SLOKS : the turbo-garage interview

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You don’t need much : a gig in La Spirale in Annecy, as wild and intense as it gets, a few listenings on their bandcamp and then you realize you really like the sound that band makes. From then on, it was not difficult to get in touch with SLOKS guitar player Andrea « Buddy fuzz » and send him a bunch of questions to get to know a bit more about the Turbo-garage fury from Torino named SLOKS. Loads of thanks to Ivy Claudy (IC), Peter Chopsticks (PC) and Buddy Fuzz (BF) for answering my questions.

I found that if the line-up of SLOKS – guitar, voice, drums – was pretty basic each element has lots of personality. The singing especially is very peculiar. How did you guys meet and come to form SLOKS ?

IC : We met at an art exhibition in Torino. Andrea (the guitarist) was looking for a drummer and I (Ivy Claudy) play the drums, but Peter (the actual drummer) was faster than me ! Andrea gave me a tape of his songs that he was keeping in the pocket of his denim jacket and the following day I was in a church basement rehearsing with them.

Guessing from your strong performances on stage, I suppose SLOKS is not your first band, is that right ?

IC : I was the drummer of The Daisy Godzilla, Buddy used to play with the Wilma Strippers in the end of the 90s, Peter Chopsticks is still playing with Spareparts (funk/jazz/noise) and before Evilfish (stoner) and Contrite (postcore/noise).

The style of your drummer is pretty strong and physical, did he play in any hardcore or powerviolence band ? Or does he ? Or will he ?

BF : He likes hardcore music…

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The words and the way of singing bring about a really dark, tortured atmosphere… Who writes the lyrics ? What are they about ?

IC : I’m in charge of the lyrics, so I’m the one to blame.

Apart from SLOKS, do you have any side musical or artistic project ?

IC : Peter plays with Spareparts (funk/jazz/noise) and he is also a graffiti artist.
Right after our last gig a bunch of underground local artists came up to me asking to join in their projects. Among them, I was flattered by the collaboration offers from Jena, the Maestro of “Jene nella notte” (a radio program on Radio Blackout) and from Alex aka “the Bad People” and his electro solo project.

How is the independent/musical/artistic scene in Torino ? What are the bands, musicians or artists that we should be aware of ?

IC : We often play in Torino thanks to friends and musicians that organize gigs for us… There are many secret shows, a new fanzine Karaoke, great radio programs (Vita, morte e miracoli!), gigs and festivals… We have just been invited at the end of April for a 2 days garage festival with friends Lame.

You just have a 7’’ out that, I believe, is your first actual physical record. Previous to that, you had released 7 songs on the internet (the oneUp 10’’), 4 of which are to be found on the new record. Can you tell us a bit more about these recordings and the relationship between them ?

IC : We have recorded 7 songs at Balsamic studio, during a weekend… It has been fantastic ‘cause the sound engineer, Massimiliano Moccia, knew exactly what we wanted. The 7’’ was the quickest solution to fulfill our urge to release something.

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Photo : Gabriella Di Muro

I really like the artwork of both your digital 10’’ and your 7’’, who made them ? Is the visual identity of your band important to you ?

IC : Buddy Fuzz did everything for the 7’’ and he is in charge of the artwork for flyers, stickers and the website (and he never asks for our opinion !)
For the 10’’ we used the art of Beppe Conti.

Are you total rock’n roll / garage-punk freaks ? If you had to choose three records to introduce a friend to that music, what would they be ?

BF-PC : I don’t know what kind of freaks we are, what I think is that SLOKS is like a cooking blender, you put good ingredients, mix them up and in the end you have muddy turbogarage. I think we are very influenced by what we listen to.
So the three records could be : “Soul Food” by Oblivians, “Los Angeles” by X, “At action park” by Shellac.

What did you think of your gigs at La Spirale (Annecy) and Le Brin d’Zinc (Barberaz) ? And what about the bands you played with in Annecy : Thee Sweeders and What the fuck?

IC : It was a great weekend, Slim Guib’s and his friends/bandmates were awesome… We only have good memories and we decided to use one of the photos that Oliv (Thee Sweeders and What the fuck? member) took that evening for the back cover of our 7’’.

What can we expect from Sloks in the future ?

IC : We hope to come soon to France, my dream would be to play in August at the Freakshow Festival in Gigors.
BF : We just want to play more!16105689_365123763866500_1889596209515181348_n.png

All photos courtesy of SLOKS unless otherwise stated.

The Sloks – s/t 7″

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Ce modeste mais néanmoins classieux 7″ à la couverture sérigraphiée constitue le véritable acte de naissance discographique du trio turbogarage de Turin. Les quatre morceaux gravés sur ce bout de vinyle étaient connus, puisqu’ils s’écoutaient déjà sur leur bandcamp, mais on les découvre ici dans une nouvelle version. Son de guitare resserré et qui a pris un dose supplémentaire de fuzz, si c’était possible, et la voix d’Ivy Claudy parfois un peu davantage prise dans le mix, mais qui garde toute sa saveur acide et féroce.

Pour le reste, on retrouve les riffs de guitare échevelés, la batterie métronomique et la voix totalement déviante qui composent la formule du trio et ses compositions rock’n roll minimalistes hautement inflammables. Tank of gasoline, avec une allumette la fête est plus folle. Use me et sa rage froide droit dans les yeux. Into the mud, on se vautre dedans avec un plaisir de gorets. Et mon petit préféré, Close the door et son riff dru qui va finir par l’enfoncer, la porte. Un rock’n roll speedé, jouant la carte de la répétition, le cerveau en position off, jusqu’à la transe, la combustion spontanée.

Soit à peu près l’effet que produit en concert ce groupe dévastateur et salvateur.

The Sloks, « oneUp »

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Ce trio originaire de Turin – la porte à coté, quoi – a fait un passage remarqué à la Spirale à Annecy en septembre. Leur dernier disque, intitulé oneUp donc, est sorti uniquement en ligne. Peut-être faute de label. Les temps sont durs.

Mais The Sloks n’est pas du genre à lâcher l’affaire pour si peu. La passion tenace et le jusqu’au-boutisme transpire des 7 titres de ce qui pourrait être un 10’’. Tous taillés dans un rock’n roll garage tendu, toutes pédales de réverb et de fuzz dehors, et qui a quelque chose de minimaliste qui lui va comme un gant (une basse pointe le bout de son nez sur un des titres mais je ne suis pas sûr qu’elle rajoute grand-chose).

Mais The Sloks ne seraient pas The Sloks sans la voix d’Ivy Claudy. Une voix qui joue un jeu très particulier. Souvent plaintive, geignarde, suintant le malaise et la colère froide, elle prend à contre-pied la musique pleine d’allant. Répétitive et parfois monocorde, elle horripile, tend le nerf. Elle débite des histoires qu’on devine d’adolescence rebelle, teigneuse (Thats not me), de vengeance dans Tank of Gasoline (l’essence, matière inflammable chère au rock perturbé – que ce monde périsse par où il a pêché…). Elle atteind des sommets dans Use me, transpirant le défi, la détermination froide. On s’en est pris plein la gueule mais c’est pas pour ça qu’on va la fermer. Ni baisser le regard. Et jusqu’à exploser dans des rugissements, pris dans la tourmente d’une musique aux allures d’exorcisme.

Cette voix sévèrement perturbée imprime sa marque à la musique du groupe. Elle contraste avec les ritournelles garages, comme si un teenage movie bien inoffensif virait au carnage psychopathe sur fonds de rock n’roll endiablé. La fête est plus folle quand c’est une surprise. A certains moments, la guitare elle-même semble s’imprégner de cette folie et ce sont mes passages préférés. Elle se durcit pour dériver vers quelque chose de désarticulé. Sur la fin de That’s not me, par exemple, ou dans Close the door, qu’on pourrait carrément rapprocher du post-hardcore d’un Drive like Jehu.

Bref, oneUp est un grand disque de rock mauvais où un groupe s’approprie une forme pour exprimer quelque chose de personnel. L’essence du punk, quoi.

Et ça s’écoute ici.

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« Riot garage à l’étage » (What the fuck?, Thee Sweeders, The Sloks – La Spirale, 17 septembre)

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On continue la découverte des lieux alternatifs d’Annecy. Parfois, je me fais l’impression de faire le (fuck da) touriste de la scène annecienne, mais bon, comme les gens sont sympas et qu’ils me parlent, ça va.

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Située dans les replis d’un parking souterrain, La Spirale c’est une petite salle qui permet à une poignée de groupes de répéter et, à l’occasion, d’organiser des concerts, moyennant âpre négociation avec les voisins.

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What the fuck? est un trio batterie et deux guitares, il y a pas de basse mais, eh, mec ! On s’en fout, on joue du garage ! On pourrait taper sur des bidons, en fait. Bref, après quelques titres de chauffe, leur set s’électrise et c’est parti. Donne-moi du riff  jurassique. Donne-moi du tatapoum épileptique.

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Le batteur-chanteur a une voix de redneck morveux, tandis que celle d’Olive à la guitare est plus hargneuse. What the fuck? défendent fièrement les couleurs du wild garage rock’n roll, avec un son plutôt puissant et granuleux.

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C’était le premier concert de Thee Sweeders, un groupe où on retrouvait Olive de What the fuck? (mais dans combien de groupes ce type joue-t-il ?), visiblement tout excité d’étrenner ici son orgue sur scène.

sweeders 2.JPGThee Sweeders oeuvre également dans une veine rock’n roll, mais avec moins de gras sur la couenne que WTF ?, je dirais. Compos ciselées, chant aux mélodies tendues, rythmiques métronimiques. Une science de l’écriture classe… Ca donne envie d’en écouter plus.

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The Sloks viennent de pas très loin, de Turin, et le trio propose une version encore plus squelettique de l’orchestre – batterie, guitare, voix. Mais c’est ce groupe minimaliste qui offre clairement la version la plus tarée du rock garage ce soir.

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Si les riffs sont typés, le groupe envoie tournoyer sa musique loin, loin, loin de la rengaine couplet-refrain-couplet -pont-refrain. Un peu de la même manière que leurs compatriotes siciliens des Spritz, j’ai trouvé, bien que ceux-ci aient même pas de chant et que probablement ce soit assez différent. La chanteuse aux yeux exorbités débite de longues exhortations, où l’on sent qu’il n’est pas question de sujets jolis-jolis. Râle. Viande saignante encore chaude. Nerfs en spasmes.

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Toute à beugler ses histoires de souffrance, elle semble parfois se foutre royalement de ce que jouent ses compères, et toute la musique du groupe fonctionne sur ce décalage hypnotisant. Oublie le rock. Oublie le garage. Oublie tes étiquettes. Je sais pas ce que c’est. Je sais pas si c’est de l’art. De la thérapie pour cas ruinés ou quoi que ce soit, la seule chose que je peux te dire, c’est que c’est vivant. Et que c’est bon.

Bref…  Y se passe des trucs bizarres dans les parkings souterrains d’Annecy la nuit, moi je vous l’ dis…

Devriez faire gaffe….

PS Merci Cédric pour le disque.