« Vague froide » (Jessica 93, Future faces – Usine, 19 oct.)

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Vague froide sur Genève : quelques images du concert hier à l’Usine.

Jessica 1.JPGA vrai dire, j’étais pas au concert mais c’est certainement pas ça qui va m’empêcher d’en parler. Ca va être rapide.

Jessica 2Jessica93 sort un nouvel album bientôt mais là, il était en solo et ne jouait donc que des anciens morceaux.

Jessica 3.JPGQuant aux Genevois de Future faces, ils fêtaient la sortie de leur joli EP il y a quelques mois, sur le label Throatruiner records.

ff 5.JPGSi la voix était un peu noyée dans son brouillard d’effets, il paraît que la section rythmique était absolument massive… Il paraît.

ff 3.JPGLe groupe ne devrait pas s’arrêter là… à suivre !

 

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Merci Anne pour les photos !

>>>>>>>>>> FUTURE FACES

>>>>>>>>>> JESSICA93

Kurt aubaine (Staches, Kurt, Telemark – Usine, 12 juin)

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Les derniers accords du dernier morceau de Staches résonnent lorsque je passe la porte de l’Usine ce soir-là. Grésillants et entraînants. Ce sera pour une autre fois.

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Double ration germanique. On commence par Telemark, qui, à vrai dire, fait partie d’un ensemble de groupes qui partagent à la fois un son et des musiciens. Soit un punk-rock noise entrainant, des riffs dissonants posés sur une rythmique survitaminée, limite disco d’ailleurs pour le dernier morceau.

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Impossible de résister, le savoir-faire est là et le front-man tient bien la scène, sans en faire des tonnes non plus.

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Kurt pratique à peu près la même formule mais il faut bien avouer que ce groupe a quelque chose de spécial. Leur formule à eux frise la perfection. Guitare tranchante, voix gueulée avec ce qu’il faut de charge émotionnelle, batterie millimétrique, frénétique. Et la basse… Ferrailleuse, survoltée, totalement intouchable. Le bassiste ne tient d’ailleurs pas en place et semblerait pouvoir enchaîner cinq sets sans broncher.

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Initialement influencé par le screamo (ou hardcore émo comme on disait à l’époque), ce groupe avait bien cartonné à la fin des années 90/début 2000 et s’est forgé son propre style, à mi chemin entre punk-rock énergique et noise bouillonante. Les morceaux commencent systématiquement à un très haut niveau d’énergie et réalisent le tour de force de faire encore monter la tension. C’est presque éreintant.

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Les discussions d’après concert révèleront des personnes éminemment sympathiques, tranquilles et humbles, suivant leur petit bonhomme de chemin, loin du business de la musique. Vivre de la musique ? No way !

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Je sais pas comment il a fait vu comme il était excité mais David « Livegenevatv » a réalisé une prise bien chouette du concert. La voilà. La classe !

>>>>>>>>> KURT

>>>>>>>>> TELEMARK

>>>>>>>>>> STACHES

« Rock’n roll maximum » (Part Chimp – Usine, 26 mai)

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Arrivés trop tard pour Stearica et Orso mais on chope quand même au vol le concert de ces anglais supersoniques de passage en Europe (sic). En toute bonne foi, on les connaissait à peine mais un morceau entrainant du nouvel album a suffi à nous appâter.

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Son massif ! Disto énôôôôôôrme ! Amplis poussés à bloc … Le volume fait partie intégrante de cette musique.

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Dans Part Chimp, il y a du tempo pachydermique, du riff stoner (de Brest) ventru, de la disto prête à craquer à la Unsane et même des harmonies, des mélodies limite sucrées parfois.

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Les anglais étaient visiblement déjà passés par l’Usine et bien contents d’y être de retour. Des gars détendus et sans attitude, avec une sacré expérience. Plus de 15 ans d’existence et 6 albums sous le bras, quand même.

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La quarantaine rugissante, quoi !

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>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> PART CHIMP !

« Et votre lac est rempli des larmes de vos vieux? »* (Korto, Conformists – Usine, 11 mai)

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Avec un album et une tournée européenne tous les 5 ou 6 ans (la dernière date de 2011), les américains de Conformists suivent un rythme qui n’appartient qu’à eux. Leur concert à l’Usine était donc une occasion rare à ne pas louper pour les amateurs de rock pas-comme-tout-le-monde.

Avec un chanteur aux allures d’Henry Rollins dada, leur musique prend un malin plaisir à brouiller les pistes, à empiler les rythmes improbables, à bricoler des accouplements contre-nature, des pieds-de-nez et des bifurcations soudaines. Pas moyen de se laisser aller, d’être tranquilles.

Et puis se fend tout à coup d’une grosse soufflante noise-rock, groovy et dissonante à souhait. Bien jouissive après les asticotages en règle.

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Pas de pédale d’effet à la mode, pas de guitare en alu bling-bling. Un ampli, une guitare, un volume. Point. Presque une ambiance jazz, et apparemment, ils n’en voulaient pas plus. Pas étonnant qu’ils aient enregistré tous leurs albums chez Steve Albini. C’est un peu le roi du son brut et sans artifice, non ?

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Bref, un groupe éminemment sympathique, hors des modes et potache comme c’est pas possible. Les locaux de Korto jouaient en premier. J’ai loupé leur concert mais, vu l’activité intense du groupe en ce moment, ce n’est certainement que partie remise.

*Réponse du chanteur de Conformists a un gars qui lui expliquait qu’à Genève, on tapait les vieux pour s’amuser…

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« Racaille du bruit » (Kunz, Pigs pigs pigs pigs pigs pigs pigs, Raketkanon – Usine, 6 fév.)

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Waouh, premier concert de l’année 2017 pour l’asso Drone to the bone et une affiche explosive avec trois groupes à forte personnalité.

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L’occasion d’abord de voir Kunz. Ce duo basse/batterie originaire de La Chaux-de-fond prévu l’an dernier en première partie de Arabröt et qui avait été remplacé un peu en dernière minute.

Kunz, c’est une affaire à la fois simple et compliquée. Compliquée parce que pour décrire leur musique on pourrait parler de punk-hardcore pour certains tempos, d’un côté bluesy et swinguant qu’ont souvent leurs morceaux et sans compter qu’ils savent aussi appuyer sur la pédale noise destructuré et répétitif. Mais simple, aussi, parce que ça reste un groupe de rock qui fait des morceaux qui rock et sur lesquels tu ne peux t’empêcher de trépigner.

Le groupe joue à même la salle, dans le public, de la même manière que Pneu et leur prestation convulsive les rapproche du duo tourangeau. Mise-en-bouche de grande classe.

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Changement de tempo avec les anglais de Pigs (x7) et leur stoner psychédélique massif crashé dans une lenteur hallucinée.

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Les longs hurlements du chanteur charismatique font beaucoup aussi dans ce groupe et accentue le côté vision cauchemardesque de leur musique…

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Puis vint Raketkanon, précédés de leur réputation démentielle sur scène – et d’un album enregistré chez Steve Albini, évidemment*. Les belges balancent eux-aussi une musique mutante quasi-impossible à décrire. Empruntant à toutes les formes de rock et de métal, malaxées, digérées et régurgitées en une nouvelle forme de noise-rock, ultra-percutant, à la fois violent et sardonique, prêts pour le troisième millénaire.

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Mais cette musique est aussi un support d’expression pour le crooner de la mort Pieter-Paul Devos. Un peu remonté comme une pile contre l’abus de smartphones devant la scène (il a d’abord foutu un coup dans une caméra qui passait puis s’est carrément rué sur un cameraman un peu entreprenant pour le bourrer de coups – il s’est excusé par la suite, c’était pas très clair)… mais bon dieu, les passages les plus rock’n roll où il est en mode punk braillard sont tout simplement génialissimes !

Beau, dérangeant, violent. La force de frappe du groupe est massive. Avec un logo en néon sur scène et un livre de photos bien classe sur leur table de merchandising, ils cultivent même pas mal leur image et ont un peu des petites gueules à être un prochain sujet de Tracks, l’émission chic et choc d’Arte. Faut en profiter tant qu’ils sont encore à nous, ha ha.

Bref, bref, bref, c’était super.

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Après nous, la ruine

*Comme Cocaine piss, le dernier groupe proposé par DTTB en 2016, hé hé – et d’ailleurs, en passant, Shellac sera en concert le 5 juin à la Belle Electrique à Grenoble.

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Capture d’écran_2016-12-10_15-15-08.pngRegarder une vidéo d’un concert est-ce que c’est la même chose que d’y assister ? Pas exactement, c’est plutôt comme le suivre depuis la pièce d’à côté, mais c’est déjà ça et c’est pour ça qu’un site comme Livegeneva.tv est important. Il y tellement des concerts, de groupes, d’assos par ici et si peu de médias qui permettent de partager tout ça.

Le site, qui existe depuis 2010, propose déjà une bonne palanquée de vidéos de concerts, de qualité supérieure et accompagnées de textes bien sentis. Majoritairement tournées dans les salles genevoises, l’Usine et ailleurs, et majoritairement rock. Voire rock ++ avec pas mal de concerts Drone to the bone, cette asso dont le nom est synonyme de « dantesque » : Fistula, This gift is a curse, Aluk Todolo et ce concert marathon monstrueux qu’ils avaient organisé pour leurs 6 ans avec YurodvyPlèvreNesseriaWardhillEuglenaSofmajorPigs, chroniqué d’ailleurs dans ces pages.

De quoi fouiller pour dénicher quelques perles (Isis ! … Neurosis! … Buildings!, etc. etc.) et visionner les interviews que propose également le site, qui permettent de s’informer et contribuent à rendre toute cette scène un peu plus vivante.

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Cyclamen (Urgence disks – 28 octobre)

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De passage à Genève sur la fin d’une tournée européenne, le trio du Mans Cyclamen jouait à Urgence disks, cette antre géniale où passe à peu près tout ce qui touche, gratte ou cogne sur des cordes ou des peaux.

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Difficile de pas penser à Amanda Woodward en les écoutant – et à la façon dont ce groupe a marqué le hardcore, en France et ailleurs – cet émo qui rocke, ces changements abrupts, cette façon de gueuler ou de parler et jusqu’à certains effets, certaines évocations dub, sur la guitare.

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Le groupe apporte aussi sa dose de chaos et de folie personnelle. Et des idées originales, comme le banjo sur Les turpitudes, extrait de leur dernier EP.

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« Usine intime » (Zerö, Mike Watt & Il Sogno del Marinaio – Usine, 12 octobre)

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L’Usine en mode café-cabaret feutré, si, si, c’est possible. Peu d’affluence ce mercredi soir, malgré les grands noms à l’affiche.

dscn2511Les lumières de Zérö étaient intégralement rouges, sûrement pour rappeler la pochette de leur dernier disque. De Bästard, leur ancien groupe (dont ils joueront d’ailleurs un titre), je me rappelle une musique balladeuse, capable d’emprunter à presque tout, de l’ambiant au noise, au cabaret, aux musiques traditionnelles…

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Zérö a aussi cette dimension touche-à-tout, cinématographique. Musique tendue, brumeuse. Parfois un peu insaisissable, à l’image des visages évanouis de leur pochette encore une fois. Mais aussi traversée de montées de tension stridentes…

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Après les ombres mouvantes de Zérö, le punk-rock expérimental et malicieux de Mike Watt, acoquiné avec le duo italien Il Sogno del Marionaio.

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Avec toujours ce style inimitable – quelque part entre rock minimaliste et progressif, si vous avez du mal à imaginer, vous n’avez qu’à écouter –  et cette voix reconnaissable entre mille, Mike Watt continue de tracer son bonhomme de chemin. L’ex-Minutemen (pères de tous les punks de traviole de la terre) et bassiste des Stooges* a toujours la patate pour venir jouer dans des endroits sombres et enfumés. L’Usine cette année, Bellecombe-en-Bauges en 2014. A plus de 60 ans, avec son inamovible chemise à carreaux, il est la preuve vivante que le punk-rock, ça peut être autre chose qu’une musique formatée. Il me fait penser à un monde où on oublierait pas qu’on a été un gosse, où on oublierait pas qu’on peut être passionné, que ça peut être beau de créer, envers et contre tout.

Hey, c’est pas un peu la classe, ça ?

*Après Steve MacKay au Poulpe (avec Bunktilt), en 2014 ou quelque chose comme ça, c’est le 2e Stooges que je vois en concert dans le coin ! Hé hé ! A quand Iggy pop à Urgence disks?

« Supersonic youth ! » (Llamame la muerte, Presque maudit- Usine, 2 mai)

PM entente.JPGAvantage et inconvénient d’arriver en retard. Avantage: tu arrives pour trouver le groupe au milieu du concert, bloqué sur une note répétée inlassablement devant un public médusé. C’est drôle, venant de l’exterieur. Inconvénient : tu rates le premier groupe.

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Presque maudit, c’est presque comme Marilyn Rambo, presque. Une déferlante de rythmes concassés, un déluge sonore sans guère d’interruption,  avec peut-etre un peu plus de colonne vertébrale, dû à une une guitare supplémentaire que je soupconne d’être baryton mais peut-être pas.

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A l’image du morceau plein de swing classique pour lequel le groupe a réalisé une vidéo, leur musique saccadée a une légère tendance à produire chez le spectateur des mouvements incontrôlables qui te font ressembler à une animation GIF. Ou une animation gifle. Mais pas assez au goût du batteur, qui a éprouvé le besoin de jouer des cymbales avec ses pieds et de venir danser dans le public.

Jolie table aussi, où on trouvait les productions d’Epicericords, le label d’Aurel, guitariste de Presque maudit. Plein de disques et de sérigraphies magnifiques à prix libre.

Interview : TUCO

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Des gros riffs qui tournent en boucle, façon Panzer division, striés parfois de fulgurances où l’atmosphère se fait changeante et les accords inattendus… Ce que j’avais entendu de Tuco m’avait bien mis les crocs. Un concert – manqué –  à Urgence disks le 25 février dernier et la petite vidéo qui allait avec n’avaient fait qu’aiguiser cette frustration. J’ai donc décidé d’envoyer quelques questions au jeune groupe suisse originaire de Duillier, histoire d’en savoir un peu plus…

Vous avez enregistré un EP en 2009/2010. Qu’est-ce qui s’est passé pour vous depuis ?

Laurent (basse, voix) : Ouais, ça fait un peu groupe de branlos tout ça… En fait, le timing n’aurait pas pu être beaucoup plus mauvais que ça. On l’a enregistré en août 2009, et je partais voyager avec ma copine pour 9 mois en septembre. Quand je suis rentré de voyage, Michel (guitare) décidait de partir pour travailler à Zürich, où il est resté 3 ans environ. Bon, lui n’a pas chômé là-bas, car il a vite rejoint Gletscher (post-rock), où cette fois il jouait de la batterie. Quand il est revenu, on s’est tout de suite dit qu’on allait reprendre Tuco, mais cette fois-ci c’était Patoche, notre batteur à l’époque de l’enregistrement, qui n’était plus de la partie, maintenant il fait bouger des culs dans Lord Makumba, un groupe d’afro-beat basé sur Genève. Du coup, on a demandé à Seb (batterie) de nous rejoindre. On le connaît depuis toujours et il venait de quitter Mumakil pour des raisons de problèmes récurrents au poignet. Ça a pris un peu de temps pour qu’il puisse se remettre à jouer normalement, mais maintentant ça roule nickel. Du coup, on s’est remis à composer et à répéter régulièrement, et on espère que ça va continuer comme ça!

Tuco, c’est le personnage d’une série, je crois. Pouvez-vous nous en dire un plus sur le choix de ce nom et cette inspiration ?

Laurent : Ah ouais, c’est le narcotrafiquant dans Breaking Bad. En fait, quand on a commencé la série n’existait pas encore. Tuco, c’est plutôt un double hommage: premièrement, c’est le personnage « The Ugly » (le truand) dans le film de Sergio Leone, on s’est dit que ce bandit mexicain dégueulasse, ça correspondait assez bien avec notre musique. Ensuite, c’est un hommage au groupe Keelhaul qui nous a beaucoup influencés, où Tuco est le nom de la première track de leur premier album.

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Pour vous, cette musique, c’est juste de la musique ou y a-t-il également un esprit et des idées ?

Laurent : Bon c’est clair que c’est la musique qui importe le plus. En fait, au début on avait commencé en groupe instrumental avant qu’on ne se rende compte qu’il manquait quelque chose, la voix. Je me suis fait désigner volontaire et dans la composition on pense à la voix en termes de « Ah ouais, ce serait bien d’ajouter du chant sur cette partie bourrine », sans aller beaucoup plus dans les détails. Pour revenir aux idées, nous n’avons jamais pensé à Tuco comme un vecteur pour promouvoir des idées. Par contre, il est à mon avis impossible de ne rien laisser transparaître de ce qu’on pense ou ressent, et quelque part cela se retrouve dans notre musique. En fait, on ne cherche ni à cacher ni mettre en avant certains aspects de nos personnalités. Ce que l’on recherche, c’est créer des émotions quelles qu’elles soient chez nos auditeurs. Tuco est un espace où chacun d’entre nous peut se laisser aller, ce qui la plupart du temps signifie raconter des blagues moisies entre les morceaux.

Le visuel de votre EP fait un peu penser à l’esthétique communiste ? Qui l’a réalisé ?

Laurent : Ah ouais, merci, en fait je ne l’avais jamais vu comme ça. C’est Manon Roland (http://www.manonroland.ch/), une copine illustratrice qui l’a fait. Elle est super talentueuse et fait plein de trucs : illustrations, graphisme, animations. On lui a donné carte blanche, on voulait juste que celà représente le côté brut, sans fioritures de notre musique. On a été super contents du résultat. Je vais lui dire, cela lui fera plaisir.

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Et en passant, que pensez-vous de l’idée du communisme ? Etes-vous à l’aise dans la société, disons, libérale et matérialiste dans laquelle nous vivons ?

Laurent : Alors l’idée du communisme est bonne, mais se base sur une conception assez optimiste de l’être humain où tout un chacun réalise que le bien commun s’aligne avec le bien individuel. Je ne pense pas que l’humain ait atteint un tel niveau de développement, à mon avis les intérêts personnels primeront toujours sur le bien commun, même si le système global en pâtit. Comme tu le vois, je ne suis guère optimiste, mais c’est mon avis personnel. Après, au niveau de la mise en application du communisme, le tableau est absolument accablant, avec des privations de libertés inacceptables. Si tu regardes maintenant, la plupart des pays qui ont un régime officiellement communiste au pouvoir pratiquent le libéralisme économique, et ne gardent que le régime totalitaire en tant qu’état-flic (je pense notamment à des pays comme la Chine ou le Vietnam, dont je suis originaire).

Après, je ne suis pas fan de la société ultra-libérale dans laquelle nous vivons. Lire que les 60 plus riches possèdent autant que la moitié de la population la plus pauvre fout clairement les boules. Après, on se rend compte du bol immense d’avoir grandi en Suisse, où la liberté de penser et de s’exprimer est généralement garantie, où on bénéficie d’une éducation de qualité et des perspectives personnelles et professionnelles. Dans ce contexte, je me vois mal cracher dans la soupe, même si nos privilèges ont un coût pour le reste de la planète. À la fin, la chance que nous avons de vivre dans cette société est que nous pouvons faire des choix, ce qui au niveau global est un luxe.

Comment s’est passé votre concert à Urgence disks ? Avez-vous apprécié de jouer dans ce lieu ?

Laurent : Alors oui c’était super. Damien d’Urgence Disk a été hyper-classe : nous a invités, nous a fait la promo, nous a nourris, nous a filé des bières, nous a filmés et nous a encore donnés l’argent des entrées.

Quels sont vos projets ?

Laurent : Dans l’immédiat, notre but est de donner le plus de concerts possible et de continuer à progresser et composer. D’ici la fin de l’année, on aimerait bien enregistrer les nouvelles compositions (EP ou LP, à voir).

Merci beaucoup ! Voulez-vous rajouter quelque chose ? Une petite blague ? Un message qui vous tient à coeur ?

On ne dira qu’une chose : Le général est arrivé à pied par la Chine mais Superman a une bouille incroyable.

https://tuco12666.bandcamp.com/releases