Lilith au festival Dehors, à Portes-lès-Valence… Un festival qui pratique une forme d’autogestion puisque les membres des compagnies assurent aussi l’accueil ou le service. Ca doit être fatigant mais assure aussi une ambiance très conviviale et des rencontres intéressantes pour le public.
Lilith, c’est un long poême de Joumana Haddad, dans lequel elle donne la parole à ce mythe déviant de la première femme, celle qui n’aurait pas voulu se soumettre et aurait préféré fuir le paradis plutôt que d’obéir à la loi patriarcale de Dieu et d’Adam.
Ici le poême est joué/incarné par une comédienne – Géraldine Doat. L’expression « engagement total » m’est venu plusieurs fois à l’esprit (les habitués des concerts punk pourraient y retrouver quelque chose). Son corps presque nu enduit de terre est agissant mais aussi élément d’un décor (accessoires minimalistes : un tas de terre, un arbre mort, quelques pots, un rideau transparent), d’une histoire aux dimensions myhiques. Dans le flux de cette longue performance entre danse et monologue déclamé, ce corps est tour à tour violent ou jouissant, menaçant ou fragile, séduisant ou horrible, et donne à voir les différentes dimensions du personnage. Grandiose et sauvage, ou plus philosophique, ou enfin presque banale, humaine.
Lilith, c’est un spectacle des Fées rosses, une compagnie grenobloise qui a l’ambition de porter – notamment par l’outil du théâtre de l’opprimé mais pas seulement – des thématiques politiques, au-delà des cercles féministes ou libertaires.