Cette année encore, le Moderne bar proposait une Guinguette rock’n roll dans son arrière-cour. Un décor parfait à base de mur écroulé, de graffiti géant pas moche et de ces immeubles bien gris et bien massifs qui font le charme si particulier d’Annemasse city.
Nurse aurait sûrement fait fureur au mileu des années 90, avec son émo-rock cadencé qui fait méchamment taper du pied. Le son était parfait, très naturel avec l’impression que le grain de l’ampli Orange coulait directement des enceintes.
C’était la deuxième fois que je les voyais et ça m’a permis de me rendre compte à quel point leurs morceaux sont ciselés. Le groupe dose ses effets, module ses transitions et varie ses intensités avec art. On passe d’une ambiance spoken-word bluesy lancinante à de grosses poussées de fièvre et, même si on est quand même en terrain connu, chaque titre a sa personnalité, son équilibre. Des morceaux aboutis qui demandent à être enregistrés – ce qui devrait être fait d’ici l’automne, apparemment – et gravés sur vinyle, cd, cassette, quelque chose, quoi.
Sur scène, comme le dit le bassiste, le groupe lâche tout et s’attache à repousser les limites de la folie dans le rock’n roll. Ce que le public varié de la fête de la musique regarde avec approbation.
Crankcase… Alors eux, ils ont clairement vendu leur âme au rock’n roll sale et électrocuté.
Et quand on se permet de disserter sur les touristes allemands en Birkenstocks en Ardèche entre les morceaux et en plus de faire une reprise punk de « Boys, boys, boys » de Sabrina, et ben, c’est même pas la peine de demander le purgatoire, il n’y aura aucune rémission, ce sera l’ enfer direct.
On est pas au Hell fest mais c’est pas ça qui va empêcher Crankcase de lancer un circle pit de fou (« farandole », en français). Histoire de fêter dignement la dernière fête de la musique dans ce lieu, victime de l’appêtit des promoteurs immobiliers.
A New York comme à Annemasse city, la gentrification dicte sa loi et progresse inexorablement.