#Upset the rythm

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Upset the rythm, c’est une émission sur Radio campus Grenoble et qu’on peut également écouter sur internet, dédiée aux musiques qui ne tiennent pas en place, noise, math, électro-chose, jazz-truc et j’en passe des plus contre-nature. Le programme est quand même assez ambitieux puisqu’il s’agit de « combler le fossé entre Steve Albini et Stravinsky ». Rien que ça.

Mais Upset the rythm se donne les moyens de ses ambitions. Avec une diffusion par mois, chaque émission est basée sur une recherche foulillée et une documentation méticuleuse. Rien que les thèmes des émissions passées mettent l’eau à la bouche : « Ultraviolence », « L’arythmie ? », « Spoken word », « Japon », « Destructuration », « Intros, préludes, interludes », etc., etc.

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Une approche quasi-savante, musicologique, qui promet d’être passionnante. Sans être prise de tête puisqu’elle est contrebalancée par un ton drôle bien vu à l’antenne. De la même manière que la programmation peut faire suivre les musiques les plus pointues et contemporaines d’un bon vieux Big’N ou Shellac.

Bref, un petit bijou à suivre ici pour ceux dont l’oreille est hardie !

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The Sloks, « oneUp »

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Ce trio originaire de Turin – la porte à coté, quoi – a fait un passage remarqué à la Spirale à Annecy en septembre. Leur dernier disque, intitulé oneUp donc, est sorti uniquement en ligne. Peut-être faute de label. Les temps sont durs.

Mais The Sloks n’est pas du genre à lâcher l’affaire pour si peu. La passion tenace et le jusqu’au-boutisme transpire des 7 titres de ce qui pourrait être un 10’’. Tous taillés dans un rock’n roll garage tendu, toutes pédales de réverb et de fuzz dehors, et qui a quelque chose de minimaliste qui lui va comme un gant (une basse pointe le bout de son nez sur un des titres mais je ne suis pas sûr qu’elle rajoute grand-chose).

Mais The Sloks ne seraient pas The Sloks sans la voix d’Ivy Claudy. Une voix qui joue un jeu très particulier. Souvent plaintive, geignarde, suintant le malaise et la colère froide, elle prend à contre-pied la musique pleine d’allant. Répétitive et parfois monocorde, elle horripile, tend le nerf. Elle débite des histoires qu’on devine d’adolescence rebelle, teigneuse (Thats not me), de vengeance dans Tank of Gasoline (l’essence, matière inflammable chère au rock perturbé – que ce monde périsse par où il a pêché…). Elle atteind des sommets dans Use me, transpirant le défi, la détermination froide. On s’en est pris plein la gueule mais c’est pas pour ça qu’on va la fermer. Ni baisser le regard. Et jusqu’à exploser dans des rugissements, pris dans la tourmente d’une musique aux allures d’exorcisme.

Cette voix sévèrement perturbée imprime sa marque à la musique du groupe. Elle contraste avec les ritournelles garages, comme si un teenage movie bien inoffensif virait au carnage psychopathe sur fonds de rock n’roll endiablé. La fête est plus folle quand c’est une surprise. A certains moments, la guitare elle-même semble s’imprégner de cette folie et ce sont mes passages préférés. Elle se durcit pour dériver vers quelque chose de désarticulé. Sur la fin de That’s not me, par exemple, ou dans Close the door, qu’on pourrait carrément rapprocher du post-hardcore d’un Drive like Jehu.

Bref, oneUp est un grand disque de rock mauvais où un groupe s’approprie une forme pour exprimer quelque chose de personnel. L’essence du punk, quoi.

Et ça s’écoute ici.

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TBTWMUHF, « Sweet sleeping flow »

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Les Anneciens de The beauty the world makes us hope for, déjà auteurs d’un LP, ont publié un nouveau titre sur leur bandcamp. 5″34 pour ce Sweet sleeping flow, par les temps qui courent ça fait presque format court et c’est rien à côté des deux titres de leur album, tournant à plus de 10 minutes.

Petits motifs fragiles se répétant, d’abord timidement, puis s’affirmant avec de plus en plus de confiance, jusqu’à éclore dans de grands accords ouverts.

Le morceau est construit sur une longue montée (plus ou moins) dramatique, comme il se doit dans ce post-rock à guitares et à cymbales, mais qui n’ira jamais vers l’explosion, préférant bifurquer, tomber brusquement à genoux pour se remettre en marche ensuite.

Le groupe reste fidèle à son parti-pris de douceur, baignant sa musique dans une réverbe cotonneuse, propice au rêve éveillé, comme un moment de lumière rasante de fin de jour.

The beauty the world makes us hope for, une certaine idée du bonheur.

https://tbtwmuhf.bandcamp.com/

 

Barré #5

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Ce webzine étant consacré avant tout à la scène locale, on va prendre comme prétexte le fait que le magazine Barré est domicilié à Saint-Etienne (pas si loin) et que deux articles se rapportent à Grenoble (encore plus près).

Barré, c’est donc un magazine – une revue plutôt –  qui en est à son 5e numéro et qui a l’ambition d’apporter une information et un point-de-vue différents. « Contre-culture, déviances et autres initiatives », dit la page de couverture. Et ce numéro tient plutôt bien son programme. La contre-culture est bien représentée avec une rétrospective sur le magazine freak (comprenez : hippie) québécois Mainmise, les comics louches de « Crime does not pay » et l’écrivain Claro. Il y a aussi une interview du dessinateur JM Bertoyas, qui, même si on ne connait pas ses dessins, est très intéressante à suivre. Des dessins bien barrés et une démarche qui n’a l’air vraiment pas conventionnelle, pour le coup. La déviance est surtout politique avec une interview de Pièces et Main d’oeuvre, collectif grenoblois critique (ha, le mot est faible) des nouvelles technologies, un démontage de la compensation écologique qui transforme la nature en monnaie d’échange et un super reportage photographique sur Hong-Kong et la révolution des parapluies (j’avais jamais vu de photos, c’est très impressionnant de voir ces autoroutes bloquées par les campements des manifestants puis nettoyées de toute trace et rendues aux bagnoles et au commerce quelques jours après). Sans oublier un petit voyage à Cuba pour voir comment on vend la révolution aux touristes. Enfin, les initiatives ne sont pas en reste : un reportage sur un savon anti-paludisme, un super article sur les alliances citoyennes – des collectifs qui réunissent les habitants d’un quartier et des militants spécialistes de l’organisation politique dans des actions directes non-violentes autour de thématiques propres aux habitants. Et enfin, une rubrique « Fais-le toi-même » explique comment fabriquer un mini-micro/capteur, le micro Piezzo.

Bon, y’a un article sur les origines du football espagnol, aussi. J’ai pas réussi à le mettre dans une des trois cases… Déviances, je pense.

En fait, un peu comme ce qu’avait entrepris L’Oeil électrique en son temps, Barré ressemble à ce que pourraient produire des punks qui auraient grandi, voyagé, fait des études et auraient assez d’argent pour s’acheter un appareil photo. D’ailleurs, en parlant de punk, c’est un de mes seuls regrets : à part des suggestions pour une « anti-discothèque idéale » des années 70, ce numéro ne comporte pas d’articles sur des groupes punks ou affiliés (Headwar dans le #2, punk texan dans le #1), qui auraient pu devenir la marque de fabrique du magazine.

Ce #5 a failli ne pas sortir, il s’en est fallu de peu, et surtout d’un financement participatif presque réussi, pour que l’initiative prenne fin, et la contre-culture et les déviances avec. Ils ont un joli site web où on peut s’abonner et commander tous les numéros, qu’on trouve aussi dans les bacs de quelques distros aux concerts.

http://barremag.info/

« Cosmos en sous-sol » (Loubatière/Messon, Pauvros/Kawabata – Cave12, 6 novembre)

DSCN2722.JPGCyril Messon est un jeune guitariste aux projets très divers, dont Noyades qui vient de sortir son album,  et son duo improvisé avec le batteur Rodolphe Loubatière attise la curiosité.

Ils joueront une assez longue pièce d’une trentaine de minutes, s’ouvrant en mode décalé/syncopé, comme souvent dans cette musique « libre » mais qui a aussi ses gimmicks, pour bientôt plonger dans un torrent de notes et de roulements.

L’énergie est là, mais on ne quitte jamais vraiment l’impression de flux ininterrompu et c’était un peu frustrant que ce flux ne se fixe jamais ou trop rarement dans une forme, si éphémère soit-elle. Alors que le duo se réclame (entre autres) du noise-rock dans sa bio, de noise-rock, je n’ai point entendu.

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Je ne pouvais pas rester longtemps pour le concert du duo suivant, Jean-françois Pauvros/Makoto Kawabata. Leur performance promettait d’être un trip dont ni la durée ni l’intensité sonore n’était connue. On savait juste que ça pouvait atteindre des dimensions cosmiques. L’ouverture sur des notes éthérées jouées à l’archet sur les deux guitares électriques semblait déjà flotter en apesanteur dans la stratosphère. Dieu sait où ils ont fini.