« Liquidation avant travaux » (Nurse, Crankcase – Le Moderne, 21 juin)

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Cette année encore, le Moderne bar proposait une Guinguette rock’n roll dans son arrière-cour. Un décor parfait à base de mur écroulé, de graffiti géant pas moche et de ces immeubles bien gris et bien massifs qui font le charme si particulier d’Annemasse city.

Nurse aurait sûrement fait fureur au mileu des années 90, avec son émo-rock cadencé qui fait méchamment taper du pied. Le son était  parfait, très naturel avec l’impression que le grain de l’ampli Orange coulait directement des enceintes.

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C’était la deuxième  fois que je les voyais et ça m’a permis de me rendre compte à quel point leurs morceaux sont ciselés. Le groupe dose ses effets, module ses transitions et varie ses intensités avec art. On passe d’une ambiance spoken-word bluesy lancinante à de grosses poussées de fièvre et, même si on est quand même en terrain connu, chaque titre a sa personnalité, son équilibre. Des morceaux aboutis qui demandent à être enregistrés – ce qui devrait être fait d’ici l’automne, apparemment – et gravés sur vinyle, cd, cassette, quelque chose, quoi.

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Nurse prêche la fièvre

Sur scène, comme le dit le bassiste, le groupe lâche tout et s’attache à repousser les limites de la folie dans le rock’n roll. Ce que le public varié de la fête de la musique regarde avec  approbation.

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Crankcase… Alors eux, ils ont clairement vendu leur âme au rock’n roll sale et électrocuté.

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Et quand on se permet de disserter sur les touristes allemands en Birkenstocks en Ardèche entre les morceaux et en plus de faire une reprise punk de « Boys, boys, boys » de Sabrina, et ben,  c’est même pas la peine de demander le purgatoire, il n’y aura aucune rémission, ce sera l’ enfer direct.

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On est pas au Hell fest mais c’est pas ça qui va empêcher Crankcase de lancer un circle pit de fou (« farandole », en français). Histoire de fêter dignement la dernière fête de la musique dans ce lieu, victime de l’appêtit des promoteurs immobiliers.

crkse 4A New York comme à Annemasse city, la gentrification dicte sa loi et progresse inexorablement.

Nothing new for trash like you

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Découvert par le semi-hasard d’internet, ce blog/zine grenoblois propose principalement des chroniques de disques ou cassettes. Couvrant la période 2010-2015 – le blog n’est pas officiellement fermé mais le dernier post date de l’année dernière – il donne un chouette aperçu de ce qui est sorti dans la « scène souterraine » durant ces années, avec notamment pas mal de chroniques de groupes locaux (disons, rhône-alpins) – Monstre !, Phyllis Dietrichson, Walden, L’Oiseau mort, Inys, La crève, les Objets meurent, par exemple -, dont certains encore en activité.

L’angle d’attaque est clairement inspiré par la philosophie punk / « Do it yourself » et souvent critique de l’approche rock traditionnelle, où le groupe et sa musique sont d’abord et surtout un spectacle. Les styles de musiques abordés sont quand même très variés, depuis le hip-hop ou le folk jusqu’au black metal, même si on sent un enracinement dans le hardcore/screamo. Avec une chouette sensibilité artistique, qui pousse souvent l’auteur à faire des remarques pertinentes sur l’aspect musical et rendent les chroniques assez captivantes. Qu’est-ce que ça fait du bien de lire quelque chose de différent ! Autre chose que la communication quasi-professionnelle ou commerciale des groupes – elle est où l’alternative ? – ou le torrent d’infos souvent dispensables des sites spécialisés.

Nothing new for trash like you propose également quelques compte-rendus de livres politiques radicaux et des liens vers des médias, collectifs ou publications alternatives. Le blog semble donc un peu en hiatus actuellement mais son auteur est actif dans le zine collectif grenoblois Maximum cuvette – un vrai, en papier -et on peut aussi voir ses supers dessins et travaux graphiques ici.

 

LowLightConditions

page d'accueilCe site est l’oeuvre d’Olivier, guitariste d’un nombre assez imposant de groupes punk-rock/garage d’Annecy (Fuck da tourist, Smutt, Bastards have landed, What the fuck?). Principalement dédié à des photos de concerts (dont vous pouvez voir quelques échantillons ici), c’est un peu le pendant de Punkenconcert qui, lui, propose des vidéos et des reports écrits.

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Abdullah Sheraton, novembre 2011, la Machine utile

Il y a photo de concert et photo de concert. Quelques-unes sont en couleurs mais le noir et blanc domine. Classique, un peu à la Glen Friedman (qui avait d’ailleurs photographié Mike Watt avec les Minutemen…) ou d’autres références de la « photo punk ».  Alors que certains photographes se concentrent davantage sur les musiciens et sont en quelque sorte plus des photographes-portraitistes, les images de LowLight retranscrivent de manière assez exacte l’expérience d’un concert punk : cadrages parfois chaotiques, fish-eye (vous savez, cet objectif grand grand angle qui embrasse à la fois le public et le groupe et qui donne mal à la tête), flou, mouvement. Vivant. Punk, quoi.

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Mike Watt and the missing men, mars 2014, Bellecombes-en-Bauges

Ces remarques stylistiques mises à part, ce site constitue une base documentaire précieuse sur les concerts punk/DIY de la région, avec notamment pas mal de concerts organisés par Underground family à la Machine utile, à Bellecombes-en-Bauges mais aussi à la Spirale ou au bistrot des Tilleuls.

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Death Engine, mai 2013, la Machine utile

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Rocket from the crypt, avril 2013, Usine

 

 

 

« Apocalypse noise » (Unsane, Sofy major – Epicerie moderne, 31 mai)

unsane 4Echappée du mardi soir jusqu’à Feyzin, à l’Epicerie moderne. Une salle déjà de bonne taille  avec une petite librairie intéressante et une jolie expo de Florent Blache visible dans le bar. Accompagnés de leurs potes de Sofy major, Unsane y marchait dans les traces de leur tournée de 2012. Les labels Bigoût records et Solar Flare (le label de Sofy major) étaient aussi de la partie et tenaient des stands.

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Sofy major

Vus – découverts même, en ce qui me concerne – à l’Usine l’an dernier, le trio Sofy major a le stoner rocailleux. Ca rocke, ça file droit sur du mid-tempo puissant qui suinte le gasoil. Pleins de sons merveilleux s’échappent de l’ampli basse, sauf que t’entends plus rien si t’es du côté du bassiste. Musicalement, je trouve ce groupe assez proche des genevois de Wardhill. Ou d’Unsane, tout simplement. La filiation est bien visible,  même si c’est une affaire un peu plus rock.

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Bon moi, j’avoue que j’ai moyennement la vibe stoner. De mon point de vue, Sofy major, c’est un peu comme être lancé à plein gaz dans un vieux camion sur une de ces routes américaines infinies. C’est super sympa, ça peut être enivrant même, mais c’est aussi un poil monotone. Le dernier morceau par contre, plus lent, plus répétitif, introduit tout à coup une tension sourde qu’il n’y avait pas durant leur set et laisse entrevoir un autre visage du groupe…

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Unsane

Orfèvres du bruit blanc, Unsane fait monter direct son noise-hardcore bluesy jusqu’à l’incandescence et la température ne redescendra pas, bloquée à l’intensité maximale. Le groupe new-yorkais enchaine sans effort apparent ses ouragans soniques, les classiques « Scrape », Commited » ou « Alleged » ou des titres tirés des albums plus récents comme « Against the grain » ou « It’s only pain », poignants à tomber.

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Les visages sont tordus par des grimaces. Il y a une tension telle dans les morceaux que même les silences entre les titres ne sont qu’un temps de suspens menaçant.  Vinny Signorelli, le batteur, la pulsation du groupe, ne peut pas s’empêcher de jouer même entre les morceaux. Certains dans le public s’essaient au pogo mais ça ne prend pas, Unsane c’est un tempo trop lourd, trop écrasant.

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Dans le public, les rangs se sont bien resserrés. C’est classe de voir un groupe avec autant d’expérience derrière lui vivre encore la musique qu’il joue de cette manière. Une musique surpuissante et abrasive mais qui pourtant ne sonne jamais  métal et qui a à peine bougé en plus de 25 ans d’existence. Comme si elle exprimait quelque chose de trop primitif pour subir l’influence des modes ou du temps.

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L’homme à l’harmonica

Pas de rappel. Le set laisse un champs de ruine derrière lui. Seul Dave Curran reste sur scène, collé à son ampli basse pour laisser bourdonner et mourir un dernier larsen.

Encéphallogramme plat.

Game over.