Toujours avoir un oeil sur la programmation de Cave12. Surtout pour tout ce qui touche aux formes de rock déviantes et inespérées. Child abuse, trio new-yorkais obscur au nom en forme d’atteinte à la morale la plus élémentaire, déjà entrevu il y a cinq ans dans le même lieu. Secousse à fortes séquelles, déjà. En tournée pour la sortie de son quatrième album. Impossible de ne pas être là.
Pas d’éclairage au néon porté en pendentif cette fois-là. Ils ont gardé leurs combinaison couleur alu, par contre. Guère plus rassurants, en pleine lumière. Humour disjoncté et ambiance torve. Concerto pour enclume.
Les membres de Child abuse trempent depuis de longues années dans la scène expérimentale new-Yorkaise. La batterie labyrinthique d’Oran Canfield, la basse fretless en déraillement permanent de Tim Dahl (également membre de Retrovirus avec Weasel Walter et Lydia Lunch) et sa voix grand-guignolesque qui fait parfois penser à Shorty et les stridences viciées du clavier qui achève de faire définitivement de la musique de ce groupe un hochet cassé qui ne tourne pas rond. Pas étonnant qu Eric Paul – la voix de Arab on radar et aujourd’hui Psychic graveyard, avec lesquels Child abuse a d’ailleurs joué – fasse une apparition sur leur disque. Les grands malades se rencontrent.
Leur musique est une rafale sans fin, un point de fuite indéfinissable, une coagulation violente de courants contraires. Déluge de décalages math-rock, free-jazz désarticulé, sauvagerie death-metal. Pas d’autre choix que de se laisser prendre par le maëlstrom. Retiens ta respiration et laisse-toi emporter par le fond.
Un petit tour à la table de merchandising à la fin du concert donne pourtant une impression assez sympathique des individus. Le batteur te propose même Long past stopping, l’autobiographie qu’il a publié il y a quelques années. Et donc, tu te retrouves avec un tee-shirt portant fièrement l’inscription « Abus d’enfant » ainsi que les mémoires d’un héroïnomane.
Mais sinon tout va bien.
>>>>>>>>>> CHILD ABUSE