Piniol, « Bran Coucou » LP

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Piniol, c’est un groupe qui n’a peur de rien. C’est la contraction de Ni et de Poil – groupes dont on retrouve ici les membres – mais ça pourrait aussi bien être celle de pignouf et guignol. Piniol, c’est un peu comme si le math-rock avait décidé de défier les monuments de la musique amplifiée, ses sommets les plus ambitieux, les plus boursouflés. Rock progressif, jazz-rock, métal, opéra-rock peut-être bien, et j’en passe. Commandante Zappa nous voilà. De ces musiques, Piniol a une énorme envie et ne fait qu’une bouchée. Bouchée double en fait puisqu’il s’agit d’un groupe dédoublé – deux guitares, deux basses, deux batteries, seul le clavier n’a pas son double – Piniol croque tout, concasse, digère et régurgite tout en sept grandes salves surpuissantes et baroques où on en verra vraiment de toutes les couleurs. Il faut être d’humeur fantasque mais c’est assurément un disque de malade.

Piniol, « Bran coucou » (Dur et doux, 2018)

>>>>>>>> PINIOL

>>>>>>>>>> DUR ET DOUX

« Idiomes » (L’Effondras, Enablers – Transbordeur, 27 juillet)

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Le label lyonnais Dur & doux convoquait une session d’été en ce 27 juillet, dans la cour du Transbordeur avec les quasi-locaux de l’Effondras et la tournée des américains d’Enablers qui passait par là.

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Voir L’Effondras sous le ciel d’été aurait pu justifier lui-seul le voyage tant la musique du trio s’accorde aux humeurs profondes, indéfinissables. Et leur morceaux limpides semblent pouvoir s’étendre jusqu’à remplir n’importe quel espace.

 

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La musique d’Enablers, elle, est tout aussi singulière. Dans un registre plus bavard, puisque qu’elle est un écrin pour les mots, les histoires sinueuses de Pete Simonelli, poête de son état.

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A mille lieux d’être soporifique, le post-rock d’Enablers se tord, se contortionne. Des ambiances cotonneuses sont parfois proches d’un jazz en sourdine, pour se gonfler brusquement, connaître des accès de violence ou de lumière. On y retrouve la trace d’anciens géniaux comme Slint ou June of 44 (avec lesquels, je crois, le batteur précédent d’Enablers avait joué, si vous arrivez à suivre).

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Sa voix posée et grave a quelque chose de fascinant, même quand on y capte que dalle. Pete Simonelli mime les histoires, invente des danses fantasques et saccadées. Rarement vu un groupe tenir autant la scène.

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Mais le guitariste Kevin Thompson est aussi un sacré spectacle. Dansant avec son instrument, totalement habité. Il m’a fait le même effet que Sergio Carlini de Three second kiss. Guitaristes d’expérience rayonnant sur scène.

enablers 1.JPGPour ceux qui n’avaient pas la chance d’être là, il y a le live classieux d’Enablers filmé à Grenoble en  2015 qui, il faut le dire, est tout simplement exceptionnel. Et l’épisode d’Upset the rythm consacré au spoken word ferait un super complément !