Je veux pas raconter ma vie mais, au départ, on n’avait absolument pas l’intention d’aller voir ce concert. Et puis, tu croises Jon Spencer se balladant dans les rues de Cluses et tu te dis ah oui c’est vrai il joue en ville ce soir et puis il fait beau et c’est le début d’un long weekend, alors pourquoi pas ? Pourquoi pas un concert de rockabilly ?
Le guitariste des Legendary Shack Shakers – le groupe américain qui ouvrait et qui, j’imagine, fait la tournée avec Heavy trash – a une dégaine à la Mick Jones et il y a dans leur musique quelque chose de pur, d’originel.
Tu peux être à fond dans le math-rock, dans le synth-punk ou dans le death progressif, tu dois reconnaître que ce riff qu’il balance, ce riff avec juste ce qu’il faut de disto crade, eh ben, ça rocke grave et que rien ne le fera jamais autant. Même le batteur ne cherche même pas à ajouter du charlet ou de la cymbale, il est juste sur la caisse claire et la grosse caisse parce qu’il y a rien d’autre à faire et que c’est beau comme ça.
Heavy trash, c’est Jon Spencer en version légèrement différente mais c’est bien Jon Spencer quand même. Un personnage avec son univers à lui, fait de hobos errants, de personnages maudits, de vies ratées et de fantômes et qui cherche la rédemption par le rock’n roll. Quelque chose de bon, il nous dit dans une de ses fameuses harangues, quelque chose qui touche les coeurs et les esprits, comme lui a été touché quand il était jeune homme et que rien n’avait de sens dans sa vie. Amen.
La prestation du groupe oscille entre la personnalité fougueuse de son chanteur et des chansons ciselées, parfois quasi pop, où le groupe s’efface pour laisser parler la musique et son amour pour ce pan de la culture américaine.