« Frana-tic » (Frana, Black widow’s project – Blackened tattoo studio, 3 nov.)

Initialement prévu dans le shop d’Urgence disk, ce concert s’est finalement déroulé au studio de tatouage en face ou presque. Les italiens de Frana débarquent 30 mins avant le début des hostilités – surpris comme tout le monde par le traffic genevois de fin d’aprem. Déballage fissa du matos, petit line-check, go !

De toute façon, le punk-rock pied au plancher de Frana semble fait pour ça. S’entasser dans un kangoo, faire des bornes jusqu’à plus soif, poser son matos et balancer la sauce, s’écraser dans un duvet quelque part puis recommencer. Il y traîne comme un air de liberté, quelque part entre punk, noise syncopée et quelque chose de plus mélodique, avec notamment à la chouette voix de Luca – qui évoque des pionniers du post-hardcore. Hüsker-dü peut-être.

La configuration de la salle est un peu curieuse, toute en longueur avec cette partie surélevée qui fait office de scène mais qui éloigne un peu le groupe du public mais on s’en fout, c’est génial. Et puis, avec les peintures cyber-métal façon HR Giger qui tapissent les murs jusqu’au plafond, le lieu a comme une ambiance.

Le concert passe vite. On se retrouve au shop de Dam pour une super bouffe végétarienne, au milieu des disques – la grande classe. On fait mieux connaissance avec les italiens qui dormiront à la maison ce soir. Blagues, anecdotes, connaissances communes. Malgré l’organisation pratique pas toujours facile  – les membres du groupes n’habitent pas dans la même ville -, ils gardent une vraie motivation et envie de créer de la musique. « Je peux pas concevoir ma vie autrement, de toute façon », dit Luca. La semaine suivante, ils jouent avec Hot snakes à Milan. Chouette récompense.

Black widow’s project

La soirée s’enchaîne sans temps mort avec le concert de Black widow’s project, des genevois qui font le truc stoner Fu manchu/Foo fighters, les sons de Herr Liebe et un atterrissage en douceur au Poulpe pour profiter un peu de la fin de la soirée hip-hop noise qui s’y déroulait et continuer la discussion jusqu’à tard dans la nuit.

>>>>>>>>>> FRANA

>>>>>>>>>> BLACK WIDOW’S PROJECT

>>>>>>>>>> URGENCE DISK

Videoiid, EP

Sons synthétiques grouillants en guise d’accueil. Voix trainante, répétitive. Riff minimaliste, sec. Guitare amélodique, triturée, succombant peu à peu sous la force centrifuge du morceau. Bienvenue dans le monde de Videoiid, nouveau trio propulsé par le batteur Franck Garcia (Gaffer records, Neige morte, Sheik anorak…) et deux guitaristes suédois(e)s, tous trois se partageant les voix. Six titres composent ce premier EP disponible en format cassette. Six titres d’un format rock et d’une durée assez classiques mais qui choisissent tous la déviance et se cassent la gueule d’une manière ou d’une autre. Go away (Deleuze) et Crackhead jazz ont une nette préférence pour les riffs couinants, suraigus et tranchants comme des cutters. Le groupe prend un malin plaisir à les faire vriller lentement et sadiquement à force de répétitions, d’une façon qui évoque bien sûr Arab on radar. Mais la musique du groupe possède également un versant pop, même si c’est pour tourner à l’amer comme sur Flowers (La la song). Les voix ne sont jamais forcées et Sunn 636, le morceau central et le plus long du EP, est aussi le plus ouvertement et candidement pop. Plein de douceur et de mélancolie distordues et sucrées à la Yo la tengo – même dans sa déconstruction bruitiste finale. Ca a l’air très référencé tout ça mais la musique de Videoiid transpire en fait la fraicheur et la spontanéité. La reprise de Suicide, Why be blue ?, s’intègre tout naturellement dans cet ensemble et clôt parfaitement ce bouquet de chansons acides.

PS Le groupe sera en concert au Bistro des Tilleuls le jeudi 6 décembre avec Black Mont-Blanc.

>>>>>>>>>> VIDEOIID

 

« Dernière salve » (Smutt – Poulpe, 2 nov.)

 

Déjà, il avait coupé ses dreadlocks et voilà que maintenant il s’en va.  Au début du mois dernier, Smutt donnait au Poulpe son dernier concert avec Mouss, son chanteur – depuis leurs débuts, je crois.

Le groupe aura réalisé une démo et un EP avec Mouss. Et marqué le paysage haut-savoyard de leur rock’n roll survitaminé dopé au punk-hardcore et à leurs paroles concernées – enfin, la plupart du temps.

Il y avait pas mal de monde à ce concert et une ambiance mi-rigolarde mi-enragée qui correspond bien au groupe. Sur la scène du Poulpe, avec un son à la hauteur, sa musique  et les harangues rugies de Mouss avaient de l’ampleur et de la puissance.

Le groupe avait plusieurs disques de prévus. On verra bien ce qu’il nous réserve. Quant à Mouss, on peut le retrouver dans son projet folk-punk solo, al Gharib, qui joue bientôt près de chez vous.

 

>>>>>>>> SMUTT

>>>>>>>>> AL GHARIB

« Amphetamine reptile dans ton salon » (Bug – Usine, 1er nov.)

Bar In Grad, c’est la version light de Kalvingrad. Concerts un peu plus tôt que d’habitude, prix libre. On commencera directement avec BUG, vu qu’une arrivée tardive ne permet pas d’apprécier le set de Bar, ni celui de Lunch à Urgence disk un peu plus tôt – qui, paraît-il, étaient tous deux très bons dans leur style. L’Usine, on pourrait y passer sa vie.

Bug, drôle de bestiole. Une vingtaine d’années d’existence, environ huit disques à leur actif, une notoriété plutôt relative. C’était la première fois que les Autrichiens passaient à l’Usine. Musicalement, c’est aussi déviant et rétif à la classification. Touche-à-tout. Blues titubant implosant en noise-rock chauffé à blanc. Disco vrillant à la crise de nerf. L’expression de Bruno Drone to the bone – « blackened noise-rock » – résume assez bien la chose.

Sur scène, c’est d’abord la présence du chanteur qui marque. Pas trop d’inhibition, ni au niveau vestimentaire ni au niveau de la danse. John Travolta d’Allemagne de l’est qui aurait fait un tour par la case prison. Ultra-expressif, théâtral, il incarne et orchestre la folie du groupe. Des flashs du concert de The Conformists – autre band conduite par un crooner excentrique – reviennent à l’esprit.

Moins démonstratifs, le reste du groupe ne fournit pas moins une performance irréprochable. Honnêtes artisans d’un noise-rock obscur, frelaté. On pressent parfois un air de famille avec les groupes géniaux d’Europe du nord comme Arabrot ou Raketkonen. Eux aussi conviés par Drone to the bone dans ces murs par le passé. Tiens, tiens.

L’originalité, la sincérité et l’engagement du groupe font de ce concert un moment mémorable. Groupe génial devant une poignée de personnes.

On est habitués.

>>>>>>>>>> BUG

>>>>>>>>>> DRONE TO THE BONE