Sorti ? Pas sorti ? En réalité, ce premier long format de Tuco est en ligne depuis novembre dernier mais la version physique qui devait suivre n’est pas encore disponible. Peu importe, le trio maousse costaud trace ici un trait d’union avec son premier EP, petit bijou de noisecore lourdingue et rutilant, sorti 8 ans auparavant. Oui, 8 ans… leur plan de carrière n’appartient qu’à eux-seuls.
Comme le suggère la pochette, Tuco aime les architectures massives, complexes, tortueuses, les murailles imprenables qui en imposent mais qui recèlent aussi des passages dissimulés, des ouvertures insoupçonnées où passe la lumière. L’album démarre de manière fracassante avec Unfit. Titre magnifique – le meilleur peut-être – traversé de soubresauts, de convulsions, de faux-départs. Voix teigneuse, cascade de riffs plombés en ciment armé qui se diluent soudains dans des arpèges en eaux troubles. Tout au long des sept titres qui composent le disque et dont les noms – Enough, Spit, Bottomless, Part-time life – claquent de manière cinglante, le groupe fait la démonstration de sa capacité à faire jouer les riffs dans sa machinerie complexe, à les envisager sous tous les angles d’une manière quasi scientifique avec une précision qu’on pourrait dire helvétique (si on n’avait pas peur des clichés).
Serge Morratel – spécialiste en machineries lourdes et de haute précision, justement – était le partenaire en crime idéal pour concocter le son cette entreprise. Bien que, à y réfléchir, j’ai une petite préférence pour le son du EP, un poil plus lourd, avec une basse plus proéminente. De la même manière, sur la longueur, le disque fait une impression un brin monolithique et un changement d’ambiance, une cassure, aurait été bienvenu. Mais, comme Monolith est le titre d’un des morceaux, il se pourrait bien que ce soit voulu et cela reste tout de même de la belle ouvrage.
>>>>>>>>>> TUCO