« Arve city rockers ! » (Heavy trash, Legendary Shack shakers – L’Atelier,4 mai)

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Je veux pas raconter ma vie mais, au départ, on n’avait absolument pas l’intention d’aller voir ce concert. Et puis, tu croises Jon Spencer se balladant dans les rues de Cluses et tu te dis ah oui c’est vrai il joue en ville ce soir et puis il fait beau et c’est le début d’un long weekend, alors pourquoi pas ? Pourquoi pas un concert de rockabilly ?

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Le guitariste des Legendary Shack Shakers – le groupe américain qui ouvrait et qui, j’imagine, fait la tournée avec Heavy trash –  a une dégaine à la Mick Jones et il y a dans leur musique quelque chose de pur, d’originel.

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Tu peux être à fond dans le math-rock, dans le synth-punk ou dans le death progressif, tu dois reconnaître que ce riff qu’il balance, ce riff avec juste ce qu’il faut de disto crade, eh ben, ça rocke grave et que rien ne le fera jamais  autant. Même le batteur ne cherche même pas à ajouter du charlet ou de la cymbale, il est juste sur la caisse claire et la grosse caisse parce qu’il y a rien d’autre à faire et que c’est beau comme ça.

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Heavy trash, c’est Jon Spencer en version légèrement différente mais c’est bien Jon Spencer quand même. Un personnage avec son univers à lui, fait de hobos errants, de personnages maudits, de vies ratées et de fantômes et qui cherche la rédemption par le rock’n roll. Quelque chose de bon, il nous dit dans une de ses fameuses harangues, quelque chose qui touche les coeurs et les esprits, comme lui a été touché quand il était jeune homme et que rien n’avait de sens dans sa vie. Amen.

La prestation du groupe oscille entre la personnalité fougueuse de son chanteur et des chansons ciselées, parfois quasi pop, où le groupe s’efface pour laisser parler la musique et son amour pour ce pan de la culture américaine.

 

« Supersonic youth ! » (Llamame la muerte, Presque maudit- Usine, 2 mai)

PM entente.JPGAvantage et inconvénient d’arriver en retard. Avantage: tu arrives pour trouver le groupe au milieu du concert, bloqué sur une note répétée inlassablement devant un public médusé. C’est drôle, venant de l’exterieur. Inconvénient : tu rates le premier groupe.

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Presque maudit, c’est presque comme Marilyn Rambo, presque. Une déferlante de rythmes concassés, un déluge sonore sans guère d’interruption,  avec peut-etre un peu plus de colonne vertébrale, dû à une une guitare supplémentaire que je soupconne d’être baryton mais peut-être pas.

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A l’image du morceau plein de swing classique pour lequel le groupe a réalisé une vidéo, leur musique saccadée a une légère tendance à produire chez le spectateur des mouvements incontrôlables qui te font ressembler à une animation GIF. Ou une animation gifle. Mais pas assez au goût du batteur, qui a éprouvé le besoin de jouer des cymbales avec ses pieds et de venir danser dans le public.

Jolie table aussi, où on trouvait les productions d’Epicericords, le label d’Aurel, guitariste de Presque maudit. Plein de disques et de sérigraphies magnifiques à prix libre.

Banzaï + Capush (Bistro des Tilleuls, 22 avril)

Le collectif Underground family proposait hier une soirée en soutien au deuxième volume de la compilation « Mort/vivant ». Ces compils ont pour but de documenter la scène alternative d’Annecy, passée ou actuelle.

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Les hostilités ont commencé avec Banzaï, un groupe qui  mélange allègrement les styles – je dis ça quasiment à chaque fois que je parle d’un groupe mais là c’est vraiment vrai – ou plutôt les passe au broyeur musical pour en ressortir une mixture toute personnelle. On passe sans crier gare d’un ska à un riff de trasher pour retomber sur une mélopée des îles, de traviole. L’abus de rhum planteur, probablement. Ce rock de western spaghetti est vraiment marrant.

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Capush est un groupe d’Annecy qui se reformait pour l’occasion. On me l’avait présenté comme une formation marquante, vraiment à voir.

Le set donnait une impression assez hétérogène, passant de la chanson française ragga à des morceaux plus pop ou hip-hop au gré de leur répertoire. Assez fourni, j’imagine.

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J’ai écouté un peu distraitement cette musique qui ne me parle pas spécialement, pris par les diverses conversations et rencontres. Les deux de Nevraska étaient là, par exemple, après une looongue dernière journée de mixage de leur album à venir…

Puis, tout à coup, de la beauté post-punk ou new wave s’est mise à s’échapper des enceintes. Changement radical. Le chant, toujours mélodique, était devenu tendu et habité, en anglais. Waaah… Le synthé hypnotique dessinait une musique à la fois intense, dansante et sombre qui te scotchait à la scène et te donnait envie de te pencher sur leur discographie,  très très vite.

J’ai fait une petite vidéo d’un morceau qui, malheureusement pour moi, m’a fait davantage penser aux Négresses vertes qu’à Joy divison… C’est la vie !

« Brassés localement, 2* » (The beauty the world makes us hope for, Komodo experience, L’Orchidée cosmique – Brasserie pirate, 8 avril)

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Ce concert organisé sous l’impulsion de Florian cosmique proposait trois groupes d’Annecy : The beauty the world makes us hope for, Komodo experience et L’Orchidée cosmique. Une affiche bien variée dans un lieu qui semble devenir un des refuges les plus hospitaliers pour la scène locale.

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Arpèges délicats, lentes montées en tension et explosions intermittentes d’orages soniques : pas de doute, on est en terrain post-rock avec The beauty the world makes us hope for. Un groupe qui a déjà un EP et un LP à son actif.

La prestation de TBTWMUHF dégage pas mal de ferveur. A l’image de son nom, le groupe privilégie une approche douce, entraînante, provoquant une impression cotonneuse et parfois un peu lisse. Peut-être que le groupe – et la beauté aussi, du coup – gagnerait  à marquer ses contrastes de manière un peu plus abrupte ou dramatique ?

J’ai fait une vidéo d’un morceau. Pour une fois que le son passe dans ma caméra sans saturer !

Pas de non-violence avec Komodo Experience (quoique…). Je voyais ce trio instrumental pour la deuxième fois, ce qui m’a permis d’un peu mieux comprendre leur musique, qui jongle avec les styles et les influences.

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On passe d’un riff dissonant et froid à une partie rapide qui loucherait vers le trashcore puis un downtempo qui semble venir tout droit du hardcore. Tout ça sans complexe et de façon totalement maitrisée. Pour ne pas dire bien technique.

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C’est vraiment fun à écouter. En fait, ça ressemble à un espèce de hardcore progressif, ou de crossover assez original… Et toujours ce batteur punitif derrière les fûts…. C’est quand même pas tout le monde qui peut se vanter de plier un gros Mesa boogie en deux…

Le groupe couronne son show avec une reprise de Ace of spades, de qui-vous-savez. Avec chanteur, s’il-vous-plait. Honnêtement, rien que ce morceau enflammé valait le déplacement. Une petite vidéo d’un morceau est aussi visible ici.

L’Orchidée cosmique était un peu l’inconnue ou le petit nouveau de la soirée. Même s’il a déjà joué à Annecy et dans les alentours, le projet de Florian est assez récent et je pense que beaucoup de gens le découvraient ce soir-là.

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Voir un one-man band a toujours quelque chose de fascinant : ces gars qui se démènent tout seuls sur scène avec leurs multiples instruments ou, dans ce cas-là, leurs multiples pédales d’effets, ça tient un peu de la performance… Motifs mélodiques fragiles qui se déroulent et scintillent sur fond d’infrabasses distordues ou de gros beats, parfois limite industriels, la musique de L’Orchidée n’est pas facile à étiqueter. Le son plus défini qu’à son concert à Urgence disks permet de se rendre compte de tonalités assez pop, mais pas une pop légère, une pop de l’espace sur fond sombre et insondable, en quelque sorte.

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L’Orchidée captive son auditoire, attentif jusqu’à la fin. L’impression, au-delà des étiquettes ou des styles, de voir une personne s’exprimer, créer quelque chose de nouveau… Il fait frais dans l’espace !

Autre chose de chouette, c’était le nombre de personnes présentes – souvent actives, les gens du webzine Rictus s’y étaient par exemple donné rendez-vous – et l’ambiance motivante. C’est bon de voir qu’un concert avec uniquement des groupes locaux peut déplacer du monde et – OK, à une petite échelle – qu’il n’y a pas forcément besoin de méga têtes d’affiches ou de grosses infrastructures.

* Auto-référence à une première chronique d’un concert dans le même endroit.

« Le sacre du tympan » (Harpon, Baxter Stockman – Trokson, 12 avril)

 

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Petit tour à Lyon – ville noise – pour un concert pour amoureux des rythmes syncopées et des guitares ponceuses de tympans.

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Harpon et Baxter Stockman sont deux trios (nombre d’or du noise-rock ?), français et finlandais – et néamnoins amis puisque, si j’ai bien compris, ils ont déjà partagé une tournée auparavant ainsi qu’un disque.

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Harpon joue  fort. Noise-rock lourd et intense aux ambiances sombres, poisseuses. Voix criée qui émerge par instants d’une masse sonore compacte implacable pour ensuite disparaitre à nouveau. Batteur hanté qui semble scander les morceaux, ou rechercher l’oxygène pour éviter la suffocation, au choix.

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Baxter Stockman, eux, jouent très très fort (potard volume du Marshall au trois-quart, on est allé regarder après le concert) et c’est avec rigueur et application qu’ils s’attachent à vriller les oreilles du public.

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Noise-rock tranchant, affuté, rythmique jesus-lizardienne (Ah, ce son de basse metallique à gros grain !) et quelques morceaux bien tubesques (« Male talent » !) qui ont fait grimper la température.

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Petit bout de conversation avec les groupes ensuite. Bien sympathiques et qu’on devrait revoir régulièrement puisque le batteur de Baxter Stockman nous a confié que « We’re planning to tour A LOT ».

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Journée shopping, aussi.

 

« La gueule dans les amplis » (Nevraska, We are the incredible noise – Le Poulpe, 9 avril 2016)

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Le Poulpe est un endroit magique pour au moins deux raisons. Premièrement, on est là, à Reignier, et tout-à-coup quand on entre on a l’impression d’être téléporté à Brooklyn. Deuxièmement, je sais pas comment ça se fait mais il y a toujours du monde.

Et ils servent de bonnes bières, aussi. Deux raisons et demi, disons.

Nevraska jouait pour la première fois ici, dans le minuscule espace concert qui ressemble à la salle de danse d’une boite de nuit rock ‘n roll. Ca avait l’air de leur poser de sacrés problèmes. Déjà ils n’étaient pas arrivés à caser la batterie sur la scène et avaient été obligés de la mettre  directement dans la salle, le long du mur latéral. Et puis les amplis faisaient des leurs aussi, apparemment. Bref, ça avait pas l’air simple.

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En fait, ça a été juste parfait. D’abord, tout le monde était hypnotisé par le jeu du monsieur derrière les fûts. Ca fonctionne vraiment très bien comme ça  – et puis des groupes qui mettent le batteur en avant il y en a eu quand même quelques-uns, à commencer par Nomeansno. Et Papier tigre, aussi. Le son était génial, très abrasif. Je crois que ça fait 6 fois que je les vois et chaque concert est différent, à chaque fois j’ai l’impression de découvrir un truc nouveau (qui probablement ne l’est pas du tout) comme ces beats synthétiques qu’ils ont envoyés à un moment, ou le chant bien punk de Cyril. Bref, les morceaux déboulaient vitesse grand V et la tension est montée tout au long du set. Finalement, les concerts dans les petites salles bien blindées, c’est ce qu’il y a de mieux.

Il y avait du spectacle aussi avec We are the incredible noise, qui ont joué en version sans chanteur. Je n’ai pas compris si c’était exceptionnel ou s’ils  en avaient plus du tout et eux-mêmes n’en ont pas parlé donc on n’en saura pas plus.

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Leur set était intense, carré et sauvage mais j’aurais un peu  de mal à définir leur musique. Certains riffs tournent en boucles sacadées de façon plutôt noise ou post-bidule puis ça part parfois sur des parties plus gros stoner endiablé…

Nevraska + Piniol – Brise-Glace, 25 mars

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Quelques instants qui paraissent un peu tâtonnants, puis la musique de Nevraska prend ses marques, le son devient plus organique, et les morceaux du duo prennent leur vitesse de croisière.DSCN1077

Sur cette « grosse » scène, la variété de leurs influences ressort encore davantage. Noise, hardcore, voire hardcore mélodique, émo, rock, etc. assimilés, revisités, régurgités par le duo basse/batterie dans des compositions ciselées, dont le haut régime reste la marque de fabrique.

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Le public est restreint (forcément, deux groupes plutôt axés noise, pas forcément connus…) mais les gens en redemandent, c’est chouette à voir. Les morceaux sont rythmés par le sourire et les saluts de Pascal, le bassiste (ce type a quelque chose du maître zen). Le duo, qui a mis un paquet de temps à venir jouer au Brise-Glace, est visiblement content d’être là et leurs morceaux bien rodés méritent vraiment d’être gravés sur disque. Leur album devrait sortir en septembre…

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Piniol

Piniol est une formation lyonnaise issu de la fusion de deux groupes, Ni et Poil. C’est une sorte de groupe dédoublé ou de groupe miroir: deux batteurs, deux bassistes et deux guitaristes et un clavier au milieu.

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Le premier long titre s’ouvre sur quelques arpèges très post-rock qui vont se dérouler en une pièce d’ampleur comme un espèce d’immense escargot psychédélique. Waouh.

La musique de Piniol, c’est une architecture angulaire, monstrueuse, grotesque, dont on se dit qu’elle ne peut être issue que d’un cerveau malade…

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On n’est plus dans le math-rock, mais plutôt en eau trouble, quelque part entre math-rock, jazz-rock et musique contemporaine. Une musique à la fois groovante et savante, plutôt grandiloquente, et parfois kitsh.

Les parties plus chorales ou orchestrales m’ont plu davantage que celles plus destructurées où le groupe joue avec les styles musicaux (zouk…).  Là, j’avoue que j’ai tendance à décrocher, parce que je ne vois plus que les effets produits, et moins ce que la musique a à dire.

 

Driftoff, Worst in me, Fugitive – Usine, 8 mars

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Tout commence avec un groupe de post-rock italien… C’est pas mal comme première phrase mais, en fait, j’ai raté Fugitive, le premier groupe en question. Si les concerts punk commencent à l’heure, où va-t-on ?

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Le premier groupe sera donc les locaux de Worst in me, qui propose un mix personnel du hardcore, à la fois hargneux et traversé d’envolées qui tirent un peu sur le « post-« . Leur set était puissant et appliqué, avec plusieurs interventions du chanteur pour expliquer les morceaux. C’est pas grand chose,mais les groupes qui se donnent la peine de communiquer ne sont pas si nombreux que ça. Le seul bémol est peut-être une impression un peu monocorde au niveau des voix, en ce qui me concerne.

Je crois que le groupe vient de sortir son premier album sur bad mood records et sur un tout jeune label genevois, Ashes cult. J’ai fait une petite vidéo d’un morceau assez dantesque- le son est pas génial mais ça permet de se faire une idée : https://www.youtube.com/watch?v=YJedzetknOo&feature=youtu.be

Les américains de Driftoff faisait étape à l’Usine au milieu d’une longue tournée européenne. D’ailleurs, ils remarquent vers la fin de leur set que, de tous les lieux par lesquels ils sont passés, l’Usine est l’un des plus incroyables.

En fait, ils ont l’air vraiment cools… Ils viendront féliciter et soutenir Worst in me à la fin de leur concert et leur set sera étincelant.

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Les membres du groupe proviennent de diverses formations assez connues (pas de moi) et voient leur musique comme un hommage à leurs racines punk/hardcore. Ce qui est drôle parce que  leurs morceaux me rappellent pas mal l’emo-hardcore mélodique des années 90, notamment des groupes comme Hot water music…

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Des voix à la fois juvéniles et exaspérées… Des murs du son denses, dont se détachent des mélodies gorgées d’émotions… une musique assez directe… qui ne cherche pas à en mettre plein la vue ou à « retourner la salle »… PUUUUUUNK, FUCK YEAH !!!

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On sent l’expérience, le moindre plan sonne… La classe américaine, quoi ! L’impression de voir une pépite. Là, sur cette scène minuscule, devant, quoi, 20 ou 30 personnes…

En même temps, quand on vient un peu régulièrement à l’Usine, on est habitués.

Et puis, y’avait hockey.

https://driftoffnyc.bandcamp.com/

http://www.badmoodrecords.com/

http://ashescult.bigcartel.com/

 

« C’est du brutal… » (Grilled Flesh Party, Brokenhead, Kess’Khtak – Café de Chateau rouge, 6 fév)

 

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On s’est laissé tenter par cette surprise party, comme en organise régulièrement Chateau-rouge pour les groupes qui y répètent. L’occasion de découvrir des groupes pour par cher – vu que c’est gratuit – dans la chouette salle du café.

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Grilled flesh et son bassiste à la tête qui brûle.

Grilled flesh party sont d’Annemasse. C’est un groupe qui allie brutalité et bonne humeur : tous les morceaux tournent autour de l’apologie de la viande. L’ironie, c’est que je sois végétarien… mais nous autres ne sommes pas touchés par ces provocations d’arrière garde car nous savons que le futur nous appartient. Ha ha !

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Le groupe a aussi la particularité d’avoir une boîte à rythme, ce qui accentue encore le côté radical de leur musique, qui oscille entre death et trash assez old-school, j’ai trouvé. Un groupe à l’enthousiasme communicatif et  fun à regarder, en tous cas.

Suivaient Brokenhead, là aussi plutôt death-metal, puissant avec un son qui montait d’un cran. Les passages qui m’ont le plus marqué me rappelaient le Sepultura de Chaos A.D., pas forcément une mauvaise référence…

Les Genévois de Kess’khtak faisait office de tête d’affiche ce soir-là. Leur assaut sonore pied au plancher a clairement pour but de clouer tout le monde au fond de la salle. Ca va rarement moins vite que à fond, leur musique m’évoquait très exactement l’expression « death-core » : la sauvagerie du death et le côté énergique, presque groovy, du hardcore. Les deux chanteurs et leurs micros sans fil ont un côté hip-hop marrant, un peu dommage que leurs deux voix sonnent quasiment identiques.

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J’ai mis en ligne une petite vidéo, bien amateure, d’un titre de  Grilled Flesh Party ici : https://www.youtube.com/watch?v=1ZkxsJ_Kleg&feature=youtu.be

« Toujours pas guéris » (Happening, Therapy ? – Chateau-rouge, 28 janv)

 

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Happening full power  (Toutes les photos sont de Geoffrey Martin, voir plus bas)

Le concert d’Happening commence par un faux départ. Peut-être de nervosité, le batteur casse le ressort de sa pédale de grosse caisse. Ce sera l’unique faux-pas du trio : le reste du set est exécuté de manière implacable.

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Happening, c’est un peu le power-trio par excellence. Chacun à son poste, pas de filet ou de solution de remplacement. On avance en rang serré, le groupe fait corps, avec notamment une basse-batterie inébranlable, qui martèle son propos sans une note ou un coup de caisse claire en trop.

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La musique nerveuse du trio alterne riffs anguleux et montées en puissance mélodiques, moments suspendus et explosions de fureur. Les ambiances se télescopent et se succèdent de manière aussi mouvante et imprévisible que la grosse mer de la pochette de leur tout nouveau disque.

L’énergie explosive du trio, son attitude sur scène, son contact chaleureux avec le public (plutôt le fait d’Anthony, le chanteur, il faut bien le dire), tout sent la sincérité et l’envie d’en découdre. La petite scène du café de Chateau-Rouge permet une proximité qui va bien au groupe et permet de prendre sa mesure.

 

… A peine le temps de commander une bière qu’on a déjà raté les tout premiers moments du set de Therapy? A vrai dire, je n’avais pas d’attente particulière vis-à-vis du concert de ce vieux groupe irlandais. J’aime bien les premiers disques, la période un peu plus noise-rock, avant le coming out pop de Troublegum. J’assiste donc, sceptique ou presque, aux premiers titres du groupe. Les morceaux sont souvent limpides, il y a un vrai talent pour écrire des hymnes power-pop – je fais exprès d’exagérer un peu, le groupe était labellisé « métal » par Chateau-rouge… – des hymnes, donc, au ton faussement enjoué, aux mélodies souvent douce-amères. Mais enfin, ces riffs simples, alignés, ces progressions d’accords, on a parfois un peu l’impression de les avoir entendus mille fois. Et de limpide, Therapy? semble tout-à-coup un groupe trop évident, transparent.

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Ladies and gentlemen : Mister Andy Cairns

 

Mais…

Mais ?

Mais.

Mais les gars savent y faire. Mais la sauce prend. On ne sait pas comment mais, au fil du concert bien rodé, l’énergie monte peu à peu. L’hymne tout à coup, sans qu’on en ait vraiment pris conscience, s’est mis à vibrer. Alors oui, certes, Andy Cairns raconte toujours les mêmes conneries (ça fait 23 ans que « son français est merde », selon un observateur avisé). Oui, ça lève son instrument au ciel à tout bout de champ en signe de domination du stade. Ca fait chanter le public et ça place des vieux tubes au bon moment pour arracher des soupirs d’aise téléphonés. Mais, à y réfléchir, l’oeil exhorbité de Cairns et sa voix de petite fille apeurée ne sont pas si lisses que ça et l’enthousiasme des musiciens est vraiment entraînant. On sent qu’ils prennent plaisir à organiser cette fête païenne et bon enfant, où l’on célèbre sa névrose dans le pogo et la bonne humeur.

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Quel pied de réentendre Teethgrinder et d’autres morceaux de ce dance-rock répétitif et froid issu de l’album Nurse ! Un petit bout d’I wanna be your dog aussi, qui viendra pimenter le set (Pourquoi juste un bout, d’ailleurs ? Je les ai haïs à ce moment-là…), déclenchant un pogo immédiat. Et la reprise de Diane (avec le violoncelle enregistré), prenante et belle, même si leur version n’est pas aussi déchirante que l’original d’Husker-Du.

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Les titres se sont enchainés et la pression n’a cessé de monter pour atteindre ce joli moment d’ivresse sonique qui vous laisse pantelant, lorsque le groupe a quitté la scène et que les lumières crues ont à nouveau envahi la salle, à gueuler pour qu’ils reviennent, qu’ils en donnent encore. Et oui, Therapy? reste une belle bête de scène…

PS Cet article est une « coproduction » entre Rad-Yaute et le webzine Rictus (http://rictus.info/mag). Un webzine coopératif et non-profit tout azimuts intéressant.

PPS Les photos sont copyright Geoffrey Martin : http://www.geoffrey-martin.com/. Merci à lui.