« Jour de Koller » (une conversation avec Lou Koller de Sick of it all)

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Comme son groupe, qui joue avec la même ferveur devant des milliers de personnes ou pour quelques fans regroupés dans une salle, Lou Koller, chanteur-hurleur de Sick of it all, ne fait pas de différence entre les questions d’un petit fanzine ou celles d’une grosse télé. Même simplicité, même franchise. Même entrain pour faire connaître et défendre la musique et la scène de New-York. L’occasion était donc trop belle, lors leur passage à Annecy pour la tournée anniversaire des 30 ans de SOIA, de causer un peu avec ce morceau d’histoire du New-York hardcore.

Cette interview est dédicacée à Wladi et à Megablast Limoges.

Quelle est votre relation au sport ? Les groupes de New-York hardcore sont connus pour être plutôt costauds….

Exact, tout le monde est très athlétique ! Mais je suis le plus fainéant de toute cette scène ! Dans le groupe, mon frère Pete, c’est du non-stop. En tournée ou hors-tournée, il s’entraîne sans arrêt ! Greg s’entraîne aussi mais, quand on est sur la route, Pete est le seul à faire des exercices tous les jours. Moi je déteste ça, c’est trop chiant ! Mais bon, j’ai la chance d’avoir toujours été mince. Le seul truc dont j’ai besoin, c’est l’endurance. A chaque fois, quelques semaines avant de partir en tournée, c’est du genre : Eh merde, on repart en tournée, faut que je fasse quelque chose ! Et je me mets à courir et à faire des exercices. Juste un peu, je devrais en faire plus mais j’ai un petite fille de 6 ans et ça me fait bien déjà courir. Par beau temps, on est toujours dehors et même en hiver on sort jouer dans la neige, dans la boue, peu importe !

D’où est-ce que ça vient, cette prééminence du sport et de l’entraînement, dans la scène hardcore new-yorkaise ?

De la période des squatts, au tout début. On squattait dans des quartiers maintenant très agréables mais qui étaient vraiment dangereux à l’époque, avec pas mal de gangs de rues. Les gens d’Agnostic front et des Cro-mags vivaient dans des squatts et les gangs pouvaient arriver à n’importe quel moment pour les chasser du lieu. Et puis, ils y vivaient, réparaient le batîment, bricolaient l’électricité, en plus de faire face aux gangs. Je pense que c’est une idée que les gens se sont faites à partir des premières photos d’Agnostic front, des Cro-Mags ou même de Murphy’s law, qui étaient tous bien costauds. Tout le monde était à fond dans les arts martiaux…

Puisqu’on parle de la scène new-yorkaise, j’ai toujors eu l’impression que le NYHC c’était pour une part être fier de l’endroit d’où on venait, de sa communauté. Est-ce que c’est vrai et, à ton avis, d’où ça vient ?

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Hmm…, je ne sais pas si c’est quelque chose de propre à New-York. Avant il y avait la scène de Boston qui avait sorti la compil « This is Boston not L.A. » et je crois qu’ils étaient fiers de l’endroit d’où ils venaient, eux aussi. Au tout début, New-York était coincée entre la grande scène hardcore de DC et celle de Boston. Bien sûr, on avait notre propre scène mais au début elle n’était pas très connue à travers le pays. D’où la fierté lorsqu’elle a acquis davantage de reconnaissance. Nous, on a eu de la chance, quand on est venu pour la première fois en Europe en 1992, le travail de fondation avait été fait par des groupes comme Agnostic front ou les Gorilla biscuits, qui n’étaient pas très connus mais qui se démenaient pour faire un maximum de tournées. Et tout le monde se demandait « Cest quoi ce nouveau style, le New-York hardcore ? » On a vraiment eu de la chance, parce que quand on est venu, tout le monde était intéressé par le hardcore de New-York. Et donc, on s’en est réclamé parce que c’est de là qu’on venait aussi. Parfois les gens disent « Vous êtes les rois du New-York hardcore » mais nous, on veut être les rois de rien du tout ! On voudrait être les ambassadeurs du New-York hardcore. On a ouvert pour des groupes de métal, pour Slayer, pour Exodus, on a tourné avec les Bosstones (Mighty-Mighty Bosstones, ska-punk NDLR) parce qu’on veut que le monde voit ce qu’on aime. Donc, je ne pense pas que ce soit propre à New-York. C’est comme le foot : les gens sont fous de l’équipe de leur ville mais ils soutiennent aussi leur équipe nationale.

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A ton avis, est-ce que c’est lié aussi à l’origine sociale des gens investis dans la scène hardcore ? Quelque chose de lié à des origines ouvrières ?

Les origines des gens étaient assez variées. Surtout une fois que la scène est devenue assez connue, elle a attiré pas mal de gamins. Moi par exemple, je viens de la banlieue, du Queens où la scène punk et hardcore était énorme. Les Ramones venaient de là-bas et des groupes comme Murphy’s law et Leeway aussi. Une bonne partie des membres de Reagan youth venaient du Queens. Puis, on a tous migré vers Manhattan, où se passaient vraiment les choses. Même là, c’était « Sick of it all, les mecs du Queens » et puis c’est juste devenu le hardcore de New-York. C’est étrange mais oui, je dirais que ça a à voir avec la culture ouvrière. Mais bon, il y en a qui venaient de familles aisées, comme les mecs de Youth of today, qui étaient du Connecticut – Youth of today, un groupe emblématique du New-York hardcore !

Vous jouez dans beaucoup de gros festivals maintenant. Est-ce que vous jouez souvent dans des salles plus petites et qu’est-ce que tu préfères ?

J’aime les deux ! J’aime vraiment le défi de jouer dans de gros festivals, d’essayer de capter l’attention de 10 ou 20 000 personnes et de les ouvrir à ton style de musique. Mais les clubs c’est parfait, tu sais que c’est 90 % de fans et que ça va être l’éclate. Sur une tournée comme celle-ci, on fait 3 petits concerts, puis le Hellfest, le Graspop et retour aux petits clubs.

Donc vous n’êtes pas frustrés de plus petites salles ?

Non, non, pas du tout. L’année dernière, on a joué au Secret spot (Je crois qu’il s’agit en fait du Secret place NDLR) à Montpellier. La scène était minuscule et le concert incroyable. Des gens juste devant toi, qui te rentrent dedans. Génial.

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Ma prochaine question nous fait pas mal remonter dans le passé. Je me rappelle que vous aviez fait un débat à la radio de l’université de New-York* avec les gens de Born against, tu t’en rappelles ?

Ha ha ha, tu parles si je m’en rappelle !

…et j’ai lu que, même si vous n’aviez pas la même vision des choses, tu étais d’accord sur certains points. Je me demandais sur quoi exactement ?

Mais je l’avais dit même à ce moment-là ! Je comprenais ce qu’ils voulaient dire mais ils refusaient de comprendre notre point-de-vue ! Dans Sick of it all, à l’époque, on bossait tous et certains d’entre nous travaillaient et allaient à l’école en même temps. Et ils nous disaient « Vous devriez fonder votre propre label ! » Putain, quand est-ce que j’aurais eu le temps ? Faut que je paye le loyer, que j’aille au boulot, j’ai pas le temps de faire un label ! Peut-être, avec le recul, qu’on aurait dû créer notre propre label, peut-être qu’on aurait dû tout faire nous-mêmes, on aurait probablement gagné beaucoup plus d’argent ! Peut-être… on sait pas ! Mais bon, on travaillait toute la semaine et le vendredi on empilait le matos dans le van, on conduisait 5 ou 10 heures : concert. Le samedi : concert. Le dimanche : concert. Retour à la maison le dimanche soir. Lundi matin : retour du matériel, et direct au boulot. On a fait ça pendant des années ! Alors, quand quelqu’un est venu et nous a proposé de sortir nos disques, on a dit oui, bien sûr. Mais je comprend ce qu’ils voulaient dire… Tu sais, c’est marrant parce que, des années après, l’un d’entre eux, je ne me rappelle plus qui, a dit dans une interview « On avait nos convictions et ils avaient les leurs mais, hey, Sick of it all continuent à jouer et ils tournent plutôt pas mal donc je suppose qu’ils ont gagné. » Mais gagner, c’était pas le but ! C’était plutôt de comprendre les points-de-vue de chacun !

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A propos de New-York, c’est une ville qui avait la réputation d’être très violente autrefois et qui est aujourd’hui présentée comme une des plus sûres des Etats-Unis, qu’en penses-tu ?

C’est vrai dans une certaine mesure. Il y a toujours du crime mais ça a bien diminué. Mais c’est à double-tranchant : ils nettoient la ville mais elle perd beaucoup de sa personnalité. Une ville cool n’est pas obligée d’avoir des dealers à chaque coin de rue, des agressions et des gangs, mais ce sont les grosses entreprises qui ont pris la place. Il y avait beaucoup de petits restaurants (« Mom and pop restaurants » NDLR) et maintenant c’est beaucoup de grosses chaines et moi, j’en ai rien à foutre de ce genre de trucs. Je vais très rarement à Manhattan aujourd’hui, je vis dans le New-Jersey. Je vais dans le Queens, à Brooklyn, mon ancien quartier, c’est toujours comme avant. J’ai de bons amis qui ont vécu dans leur appartement à Brooklyn pendant des dizaines d’années et qui ont été obligé de partir plus vers l’extérieur parce que le quartier s’embourgeoise (« is getting gentrified » NDLR). C’est ça le progrès, je suppose (rires).

Si tu avais un ami qui venait à New-York pour la première fois, quels sont les endroits que tu lui conseillerais ?

Je pense que je conseillerais toujours Manhattan. Même si c’est bizarre parce qu’aujourdhui je connais des magasins de musique hors de New-York qui sont bien meilleurs que ceux de Manhattan. Vers le Bronx, il y a un endroit qui s’appelle Hastings-on-Hudson et il y a un magasin de disques, Clockwork records, tenu par un gars qui était dans la scène. Il était toujours avec nous et son magasin est un des meilleurs de New-York ! Mais bon, il y a toujours la boutique New-York Hardcore Tattoos et encore quelques magasins de disque dans le centre mais en ce qui concerne les clubs, tu ne peux pas te tromper avec le Webster hall, l’ABC No Rio qui fait toujours des concerts hardcore en sous-sol… Mais ils déménagent bientôt, le bâtiment a été acheté.

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As-tu un groupe français préféré ?

Un groupe français ? Oh… Je les connais pas assez… On en voit tellement… (Il cherche, il cherche…) Ah, j’aime Black Zombie Procession ! On les a rencontrés l’autre soir, ils nous ont donné des CDs et c’était vraiment bien ! Super crossover !

Vous avez pas mal de morceaux aux influences punk-rock. Est-ce-que c’est une direction dans laquelle vous allez vous diriger de plus en plus ?

C’est quelque chose qu’on joue depuis des années et des années ! Depuis le tout début même, dans le premier album : Friends like you, Give respect étaient influencées par le punk et la Oï qu’on adore, tout comme le harcore et le métal ! Les gens nous disent souvent : vous devriez écrire plus de titres avec des choeurs comme Stepdown ou Die alone et d’autres veulent plus de trucs lourds comme Scratch the surface. On vient de faire un nouvel EP pour le 30e anniversaire, 5 morceaux, plus orientés lourd, mais avec des refrains Oï. Donc ça reste toujours avec nous ! Les gens nous disent : regardez Hatebreed, c’est que du lourd et toute la salle devient dingue ! Mais nous, en concert, on a des supers réactions sur nos morceaux lourds et quand on fait nos singalongs, la salle explose ! Et ça, on pourra jamais s’en passer ! Mais je vois ce que tu veux dire… Pete écoute de plus en plus de punk, je sais pas si c’est parce qu’il vieillit… C’est un peu flippant : parfois il joue des trucs, je lui demande ce que c’est et en fait c’est des nouveaux morceaux vraiment punk. Mais quand il arrive au studio, il a toujours plein de riffs lourds aussi. Moi, je préfère les trucs lourds ! (rires)

Je pensais à Agnostic front, en fait, qui ont l’air d’aller de plus en plus dans cette direction…

Le truc avec Agnostic front, c’est que « Victims in pain » est tellement un classique. Pour moi, c’est ça Agnostic front. « Cause for alarm » était bien mais c’était un tel changement. Ils sont comme nous, des dizaines d’années à trouver le bon équilibre entre le lourd et les influences plus punk. « One voice » était un super disque et puis ils ont quasiment viré total street-punk et c’était classe. Et ils se sont remis à faire des morceaux plus lourds et je trouve que ça fonctionne bien aussi. Nous aussi, on a eu des périodes, plus punk-rock quand on était sur Fat Wreck, puis plus lourd… Mais bon, je crois qu’aujourd’hui, on est revenu à ce qui nous convient le mieux !

 

* Ce débat opposait entre autres des membres de Sick of it all à ceux de Born against, qui prônaient une approche beaucoup plus politique et radicale de la musique, refusant de fontionner à l’interieur du capitalisme. En France, Born against et la philosophie Do it yourself radicale inspireront notamment toute une scène autour de Stonehenge records.

Les photos de cette interview sont l’oeuvre de Karine, merci ! Cette interview est une collaboration avec le chouette webzine Rictus.

 

« Plongée en sono profonde » (INTERVIEW L’Orchidée cosmique)

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Avec deux premiers enregistrements disponibles sur internet, des concerts à un rythme soutenu, L’Orchidée cosmique est un projet qui commence à affirmer son identité singulière dans le paysage musical annecien. Il était temps de rencontrer Florian, l’homme derrière le one-man band cosmique Ce fût chose faite lors de son concert à la Brasserie pirate, étape d’une tournée de 8 dates à travers la France au printemps 2016.

Depuis quand le projet L’Orchidée cosmique existe-t-il ?

J’ai commencé à faire des concerts en octobre 2015 et j’avais mis une année à le préparer : apprendre un peu de MAO pour les parties batteries et construire un petit set !

Quelle est ta méthode de composition ? Est-elle différente d’un groupe classique ?

Je fonctionne pas mal au riff qui me plait et que je fais tourner avec le looper, sur lequel je vais essayer plusieurs sons, plusieurs thèmes, des samples à certains passages… Et puis, les parties batteries sur Qbase m’imposent un peu une structure, sur laquelle je vais broder.

Quelle était ton envie au départ de ce projet ?

De jouer, déjà (rires) ! J’avais envie d’un truc un peu plus noise que l’autre groupe dans lequel je joue (From asylum, NDLR), plus typé métal. Quelque chose qui puisse vite être monté en live, avec pas trop de matos. J’ai pris la basse, alors que je suis guitariste à la base, parce que je trouvais le son chouette avec le fuzz.

Orchidée 2 rictusEst-ce que ce projet t’as permis d’explorer d’autres aspects techniques ?

Les effets, j’étais déjà bien dedans en tant que guitariste. La MAO, je m’en servais pour enregistrer des riffs mais un pote bien calé m’a aidé et appris beaucoup de choses.

Tu as l’air de beaucoup jouer, est-ce que tu peux nous parler des concerts que tu as faits ? Est-ce que le fait de faire un one-man band te permet de jouer plus et peut-être dans des endroits insolites ?

Oui, je passe pas mal de temps à chercher des concerts ! Et quand on cherche, on trouve ! Déjà, je n’occupe pas la place d’un groupe standard, la configuration est assez mobile. Donc, le fait d’être tout seul aussi, autonome avec mon matériel, je pense que ça aide à trouver des concerts C’est vrai aussi que, comme je n’ai pas de batterie accoustique, je peux jouer à n’importe quel volume. Pour l’instant, j’ai joué dans des bars ou des salles. Le projet est assez récent, je n’ai pas de recul mais c’est vrai que je pourrais jouer dans des appartements. Si j’ai une prise de courant, je peux jouer un peu partout.

D’où t’est venu ce nom, l’Orchidée cosmique ?

Au début, j’étais parti sur un livre de Cousteau, qui s’appelle L’Homme, la pieuvre et l’orchidée. Et puis, pour ne pas avoir de souci plus tard et aussi pour que ce soit plus personnel, j’ai tranché pour l’Orchidée cosmique. Cosmique, par rapport à la musique que je fais, les sons blindés de delay, qui partent un peu dans tous les sens.

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L’ochidée, c’est aussi une plante qu’on trouve en montagne. Est-ce-que le fait d’habiter à Annecy, dans les Alpes, a une influence sur la façon dont tu conçois la musique ?

(Il hésite.) Non, je ne pense pas… Mes influences, c’est plutôt la musique que j’écoute, ou alors des personnes, des collègues à la salle de répète, des concerts…

Je sais que tu vas voir pas mal de concerts. Est-ce qu’il y a des concerts que t’as trouvés géniaux, récemment ou pas ?

Effectivement, entre les concerts que je fais et ceux pour l’asso à laquelle je donne un coup de main sur Chambéry (Minimal chords, NDLR), je vois pas mal de choses. Il y a un one-man band que j’avais trouvé super, c’était Gull. Il a juste une grosse caisse, une caisse claire, un charlet, un looper je crois et des effets, et un masque. Il chante dans le masque, le micro est intégré dedans. Je connaissais pas plus que ça et, en live, c’était vraiment hallucinant.

Et, sur Annecy, as-tu l’impression de faire partie d’une scène ?

(Nouvelle pause.) Non, pas trop… Je ressens plus ça sur Chambéry, avec l’asso Minimal chords. Je sais pas… Il y a peut-être plus de groupes…

Est-ce-que tu es intéressé par l’idée d’une scène alternative ? Est-ce-que ça signifie quelque chose pour toi ?

Là, tu me parles du côté alternatif dans la musique ou du mouvement alternatif ?

Je sais pas, selon ce que ça signifie pour toi…

Je trouve que c’est un principe d’échanges artistiques parce que dans ce lieux-là, en génral il n’y a pas que des concerts, il y a des expos, vidéos, projos… Et puis souvent c’est accessible, avc des entrées en prix libre, etc. Donc, c’est un bm moyen pour découvrir autre chose que de la musique… Voilà ce que ça évoque pour moi !

Tu joues pas mal de musique mais comment survis-tu dans la vie de tous les jours ?

Je fais pas mal de musique, effectivement. J’ai fait des études de chaudronnerie, mais ça m’a jamais trop plu. Je donne des cours de guitare, j’ai travaillé dans un magasin de musique aussi, pendant 5 ans. Après, j’ai eu l’opportunité d’aller à Nancy pour étudier la musique dans une école. J’ai trouvé le taf dans le magasin de musique juste après. Ca m’a permis de rencontrer pas mal de monde. Tout tourne un peu autour de la musique. J’essaie de faire un peu de sport pour calmer le jeu (rires) !

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Tu es guitariste mais est-ce que tu as d’autres centres d’intérêt musicaux ?

Oui, la MAO, ça m’intéresse de plus en plus. Je trouve pas mal de choses qui pourraient être exploitées, des sons de claviers, autant sur des claviers maîtres que sur des machines à bidouiller.…

Quels sont les groupes d’Annecy que tu pourrais recommander ?

Ouh la, c’est dur, ça ! Ben… il y a les Komodo… Nevraska, c’est super cool. Et puis, il y a L’Epouvantail, aussi, en metal.

As-tu des projets d’enregistrement ?

Oui ! Par contre, je vais prendre mon temps pour le faire. J’ai deux titres dans le set qui n’ont pas été enregistrés. Je vais attendre d’en avoir cinq ou six pour sortir quelque chose, en physique cette fois. J’ai rien de pressé en disque pour l’instant, tout est sur le net. Donc voila, c’est en projet !

Pour conclure, tu veux rajouter quelque chose ?

Peut-être inciter les gens à aller aux concerts ? On découvre des trucs, on rencontre des gens et on passe de bonnes soirées !

https://lorchideecosmique.bandcamp.com/

Interview : TUCO

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Des gros riffs qui tournent en boucle, façon Panzer division, striés parfois de fulgurances où l’atmosphère se fait changeante et les accords inattendus… Ce que j’avais entendu de Tuco m’avait bien mis les crocs. Un concert – manqué –  à Urgence disks le 25 février dernier et la petite vidéo qui allait avec n’avaient fait qu’aiguiser cette frustration. J’ai donc décidé d’envoyer quelques questions au jeune groupe suisse originaire de Duillier, histoire d’en savoir un peu plus…

Vous avez enregistré un EP en 2009/2010. Qu’est-ce qui s’est passé pour vous depuis ?

Laurent (basse, voix) : Ouais, ça fait un peu groupe de branlos tout ça… En fait, le timing n’aurait pas pu être beaucoup plus mauvais que ça. On l’a enregistré en août 2009, et je partais voyager avec ma copine pour 9 mois en septembre. Quand je suis rentré de voyage, Michel (guitare) décidait de partir pour travailler à Zürich, où il est resté 3 ans environ. Bon, lui n’a pas chômé là-bas, car il a vite rejoint Gletscher (post-rock), où cette fois il jouait de la batterie. Quand il est revenu, on s’est tout de suite dit qu’on allait reprendre Tuco, mais cette fois-ci c’était Patoche, notre batteur à l’époque de l’enregistrement, qui n’était plus de la partie, maintenant il fait bouger des culs dans Lord Makumba, un groupe d’afro-beat basé sur Genève. Du coup, on a demandé à Seb (batterie) de nous rejoindre. On le connaît depuis toujours et il venait de quitter Mumakil pour des raisons de problèmes récurrents au poignet. Ça a pris un peu de temps pour qu’il puisse se remettre à jouer normalement, mais maintentant ça roule nickel. Du coup, on s’est remis à composer et à répéter régulièrement, et on espère que ça va continuer comme ça!

Tuco, c’est le personnage d’une série, je crois. Pouvez-vous nous en dire un plus sur le choix de ce nom et cette inspiration ?

Laurent : Ah ouais, c’est le narcotrafiquant dans Breaking Bad. En fait, quand on a commencé la série n’existait pas encore. Tuco, c’est plutôt un double hommage: premièrement, c’est le personnage « The Ugly » (le truand) dans le film de Sergio Leone, on s’est dit que ce bandit mexicain dégueulasse, ça correspondait assez bien avec notre musique. Ensuite, c’est un hommage au groupe Keelhaul qui nous a beaucoup influencés, où Tuco est le nom de la première track de leur premier album.

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Pour vous, cette musique, c’est juste de la musique ou y a-t-il également un esprit et des idées ?

Laurent : Bon c’est clair que c’est la musique qui importe le plus. En fait, au début on avait commencé en groupe instrumental avant qu’on ne se rende compte qu’il manquait quelque chose, la voix. Je me suis fait désigner volontaire et dans la composition on pense à la voix en termes de « Ah ouais, ce serait bien d’ajouter du chant sur cette partie bourrine », sans aller beaucoup plus dans les détails. Pour revenir aux idées, nous n’avons jamais pensé à Tuco comme un vecteur pour promouvoir des idées. Par contre, il est à mon avis impossible de ne rien laisser transparaître de ce qu’on pense ou ressent, et quelque part cela se retrouve dans notre musique. En fait, on ne cherche ni à cacher ni mettre en avant certains aspects de nos personnalités. Ce que l’on recherche, c’est créer des émotions quelles qu’elles soient chez nos auditeurs. Tuco est un espace où chacun d’entre nous peut se laisser aller, ce qui la plupart du temps signifie raconter des blagues moisies entre les morceaux.

Le visuel de votre EP fait un peu penser à l’esthétique communiste ? Qui l’a réalisé ?

Laurent : Ah ouais, merci, en fait je ne l’avais jamais vu comme ça. C’est Manon Roland (http://www.manonroland.ch/), une copine illustratrice qui l’a fait. Elle est super talentueuse et fait plein de trucs : illustrations, graphisme, animations. On lui a donné carte blanche, on voulait juste que celà représente le côté brut, sans fioritures de notre musique. On a été super contents du résultat. Je vais lui dire, cela lui fera plaisir.

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Et en passant, que pensez-vous de l’idée du communisme ? Etes-vous à l’aise dans la société, disons, libérale et matérialiste dans laquelle nous vivons ?

Laurent : Alors l’idée du communisme est bonne, mais se base sur une conception assez optimiste de l’être humain où tout un chacun réalise que le bien commun s’aligne avec le bien individuel. Je ne pense pas que l’humain ait atteint un tel niveau de développement, à mon avis les intérêts personnels primeront toujours sur le bien commun, même si le système global en pâtit. Comme tu le vois, je ne suis guère optimiste, mais c’est mon avis personnel. Après, au niveau de la mise en application du communisme, le tableau est absolument accablant, avec des privations de libertés inacceptables. Si tu regardes maintenant, la plupart des pays qui ont un régime officiellement communiste au pouvoir pratiquent le libéralisme économique, et ne gardent que le régime totalitaire en tant qu’état-flic (je pense notamment à des pays comme la Chine ou le Vietnam, dont je suis originaire).

Après, je ne suis pas fan de la société ultra-libérale dans laquelle nous vivons. Lire que les 60 plus riches possèdent autant que la moitié de la population la plus pauvre fout clairement les boules. Après, on se rend compte du bol immense d’avoir grandi en Suisse, où la liberté de penser et de s’exprimer est généralement garantie, où on bénéficie d’une éducation de qualité et des perspectives personnelles et professionnelles. Dans ce contexte, je me vois mal cracher dans la soupe, même si nos privilèges ont un coût pour le reste de la planète. À la fin, la chance que nous avons de vivre dans cette société est que nous pouvons faire des choix, ce qui au niveau global est un luxe.

Comment s’est passé votre concert à Urgence disks ? Avez-vous apprécié de jouer dans ce lieu ?

Laurent : Alors oui c’était super. Damien d’Urgence Disk a été hyper-classe : nous a invités, nous a fait la promo, nous a nourris, nous a filé des bières, nous a filmés et nous a encore donnés l’argent des entrées.

Quels sont vos projets ?

Laurent : Dans l’immédiat, notre but est de donner le plus de concerts possible et de continuer à progresser et composer. D’ici la fin de l’année, on aimerait bien enregistrer les nouvelles compositions (EP ou LP, à voir).

Merci beaucoup ! Voulez-vous rajouter quelque chose ? Une petite blague ? Un message qui vous tient à coeur ?

On ne dira qu’une chose : Le général est arrivé à pied par la Chine mais Superman a une bouille incroyable.

https://tuco12666.bandcamp.com/releases

« Aujourd’hui la salle de répète, demain l’univers. » (Interview Happening)

 

Rencontre avec Anthony (guitare/chant), Bastien (batterie) et Martin (basse) : les hommes derrière la boule de nerfs dont le nom est Happening.

 

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Martin, Bastien et Anthony avant leur concert à Chateau rouge

Pouvez-vous me parler un peu de ce que vous avez fait avant Happening ?

Anthony : J’étais dans un groupe qui s’appelait Arteries Shaking avec Martin. Au départ, Happening, c’était Bastien et moi, on écrivait des morceaux, on s’essayait à de nouvelles choses. Puis on a demandé à Martin de faire la basse.

Bastien : Moi, j’avais un groupe de pop-punk, Pin-Up explosion. Des chansons de skateboard… En fait, on s’est connu à l’école de musique. À la base, Anthony et moi, on faisait des reprises de Rammstein (rires)…

Anthony : Puis à un moment on s’est dit qu’il était peut-être temps de faire quelque chose de concret, on a proposé à Martin de nous rejoindre et c’est comme ça que c’est né.

Vous considérez Happening comme votre projet le plus sérieux ?

Anthony : Clairement. Les autres projets étaient sérieux mais on a appris grâce à eux et on essaye de faire le moins d’erreurs possibles – même si on en fait malgré tout, mais moins qu’avant, peut être de manière plus réfléchie. Je pense que c’est le projet sur lequel on va le plus loin, sur lequel on se dévoile et sur lequel on s’investit pour de vrai.

 

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Interview Happening – Tom à la captation (Photos DR Geoffrey Martin)

 

Vous venez de sortir un album. Pouvez-nous dire un peu dans quelles conditions ça s’est fait ?

Anthony : Il est sorti via Send the wood music, un label de Montpellier, qui a sorti d’autres groupes très cools, genre Gnô, un des groupes dans lequel jouait avant Christophe Godin. On les a connus par le biais d’Arteries Shaking. On leur a proposé de sortir l’album et ça s’est fait. Il est distribué par toutes les plateformes connues, style Itunes, Amazon, Spotify, toutes ces saloperies qui ne servent à rien à notre échelle (rires) ! Si vous voulez acheter un album physique, faut venir nous voir jouer, ou le commander sur le shop du label, ou sur le nôtre !

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre lien avec le Brise-Glace ?

Anthony : On les avait rencontrés avec Arteries shaking. Pour moi, on s’en est fait des amis, des alliés… C’est grâce à eux qu’on joue aujourd’hui. On a enregistré les voix de notre premier EP chez eux, des bonus acoustiques, ils nous ont suivis, nous ont placés sur certains plans. On a retravaillé avec eux pour l’album et on a fait une résidence récemment, avec Tom, qui est l’ingé-son sur les plans comme aujourd’hui. C’est clairement notre salle de coeur !

Bastien : Concernant le boulot de résidence, on a surtout bossé sur le son du groupe, sur des plateaux qui en valent la peine, avec du vrai matos et surtout avec Tom.

Anthony : J’ajoute que quand on parle de « plateaux qui en valent la peine » c’est juste qu’il y a des salles qui permettent plus de choses que d’autres, qui demandent plus de travail. Mais, tous les plateaux en valent la peine. Jouer dans une cave est tout aussi important que faire une grosse SMAC. L’important, c’est les gens… Comme disait Bastien, on a passé du temps à bosser sur le son, sur l’identité du groupe. A travers le matériel, il faut arriver à un son qui sonne un peu comme si on jouait dans notre salle de répète, en plus travaillé évidemment. On cherche un rendu qui nous ressemble, qui ressemble au dernier disque qu’on a sorti.

Est-ce que vous pouvez avoir l’impression d’être formatés dans ces résidences, d’une manière ou d’une autre, d’avoir une pression par rapport à ce que vous aviez envie d’amener ou d’être ?

Anthony : Si on ne connaissait personne, on se serait peut-être sentis dépendants, on aurait peut-être cherché à se comporter comme comme on nous demandait de nous comporter mais là c’est pas du tout le cas. Si on a envie d’aller fumer un clope et de rien faire pendant dix minutes, personne va nous emmerder. Ce sont des collègues, des copains, du coup quand l’un a envie de faire une pause, l’autre a aussi envie, et quand l’un a envie de bosser, ben l’autre, c’est pareil. Il n’y a aucune contrainte… Dans la mesure du raisonnable évidemment. Là-bas, on se sent toujours à la maison. Les conditions sont chouettes et personne ne nous a jamais mis la pression. Je pense que c’est pour ça que ça se passe si bien.

 

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Interview Happening – Finalement, c’est un double Tom

Sur votre site, vous décrivez votre groupe comme « alternatif ». En quoi est-ce que vous êtes alternatifs ? Le punk, ça signifie quelque chose, pour vous ?

Bastien : Les deux formations qu’on avait avant étaient deux groupes punk, pop-punk ou autre…

Anthony : Le punk, nous concernant, c’est plus une énergie qu’on essaie de garder dans nos morceaux qu’un style.

Bastien : On se décrit « alternatif » parce qu’on ne sait pas… Aux yeux de nos grands-parents, on fait du hard-trash-metal-extrême-etc et aux yeux des mecs qui font ça, on fait de la pop. (rires)

Anthony : Dès le départ, on s’est dit qu’on ne voulait pas d’étiquettes, on ne se ferme pas de portes. Si on écrit quelque chose qui ne colle pas esthétiquement à ce qu’on a fait avant, on s’en tape. Quand je regarde les affiches à l’étranger, il y a rarement de style, c’est juste un nom et puis basta. Si les gens veulent savoir ce que c’est, ils vont écouter. Sur notre site, c’est « post-hardcore alternatif », on a rien de post, rien de hardcore et rien d’alternatif. Pourquoi on a mis ça ? Je ne sais pas ! C’est peut-être ce qui s’en rapproche mais, dans l’absolu, on s’en fout. On joue de la musique. On n’a jamais voulu rentrer là-dedans… Si un jour, on veut rapper sur un morceau, on le fera. C’est pas pour autant qu’on se considérera comme groupe de rap ! C’est triste, ce besoin de ranger les groupes dans une case.

Y a-t-il des groupes qui vous tiennent particulièrement à cœur ? Qui vous ont inspirés pour faire ce que vous faîtes, même au-delà de l’inspiration musicale ?

Martin : On écoute plein de trucs. Pas forcément reliés à ce qu’on fait…

Anthony : Martin écoute du rap français ou US en plus d’écouter les mêmes trucs que nous… plus on passe de temps ensemble, plus j’apprécie aussi.

Martin :Moi, j’aime les textes, aussi. Quand j’écoute des groupes comme Norma Jean, ça me parle…

Je pense qu’on s’inspire de toutes les musiques qu’on écoute, on ne compose pas forcément dans tel ou tel esprit. On laisse aller.

Anthony : Le fait de faire quelque chose qui ne parle pas forcément à tout le monde vient sûrement de ça. On se nourrit d’un tas de trucs différents. Après, s’il y a un groupe auquel on nous compare très souvent, c’est Thrice. J’en suis plutôt fier parce que c’est un de mes groupes préférés, même si je n’ai jamais eu l’impression de m’inspirer d’eux pour composer, c’est peut-être inconscient.

Vous êtes contents de jouer avec Therapy?

Bastien : Moi, je ne connaissais pas avant mais on est content parce que c’est des gros papas avec une carrière remarquable. C’est cool de jouer avec des pointures comme ça.

Anthony : C’est après avoir accepté la date qu’on a découvert qui était Therapy ?, qu’on s’est rendu compte de la notoriété qu’ils avaient, de l’impact qu’ils ont eu sur d’autres générations. On est contents et fiers. Il n’y a pas si longtemps on était dans notre salle de répète à envisager de fonder un groupe et aujourd’hui on nous demande de faire la première partie de Therapy? dans une super salle, dans des conditions qui sont tops. A notre petite échelle, c’est hyper motivant. On est juste ravi. Merci Château Rouge ! Bisou Therapy? !

Est-ce que vous avez d’autres activités autour de la musique ou en lien avec ce milieu-là ?

Martin : Moi, je suis président de la MJC d’Aix-les Bains, là où on répète.

Anthony : On a pas peur de dire que chez nous, il se passe pas grand-chose à l’exception d’un gros festival et d’un événement sur une semaine que notre mjc organise. Sinon, il se passe rien du point de vue de la musique rock. Du coup, Martin a voulu s’impliquer pour essayer de faire changer les choses, les avis, les préférences. Même si évidemment, il n’y a pas que le milieu de la musique à faire évoluer. Encore une fois, à notre petite échelle, on tente des trucs.

Bastien : Je fais de la vidéo, de la photo et du graphisme. Tout ce qui tourne autour de ça.

Anthony et Bastien : C’est lui qui a fait la pochette de l’album, nos clips avec parfois une aide extérieure, nos visuels pour un peu tout ce qu’on fait. Faut le dire, même s’il n’ose pas se mettre en avant. (Rires)

Bastien : Et puis, je vais parler d’Anthony – vu que lui parle de moi -, lui, il sait se servir de Protools maintenant (rires). Il a fait les guitares et les basses de l’album chez lui… On a tous un peu développé des compétences pour faire avancer le groupe et celle-ci nous permettront peut-être d’évoluer en dehors également.

Anthony : Faire les choses nous-mêmes, ça nous permet d’économiser de l’argent et d’arriver à un résultat qui nous plaît vraiment. Plus le temps passe et plus on devient autonome, j’espère qu’à terme, on n’aura juste besoin d’un petit groupe de gens autour de nous avec qui tout gérer.

Pour revenir à Aix-les-Bains, est-ce qu’il y a d’autres groupes dont vous vous sentez proches et dont vous voudriez parler ? Est-ce que vous faîtes partie d’une scène ?

Martin : Il y a quelques groupes sur Aix-les-bains, mais pour trouver des gens qui ont des goûts musicaux et des ambitions qu’on partage un peu, c’est plus sur Lyon. Il y a Directors Cut, avec qui on a déjà joué et avec qui on rejouera.

Anthony : Ils avaient ouvert pour nous pour la sortie de l’album, avec d’autres potes, du nom d’Above the North, c’est un groupe de melodic-hardcore de Lyon. Il y a aussi Tusk qui vaut bien le coup.

Bastien : Y’a aussi Space fisters, j’étais en musique étude avec eux, qui se bougent le cul pour faire du son.

Est-ce que vous lisez des fanzines ou des blogs ?

Bastien : Euh, j’avoue que…

Martin : Un peu Altnews ou quand on parle de nous, mais pas trop au courant non plus…

Bastien : Plutôt les pages Facebook…

Anthony : Moi, par contre, je lis un tas d’articles, que ce soit des petits fanzines ou des gros sites. Pas un site en particulier mais un peu tout ce qui passe, si un titre me plaît, je lis. Je passe du temps là-dessus. C’est peut-être un peu plus mon rôle dans le groupe… Puis ça fait des histoires à raconter. Parfois trop. (rires)

C’est quoi, vos projets pour la suite ?

Anthony : Faire un concert sur une autre planète, pour l’équipe de Stargate SG-1. (Rires)

Bastien : On booke une tournée pour le mois de février., avec un groupe anglais, Kidbrother. Puis ensuite tourner le plus possible…

Anthony : On veut aussi faire un max de clips. Diffuser nos morceaux par le biais de la vidéo, parce que c’est plus intéressant qu’un simple fichier audio. Et puis à terme, refaire un disque… mais pas tout de suite, hein.

Martin : Le projet, c’est de devenir les maîtres du monde ! D’aller le plus loin possible.

Anthony : D’aller là où on veut aller, essayer de séduire les gens pour que notre vie tourne autour des concerts, des tournées… et essayer d’être fiers de ça quand on sera vieux, ou morts.

Anthony, j’ai vu que tu avais un projet qui s’appelle Mental Jail…

Anthony : C’est un duo accoustique, un peu plus accessible qu’Happening en terme de style, avec Anthony Arbet qui était un membre d’Arteries Shaking. On va enregistrer prochainement. J’y crois vraiment, je suis assez content de ce qu’on fait tous les deux. C’est deux guitares acoustiques, un pedal-board et deux chants. Bastien va s’occuper de tout le visuel et Martin écrira peut-être des textes pour nous. Qui sait ? C’est un truc qui me tient à coeur et je pense que mes frangins d’Happening en feront partie d’une certaine façon…

https://happening.bandcamp.com/

PS Cette interview est la suite de ma collaboration avec Rictus (http://rictus.info/aujourd-hui-la-salle-de-repete.html) – il y en aura probablement d’autres ! – et toutes les photos sont copyright Geoffrey Martin. Merci à lui ! (http://www.geoffrey-martin.com/)

Interview : « Jean-Christophe Rabiller, Minimum trip »

visuel titre 1

Jean-Christophe est un drôle de gars et j’aime bien les drôles de gars. Il vît assez simplement à Grenoble, où je l’ai rencontré en faisant du ski de rando, et a la particularité de passer une partie non négligeable de l’année de l’autre côté de la terre, lors d’expéditions en kayak gonflable bricolé avec un budget minimal. Il écrit, photographie et filme ces voyages et il a également pratiqué la peinture. Et ici, il répond donc à mes questions, plus ou moins.

Pourrais-tu nous faire l’historique de tes expéditions ?

Ca a commencé par un gros but ! J’avais en tête de faire le tour de l’atoll de Rangiroa en Polynésie française et je me suis aperçu, sur place, que mon matos était pas au point, je me suis blessé et, donc, je n’ai pas fait le tour de l’atoll. Mais je suis revenu un ou deux ans plus tard et ça a été ma première expédition : le tour de l’atoll de Rangiroa sur un kayak gonflable.

J’ai mis un peu moins de trois semaines, dans des conditions extraordinaires. Seul avec le sable blancs, les cocotiers, les îles – y’a à peu près deux cents îles autour d’un lagon, pratiquement inhabitées – l’eau turquoise, les oiseaux. J’arrivais sur des îles totalement improbables encore plus belles que les plus belles cartes postales du coin. C’était il y a sept ou huit ans, je n’arrive plus trop à me rappeler.

C’était avec un kayak que je n’avais pas construit moi-même. Petit à petit, dans les expéditions qui ont suivi, j’ai mis au point un kayak.

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La deuxième expédition que j’ai faite, c’était à Madagascar, avec un kayak gonflable que j’ai construit moi-même, mais à partir d’une housse préexistante dans laquelle j’ai mis quatre boudins gonflables indépendants. C’est pour une question de sécurité – comme ça si dans une traversée, tu as un boudin qui se dégonfle, il en reste trois. D’ailleurs, j’ai eu ce problème aux Fidji, à cause d’une valve défectueuse que je n’avais pas faite moi-même.

L’expédition d’après, c’était aux Fidji et là j’ai fait la totalité du kayak. Sauf les valves et du coup j’ai eu un souci de valve sur place !

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Iles Salomon, 2014.

Donc tu n’utilises maintenant que du matériel que tu as fabriqué toi-même ?

Ouais. Alors, le kayak, je l’ai fabriqué avec du pvc et de la colle pvc. J’ai fabriqué la tente, aussi. Et puis tout un tas de petit matos. Par exemple, le sac étanche que je mets à l’arrière du kayak, et dans lequel je range le kayak quand je prends l’avion. Tout ça pour avoir du matériel léger, solide et efficace.

En fait, on s’aperçoit que, dans le commerce, le plupart des choses qui sont vendues sont axées sur le design – c’est dans l’air du temps, les constructeurs refont le monde chaque année pour faire marcher le business. Mais très souvent, c’est mal conçu, pas solide, avec des défauts qui sont inconcevables. Par exemple, leurs sacs étanches – sacs étanches qui servent aussi de sacs à dos – sont de couleur noire. Sous un cagnard énorme, il va faire 80°C dans le sac, donc tout est bousillé. Donc, il faut avoir des sacs blancs. Mais pour trouver des sacs blancs, étanches, avec des fermetures costauds, c’est galère.

Decathlon, à un moment, avait fait une tente de trek noire. C’est terrible, quand il pleut et qu’on doit rester dans la tente, on ne voit rien ! Et le moindre rayon de soleil chauffe beaucoup trop !

C’est donc extrêmement important d’être bricoleur pour pouvoir faire son matos soi-même. J’y passe des heures. Sur le kayak, j’ai encore passé une cinquantaine d’heures à modifier sa forme pour le rendre plus hydrodynamique.

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Quelque part aux Fidjis.

Tu as fait une expédition que tu as appelée « Expédition 6 kilos »…

C’était Madagascar. C’était le poids du kayak et la totalité du matériel faisait 20 kilos, sans les affaires de chasse sous-marine. Mais maintenant je pars très souvent avec les affaires de chasse sous-marine et, en tout, j’ai 25 kilos. L’avantage, c’est que je ne suis dépendant de personne. J’arrive, je gonfle mon kayak et je pars.

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Quels sont tes objectifs quand tu pars en voyage ?

Je ne sais même pas si j’ai d’explications. J’aime beaucoup la mer. Je trouve extraordinaire de se retrouver tout seul dans des endroits aussi beaux et déserts. C’est un peu un recentrage sur soi-même. Le fait de se retrouver tout seul, ça coupe un peu avec la vie que j’ai à Grenoble. Et ça me permet d’avoir la mer en été et la montagne en hiver !

Ca permet d’être libre, de faire ses propres choix sans que ce soit imposé par quoi que ce soit, si ce n’est les conditions climatiques ou la nature. Sinon, il n’y a personne pour nous dire ce qu’il faut faire, où dormir.

Les rencontres avec les gens sont importantes quand même. Dans mes voyages, j’ai largement le temps d’être tout seul et de rencontrer des gens. Quand je suis dans des coins où il y a de quoi chasser, je m’arrête dans des villages et je ramène mon poisson pour les gens. Et du coup je mange avec eux et il y a un bon échange et parfois on tombe sur des gens qui sont très très contents de vous avoir – pas forcément que pour le poisson, hein (rires) ! Je pense par exemple à une semaine que j’ai passée dans les îles Salomon, dans un lieu totalement paumé où habite une famille, une douzaine de personnes peut-être, le mari travaillait dans un des seuls resort à touristes du coin. Chaque jour, je leur ramenais 15 voire 20 kilos de poisson, on le mangeait ensemble, ils pouvaient le revendre éventuellement quand il y en avait trop. C’était vraiment un très bon deal. Ils m’ont trouvé une terrasse couverte pour mettre ma tente et on a passé une semaine très agréable à partager.

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Les gens sont-ils intrigués par ce que tu fais ? Est-ce quelque chose dont ils te parlent ?

J’ai du avoir ces discussions-là mais je n’arrive pas à m’en rappeler. C’est rare. Je pense que pour eux, ça doit être assez naturel de venir dans des endroits comme ça. Il sont en pleine nature, ils sont heureux, je crois. Après, je choisis bien mes îles aussi ! (rires)

Suite de l’historique ?

Juste avant Madagascar, il y a eu les Fidji avec le kayak que j’avais construit à partir d’une housse préexistante et je me suis pris un but aux Fidji. J’avais fait une grosse erreur sur les boudins. J’ai fini mon kayak une semaine avant de partir, j’ai pas pu le tester. Je suis arrivé sur place, j’ai fait un kilomètre en kayak et je me suis aperçu qu’il était totalement instable et que je ne pouvais pas faire mon expédition. Je suis resté 35 jours sur la même plage sur une île assez paumée. J’étais à 1 km d’un resort à touristes mais l’endroit était quand même paradisiaque, hein ! Heureusement, j’avais mon matos de chasse sous-marine et j’allais porter mon poisson au staff du resort et en échange ils me filaient des trucs, genre Coca-cola, pizzas, du chocolat… et sinon, je mangeais du poisson et des noix de cocos. Ca, c’était au mois de juillet, après je suis rentré en France. J’ai mis au point mon kayak et c’est le même été que je suis parti à Madagascar faire l’expédition 6 kilos, qui a très bien marché.

fidji machette détouréeAprès, je suis retourné aux Fidjis, pour me venger, avec un kayak entièrement construit. Une expédition superbe pendant un mois. Puis, je suis retourné à Madgascar, un peu sur les traces de ma première expédition mais pas tout à fait pareil. Ensuite, j’ai refait les Fidjis, une troisième fois, et après j’ai fait les îles Salomon, cet été.

Quels sont les dangers dans tes voyages ?

Aux îles Salomon, j’ai su après avoir pris mon billet d’avion qu’il y avait des des crocodiles ! Il a fallu gérer les crocodiles ! Je me suis renseigné sur les zones dangereuses où il ne fallait pas aller, ou au moins où je pouvais traverser mais pas descendre du kayak… Les requins, c’est pas un danger. Par contre, quand je chasse, il y en a à tous les coins de rue et, de temps en temps, il faut leur taper sur le museau pour pas qu’ils ne s’approchent trop près. C’est comme s’il y avait des chiens qui te tournaient un peu autour. De toutes façons, à partir du moment où tu mets ton poisson sur le kayak et pas à la ceinture, il y a assez peu de risque.

Tu voyages seul, le partage ne te manque-t-il pas ?

Eh bien, non. Parce que j’ai besoin de ces moments-là. Par contre, j’ai un retour gràce aux compte-rendus et films que je fais. Quand je fais un reportage sur place, je sais que ça va être vu après et donc partagé. Ce serait quand même frustrant si il n’y avait pas un partage après.

D’où te vient l’inspiration pour faire ces expéditions aussi lointaines ?

Le but, c’est se retrouver dans un endroit isolé. Je suis obligé d’aller de l’autre côté de la terre pour trouver des conditions agréables pour naviguer. Pendant l’été français, il faut aller dans l’hémisphère sud. Si j’allais dans l’hémisphère nord, il y aurait des risques cycloniques et il fait très chaud, il pleut. C’est très désagréable. Je vais d’ailleurs aller dans les Bahamas. Pour la première fois dans l’hémisphère nord. En plus, il n’y a pas de cocotiers. L’ombre va être difficile à trouver. On va voir comment ça se gère… Ca se gèrera de toutes façons…

Les noix de cocos, c’est vraiment un truc basique dans mes voyages. En gros, les trois-quarts de ce que je bois, c’est des cocos verts (Noix de cocos qu’il faut décrocher de l’arbre et qui contiennent le plus de jus). C’est aussi la nourriture que je mange le midi. En Polynésie française, des cocoteraies, il y en a partout. Ca permet d’emporter moins d’eau, moins de nourriture. Donc, aux Bahamas, ça va être compliqué. Non seulement, il y aura moins de cocotiers mais il y aura moins de magasins ! (rires)

poisson double-tête détouré fond vert

Tu montes en haut des cocotiers ?

Non, j’ai juste un crochet que j’accroche avec de la chambre à air sur un bout de bois que je trouve sur place et coupe à la machette. Sans machette, dans ces pays-là, on n’est rien !

As-tu connaissance de personnes qui font des expéditions similaires en kayak gonflable ?

Non. D’ailleurs, le kayak, si je l’ai fabriqué, c’est qu’il n’existait pas, a priori. Je n’ai jamais vu personne partir en solo sur un kayak gonflable. J’ai cherché sur internet : il y a des gens qui ont fait des choses sur des kayaks gonflables mais plus gros, plus lourds et pas en solo. D’ailleurs, je n’ai jamais croisé de kayakiste en solo quand j’y étais. Je croise parfois des voyages organisés qui sont en kayaks.

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Quelles sont les caractéristiques de ton kayak par rapport à ceux que tu peux trouver dans le commerce ?

Le poids, surtout. Le modèle que j’ai fabriqué entièrement fait 7 kilos. Et les quatre boudins pour la sécurité. Et puis, il est vraiment extrêmement résistant. Je n’ai jamais percé un boudin. Les bâches de camion PVC, c’est vraiment solide. Même sur du corail, faudrait y aller…

Donc : poids, sécurité, solidité. Le modèle que j’ai fabriqué entièrement fait 7 kilos. Je mets au défi quiconque de trouver l’équivalent dans le commerce. Ca serait d’ailleurs peut-être intéressant de produire ça, il y aurait peut-être des gens prêts à investir. Ce qui est extraordinaire, c’est que je peux aller partout. Porter le kayak, c’est vraiment pas un problème. Dès que je débarque quelque part, tout est simple. Pas besoin de s’échiner à tirer un kayak lourd. Si il y a besoin, je peux même traverser à pied des endroits. Je pense notamment que ce sera utile dans des endroits comme les lacs au Canada.

As-tu connu des moments difficiles dans tes expéditions ?

Il y a des moments qui ne sont pas évidents. Le premier, le deuxième jour, il faut se faire violence. Il faut complètement changer de repères par rapport à la vie qu’on a d’habitude. Quand je suis arrivé aux îles Salomon, il flottait, il faisait humide, super chaud, avec des moustiques. Je découvrais qu’il n’y avait pas de plage, que de la mangrove. C’était le bordel pour débarquer. Et je comprenais que ça n’allait pas être simple. Mais bon, au bout de deux ou trois jours, on prend ses repères. Différents de la vie de patachon qu’on mène ici. Même quand tu fais de la montagne, le soir, tu rentres chez toi. Quand tu vis trente-trois jours sur un lagon, c’est différent. Mais après, une fois que c’est lancé, c’est le paradis.

Tes voyages sont complètement autofinancés ?

Oui. Je ne cherche pas à avoir de sponsor, parce qu’après tu es redevable de quelque chose. Il n’y a que le billet d’avion qui me coûte quelque chose. Sur place, je ne dépense pratiquement rien. Le matériel ne me coûte pas grand-chose puisque je fabrique moi-même. C’est surtout du temps. J’ai un budget zéro !

salomon photo famille

Iles Salomon, 2014.

Est-ce que tu travailles ici juste pour partir ?

Ben, je vis pas pour travailler, ça c’est sûr ! Mais je ne déteste pas du tout ce que je fais. (Jean-Christophe donne des cours particuliers de Maths-Physique) Aujourd’hui j’ai une telle liberté que je ne pourrais plus être dans un cadre avec une hiérarchie, des horaires imposés.

Même si je travaille assez peu, je travaille. J’ai une vie normale, je ne suis pas marginal mais j’ai complètement quitté la société de consommation. Je ne pouvais pas être dans la société comme tout le monde, ça c’est sûr, et je crois que j’ai réussi à trouver un équilibre par rapport à la vie que je recherchais. Après, ça peut changer. Peut-être qu’un jour, il y aura un départ définitif…ou au moins vivre isolé, trouver un atelier pour reprendre la peinture…

Après, il y a tout le côté après voyage qui est de monter les films. Ils sont à cheval entre la recherche artistique et le compte-rendu d’expédition.

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Est-ce que tu pourrais définir ton approche esthétique ?

Ce que je recherche, c’est à me faire plaisir dans une aventure. Les films je les vois comme une sorte d’oeuvre, quelque chose que j’ai besoin de faire. Tout comme dans la peinture, j’avais besoin de montrer certaines choses que j’avais dans la tête… Je veux que ce soit le contenu qui fasse mon film, la nature, sa beauté, les rencontres avec les gens… Il y a quand même une sorte de militantisme pour montrer aux gens qu’il y a autre chose que la société de consommation, que de se faire manipuler par les grands groupes, par la publicité. Qu’on peut faire autre chose de sa vie. Quand les gens sont dans la société de consommation, ils ne peuvent pas être heureux, c’est pas possible. Au bout d’un moment, ils sont frustrés, ils font chier les autres et ça profite à personne. Donc, il y a l’envie de montrer qu’il existe une autre réalité. Ou plutôt, qu’il existe une seule réalité et qu’elle est occultée par les conneries qu’on veut nous faire avaler. Je dirais que chez beaucoup d’artistes, il y a un recul par rapport à la société parce que, par définition, ce sont des gens qui ne voudront jamais être dans le moule.

Etre artiste, c’est uniquement une réaction à la société ?

Même s’il ne faut pas généraliser, il y a une réaction, je pense, chez beaucoup d’artistes. Ou, en tous cas, un besoin de ne pas être dans les clous… Un besoin plus prononcé que chez d’autres, d’aller dans des chemins de traverse…

Ca a l’air d’être assez important pour toi, qui te surnomme « artiste autoproclamé »…

J’ai toujours critiqué l’art contemporain officiel, c’est-à-dire quelque chose qui nous dicte ce qu’on doit penser et faire et j’ai toujours milité pour essayer de dénoncer cet état de fait, un peu comme je dénonce la société de consommation. Et un jour je me suis fait traité d’ « artiste autoproclamé ». Je me suis dit « Ben ouais… C’est exactement ce que je suis. » Et la phrase est restée…

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Sitographie

http://jcrabiller.free.fr/

PS

Jean-Christophe vient de sortir un album d’électro – sous son pseudo « Karderouge »-  qui s’appelle « Presshertz » et qu’il a fait tout seul avec ses petites mains et son petit ordinateur. C’est assez fou et ça s’écoute ici : https://www.youtube.com/watch?v=uO8qYrvRNk8 en plus de s’acheter sur certains sites spécialisés bien connus.

Interview : NEVRASKA

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J’avais envie d’inclure quelques interviews sur ce blog, et j’avais bien aimé le concert de Nevraska à l’Alterlocal. J’ai appris qu’ils étaient d’ici, que le groupe en était à ses débuts… Bref, l’idée de les interviewer est venue assez naturellement.

Ca s’est fait un peu avant leur concert avec Shizune à la Machine utile, le 1er mai.

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Pouvez-vous nous parler de ce que vous avez fait avant Nevraska ?

Pascal : Moi, le groupe qui a été le plus marquant, ça a été Human side. Ce groupe a duré 10 ans, on faisait une espèce de trash technique et puis on a évolué vers quelque chose de plus mélodique, screamo, tout ça. En 10 ans, le groupe avait évolué et c’était cool parce qu’on était arrivé à une symbiose pas mal. J’ai aussi fait pas mal d’autres groupes dans des styles éclectiques : de la musique grecque des années 30, de la funk, du flamenco à deux guitares – je dis flamenco mais je devrais pas, c’était à trop petit niveau…

Cyril : Comme Pascal, j’ai eu un groupe métal/emo/hardcore qui s’appelait Inner suffering. Après je me suis orienté plus dans le rock, le stoner, puis garage. Et comme d’hab, y’a tout qui foire donc j’ai un peu abandonné la musique à une époque et puis Pascal m’a relancé et je me suis dit pourquoi pas ? Et c’est ce que j’ai fait de mieux, je crois…

Qu’est-ce que vous avez fait jusqu’à maintenant avec Nevraska ?

Pascal : On a choisi d’enregistrer deux titres, chez Moratel, en Suisse, parce que c’est un mec qui correspondait vraiment au son qu’on veut. Deux titres en une journée. On l’a fait un peu suer mais bon… c’est cher ! Enfin, c’est pas vraiment deux morceaux. Liru, c’est plus une intro. On l’a tourné en dix minutes et on s’est concentré sur l’autre morceau. C’était un choix de mettre des ronds pour avoir tout de suite quelque chose de qualité, d’ailleurs c’est pour ça qu’on a fait le site, aussi. On voulait que tout soit beau tout de suite, que ça nous fasse plaisir à nous aussi.

On a fait une dizaine de concerts jusqu’à présent. Le premier a été le festival Ecole-en-Bauges en septembre dernier.

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Aviez-vous joué dans un duo basse-batterie avant ? Est-ce qu’il y a des formations similaires qui vous ont influencés ?

Pascal : Non, jamais, et ce n’était pas le but. C’est juste qu’il manque vraiment de gens sur Annecy et que c’est très dur de trouver des gens avec qui on a le feeling musical et humain. A force, on s’est dit tant pis, on part à deux. Après des groupes comme Sabot, moi j’adore mais c’était pas du tout une source d’inspiration. On voulait un chant, un synthé, une guitare… C’était vraiment pas le but de faire basse/batterie, à la base.

Cyril : On pourrait rajouter une guitare mais finalement à deux, ça se passe très bien. On se comprend vite, on compose vite. Donc, on va tout faire à deux jusqu’à l’album et si on prend un guitariste, ce sera pour un autre projet… Pour moi, c’était pas une source d’inspiration non plus et en plus les duos, ça fait un peu concept et moi, je suis pas très concept.

Pascal : Les duos, ça peut vite tomber dans la musique expérimentale ou un peu folle et nous, c’est pas le but, on veut juste faire des ziks cools qu’on aime bien !

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Est-ce que vous avez l’impression de faire partie d’une scène à Annecy ?

Pascal : On ne peut que faire partie d’une scène puisque ça fait 15 ou 20 ans qu’on est dans ce réseau à Annecy. Ceci dit, comme on est plus vieux, les jeunes qui arrivent ne nous connaissent pas forcément. Après, la scène annecienne, ça se compte quand même très vite… mais il y a quand même une scène punk/garage qui est très présente…. Mais tout ce qui est hardcore/noise/math/post, la scène est très réduite…

Et selon toi, qui fait bouger cette scène ?

Pascal : Ben, selon moi, tu en as ici le meilleur exemple. L’Underground family, notamment Loaf, ça fait 20 ou 25 ans qu’il fait ça. C’est le seul et unique sur Annecy. Il a sorti des compiles, il a organisé des concerts de partout. Y’a eu le Tilleul qui organisait des trucs. L’Alterlocal, c’est pas trop au niveau musical… D’ailleurs, Loaf nous a toujours supportés et donc c’est un juste retour de parler de lui. C’est le seul et unique ! Bon, y’a aussi les Baujus qui organisent de belles choses dans les Bauges et font aussi partie de l’organisation de l’Underground family…

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Au niveau médias, est-ce qu’il y a des trucs que tu regardes, que ce soit sur internet ou sur papier?

Pascal : Y’a Mowno. Moi, j’aime beaucoup la musique math-rock et ils en parlent à mort donc c’est cool. Sinon, tous les webzines, Fennec, Perte et fracas…

Comment vous vous placez par rapport à l’utilisation d’internet ?

Pascal : On n’est pas forcément au top, mais on essaye de faire au mieux. C’est clair qu’on pourrait avoir un Instagram, on n’a pas, mais c’est du temps aussi ! Faut qu’on développe tout ça, mais c’est déjà pas mal. Y’a pas mal de plans qui tombent grâce à ça. Mais on a voulu que tout soit beau, le son, le site, même le facebook. Moi je suis dans le milieu, donc ça m’éclate de faire ça.

Tu vois donc ça de manière très positive, parce que moi j’ai l’impression que, avec Internet, les groupes se consacrent beaucoup à faire de l’auto-promotion…

Pascal : Ouais, mais c’est bien ! Sinon, c’est très dur d’avoir quelqu’un qui t’épaule. C’est une peu le chat qui se mort la queue : si tu fais pas assez de concerts, tu n’auras personne pour s’occuper de toi, si tu n’as personne, tu ne feras pas assez de concerts… Alors que là, le réseau, ça réagit tout de suite. Par exemple, y’a Noise’R Us à Bayonne qui nous ont mis morceau de la semaine, je ne sais pas comment ils ont su… A l’époque, on n’arrivait pas à avoir accès à ça.

Oui, c’est vrai. Je pensais plutôt au fait que beaucoup focalisent sur les « Likes » et sont un peu dans une démarche d’auto-promotion constante…

Pascal : Nous, on veut que ce soit beau et cool mais tout en gardant une intégrité. On est des vieux punks, des vieux punks modernes !

Justement ma question suivante était : qu’est-ce que ça signifie, pour vous, le punk ?

Pascal : La musique, je m’en branle à la limite, ce qui m’intéresse, c’est l’état d’esprit. Ne pas se vendre, l’intégrité.

Est-ce qu’il y a des gens qui t’ont particulièrement marqué et qui t’ont amené à faire cette musique ?

Pascal : Ben… les potes, déjà, c’est eux qui m’ont hyper motivé, qui m’ont donné l’envie. Après… des groupes, il y en a eu des millions… et ça continue… Mais pas de mentors en particulier, juste l’énergie, l’envie et de voir ce que les gens faisaient avec .

Et voilà! Fin de l’interview, il est temps de monter sur scène. On ne rigole pas avec le timing à la Machine utile ! Dommage, j’allais juste aborder les questions politiques hard… 😉 Merci beaucoup aux deux Nevraska !

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https://nevraska.bandcamp.com/