« Punk maintenant ! » (Retox, Colossus fall – L’Ecurie, 1er avril 2015)

retox 3 Un p’tit mot sur le concert d’hier à l’Ecurie. Colossus fall a commencé par balancer son hardcore métal ultra maîtrisé. Puissant, tout en place, bon son. Un set pas désagréable même pour moi qui ne suis pas spécialement amateur. Et assez jovial, en plus. Je trouvais assez cool que ce soit une nana qui fasse le son de Retox (si je ne me trompe pas). Ca change des gars qui sont d’habitude derrière la console… « – C’est bon? – C’est bon, les mecs. Vous pouvez balancer votre truc quand vous voulez. » retox 1 Document numériséDocument numériséDocument numériséDocument numérisé Et ils balancèrent. Retox, ça envoie sévèrement. Ca enchaine comme un set des Ramones, ça bastonne comme le power violence de la grande époque et en même temps, il y a toujours le petit riff post-punk, ou même le gimmick électro, qui rocke bien. retox 4 Ca m’intéressait de voir ce que Justin Pearson faisait aujourd’hui. Bassiste dans Struggle et chanteur de Swing kids… Une scène qui a remis de la politique dans le punk et qui, à l’époque, était l’ennemi juré d’Epitaph. Qui sort aujourd’hui les disques de Retox, mais passons… Leur set a été ultra intense, à l’image de leurs disques (le rappel mythique… un long larsen maîtrisé suivi d’un accord plaqué et ciao les gars, on se casse !) et l’attitude bien punk (le guitariste qui manque de donner un coup de pied à un gars qui prend des photos, Justin Pearson qui pose et qui vous emmerde…). On peut pas dire que le groupe ne vit pas sa musique… Hey, il existe un film sur Retox. Pour ceux que ça intéresse – et qui comprennent l’anglais – , il est visible ici, par exemple : http://www.totallyfuzzy.net/ourtube/retox/ypll-rockumentary-video_4d929be36.html

Hardcore à la petite semaine 2 (Darius, Uns, Death Engine – L’Usine, 17 mars 2015)

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J’aimais bien l’affiche de ce concert : un groupe de post-rock, un groupe de noise-rock et un groupe de post-hardcore. Bon, les étiquettes ça vaut ce que ça vaut mais c’est quand même moins ennuyeux que d’avoir l’impression d’entendre trois fois le même discours.

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Darius

C’est Darius qui a joué en premier. Les trois guitaristes de ce groupe ont des guitares bien funky et empilent leurs arpèges scintillants ou leurs accords syncopés pour créer un post-rock mélancolique et assez puissant.

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Uns

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Puis, Uns. Uns de Limoges, Limoges city ! Le CSP, la porcelaine, le plateau de Mille-Vaches, yeah ! Qui fait une musique assez difficile à décrire tant ils semblent parfois prendre un malin plaisir à prendre à contre-pied les structures classiques du rock. Il y a des petites notes cristallines qui se développent et se répètent, mais aussi des gros accords bien accrochés à la terre (le côté Mille-vaches…). Les morceaux sont longs, peut-être parfois trop. C’est narratif, ambitieux, personnel. Ils ont sorti un joli CD qu’ils vendent à prix libre.

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Death Engine

Et Death engine investit la scène. Pas de bonjour ni d’au revoir, on est pas là pour rigoler. Death Engine déverse ses torrents de bruit. Pas un moment de répit, pas un silence, à peine une intro répétitive qu’on est reparti, la tête sous l’eau. Mur du son sur tous les morceaux, intensité maximale. Et en même temps, pas un break en trop, on sent que c’est un groupe qui sait exactement la musique qu’il joue.

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Hey, les Uns sont en rade d’une date le 20 mars (Lausanne a été annulé), si quelqu’un a un plan de secours…

PS Oui, je suis de Limoges.

Cette routine n’est pas forcément l’enfer… (Swain, Direct effect, Le Grand Mal – Usine, 10 mars 2015)

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Ouuuuh, dur les concerts de milieux de semaine, et sans grosse tête d’affiche en plus. Lorsque j’arrive, Le Grand Mal est en train d’exprimer sa vision du hardcore sombre et torturé devant un cercle restreint mais néanmoins attentif d’une quinzaine de personnes, en comptant les membres des autres groupes, bien sûr.

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Ils le font avec conviction, ça pioche un peu à tous les rateliers : grind, métal, hardcore, punk. Moderne, quoi. C’est dark, très dark, tellement dark qu’ils ont un morceau qui m’a fait penser à Tom Waits mélangé à…ben, à du hardcore, tu suis ou quoi?!

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Direct effect

On remonte le temps avec Direct effect, des Américains qui, malgré leur jeune âge, font du punk-rock qui aurait pu se jouer en 1981. Ca fait du bien après toutes ces darkeries d’entendre des mélodies qui donne envie de lever le poing et de danser débilement. Dommage que le guitariste trouve que c’est une bonne idée de mettre des solos dans du punk. Ceci dit le groupe fait jeune, timide, on capte rien à ce que raconte le chanteur entre les morceaux et on a l’impression qu’ils sont soulagés d’en finir.

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Swain

Ce n’est pas le cas de Swain, des Hollandais émigrés à Berlin (si j’ai bien compris). Le chanteur aime communiquer. Là aussi, ça fait du bien. Il nous raconte qu’il trouve qu’il y a quand même beaucoup de BMW à Genève et, plus intéressant, qu’il a envie de conserver la folie qu’il a ressenti lorsqu’il découvrait le hardcore, tout gamin, et de ne pas céder aux conventions et codes sociaux du punk. Moi je dis, plutôt bien comme message. Et il passe à l’action en dansant sauvagement et en headbangant tout ce qu’il peut. Leur « grungy hardcore » m’a vraiment fait penser à ce que je connais de Pissed Jeans, un espèce de hardcore garage surpuissant, vraiment pas dégueu. De toutes façons, un groupe qui joue « Waiting room » de Fugazi pendant ses balances ne peut pas être mauvais !

PS Le titre c’est parce que Swain s’appelait avant « This routine is hell »…

Cafards et crustacés (Pneu, Ultradémon, Taulard, etc., etc. – Usine, 13 fév 2015)

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L’arrivée sur la place des Volontaires, devant l’Usine, était marrante. Sur la place, une foule à majorité black. C’est là, le concert de Pneu ? Ah, non, c’est derrière, ici c’est électro. Ah ? OK, effectivement, on se retrouve tout de suite entre blancs… Où l’on voit que le rock est une culture assez connotée racialement…

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Bref, ai vu un tout petit bout de Oswalovi et Andrea Rotti, mais alors tout petit, et c’est Havak qui enchaîne sur la scène d’en face (près de l’entrée) à peine le premier concert terminé. J’ai à peine eu le temps d’admirer un gars qui s’essayait aux coups de pieds sautés tout seul dans un coin de la salle. Etrange.

Bref, autant le son est bon sur la première scène, autant le son de celle où joue Havak semble brouillon. Le groupe joue une espèce de cold wave et j’ai vraiment pas trouvé que le son était à leur avantage. La cold wave, faut plutôt un son un peu vaporeux et cristallin, il me semble.

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Taulard

Ca enchaine sans temps mort avec Taulard, sur la scène du fond (pas celle de l’entrée où le son est moyen, vous suivez ?). Qu’est-ce que c’est chouette. Quelque part entre la chanson à texte et le punk sautillant, à la fois fun et prenant. C’est du rock alternatif, en fait. D’ailleurs, je pensais parfois à la Mano negra. Super concert.

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A peine le temps de boire un bière, que Marilou commence son set sur la scène de l’entrée. Et là, tout à coup, je me demande pourquoi la soirée s’intitule « Cafards et crustacés ». y aurait-il une scène cafards et une scène crustacés? En tous cas, j’ai trouvé que le groupe tirait bien son épingle du jeu, avec une musique bien intense.

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La distance n’est pas bien longue mais enfin faut pas traîner pour choper le premier morceau d’Ultradémon. Faut dire que ça va vite, ça balance des riffs hurlants dans tous les sens, et des petites rythmiques surfs, et du triturage de son. On comprend rien mais c’est pas mal, pas mal du tout.

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Ultrademon

Retour sur la scène cafard(s) avec His electro blue voice. Franchement, ces rythmiques linéaires, ça a un peu du mal à passer après l’hystérie Ultrademon. Mais bon le dernier morceau et son riff répété jusqu’à la nausée était quand même bien entêtant.

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Et c’est Pneu et leur noise trépidante qui font office de homard en chef. La disposition du duo dans le public (pas de scène) permet de participer un peu plus à l’extase bruitiste recherchée par le groupe. Les riffs joueurs qui te chahutent et te retournent comme une machine à laver, le batteur au bord de l’apoplexie, pas une seconde pour reprendre son souffle. Un  petit rappel mais c’est presque de trop, tant ce groupe joue une musique qui s’apprécie dans l’instant.

PS le dessin d’Ultrademon est extrait d’un petit fanzine rigolo illustrant leur tournée en automne 2014.

Saturday night doom fever ! (Rorcal, Intercoastal, Suma – L’écurie, 29 novembre 2014)

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Petite incursion en terre métal. Ca va donc être bref car je ne suis pas spécialiste… Alors, c’était une soirée mélomane axée sur le doom. Pour ceux qui ne le savent pas, le doom est un dérivé du métal caractérisé par trois éléments : la lourdeur, la lourdeur et la lourdeur. Bref. Y’a eu Intercoastal, des locaux je crois, c’est pas du doom. Enfin, je crois pas. Leurs morceaux incluent trop de mélodies et même parfois un petit côté rock, ou hard-rock.

Intercoastal

Intercoastal

Ensuite, y’a eu Rorcal, c’est pas du tout du doom mais c’est ultra puissant, sauvage et chaotique et passablement sataniste. Y’en a que ça fait peut-être rire.

Bon. Ensuite, y’a eu Suma. C’en est. J’ai trouvé ça intéressant. Le batteur sur le devant de la scène, son torse nu s’élevant haut au dessus de sa batterie pour s’abattre et venir frapper le plus fort possible, à un rythme immuable, pendant plus d’une heure je pense. Une musique décomposée, comme dirait mon copain JB, des squelettes de morceaux dont toute viande a été raclée, pour ne garder que quelque chose de monocorde, monosyllabique. Non, vraiment, c’était bien. Y’a aussi un ordi et des samples, parfois un peu dub, qui allaient bien aussi. Sur tout ça, j’ai constamment eu l’impression que planait l’ombre de Neurosis (mon unique référence en la matière, à vrai dire).

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Suma aux balances

C’était aussi l’occasion de continuer ma découverte des lieux genevois. L’Ecurie, c’est un bar + resto végétarien, avec une salle parfaite. Elle fait partie de l’ilôt 13, un ensemble de batîments avec une histoire un peu alternative. Je n’en sais pas grand chose, mais il y a apparemment des ateliers d’artistes, des logements, des locaux associatifs et institutionnels. Et de jolis grafs, aussi.

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http://gpsprod.bandcamp.com/album/intercostal-s-t-gps-031

http://rorcal.bandcamp.com/

https://sumanoise.bandcamp.com/

Child abuse (Cave 12, 10 octobre 2014) – « Crazy loud shit !!! »

C’était l’occasion de découvrir ce lieu – Cave 12 – spécialisé dans la musique expérimentale (cousin du 102 à Grenoble ou des Instants chavirés à Montreuil). Facile d’accès (centre de Genève, quartier des écoles et universités), c’est une jolie petite salle (vraiment une cave) où les organisateurs accueillent avec le sourire. J’ai trouvé très plaisante la présentation orale – et drôle – des concerts par les organisateurs, ça met un peu de convivialité dans une soirée qui autrement pourrait être froide. Et encore, je suis initié – bonjour l’impression de niche ultra-spécialisée que ça doit faire si on est novice…

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La soirée a commencé par deux sets de bruit à base d’électro (j’ai retenu aucun nom mais je mets le lien vers la page de la soirée), façon les oreilles collées à un réacteur d’avion. J’ai été assez peu surpris, je trouve cette musique pas extrêmement évocatrice et assez linéaire mais j’aime bien la puissance qui s’en dégage ainsi que le « grain ». En plus, y’avait un joli fond visuel pour le premier set. Troisième set dans le même style, avec un gars à la voix, façon râle d’agonisant. D’ailleurs il a fait mine de se pendre tout le concert et est allé s’affaler sur le sol du bar à la fin. Performance, performance…

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Bon, j’étais venu pour les américains de Child abuse et leur noise saccadé, violent et ludique (ah oui, c’est violent MAIS ludique, y’a toute une thématique autour des jouets et de l’enfance…). Ils ont envoyé sec. Leur son est super bon (c’est ça qui m’avait attiré dans ce que j’avais pu entendre d’eux, ça et le fait qu’ils ont sorti leur dernier disque sur le label Skin Graft), leurs morceaux empilent les rythmes tortueux et improbables et les couches de bruit, tout en restant écoutable et même qu’on dansait un peu. Le set était un peu court, un petit thank you, un morceau en rab et un mot sur les disques et tee-shirts qui permettent de payer l’essence et c’était plié. Mais bon, fatigués par la tournée, j’imagine.

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La petite folie qui se dégage du groupe (rien que leurs têtes improbables…) est bien représentative de ce qui fait l’intérêt de la musique noise, je trouve. Une certaine apologie ludique (décidément…) de la déviance qui crée un espace de liberté et de créativité qui fait du bien.

Bref, bien content d’avoir vu ce groupe !

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Photo exquise d’un groupe classieux. (Dominika Michalowska)

http://www.cave12.org/CHILD-ABUSE-WITTMER-MEIRINO-DUO

http://www.skingraftrecords.com/bandhtmlpages/child_abuse.html

Genève

GVA by night…

Kiss the bottle – une poignée de titres sur un cd donné dans un concert…

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Pas si facile de trouver une voix vraiment personnelle dans le hardcore. Les groupes se suivent et se ressemblent souvent. Dans tous les groupes qu’il a faits (Peu être, Carther matha, Amanda Woodward, je ne les connais pas tous), Gérôme a toujours fait preuve de créativité. Les paroles de Kiss the bottle reprennent des moments passés vers la Pologne (sauf erreur de ma part), un peu à la manière d’un carnet de voyage, autant dire du jamais vu dans ce style de musique (ça n’engage que moi). C’est rugueux, sale, comme la musique, comme le chant, plus simple et concret que ses paroles d’Amanda Woodward (mieux, à mon avis). Le chant lui aussi a quelque chose de plus posé et sonne davantage sur la musique. Le son est bon, ça envoie du bois mais je trouve que les riffs et les breaks s’enchainent un peu trop vite, de manière un peu automatique. Bref, je ne suis pas toujours fan de la musique mais c’est quand même chouette de voir une voix faire son chemin.
On peut écouter quelques titres ici, j’aime particulièrement « Sévèrement dosé » :
http://www.stonehengerecords.com/kissthebottle/