

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Ce qui est bizarre, c’est que la salle s’est un peu vidée au fil du concert. C’est un peu con vu la qualité des groupes qui jouent… Parfois, ça donne l’impression que c’est le creux de la vague pour ce genre de musique… ou la fin… ? Remarque, j’ai vu Unsane une fois, au Confort moderne à Poitiers, il y a peut-être 15 ou 20 ans et c’était à peu près dans les mêmes conditions. Alors… alors, longue vie à Drone to the bone.

http://dronetothebone.tumblr.com/

http://music.solarflarerds.com/album/you-ruin-everything

http://www.yurodivy.net/

https://nesseria.bandcamp.com/

https://euglenaband.bandcamp.com/

https://plvre.bandcamp.com/

http://wardhill.bandcamp.com/

http://www.sofymajor.com/