On continue la découverte des lieux alternatifs d’Annecy. Parfois, je me fais l’impression de faire le (fuck da) touriste de la scène annecienne, mais bon, comme les gens sont sympas et qu’ils me parlent, ça va.
Située dans les replis d’un parking souterrain, La Spirale c’est une petite salle qui permet à une poignée de groupes de répéter et, à l’occasion, d’organiser des concerts, moyennant âpre négociation avec les voisins.
What the fuck? est un trio batterie et deux guitares, il y a pas de basse mais, eh, mec ! On s’en fout, on joue du garage ! On pourrait taper sur des bidons, en fait. Bref, après quelques titres de chauffe, leur set s’électrise et c’est parti. Donne-moi du riff jurassique. Donne-moi du tatapoum épileptique.
Le batteur-chanteur a une voix de redneck morveux, tandis que celle d’Olive à la guitare est plus hargneuse. What the fuck? défendent fièrement les couleurs du wild garage rock’n roll, avec un son plutôt puissant et granuleux.
C’était le premier concert de Thee Sweeders, un groupe où on retrouvait Olive de What the fuck? (mais dans combien de groupes ce type joue-t-il ?), visiblement tout excité d’étrenner ici son orgue sur scène.
Thee Sweeders oeuvre également dans une veine rock’n roll, mais avec moins de gras sur la couenne que WTF ?, je dirais. Compos ciselées, chant aux mélodies tendues, rythmiques métronimiques. Une science de l’écriture classe… Ca donne envie d’en écouter plus.
The Sloks viennent de pas très loin, de Turin, et le trio propose une version encore plus squelettique de l’orchestre – batterie, guitare, voix. Mais c’est ce groupe minimaliste qui offre clairement la version la plus tarée du rock garage ce soir.
Si les riffs sont typés, le groupe envoie tournoyer sa musique loin, loin, loin de la rengaine couplet-refrain-couplet -pont-refrain. Un peu de la même manière que leurs compatriotes siciliens des Spritz, j’ai trouvé, bien que ceux-ci aient même pas de chant et que probablement ce soit assez différent. La chanteuse aux yeux exorbités débite de longues exhortations, où l’on sent qu’il n’est pas question de sujets jolis-jolis. Râle. Viande saignante encore chaude. Nerfs en spasmes.
Toute à beugler ses histoires de souffrance, elle semble parfois se foutre royalement de ce que jouent ses compères, et toute la musique du groupe fonctionne sur ce décalage hypnotisant. Oublie le rock. Oublie le garage. Oublie tes étiquettes. Je sais pas ce que c’est. Je sais pas si c’est de l’art. De la thérapie pour cas ruinés ou quoi que ce soit, la seule chose que je peux te dire, c’est que c’est vivant. Et que c’est bon.
Bref… Y se passe des trucs bizarres dans les parkings souterrains d’Annecy la nuit, moi je vous l’ dis…
Devriez faire gaffe….
PS Merci Cédric pour le disque.
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