Blintest. Chronique en aveugle. Car en matière de (nu-)metal, prog, ou affiliés, je suis à poil et même les références les plus évidentes ne le sont pas vraiment pour moi. Le quatuor instrumental dont on va néanmoins essayer de parler se nomme Collapse et vient de Grenoble. « The Sleep in me » est son troisième album, autoproduit.
Le groupe revendique, en plus de quelques références progressives évoquées plus haut, une forte influence cinématographique. Les sept morceaux de ce disque à la présentation soignée sont en effet presque construits comme des films ou en tous cas de longues pièces où des ambiances variées se télescopent et au caractère narratif assez marqué, jusqu’à proposer une mise en musique d’un passage que je suppose être une version anglaise d’un extrait du Horla.
Mais Collapse, c’est aussi et d’abord un groupe qui pratique une sorte de ligne claire. Chaque idée, aussi tordue soit-elle, est limpide. Posée sur une rythmique robuste, au tempo rarement très rapide, pour un impact maximum. Pas de profusion de gimmicks superflus, pas d’enluminure parasite. Moins, c’est plus. Ce groupe l’a compris, pour le plus grand plaisir de l’auditeur, aussi novice soit-il.
La musique du groupe visite ainsi des univers très variés. On peut même s’amuser à rattacher leurs morceaux à tel ou tel genre de film, comme le très Tim Burtonien – ou « Danny Elfmanien » – « A labyrinth in the void », et surtout au cinema de genre type film d’horreur. Le groupe ne fuit pas devant un certain kitsch, voire une certaine grandiloquence. Il faut quand même préciser que Collapse est capable de poser un solo de guitare métal saignant sur des arpèges de piano. L’effet est, euh, fort. Même si on accepte ce principe, certains passages flirtent avec des ambiances mélodramatiques et sentimentales vraiment limites, mais Collapse est une bestiole agile, qui manie les codes et les paradoxes et retombe (souvent) sur ses pattes.
Même si c’est un peu réducteur par rapport à ce que propose le groupe, ce sont les parties où le propos est le plus resserré que je retiendrai chez eux. Comme la première partie de « Opening wound » et sa rythmique belliqueuse – au fait, le son, mixé aux studios Abbey road, est excellent – ou le début de « Sleep for me » qui sonne comme un trip-hop cotonneux et menaçant. On se trouve alors face à un groupe de rock un peu flippant, aux riffs acérés, aux ambiances profondément originales. Les compositions respirent mais le groupe distille savamment une tension sourde qui monte à votre insu et vous tient en haleine, le souffle court.
Une écoute qui, en tous cas, donne envie de faire l’expérience sur scène de cette formation à forte personnalité.
NB : Et d’ailleurs le groupe est en concert ce 10 février au Brind’Zinc avec Cuisine organique et Vesperine.