« Déglingo comme il faut » : une interview de Dewaere

Dans la foulée de leur concert au Poulpe, les membres du quatuor pop-punk-noise explosif Dewaere ont pris le temps de répondre à mes questions. Etaient présents Marc (basse), Julien (guitare) et Maxwell (chant) ainsi que Franck (batterie) et Yann (tour manager qui fera quelques interventions bien senties). J’ai l’habitude d’ajouter la mention (Rires) pour donner une idée de l’état d’esprit à ce moment mais, là, c’est toute l’interview qui est à lire avec un sens de l’humour et du second degré bien aiguisé. Dewaere, c’est des tubes en série qui explosent sur disque, des concerts pied au plancher souvent délirants et incontrôlables mais leur interviews aussi sont rock’n roll.

Vous jouez très régulièrement et votre album en est à son troisième repressage : ça a l’air de pas mal marcher pour Dewaere. Est-ce-que c’est le fruit d’une stratégie établie et vous étiez sûrs de votre coup ou, au contraire, est-ce-que ça vous prend un peu par surprise ?

Marc : Totalement par suprise. Quand j’ai été recruté pour un boulot, on m’a demandé : « Est-ce-que tu vas repartir en tournée ? Est-ce-que tu seras totalement dispo pour le travail qu’on te propose ? » Moi j’ai dit : « Les tournées, c’est terminé ! » – j’avais 38 balais à l’époque – et je me retrouve dans la situation totalement inverse ! Mais, à la base, ce groupe, c’était juste pour faire du rock.

Julien : On a composé des morceaux, on a rencontré Maxwell. On s’est dit c’est cool, ça nous plait, on enregistre. Notre batteur connaissait un gars de chez Bigoût records et de chez Phantom records. On a envoyé notre album. Les mecs ont dit : « Oh, c’est génial ! » Ils nous ont proposé un deal pour 300 vinyles. Donc on a sorti l’album et suite à la sortie de l’album, on a eu de bons retours, qui nous ont apporté des dates, qui nous ont apporté un tourneur, puis d’autres dates, encore de bons retours sur l’album hyper régulièrement… Tout s’est enchaîné mais c’était hyper inattendu…

Hugues jouait dans Flying worker auparavant, et aussi Neige morte, Veuve SS – des groupes qui tournaient ou tournent plutôt dans la scène hardcore/DIY -, est-ce-que le fait de travailler avec des intermédiaires comme votre tourneur et dans des circuits plus larges vous pose certaines questions ?

Maxwell : Moi, je déteste chercher les dates, organiser les répètes – et je crois que tous les musiciens sont d’accord avec moi quand je dis ça. Quand tu as quelqu’un qui organise des dates, franchement tu peux te branler sous la douche tranquillement avec l’image de la reine dans ta tête ! (Marc plié de rire. NDLR)

Julien : Et puis, c’est pas comme si on était avec un agent véreux. Le mec, il est plus jeune que nous…

Marc : Il est méga passionné. Notre relation est hyper saine. On est à la même hauteur. Il nous aide à nous développer, il a capté le truc et… il bosse bien !

Maxwell : Il nous adore et on l’adore !

Julien : Parfois, il y a eu des gens qui nous disaient : « Nous, on veut pas passer par un tourneur, on veut passer en direct. » Mais c’est unE erreur totale parce qu’en passant par eux, c’est tellement plus simple. Eux, c’est leur métier. Nous, notre truc c’est de jouer de la musique et, eux, c’est d’organiser.

Du coup, qu’est-ce-que vous pensez des pratiques des tourneurs qui consistent à avoir un droit de regard sur les premières parties ?

Julien : Franchement… Pas grand-chose. Je pense que si j’étais tourneur, je ferais la même chose !

Marc : Là, tu poses la question aux musiciens, faudrait que tu demandes au tourneur. Basiquement, le tourneur, c’est un vendeur mais un vendeur qui kiffe son truc, pas un mec qui vend des pots de yaourts, c’est un métier passion. Si il nous fait jouer dans des lieux comme ici, c’est pas pour l’argent, c’est parce que c’est là que le groupe rencontre son public.

Julien : Il y a des tourneurs qui nous auraient fait jouer en première partie de Matmatah à l’Olympia mais lui si il nous fait jouer en première partie, c’est sur une date avec le Villejuif underground ou avec Cocaine piss.

Maxwell : Ca marcherait pas du tout…

Julien (interloqué) : Je sais pas… Pourquoi ?

Maxwell : Ca marcherait pas du tout parce que c’est NOUS les meilleurs ! (Rires)

Julien : Non, ce qui fait qu’on est bien avec lui, c’est que c’est pas business mais il y a un bon truc de développement.

Votre musique a un côté assez entraînant, assez fun. Est-ce-que c’est une envie que vous aviez dès le départ ?

Julien : Pas du tout ! Avant que Maxwell arrive, on avait que des instrumentaux orientés noise/math-rock. Assez rapidement, on s’est rendu compte qu’il fallait que nos morceaux deviennent des chansons.

C’est vrai que la voix de Maxwell sur du math-rock, j’ai un peu du mal à imaginer ce que ça pourrait donner…

Marc : Si ! Si ! Ca pourrait marcher mais ça serait vraiment chelou !

Julien : Il a apporté quelque chose de beaucoup plus pop à nos morceaux et c’est tant mieux.

Gloire à Maxwell , quoi !

Marc : Ca a été un putain de coup de bol et c’est génial ! (Il se tourne vers Maxwell) Si tu veux, tout à l’heure, je te (Une certaine conception de la décence m’empêche in extremis – malheureusement peut-être – de reproduire la proposition à caractère sexuel de Marc dans sa totalité, ni la réponse de Maxwell qui, il faut bien le dire, n’est JAMAIS pris en défaut de répartie. NDLR)

On entend parfois dire que, pour les groupes à guitare, c’est un peu la fin, qu’il y a plus trop de public, qu’est-ce-que vous en pensez ?

Julien : Moi, je trouve que c’est le contraire, je trouve que ça revient !

Marc : Il y a toujours un public pour les bons groupes et pour les bonnes chansons. Tu peux faire de la techno au kilomètre, ça va marcher 5 ou 6 ans, tu vas remplir ton festival parce que les mecs sont sous MD et qu’ils sont défoncés. Mais que ce soit en rap, en rock, en pop, c’est exactement pareil, les gens viennent chercher une émotion. A partir du moment où tu dis vraiment quelque chose, de la manière la plus pop qui soit, tu touches tout à coup un public hyper large et réceptif !

Yann (semblant se réveiller tout-à-coup) : Est-ce que vous voulez voir ma raie ? Ou mon zizi ?

Maxwell : Yann Olivier entre en scène !

Les gens parlent parfois des années 90 comme d’un âge d’or…

Marc : En tous cas, dans les années 90, Maxwell n’écoutait aucun groupe des années 90 !

Maxwell : C’est n’importe quoi : Michael Jackson, Spice girls, Fucking backstreet boys ! Mais bon, je suis né en 87, mec. These fucking dickheads listened to Nirvana, Sonic youth…

Marc : J’écoutais du black metal !

Maxwell : Non, toute ma vie, j’ai écouté les Beatles ! Pour moi, c’est tout ce qui compte ! Nirvana, je vois que c’est bien mais… ça m’emmerde ! C’est comme le massage shiatsu, c’est bien mais ça te fait rien !

(A ce moment, Julien essaye de m’expliquer le son de guitare qui l’inspire dans Nevermind pendant que les autres parlent de fantasme sexuels inspirés par la pochette de l’album de Nevermind de Nirvana… le résultat est difficile à transcrire. NDLR)

Maxwell (hurlant par-dessus la mélée) : FUCKING LISTEN TO THE BEATLES, YOU FUCKING IDIOTS !

OK, Maxwell parle-nous un peu des Beatles…

Maxwell : Si tu veux, toute la musique d’aujourd’hui, c’est à base de Beatles !

Julien : Tu crois que Beethoven a attendu que les Beatles arrivent ?

Maxwell : Les Beatles, c’est Beethoven ! … Non, mais au niveau des pop, mélodies – bon, les paroles, on s’en fout – c’est juste génial.

Julien : En vrai, tu as complètement raison.

OK, Maxwell, tu viens d’une autre culture, pas forcément rock, punk, noise, etc. Qu’est-ce-que tu as pensé d’eux la première fois que tu les as écoutés ?

Maxwell : Ils m’avaient dit que c’était « noise-punk »…

C’est ce que tout le monde dit, d’ailleurs…

Maxwell : Pour moi, « noise-punk », c’est The Fall mais hyper expérimental ! Pas de mélodies, rien ! C’est juste TRRRRFFFFFXXXXRRRRRZZZZ BBBBBRRRRRTTTTRRREWWWKKKKRRRR !!!!!!!! (Il fait le bruit avec sa bouche. NDLR) Ca m’excitait… Je suis arrivé à la répète, c’était pas du tout ça ! C’était un peu… organisé… un peu math-rock. C’était pas du tout ce que je pensais. Et du coup, je me suis un peu forcé parce que je connaissais personne à Saint-Brieuc et je voulais me faire des potes. (Rires) Je leur ai dit : « Vous faites de la merde, vous avez besoin de moi. »

Marc : On a pas besoin de toi ! Je t’ai trouvé ivre mort dans une soirée et je t’ai dit : « Eh putain, toi, t’as pas l’air français ! » et on a commencé à discuter. C’est exactement comme ça que ça c’est passé !

Julien : Le lendemain matin, j’avais un message de Marc qui disait : « Putain, j’ai rencontré un mec, il est australien, il a l’air complètement timbré mais ça peut être génial ! »

Vous racontez deux moments différents, en fait…

Marc : Pendant la première répète, il est resté assis à boire pendant une heure et demie. Il a tisé une première bouteille de Chardonnay, puis il en a ouvert une deuxième et enfin il s’est tourné vers le micro et il s’est mis à hurler comme un sauvage !

Julien : On a l’enregistrement de la première répète, j’avais l’impression d’entendre Jim Morisson en train de faire des Oh-oh-oh sur notre musique ! On était hyper surpris mais c’était génial. Moi, le lendemain matin, je me suis réveillé en me disant : c’est bon.

Marc : Exactement, c’est le gars qui nous fallait et puis voilà ! On s’est pas posé la question trois secondes ! C’était génial, déglingo comme il fallait. Il chantait juste comme il fallait, il mettait l’émotion pile poil où il fallait. C’était parfait. Et la lumière fût !

Vous avez complètement changé votre musique du coup ? Ca a mis longtemps à se mettre en place ?

Marc : Non, non, on n’a pas complètement changé. Il y a des morceaux qu’on joue encore qui sont issus de cette période-là…

Julien : C’est pas ses préférés, à Maxwell, mais bon…

Marc : Ce qui s’est passé, c’est qu’on a recommencé à composer comme on ne faisait plus. On s’est remis à composer en studio, à amener des riffs, il avait ses propres chansons qu’on a bousculées. On a bousculés nos chansons pour mettre du Maxwell dedans et puis voilà ! En fait l’album est né de l’espèce de pâte à modeler de cette époque-là

Maxwell, quel est ton rapport avec la langue française ? Est-ce-qu’il y a des groupes qui chantent en français que tu aimes ?

Maxwell : Je peux name-drop beaucoup de mes potes, là… J’adore les groupes français qui chantent en françmportant. Ils sortent pleins de groupes super bien. Il y a un groupe qui s’appelle Kévin Colin et les Crazy Antonins, Roland Cristal, Kévin Cristal, Kévin Colin… Tous mes potes de Toulouse… sans eux, je ne suis rien !

Marc : Ben merci, on est vraiment très content de t’avoir parmi nous, connard de merde ! (Rires) On est vraiment très contents d’être là ce soir mais je pense qu’on va y aller maintenant…

Maxwell : C’est des gens qui m’ont vraiment touchés… Bref, la chanson française, j’adore ! Il faut que les français gardent la chanson française au lieu d’essayer de chanter en anglais !

Et le rock en français, t’aimes bien ?

Maxwell : Ouais, j’adore ! Jacques Dutronc ! Françoise Hardy !

Julien : C’est pas rock…

Maxwell : Si, si, c’est rock, rock n’roll, un peu…

Julien : Françoise Hardy, rock ‘n roll ?

Maxwell : Serge Gainsbourg, Sheila, France Gall…

Pour moi, ça tombe davantage dans la variété ou la pop…

Marc : Cette discussion est complètement dingue parce que c’est deux mondes totalement différents ! Tu attends des références alterno d’un type qui considère qu’en fait la pop est rock !

Maxwell : Pour moi, la pop ça couvre tout. Et le rock, c’est une petite partie de la pop.

Marc : Mais un truc vraiment rock en français que tu aimes, ça serait quoi ?

Maxwell : Cobra… mais en fait j’aime pas trop. Je trouve que c’est drôle mais j’écouterais jamais tout seul. Dans le camion, ça va !

Et au fait, je suis sûr que c’est une question qu’on vous a posée plein de fois, mais Patrick Dewaere, qu’est-ce qu’il représente pour vous ? Pourquoi vous avez choisi ce nom ?

Maxwell : En fait, c’est l’oncle de Marc.

Julien : En fait, on cherchait un truc qui colle à notre musique et qui soit lié à Saint-Brieuc. Et d’un coup : Dewaere ! Il est né à saint-Brieuc. Le mec est torturé et en même temps, il y a un côté beau, émouvant chez ce mec-là et en même temps fou, violent, torturé et beau. C’était parfait, c’était ce qu’il nous fallait, Dewaere !

C’est marrant d’être attaché à une ville, comme ça…

Julien : Y rien de spécialement glorieux… C’est notre ville !

Marc : C’est la plage ET les mobylettes. C’est la base !

Julien : Moi, je suis anti-patriotique mais j’aime bien Saint-Brieuc quand même !

Et l’avenir pour Dewaere ?

Marc : On fait un deuxième disque, qui est plutôt bien en route. Les morceaux sont là mais il faut qu’on les dewaerise ! C’est la principale différence entre le disque que tu as écouté et celui qui va arriver. Sur Slot logic, on a tout composé ensemble, à l’ancienne, en répète. Pour le prochain, on a demandé à Maxwell – Maxwell compose tout le temps, de tout, il nous amène des trucs et souvent on lui dit « Non, ça, c’est pas pour nous… » – bref, on lui a demandé de nous sortir les trucs les plus pop possibles. Genre : si les Beatles étaient encore vivants, sors-nous les singles des Beatles vont sortir pour les dix prochaines années ! Nous derrière, on les détruit, on en fait les trucs les plus noise possible. Et ça donnera… ben, on verra bien, parce qu’on en sait rien, en fait.

Maxwell : Ce sera le meilleur album de 2020 ! Chaque morceau est un tube !

Julien : Il ne ment pas.

>>>>>>>>>> DEWAERE

« William Burroughs Haute-Savoie microtour – jour 1 » (Dewaere, Cutter – Le Poulpe, 22 nov.)

Retour sur un weekend un peu spécial. Le concert du lendemain – avec les russes de Jars, report à venir – était calé depuis un moment quand Greg nous propose de jouer aussi la veille, avec Dewaere, ce groupe breton qui a sorti un des disques les plus explosif et rafraîchissant de l’année dernière. Wow.

Avec le terme « noise » ou « noise-rock » sur l’affiche, tu as toujours un peu un doute sur le nombre de gens qui va  répondre présent, mais il y avait déjà un petit public – beaucoup de têtes connues, forcément – quand on a commencé.  On en dira pas plus si ce n’est que, avec les chouettes conditions de sonorisation du Poulpe, ça a vraiment été un bon moment pour nous.

Dewaere, c’est une formation classique guitare/batterie/basse/chant, mais il ne faut pas longtemps au public maintenant plutôt dense pour se rendre compte que Maxwell, le chanteur, est quand même quelque chose d’assez spécial. Grand échalas nonchalant qui, avec sa veste sur le dos, donne toujours l’impression d’être passé là par hasard. J’ai vu un groupe de punk jouer et je me suis dit que j’allais venir foutre un peu le bordel avec mon incroyable chant de crooner débraillé – ce qui est à peu près la façon dont s’est vraiment passé la création du groupe, comme on le verra dans l’interview réalisée après le concert, à paraître bientôt-mais-pas-tout-de-suite.

Mid-tempo sans repos, basse vrombissante, ferrailleuse et une guitare avec un je-ne-sais-quoi de 80s. Mais je sais pas vraiment pourquoi tout le monde ne cesse de répéter « noise-punk » à leur propos – ou alors punk à la Buzzcocks, oui. Dewaere écrit de vraies chansons. Avec ce chant improbable, c’est un cocktail à peu près parfait que sert le groupe.  Une formule gagnante et une vraie découverte pour ceux et celles qui étaient là. Joli choix de programmation du Poulpe.

Et ce n’est que le début, comme on le verra bientôt.

 

>>>>>>>>>> CUTTER

>>>>>>>>>> DEWAERE

« We are a successful band. » : an interview with USA Nails

USA Nails on tour with friends Dead arms. USA Nails : Steven (left, 2nd), Tom (left, 3rd), Dan (right, 3rd), Gareth (right, 2nd) Dead arms : Alex (left, 1st), Steve (left, 4th), Dan (right, 3rd), Nic (right, 1st)

Love has only been growing for USA Nails with each album and the last one, « Life cinema », is no exception. Their own brand of virulent post-punk infused noise-rock – or whatever you feel like calling it – getting more frontal each time, more stripped to the bare essentials and yet remaining open to experimentations and a variety of atmospheres. The news that they would hit Geneva last June was therefore received with great enthusiasm and the chance to have a chat with them was seized. This interview was a particularly enjoyable moment : each member giving thoughtful answers, often building up on each other’s idea to expand their own thoughts. You could feel Dan, Steven and Gareth are pretty serious about what they are doing and make a very strong (punk) unit – Tom being a bit more on the listening side at the beginning, understandably being the latest addition to the band. Yet jokes would pop in constantly – none of the laughs mentioned in this interview are faked. Meeting USA Nails in person definitely made me want to dig dipper into their underground world and I hope this interview will make you want to do the same.

You’ve just released an album called « Life cinema », is that because you think that life is a bit of cinema ?

 Steven : Yeah, it’s just about the way people present themselves, their lives and how they want to portray them. It’s very strange, but I find myself doing it as well even though I don’t want to.

Social networks are difficult to avoid today for a band. Is that something you do with pleasure or more of a chore for you ?

Steven : We just treat it as a bit of a laugh, I guess. Instagram and stuff like that, it makes us laugh.

Dan : We never really post anything serious apart from gig information and stupid pictures.

Gareth : That’s how we want to present ourselves, as idiots ! (Everyone laughs.)

Steven : I work with children as well and now parents post pictures of them from when they are born and at every stage of their lives that are gonna be traceable when they’re old, if this technology is still there. You’ll be able to scroll back the pictures to the day you were born. Your whole life. That’s very spooky.

What makes this record special for you ?

Gareth : One of the things is that this is the first album that Tom plays drums on. All the songs we wrote with Tom so we kind of started afresh and worked out a new dynamic between the four of us. I think we ended up with a record that is maybe more melodic than the previous one, maybe there are more choruses in it – not through any conscious decision but that’s kind of what has come out of us being in a room writing music together and what has worked for us this time. I think it’s still very much USA Nails; a bit silly and a bit noisy. I feel we have honed our song writing though, I think it’s a more cohesive record and conceptually as well, I think it ties together nicely because of the things Steven said like life lived through screens and stuff like that. Yeah, I’m quite pleased with how the thing came out…

Steven : I think we got better at putting less bits in songs as well.

Dan : More space…

Steven : Yeah, starting having more of a feeling, rather than « What’s the verse ? What’s the chorus ? Oh, it needs a third section, it needs an outro. »

So, how would you define the perfect song ? What do you look for when you try to write a good song ?

 Steven : Well, this is tricky. If I knew, I’d probably be famous ! (Laughs) Less is definitely more. We’re not trying to be virtuosic. Oh, I don’t how to articulate properly ! It has to have a certain energy.

Gareth : To be focused… I think when you are more ruthless about what you leave out, it brings the important parts of the songs more into focus, it doesn’t muddy the view of the main feel of the song. We all know when we are in a room and write together when we’ve locked in something that is pretty good. Usually some sort of melody or motif and then, well recently, we just look at developing that one thing as opposed to adding in another bit and then another bit. It’s more about just thinking about different ways of approaching this one theme.

Do you consciously try to try new things ? Something very original or something that you’ve never done before ?

 Gareth : Yeah, on every record, I’ve used a new tuning on my guitar because it forces me to think differently about how I approach constructing my parts – which becomes annoying when you go on tour playing songs from previous albums because you need to either work them out in the new tuning or bring two guitars as I have to do now. But it gets you out of your comfort zone, you have to think differently.

 (At this point, Gareth has to concentrate on his answers : Ben, the singer of Nurse who will play first on that night is doing sound balance and his repeated desperate shouts are covering our conversation. « Is he locked outside ? », Dan comments, and everybody laughs.)

I’ve read that you were composing songs pretty quickly and pretty spontaneously, is that still the case today ?

 Everybody : Yeah.

Gareth : We’ve all have experiences of being in bands where we were taking a long time to write songs but in USA Nails it has always been : trust your instincts, go with your first thing and see what happens with it – as opposed to overthinking a simple idea. Maybe it will come out crap in the end, but we can just ditch it and move on to the next thing if so.

So you can see virtues in not trying to think too much…

 Gareth : Yeah, now I find it difficult to do the longer writing process. I’ve joined a new band and they write the more normal way and… sometimes it’s kind of boring. I just want to say : « No, that’s fine, that’s fine ! » It’s Steven who’s the person that really taught me to let go and stop being precious about little things. Steven will always be the first person to say : « This song is finished.That ‘s fine, we don’t need to do anymore with it. » and he’s usually right.

So it’s a confidence thing to be able to say « What I did is good and I don’t need to search for more » ?

Steven : It also depends on what you want to get out of it personally. In bands I’ve been in the past, we used to practice every single day and agonize over « If you’re playing this chord, I need to play a chord that isn’t a major chord it’s got to have this weird shape in it and if you’re gonna play on the beat, I’m gonna play off the beat or I’m gonna play in triplets. » Everything was agonized over, every single note. To the point where you were doing a practice where the drummer would just keep going over the same drum fill and these six hours of practising would be just trying to get the drum fill at the start of the song exactly where you want it to be and I would be just going « Blam… blam… » (Mimicking playing the same note over and over again – Ed.)… I can’t be bothered ! What’s the point ? That’s not fun ! It should be quick… and achievable. And the quicker you do things, the more fun it is, well, I find, anyway. The quicker you have something new to play, the more excited you are.

Gareth : Yeah and I guess moving quickly allows us to try new ideas. Our first songs were quite straight up but I think we quickly moved on to some weirder sort of ideas.

Dan : Our first songs sound so different. Even on our second album, there’s definitely a progression. That first album Steven just did vocals and it was just you and Stu on guitar who provided all the riffs. I guess it was naturally going to change… wasn’t it ?

Gareth : Yeah, it was written and recorded very quickly. It almost feels like it is a different band. Some people still really like that record. I do, but I think what came after is more… us.

I guess what you were saying about the difficult writing process also has to do with the fact that punks often haven’t learned music formally so they’re learning how to create music in the same time that they actually create some music.

 Steven : I guess it has to do with how you view yourself : as a musician or as someone using a thing with strings on to make a sound…

So how do you consider yourself ?

 Steven : I’d say halfway… exactly in the middle ! (Laughs) My previous band were all highly skilled musicians. They went to music colleges and formed a band just to get big and then I joined them afterwards. I’ve learned a lot of music theory playing in that band but I don’t want to know it. (Laughs) I find it’s a hindrance. Sometimes, I’m trying to play this weird chord and then I’m like « No, just play on octave, that’s fine. »

Your guitar sound is quite distinctive, very fuzzy.

 Steven : On records, it usually comes down to discussions with the guy that records – Wayne – about how it’s gonna sound. I had read interviews with the guitarist from Pissed jeans and I bought all the same equipment that he had. I liked how his guitar sounded so I bought an Epiphone Sheraton. Also it was affordable. I’m not really into expensive equipment. I own a couple of nice basses but I work for a living, I can’t afford to buy guitars all the time.

Do you think it’s possible to do something new in punk music ?

 Steven : I think bands like Girl band do. I guess you take elements of other things, don’t you ? They sort of stripped the rhythm out of it, started using guitars to make noises instead of just Da-da-da-da-da (He hums some sort of nondescript chord sequence. – Ed.) and using dance beats. Yeah, I think it is possible but, I don’t know… if it’s always necessary to do something new.

Gareth : I don’t know if we do ! (Laughs)

Steven : Yeah, we don’t do anything new !

Gareth : Punk is a very broad thing, it’s hard to pin down exactly what it is anyway. Ultimately, if you’re using guitars and distortion, you’re automatically referencing decades of music before you’ve played a note. So in that respect it will always be referencing what’s been done before. So it’s hard to say what is new.

Tom : I think as synthesizers become cheaper, you see a lot more integration of that in the kind of DIY scene. Electronics across the guitars, : there’s a lot of bands that are doing that kind of things so that’s were things might go. It mixes the studio with the live performance aspect.

After all these years, records and touring, do you find that you’re getting some kind of recognition , some kind of success ?

 Steven : I don’t know if that’s the name but it’s nice to see people around when you’re playing a gig. In Paris the other day, people were like falling over each other.

Dan : It’s nice to see someone you don’t know wearing your shirt, I guess.

Tom : It’s nice to see your record selling, when you had no idea if it would at all (Laughs).

I mean there are connections between the DIY world and the bigger music world – festivals, magazines – do you often get notices or invitations ?

 Steven : We don’t really get much of that.

Gareth : The label that we put the first two albums out with (Smalltown America. -Ed.) quite liked spending money on PR so we got a little bit of press but… it’s all just kind of fake, isn’t it ? It’s only because they paid for it, that’s why we got national magazines and stuff, it’s not that any of these magazines were genuinely interested in what we were doing. But for me, success is having fun and I think we are ! We get to play fun shows, we get asked to play good festivals…

Steven : We get to travel… We get to go on holidays for free, basically. We’re sat in a room, drinking booze.

Gareth : And it’s all as a result of doing something that we do for ourselves. We’re just exploring our own creative impulses, we don’t write music to enable us to sell millions of records. We write music for people like you and to enable us to visit places like this and meet people and have lots of cool experiences so, yeah… I think we’re successful !

Success seems a bit of a random thing. Why is this band successful and why is this other band not ? Sometimes, it just seems there is not space for everybody.

 Steven : There is a way of getting big. You have to broaden what you do…

Gareth : That word can be used in a derogatory sense, but if what you do has a broad message, a lot of people can agree with or can get on board with, then it’s gonna appeal to large groups of people…

But you wouldn’t do that consciously, trying to broaden your music and make is accessible…

 Gareth : No, I’d feel a bit dirty but some bands sort of capture what’s going on at the moment. They can encapsulate something that a lot of people can relate to, some sort of fashion trends or political ideas, and they sweep everyone up with them with that.

Tom : It has to do with how much money you put in it as well.

Gareth : Oh, that helps, yeah !

Tom : I was rehearsing with what turned out to be a pop band, and the first gig was just a presentational gig, the booking agent was there, the lawyer was there. They were just getting all the people that they wanted : « Come and have a look at us and do what you want with us. » And that worked ! Now they’re getting huge. I opted out because I thought this was rubbish music but now they’re up there doing huge things.

Gareth : Do you regret that ?

Tom : I did a little bit then but I don’t now. I prefer music being a passion as opposed to doing it for the sake of launching your own career. But what I enjoy is the process. The hanging out, the rehearsing, the gigs… The process is all.

Gareth : You have to enjoy every aspect of it. If you hate rehearsals then that’s gonna come through. I enjoy every aspect of it. I love getting together in the week in a room and see what happens. It’s really exciting. I love going to the pub beforehand…

Tom : It’s more interesting when it’s something you’re passionate about. When you’re not passionate about it, it’s not about people interacting with the songs or you interacting with them, it’s more about you being the performing band to entertain them.

I believe you do the artwork of the band yourself…

 Gareth : The album artwork was done by our old drummer, Matt. It was nice that we could get him involved even if he wasn’t going to be playing on the record. He’s done the artwork for three of the four albums. All of us sort of chip in tee-shirt designs. Danny has designed the artwork for some of the EPs, some of the tapes that we’ve done. Steven has done a bunch of tee-shirts. I tried to do a design for a tee-shirt recently but nobody was really into it. (The others are laughing their asses off. -Ed.) I don’t really have a flair for it but… thanks for trying ! That’s OK. I’ve done a couple of tee-shirts but they’ve been pretty lame.

Dan, I really like the artwork you’ve done for the tapes (Work work work and Sell sell sell on SAD Tapes. -Ed.) I wanted to ask you what or who inspired you graphically…

 Dan : Me and my old drummer Matt, we clicked a lot and shared similar tastes. I like to spray a lot and screenprint at home. As for artists.. Nothing in particular. There’s this one book I have from my Mom from the seventies, just a book of illustrations. There’s no cover to it. It’s my favourite thing I own. I’m constantly looking at and drawing inspiration from that. I’m just always drawing : faces, hands and weird shapes. That’s it, really. No more to it !

What I like is that it’s very coherent with the music…

 Dan : Yeah, Steven and I started SAD Tapes – which stands for « Steven and Daniel’s Tapes » (Laughs) The idea was that Steven can record the bands and I print and create some artwork. To be fair, it’s been mainly USA Nails and Dead arms… but we’ve done Bo Gritz, which I fucked up – but they were kind enough not to complain. Steve records everything on a four-track. It’s like the love of demos, you know ? When you listen to a band’s demo and you love it, and then you listen to the same song on an album and you don’t love it cause it doesn’t have the same… urgency or whatever. I think « Sell, sell, sell » is my favourite one. There’s a lot of weird faces and strange shapes… Yeah, I think it worked quite well. Hopefully, one day we can do more. It’s not a business, it’s just another creative outlet that’s attached to the band.

Steven : Matt, our old drummer, is really into lo-fi recording and so am I. There’s often a debate as to whether we should record all our stuff like that, so we just occasionally do some lo-fi recording to scratch an itch that we have. Our albums are still recorded in a recording studio and I think it’s probably a good idea to do both. The songs (On the two tapes « Work work work » and « Sell sell sell ». -Ed.) were still written quickly.

Gareth : We knew that these songs would be recorded on four-tracks and, I don’t know about you guys but, when I was writing my parts, I was consciously thinking of the limitations or the differences in sound when recording like that.

Steven : It gives you a chance to do things that stylistically you wouldn’t normally do. There’s this song where Dan sings – he doesn’t really sing, it’s more spoken-word – it leans a bit towards the sound of The Fall, I guess.

Gareth : Yeah, more post-punky. Some people really like that.

I know the « Work work work » tape is some people’s favourite recording of USA Nails.

 Dan : That’s cool. We got Creative industries from this tape and we put it on the new album.

Steven : And it sounds completely different. On the tape, it sounds more like a pop song.

Dan : It was for nothing. It was just for us when we had no drummer. (« Work work work » is recorded with a drum-machine. – Ed.) Tapes are cheap to produce. So we thought let’s do a tape.

Steven : It was after our tour in America and all the bands that we played with were just selling tapes. None of them had records.

Dan : Tapes are big in the states in the DIY scene. I didn’t realize that before.

Steven : I’ve got a real love of that format. As a kid, that’s what I listened to music on. I guess people older than me listened to music on vinyl and that’s why there’s such warmth for vinyl. But me, I like tapes, I like the aesthetic, the size, the strange compressed sound. Not many people buy them I suppose, so they are more for trading.

Dan : We’re not making any money from it but it doesn’t cost the band , apart from their time.

Will you do any more in the future ? With what bands ?

 Steven : Probably just us ! No, it’s tricky – well not that tricky, I just don’t like many bands.

Dan : You must make sure you get bands that are not that precious as well, that have the same sort of mentality. You’ve got to be very clear with them about what the whole thing is about. You know, we’re recording on a four-track.

Steven : It’s not going to sound like you think it’s going to sound. You have to go into it with that mindset. Everyone is in this one room playing, I can’t hear how it is going to sound. It’s not two rooms where I can go play the guitar : « Oh yeah, that’s a good sound, let’s move the mike a bit. » No, you just play, that’s it, it’s done. Don’t keep going ! (Laughs)

The cool live pictures have been taken by Marie Mauve Photography at the gig in Paris mentioned in the interview . Thanks a million, Marie !

There’s a video of the gig at l’Usine that’s been made, go treat yourself and watch it here.

>>>>>>>>>> USA NAILS

>>>>>>>>>> SAD TAPES