Certaines musiques imposent une température, un climat. Avec Lilium Sova, trio genevois composé d’une batterie, d’une basse et alternativement d’un violoncelle ou d’une guitare, la température est glaciale et le climat polaire. A l’image de sa pochette cramée où le blanc domine. Ambiance de fin de soleil.
Les dix morceaux de ce disque, sorti en octobre 2016, se divisent entre ceux joués au violoncelle – intitulés « Valley » – et ceux comportant la guitare et qui se prénomment « City ». Le sauvage et l’humain. Mêmes repères incertains. Même insignifiance face au cours des événements et aux forces en présence.
Ce qui frappe – dur- d’entrée de jeu chez Lilum Sova, c’est le son massif et la rythmique basse/batterie. Abrupte, charpentée comme jamais. Chaque pulsation de grosse caisse, chaque accord de basse distordue claque comme un knut de cosaque. A cette rythmique intraitable, le violoncelle donne parfaitement la réplique. Corps broyé et suppliant dans les passages les plus labyrinthiques, dissonnants et destructurés (Pakeneminen) ou voix solennelle dans certains titres tout en tension sous-jacente, où le feu couve sous la glace (Scandens). Aux coups de butoir furieux succèdent des plages mélodiques aux ambiances presque funéraires, odes à un horizon vide (Ofkaeling).
Par comparaison, les quatre morceaux avec guitare paraissent d’abord moins évocateurs, le son moins original. En réalité, ils recèlent des parties enlevées, des riffs stridents et des répétitions frénétiques et proposent un métal mélodique et expérimental très intéressant. Un album impressionnant.
Lilium Sova, « Lost between mounts and dales / Set adrift in the flood of people » (Urgence disks, Cold Smoke Records)