Noiss, « Deafening » EP

C’était cool, le grunge, les chemises à carreaux, tout ça… et il y avait même de sacrés bons groupes dans le lot. Mais je dois dire que ce n’est pas le mouvement musical qui a le plus retenu mon attention et, lorsqu’un groupe se réclame haut et fort de ce courant, j’y vais avec une curiosité assez prudente. Après un premier ep sympathique, Noiss reviennent aux affaires avec cette deuxième galette enregistrée au Purple Sheep Studio et qui commence à se rapprocher sérieusement, on imagine, de l’idéal de sueur et de gros riffs des Chambériens. Tout y est, la scène est presque parfaite. Le son, la voix rocailleuse, on les voit, on les entend, on les sent sur scène. Nul doute que que Noiss est un groupe sincère qui en veut et qui croit à sa ligne musicale et c’est une des qualités de ces morceaux de ne pas trop en faire pour laisser parler ses idées, comme sur l’instrumental tout simple « Enjoy this day », ou mettre en valeur les lignes vocales éraillées. Même si ces cinq morceaux s’appuient largement sur des recettes qui ont maintes et maintes fois fait leurs preuves, leur force de conviction emporte tout de même l’adhésion et doivent certainement faire leur effet en live. Seulement, seulement, on adorerait que ce groupe, tout en gardant les racines qui font son identité musicale, nous emmene ailleurs, dans un endroit qu’on ne connaisse pas déjà.

>>>>>>>>>> NOISS

Churros batiment, « 19 mars » EP

Rien à voir avec le Covid-19 – quoique – mais le monde devient vraiment cold-wave ces temps-ci. Heureusement que certains groupes conservent du mordant et c’est le cas du duo grenoblois Churros batiment, qui vient de sortir un EP 4 titres, composé intégralement pendant la période de confinement. Du surréaliste « Termite horrible » aux plus directs « Il tombe » et « Adorable traître », le groupe hybride une chanson à fleur de peau et très écrite et un électro sombre et assez crade, pour un résultat jouissif et hyper convaincant. Comme c’est le cas depuis leurs débuts, d’ailleurs. A découvrir et à suivre !

>>>>>>>>>> CHURROS BATIMENT

Oyster’s reluctance, Insignificant EP

Voix de crooner stoner disparaissant parfois sous les effets, sens du riff accrocheur, atmosphérique ou metallisant. Oyster’s reluctance manie tous les ingrédients de l’alternatif façon 90s et ce dernier EP (il est sorti en 2017) laisse présager des musiciens pas tombés de la dernière pluie, maîtrisant autant leur Mister bungle que leur Pearl jam, leur Mordred ou leur Tool. Pourtant à l’écoute, on ne peut pas réduire ce trio à la formule minimaliste (batterie/basse/voix) à un revival grunge/fusion même si ils auraient peut-être fait fureur à l’époque. Sur les cinq titres qui composent le disque, le groupe n’a de cesse de varier ses effets : plages athmosphériques, voix samplées, passages presque jazzy qui font astucieusement contrepoint aux coups de boutoirs noise qui suivent (Bulging eyes, mon morceau préféré). L’absence de guitare est une excellente chose, forçant a faire feu de tout bois et assechant un peu le son du groupe. De toute façon, la simplicité est toujours une qualité, que le dernier long morceau, Greed, exploite à plein avec son riff simplissime laissant toute marge de manœuvre aux mélodies éraillées et planantes du chanteur.

Ce groupe a clairement son univers et est peut-être à son meilleur quand il s’éloigne davantage de ses références. Cette impression est confirmée par les extraits de concerts qu’on peut visionner ici ou là et qui donnent bien envie de découvrir ce que Oyster’s reluctance peut donner sur scène, au naturel.

>>>>>>>>>> OYSTER’S RELUCTANCE

 

 

L’Orchidée cosmique + Spanked (Brise-Glace, 18 avril)

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La petite salle du sous-sol du Brise-Glace – dite « club » – propose régulièrement des concerts de groupes locaux (ou pas). C’était le tour de L’Orchidée cosmique ce soir-là, suite à une résidence qui a d’ailleurs donné lieu à la réalisation d’une vidéo.

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L’Orchidée attaque déjà son dernier morceau lorsque j’entre dans la salle. Dommage, toujours un plaisir de se laisser emporter par les sonorités aériennes et les constructions étonnantes de sa musique, somme toute très ludique et accessible.

Plein de bonnes nouvelles du garçon, en tous cas. Un enregistrement prévu, avec une sortie sur un label parisien.

spankt 2.JPGOriginaires de Besançon, Spanked étaient les invités de L’Orchidée. Le duo vient de sortir son deuxième album. Si leur musique évoque des références assez évidentes, du côté de Seattle par exemple, elle n’hésite pas à sortir aussi de sa zone de confort.

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Jeu assez technique et hyper dynamique pour le batteur et atmosphères parfois plus lourdes et lancinantes du côté de la guitare ou du chant. Spanked propose une musique rentre-dedans et variée qui tiendra bien en haleine les personnes présentes.

Les discussions post-concert révèleront des personnes humbles et très accessibles. Malheureusement, la convivialité du lieu est limitée et il a fallu y mettre un terme plus tôt que ce qu’on aurait souhaité. A une prochaine !

>>>>>>>>>> L’ORCHIDEE COSMIQUE

>>>>>>>>>>> SPANKED

« Alerte Noiss »

Alerte noise en provenance de Chambéry – stop – NOISS, tout nouveau groupe ayant publié deux titres clippés, « Nouvel orient » et « Neuroïne » – stop – Plutôt mélodique, dans le sens trainant et grungy du terme – stop – répétitions entêtées et de brusques sautes d’humeur qui  maintiennent la pression – stop – Enregistrés au K7, nouveau studio près du Brin d’Zinc, comme Korto – stop – on a hâte d’en entendre davantage – stop – Et surtout d’en voir plus – stop – Ouais, je sais c’est nul de faire semblant de faire du télégraphe – stop – Qui sait  encore de ce qu’était le télégraphe, d’ailleurs ? – stop – Mais bon, ça m’a fait rire. – stop –

STOP

>>>>>>>>>> NOISS

« Think universally, act locally, go to the library »

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La médiathèque de La Roche-sur-Foron n’a peur de rien et accueillera un concert du local space-fuzz hero L’Orchidée cosmique, accompagné des grungy rockers de Slang ! Eh ben, quand on pense que l’ouverture de ce lieu a été accompagné de polémiques quant à son utilité dans la diffusion de la culture…

Ce concert conviendrait autant à de jeunes professionnels en mode afterwork qu’aux pratiquants de méditation active (niveau avancé).

« Miel de boue » (Mudhoney, White Hills – L’Usine, 20 mai)

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Une petite tranche de punk-rock, quand même, Mudhoney. Seattle, Green river, Sub Pop, le grunge, Nirvana, tout ça… Et, à la différence d’un bon paquet de groupes de années 90, eux n’ont jamais arrété de jouer. Le prix d’entrée faisait un peu mal au porte-monnaie (et mérite bien qu’on enlève le mot « punk » de la première phrase) mais c’est quand même bien classe de voir un groupe comme ça dans une salle relativement petite comme le rez de l’Usine. Et c’était même pas plein… Putain, mais si les gens savaient…

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Le set commence plutôt doucement. Quelques morceaux s’enchainent, dont le très sympathique « I like it small ». Le chant fait beaucoup dans la personnalité de ce groupe et c’est bon de voir Mark Arm (le chanteur) s’arracher pour aller trouver ces mélodies nasillardes et distordues. On sent le groupe concentré. un petit sourire en coin de temps en temps, mais c’est pas encore l’éclate…

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Avant (il y a un paquet d’années), j’aimais pas les groupes comme Mudhoney. Je trouvais leur musique mollassonne et narcissique (bon, c’est sûr qu’à côté d’Extreme noise terror…). Je me rappelle même du chanteur d’un groupe qui théorisait ça en disant que pour se battre, avoir et donner de l’énergie, c’était pas ce genre de musique qu’il fallait… Mais maintenant, j’apprécie leur capacité d’auto-dérision et leur authenticité et « I like it small » est un super morceau qui résume bien leur état d’esprit…

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Puis, Mark Arm lâche sa guitare et le set prend une autre ampleur. L’énergie vient. Il tient la scène comme un Jello, incarne ses morceaux, se démène comme un iguane. Le groupe joue des morceaux bien connus (« Touch me I’m sick », « Sweet young thing ain’t sweet no more »…), la salle devient un peu plus sauvage (y’a de tout, « vieux », « jeunes »…) et ça ressemble enfin à un vrai concert de p***-rock. Y’aura en plus un long rappel, avec une grande partie basse/batterie bien chouette.

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Avant, y’avait White Hills, un trio de rock psychédélique qui étaient très bon dans leur style. Ou pas. Me sens pas qualifié pour en parler !

Don t you swear the little things
I like to try to sweep them in
I keep em tucked, in my fist
What they might be, you can only guess
And when I show my hand
You will finally understand
That I’ve got big enough balls
To admit I like it small

Mudhoney, « I like it small »