« Partouze sonique intégrale »* (La Colonie de vacances – Place des volontaires, 6 juillet)

M 4 Un petit mot sur ce concert hors du commun qui s’est tenu lundi 6 juillet en fin d’aprem, sur la place des Volontaires, devant l’Usine. La colonie de vacances, c’est quatre groupes – Marvin, Papier tigre, Pneu et Electric electric -,  sur quatre scènes, se faisant face, et le public au milieu. Le dispositif fait son petit effet et les passants que je croise n’en croient pas leur yeux.

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Electric electric

EE 2 Les groupes jouent à la fois des morceaux qui appartiennent au répertoire de chacun – en général le groupe commence son morceau et les autres interviennent petit à petit sans crier gare, ou envoient tous la purée en même temps – ou composés pour ce projet spécifique.

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Yeah Marvin yeah

On peut rester au centre et profiter un maximum du son, façon rave party, ou se balader d’un groupe à l’autre, façon British museum, goûter un peu à la noise électro énigmatique d’Electric electric, au rock tendu et ciselé de Papier tigre, au chaos bubblegum core de Pneu ou aux tubes heavy de Marvin.

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Papier tigre

Quelques petits problèmes techniques viennent perturber le concert mais ne gâche pas le plaisir de ces groupes de faire du noise ensemble. Se démener sous la canicule, une bien chouette façon de fêter l’été.

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Ladies and gentlemen : Pneu

*Oui, c’est clair que j’aurai pu trouver un titre plus classe (j’avais pensé à des choses comme « Les polyphonies noise »…) mais je me suis dit qu’une référence cochonne bien sentie aurait plus de chance d’attirer des visiteurs… Malin, hein ?

Taulard – « Les abords du lycée »

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C’est drôle, ce groupe.  Les petites mélodies faciles et rigolotes façon nintendo servies par une basse et un synthé joueurs et les paroles introspectives, concernées et perturbées. Et on balance le tout et ça donne un mélange que je trouve bien personnel. Comme du punk sans se cacher derrière les cris, ou de l’électro avec un cerveau.

Les paroles, c’est un peu pareil. On met en rime toute la vie et on balance. Depuis un hymne au Moucherotte jusqu’à une lettre pleine de remord à une ancienne petite amie ou une histoire d’auto-stop qui tourne presque mal. D’autres choses un peu plus énigmatiques, aussi. Y’a toujours cette spontanéité, cette sincérité un peu sur le fil qui est assez poignante.

Au premier abord, j’avais trouvé l’esthétique du disque peu attirante. En fait, elle correspond totalement à la musique de Taulard. Simple, à la fois réaliste et poétique, avec ses zones d’ombres et surtout ne se souciant pas trop de correspondre à des modes. Le disque est sorti en collaboration avec le label grenoblois Taenia Solium (et aussi Et mon cul c’est du tofu ? Mais c’est pas marqué sur le disque, j’ai pas trop compris…). Il est vendu à prix libre et sent bon le DIY. Y’a un chouette texte dans le livret qui explique les motivations pour sortir ce genre de disque et le choix du prix libre.

Et d’ailleurs, l’album est téléchargeable sur leur site. Trop gentils…

http://taenia-solium.net/cadre.htm

http://taulard.bandcamp.com/

http://taulard.blogspot.fr/

Cafards et crustacés (Pneu, Ultradémon, Taulard, etc., etc. – Usine, 13 fév 2015)

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L’arrivée sur la place des Volontaires, devant l’Usine, était marrante. Sur la place, une foule à majorité black. C’est là, le concert de Pneu ? Ah, non, c’est derrière, ici c’est électro. Ah ? OK, effectivement, on se retrouve tout de suite entre blancs… Où l’on voit que le rock est une culture assez connotée racialement…

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Bref, ai vu un tout petit bout de Oswalovi et Andrea Rotti, mais alors tout petit, et c’est Havak qui enchaîne sur la scène d’en face (près de l’entrée) à peine le premier concert terminé. J’ai à peine eu le temps d’admirer un gars qui s’essayait aux coups de pieds sautés tout seul dans un coin de la salle. Etrange.

Bref, autant le son est bon sur la première scène, autant le son de celle où joue Havak semble brouillon. Le groupe joue une espèce de cold wave et j’ai vraiment pas trouvé que le son était à leur avantage. La cold wave, faut plutôt un son un peu vaporeux et cristallin, il me semble.

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Taulard

Ca enchaine sans temps mort avec Taulard, sur la scène du fond (pas celle de l’entrée où le son est moyen, vous suivez ?). Qu’est-ce que c’est chouette. Quelque part entre la chanson à texte et le punk sautillant, à la fois fun et prenant. C’est du rock alternatif, en fait. D’ailleurs, je pensais parfois à la Mano negra. Super concert.

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A peine le temps de boire un bière, que Marilou commence son set sur la scène de l’entrée. Et là, tout à coup, je me demande pourquoi la soirée s’intitule « Cafards et crustacés ». y aurait-il une scène cafards et une scène crustacés? En tous cas, j’ai trouvé que le groupe tirait bien son épingle du jeu, avec une musique bien intense.

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La distance n’est pas bien longue mais enfin faut pas traîner pour choper le premier morceau d’Ultradémon. Faut dire que ça va vite, ça balance des riffs hurlants dans tous les sens, et des petites rythmiques surfs, et du triturage de son. On comprend rien mais c’est pas mal, pas mal du tout.

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Ultrademon

Retour sur la scène cafard(s) avec His electro blue voice. Franchement, ces rythmiques linéaires, ça a un peu du mal à passer après l’hystérie Ultrademon. Mais bon le dernier morceau et son riff répété jusqu’à la nausée était quand même bien entêtant.

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Et c’est Pneu et leur noise trépidante qui font office de homard en chef. La disposition du duo dans le public (pas de scène) permet de participer un peu plus à l’extase bruitiste recherchée par le groupe. Les riffs joueurs qui te chahutent et te retournent comme une machine à laver, le batteur au bord de l’apoplexie, pas une seconde pour reprendre son souffle. Un  petit rappel mais c’est presque de trop, tant ce groupe joue une musique qui s’apprécie dans l’instant.

PS le dessin d’Ultrademon est extrait d’un petit fanzine rigolo illustrant leur tournée en automne 2014.

Varsovie, perle sombre

C’était durant une fête de la musique, à Grenoble, il y a déjà quelques années. On se dit que, quand même, on va aller y faire un tour, des fois que… Je m’étais arrêté dans un parc, devant un groupe dont le look plutôt sombre jurait plutôt avec l’esprit festif qui règne lors de cet événement.

La chance de découvrir des groupes, c’est ce qui est génial avec les festivals, et la Fête de la musique est une sorte de festival même si on a peut-être un peu moins de chance d’être surpris qu’ailleurs – d’être happé par quelque chose alors qu’on ne s’y attend pas. Je ne peux pas dire que je sois fan à priori du style de musique que joue Varsovie, mais on s’en fout car j’ai été complètement hypnotisé par leur set.

Varsovie joue un espèce de punk (c’était ça le look dont je parlais plus haut) – maintenant on dit « post-punk » -, un peu new-wave, c’est-à-dire sombre, mélancolique mais également épuré et qui a quelque chose de très juste et comme ciselé au niveau des mélodies. Au milieu des dizaines de groupes de (reprises) rock démonstratifs et braillards qui infestent la fête de la musique, comme c’était bon de tomber sur cette perle sombre !

Deuxièmement, Varsovie chante en français. Et ça sonne, ce qui en fait donc un cas assez rarissime et mérite l’intérêt.cd-1cd-2cd

Je ne me rappelle plus comment je me suis procuré Neuf millimètres, leur CD démo. Ce disque a produit sur moi exactement le même effet que les concerts : un groupe dont je n’attends rien et qui s’impose. Cinq titres parfaits, taillant leur route impeccablement entre montées de fièvres bruyantes et mélodies. Et surtout, surtout : rien à enlever, rien. Juste la moelle, chaque idée à sa place, pas un coup de grosse caisse en trop, rien. Claque.

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Je n’ai pas écouté leur deuxième disque, Etat civil, sorti en 2010. J’ai repris le train avec leur deuxième véritable album L’Heure et la trajectoire, sorti cette année. J’aime toujours, mais ce disque a quelque chose de plus clair. La production est moins abrasive sur certains morceaux, elle arrondit un peu plus les angles. La guitare se fait plus cristalline, la basse plus ronde, et la voix même est plus posée, perdant un peu le côté sale. D’avantage en avant, elle prend des accents rock français, noir désirien sur Hotel Roma ou L’Heure et la trajectoire (et son break aux relents de Joy Division). En tous cas, on peut pas leur reprocher d’avoir peur du lyrisme. Bon, le sentiment d’urgence et de fièvre est toujours là, ça sonne toujours et, personnellement, je me laisse volontiers entraîné par le dance-punk génial de Sunsiaré et son riff robotique. Mon morceau préféré de cet album dansant et lyrique.

PS C’est rigolo, le terme « post-punk » parce que c’est un terme inventé à posteriori pour qualifier une musique déjà ancienne, si on peut dire, et quasiment contemporaine du punk. En gros, si les Sex Pistols sortent leur premier album Never mind the bollocks en 1977, le « post-punk » arrive un an après, avec le premier disque de Joy division en 1978. Ou quelque chose comme ça…

http://varsovie.bandcamp.com/

http://www.thoseopposedrecords.com/

http://www.infrastition.com/index.php/en/

Soirée Père Noêl et papillottes (And the killer is…, Happening, Lofofora – Brise-Glace, 5 déc 2014)

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C’est plus par curiosité qu’autre chose que je me suis rendu à ce concert, au profit du Secours populaire.

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Happening

La bonne surprise de la soirée, pour moi, c’était Happening. Ce groupe d’Aix-les-bains, joue un espèce de rock – hardcore qui sonne très « actuel » et assez nouveau et étonnant pour moi qui ne suis pas du tout à la page. Un peu comme le mélange (un rien contre-nature) de Shellac pour le côté lourd, tranchant, martelé et Get Up Kids pour les breaks et les envolées émo. J’ai préféré les passages lourds et dissonnants. Ca jouait serré, précis et puissant. Bref, je crois qu’ils ont un peu mis tout le monde d’accord.

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Et puis le concert de Lofofora et leur indécrottable rap-groove-core était pas désagréable. Ils ont vraiment leur truc, auquel ils restent fidèles (Ils ont commencé par « L’oeuf » : moi je les avais laissés là, il y a peut-être vingt ans, et c’était marrant de réentendre cette chanson). Les paroles rappées de Reuno sonnent d’une manière vraiment personnelle et ils ont fait passer plein de messages positifs pendant le concert.

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Lofofora : le père Noël est métalleux rasé et tatoué cette année !

Y’a eu aussi, And the killer is…, un jeune groupe qui a joué en premier (bizutage ? ;-)) Très rock.

Voilà, voilà…

Child abuse (Cave 12, 10 octobre 2014) – « Crazy loud shit !!! »

C’était l’occasion de découvrir ce lieu – Cave 12 – spécialisé dans la musique expérimentale (cousin du 102 à Grenoble ou des Instants chavirés à Montreuil). Facile d’accès (centre de Genève, quartier des écoles et universités), c’est une jolie petite salle (vraiment une cave) où les organisateurs accueillent avec le sourire. J’ai trouvé très plaisante la présentation orale – et drôle – des concerts par les organisateurs, ça met un peu de convivialité dans une soirée qui autrement pourrait être froide. Et encore, je suis initié – bonjour l’impression de niche ultra-spécialisée que ça doit faire si on est novice…

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La soirée a commencé par deux sets de bruit à base d’électro (j’ai retenu aucun nom mais je mets le lien vers la page de la soirée), façon les oreilles collées à un réacteur d’avion. J’ai été assez peu surpris, je trouve cette musique pas extrêmement évocatrice et assez linéaire mais j’aime bien la puissance qui s’en dégage ainsi que le « grain ». En plus, y’avait un joli fond visuel pour le premier set. Troisième set dans le même style, avec un gars à la voix, façon râle d’agonisant. D’ailleurs il a fait mine de se pendre tout le concert et est allé s’affaler sur le sol du bar à la fin. Performance, performance…

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Bon, j’étais venu pour les américains de Child abuse et leur noise saccadé, violent et ludique (ah oui, c’est violent MAIS ludique, y’a toute une thématique autour des jouets et de l’enfance…). Ils ont envoyé sec. Leur son est super bon (c’est ça qui m’avait attiré dans ce que j’avais pu entendre d’eux, ça et le fait qu’ils ont sorti leur dernier disque sur le label Skin Graft), leurs morceaux empilent les rythmes tortueux et improbables et les couches de bruit, tout en restant écoutable et même qu’on dansait un peu. Le set était un peu court, un petit thank you, un morceau en rab et un mot sur les disques et tee-shirts qui permettent de payer l’essence et c’était plié. Mais bon, fatigués par la tournée, j’imagine.

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La petite folie qui se dégage du groupe (rien que leurs têtes improbables…) est bien représentative de ce qui fait l’intérêt de la musique noise, je trouve. Une certaine apologie ludique (décidément…) de la déviance qui crée un espace de liberté et de créativité qui fait du bien.

Bref, bien content d’avoir vu ce groupe !

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Photo exquise d’un groupe classieux. (Dominika Michalowska)

http://www.cave12.org/CHILD-ABUSE-WITTMER-MEIRINO-DUO

http://www.skingraftrecords.com/bandhtmlpages/child_abuse.html

Genève

GVA by night…

T’es pas une légende, t’es juste vieux…

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J’avais vu SNFU, il y a peut-être 20 ans, à Limoges, et j’étais curieux de voir ce qu’ils étaient devenus. Le flyer de l’Usine (Genève) annonçait la couleur : « Survivors of the punk night », avec une photo de Mr Chi Pig (le chanteur), sa barbe effilochée, son crâne dégarni… Et ben, après quelques minutes d’observation, la magie a quand même fait son effet. Et je ne fus pas le seul à dodeliner de la tête, la salle était assez déchainée. Pas de message politique, juste des gars avec qui on passe un bon moment en partageant une musique qu’on aime. J’aime bien les groupes punks qui ont cet esprit (qui n’est pas forcément exclusif d’un « message », d’ailleurs, mais qui est plus quelque chose d' »incarné » que d’abord un discours). A part ça, le chanteur est le seul « survivant » du groupe (si j’ai bien compris) et le terme survivant n’est pas trop fort. Son parcours est assez chaotique. Il y a un film plutôt pathétique sur lui (Open your mouth and say… Mr Chi Pig), où l’on apprend qu’il a notamment été sauvé du suicide par un flic. Ironique, pour le chanteur d’un groupe dont le nom signifie Society’s No Fucking Use !

J’ai découvert aussi Ultra Bidé, un groupe de noise japonais qui a donné un des concerts les plus joyeux que j’ai jamais vus.

Kiss the bottle – une poignée de titres sur un cd donné dans un concert…

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Pas si facile de trouver une voix vraiment personnelle dans le hardcore. Les groupes se suivent et se ressemblent souvent. Dans tous les groupes qu’il a faits (Peu être, Carther matha, Amanda Woodward, je ne les connais pas tous), Gérôme a toujours fait preuve de créativité. Les paroles de Kiss the bottle reprennent des moments passés vers la Pologne (sauf erreur de ma part), un peu à la manière d’un carnet de voyage, autant dire du jamais vu dans ce style de musique (ça n’engage que moi). C’est rugueux, sale, comme la musique, comme le chant, plus simple et concret que ses paroles d’Amanda Woodward (mieux, à mon avis). Le chant lui aussi a quelque chose de plus posé et sonne davantage sur la musique. Le son est bon, ça envoie du bois mais je trouve que les riffs et les breaks s’enchainent un peu trop vite, de manière un peu automatique. Bref, je ne suis pas toujours fan de la musique mais c’est quand même chouette de voir une voix faire son chemin.
On peut écouter quelques titres ici, j’aime particulièrement « Sévèrement dosé » :
http://www.stonehengerecords.com/kissthebottle/