« Ils sont fous, ces anglais ! » (YCVN, Death Pedals, Palehorse – The Hope and Anchor, 20 juin)

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De passage en Angleterre, je profite d’un peu de temps libre pour aller faire un tour à Londres, goûter un peu de noise british. Vive les voyages culturels !

La soirée est organisée par Rip this joint!, un collectif de groupes et d’artistes londonien, et se passe au Hope and Anchor, un pub musical du nord de Londres. Qui a vu passer pas mal de noms (Specials…) dans ses murs, si j’en juge par les affiches qui le tapissent. Trois groupes à l’affiche, trois styles différents.

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YCVN

YCVN est un duo batterie / claviers, électro, etc. mais YCVN ne se cantonne pas pour autant à de la musique minimaliste car YCVN est un groupe assez débordant qui ose beaucoup de choses. Non, je n’ai pas dit que ça partait dans tous les sens, mais ça part dans beaucoup de directions. La voix trafiquée un maximum et le synthé qui voit trouble m’ont fait penser à Dévo ou Kraftwerk, mais les mélodies popisantes rappellent des choses déjà moins avouables. Enfin, on ne s’ennuie pas une seule seconde, même si ce n’est pas forcément le genre de musique que j’écouterais sur disque chez moi. Pas volontairement, en tous cas.

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Death pedals yeah !

And now for something completely different… Death Pedals est un groupe dont j’avais entendu parler sur le zine noise ultime « Perte et fracas » (que tu devrais aller consulter si tu ne connais pas car il y a là un amour de la musique noise qui dépasse tout entendement). Mini sound-check, le bassiste affiche un sourire satisfait au son gras et saturé qui sort des baffles et c’est parti pour un set de punk-rock survolté qui ne connait pas de repos. Punk-rock qui ne quitte presque jamais ce bon vieux mid-tempo des familles, qui a dû être considéré comme le summum de la sauvagerie il y a longtemps, mais qui rocke encore bien les chaumières aujourd’hui. Leur son m’a fait penser à des choses comme Husker Dü et tirait sur le noise sur certains morceaux plus répétitifs et monocordes (adjectifs employés ici uniquement dans leur sens positif, je précise).

Palehorse est un groupe qui visiblement avait plusieurs fans dans la salle mais qui ne m’a qu’à moitié convaincu. Les deux basses et la batterie font un super boulot : c’est lourd, ça sonne terrible, ça tourne comme un animal dans sa cage prêt à se jeter sur les grilles. Seulement, la voix, à côté, ne fait pas le poids. Le chanteur se rabat souvent sur des hurlements ou grognements qui ont pour effet de transformer ce groupe en cliché hardcore alors que sa musique aurait pu être autrement plus prenante et dérangeante en cherchant autre chose. Mais bon, n’est pas Oxbow qui veut…

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Palef***inghorse

Bon, ce n’est qu’un avis subjectif. Par contre, ce qui est objectif c’est les gros lourds qui se sont mis à pogoter si violemment qu’un gars du public qui ne demandait rien à personne a failli s’évanouir quand il s’est pris un coup. Il a fallu que le groupe intervienne et que le chanteur fasse la sécurité dans le public sur le dernier morceau pour que ça se calme un peu et que le concert puisse s’achever, dans une ambiance plutôt tendue. Merci, les gars. La testostérone, c’est la plaie des concerts punk.

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Et ça, c’est une peinture de Joram Roukes, « The great beyond » (Stolen space gallery) qui illustre peut-être l’idée qu’on n’a pas tant changé que ça depuis l’état sauvage…

Anne-James Chaton/Andy Moor, Massicot – Cave12, 8 mai

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Vernissage de sortie d’album pour le groupe genévois Massicot, avec, comme première partie de choix, le duo Andy Moor (guitare / The Ex)/Anne-James Chaton.

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Anne-James Chaton à la voix, Andy Moor aux brosses

Enfin duo… la bande-son et les images fixes projetées jouent un grand rôle dans la performance de ce duo-là. Les textes/poêmes d’Anne-James Chaton sont minimalistes, factuels, des relevés, des listes. On navigue entre l’anecdotique, l’information pure et le vertige créé par l’accumulation. Ils fonctionnent souvent à la façon d’énigmes, comme celui sur la mort de Diana ou celui, très poétique, où l’on comprend plus ou moins qu’il est pornographique (dumoins c’est ce que j’ai cru comprendre… )

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Dis d’une voix profonde et imperturbable (que j’ai trouvée impressionnante de maîtrise), il y a quelque chose d’objectif, de froid et en même temps qui amène vers une tension sourde. Comme si ces chiffres, ces faits, ces infos qui sont une grande partie de notre quotidien étaient un écran où parfois on distingue le drame et l’humain. Les références à la religion et au sacré sont d’ailleurs très présentes…

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Andy Moor comme vous ne l’avais jamais vu !

La guitare d’Andy compose un décor sonore, ou passe par dessus et viens parasiter la voix, ou raconte des histoires dans son coin. Les projections ancrent dans le contexte. L’ensemble à un peu un côté Godspeed you black emperor! (Les lignes de guitares ont d’ailleurs un petit goût post-rock, enfin quand même façon The Ex, hein).

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Massicot

Cave12 est remplie lorsque les Massicot montent sur scène. Leur set était bien trépidant, emmené par une basse-jouet qui donne une tonalité de traviole à leur musique répétitive et malicieuse. Mais j’avoue que j’étais plutôt fatigué et je n’ai pas profité plus que ça du concert. C’était la fête, en tous cas.

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« Destination : qualité » (Nevraska, Shizune – La machine utile, 1er mai)

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Moi je dis : concert punk, photo punk.

Première fois pour moi dans ce lieu de la culture underground annecienne. L’accueil est bien sympa, par des sculptures post-industrielles d’abord, puis par des humains ensuite.

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Nevraska pied au plancher

La salle n’est pas très grande mais il y a une petite foule humaine bien dense qui s’y serre lorsque Nevraska commence son set. Petite intro lancinante qui fait chauffer les lampes de l’ampli puis le duo basse / batterie lance le moteur et on ne ralentira pas trop par la suite. Nevraska, ça file droit, ça négocie les virages serré et sans temps mort. Faut suivre. Faut rester concentré. Pas trop se laisser attendrir par le paysage parce qu’on risquerait d’avoir de mauvaises surprises. Le duo, c’est une formule light qui peut paraître austère, mais il y a comme une évidence dans la musique de ce groupe,. Peut-être ces mélodies qui parcourent les morceaux, peut-être le dialogue basse/batterie qui fonctionne particulièrement bien. Je ne sais pas…

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Shizune

« And now for something completely different… » Le punk-rock a plein de visages différents et c’est ça qui est bien. Shizune est un groupe d’emocore qui vient d’Italie. Leur émo est classique – c’est-à-dire que c’est un savant (hmm…) mélange de mélodies et de chaos, d’alternances de passages hurlés ultra-intenses et d’autres posés, presque méditatifs. On peut aimer ou mépriser cette musique – surtout quand on la connait à travers des caricatures ou des versions affadies  – , mais pour moi elle exprime / a exprimé quelque chose qu’aucune autre musique n’exprime. L’émo, c’est le punk sans l’idéologie, la révolution sans la violence, la radicalité ET la sensibilité. Bref, bref, j’ai trouvé que les italiens le faisaient bien, ils ont balancé leur sauce sans trop en faire non plus (comme je disais plus haut, avec l’émo, on tombe assez facilement dans le cliché).

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Les petites discussions post-concert ont confirmé cette impression : des gens ouverts, abordables et passionnés.

Comme tout le monde rencontré ce soir-là, d’ailleurs !

PS Le titre de cette chronique est emprunté à Pneu. Chouette groupe, Pneu, non?

« Virée virons vrillés » (Daîkiri, Les Spritz – Cave12, 11 avril)

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Du noise pour rigoler. Du noise pour délirer et rentrer en transe… Ce concert a eu la très bonne idée de commencer pile au moment où nous sommes arrivés, c’est-à-dire bien en retard. Il proposait deux duos bien décalés : Daïkiri, basse/batterie de Metz et Les Spritz, guitare / batterie siciliens.

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Daîkiri ouvre le bal. Le groupe joue sur le sol, ce sont les amplis qui sont empilés sur la scène, comme un mur derrière le groupe. La basse a carrément un chouette son : beau grain bien baveux et en même temps on distingue parfaitement les notes aigues.

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Daîkiri opère dans le mode survolté – un peu genre 33 tours passé à la vitesse supérieure (et c’est également le cas pour la voix – à croire que c’est vraiment leur but de faire cette impression…) Les morceaux sont souvent bâtis sur le même principe : on fait tourbillonner un riff jusqu’à lui faire prendre sa force d’impact maximale et BAM! on balance le riff suivant. Ca donne à chaque fois comme un sentiment d’accélération, on a un peu l’impression d’être dans une centrifugeuse. La voix aigue du chanteur rajoute au côté totalement décalé. Plus le concert avance, plus le groupe devient fou. Bref, vous l’avez compris, c’était magnifique.

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Les Spritz travaillent un peu la même veine, avec le côté épileptique un peu moins marqué. La guitare a un je-ne-sais-quoi de post punk et les riffs ont quelque chose de classique (j’avais jamais écouté avant donc c’est vraiment l’impression sur le moment). Mais le principe reste le même, et même poussé encore davantage. On tourne en boucle, encore et encore, on fait monter la sauce, sûrement, on vrille, on vrille, on creuse. Toujours la même chose. Encore. Ton cerveau fume. Tu ne tiens plus. (Franchement, y’a eu un morceau où ça a duré tellement longtemps… c’était abusé…je serais vraiment curieux de connaître le nombre exact de répétitions.) Et puis, l’explosion in the sky, le break, la variation, le lâchage de nerfs et là, c’est la trance, la fête, l’éclate.

Voilà, voilà, c’était donc une bien belle soirée où étaient d’ailleurs proposés des cocktails qui n’étaient peut-être pas pour rien dans sa réussite. Et aussi de belles tables de distributions avec des zines, des disques, des sérigraphies. Et ça aussi, ça fait plaisir.

« Dance-punk tonight ! School tomorrow ! » (Chocolat Billy, Api Uiz, Kocher/Lanz duo – Cave12, 22 mars)

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Jonas Kocher à l’accordéon qui couine, qui pleure ou qui suffoque, Joke Lanz aux platines, aux parasitages, aux cut-ups. 30 mins environ de musique bruitiste et improvisée. Bon début de soirée, bonne durée aussi. Juste le temps de prêter l’oreille à une musique quand même bien abstraite, qui peut repousser (surtout dans les moments où elle refuse toute structure) mais qui a aussi ses moments où elle se met à parler.

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Jonas Kocher et Joke Lanz

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Puis Api Uiz entre en scène. Malheur, mais qu’il est bon ce groupe ! Afro-beat noisifié, frénétique, qui cherche la trance et ne veut plus s’arrêter. Je ne connaissais que vaguement (internet…) et c’est de la bombe. Ca groove mortel, ça fait des blagues n’importe comment, c’est le bordel, le bon bordel. Ca m’a fait penser à tout un courant de groupes français actuels, bien sûr, mais aussi aux Minutemen. Pas mal, non ? Ce côté groove serré et millimétrique avec un son bien distordu…  En tous cas, ils ont bien sué pour les, allez, 20 personnes qui s’étaient déplacées pour ce concert… Fallait être là !

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Api uiz prêche la bonne parole du noise fumant

Pas eu le temps, par contre, pour Chocolat Billy, qui s’annonçait comme une déclinaison intéressante du même groove fumant. Dommage… Merci Cave 12 ! vitrine 3 vitrine 5*vitrine 2

Hardcore à la petite semaine 2 (Darius, Uns, Death Engine – L’Usine, 17 mars 2015)

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J’aimais bien l’affiche de ce concert : un groupe de post-rock, un groupe de noise-rock et un groupe de post-hardcore. Bon, les étiquettes ça vaut ce que ça vaut mais c’est quand même moins ennuyeux que d’avoir l’impression d’entendre trois fois le même discours.

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Darius

C’est Darius qui a joué en premier. Les trois guitaristes de ce groupe ont des guitares bien funky et empilent leurs arpèges scintillants ou leurs accords syncopés pour créer un post-rock mélancolique et assez puissant.

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Uns

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Puis, Uns. Uns de Limoges, Limoges city ! Le CSP, la porcelaine, le plateau de Mille-Vaches, yeah ! Qui fait une musique assez difficile à décrire tant ils semblent parfois prendre un malin plaisir à prendre à contre-pied les structures classiques du rock. Il y a des petites notes cristallines qui se développent et se répètent, mais aussi des gros accords bien accrochés à la terre (le côté Mille-vaches…). Les morceaux sont longs, peut-être parfois trop. C’est narratif, ambitieux, personnel. Ils ont sorti un joli CD qu’ils vendent à prix libre.

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Death Engine

Et Death engine investit la scène. Pas de bonjour ni d’au revoir, on est pas là pour rigoler. Death Engine déverse ses torrents de bruit. Pas un moment de répit, pas un silence, à peine une intro répétitive qu’on est reparti, la tête sous l’eau. Mur du son sur tous les morceaux, intensité maximale. Et en même temps, pas un break en trop, on sent que c’est un groupe qui sait exactement la musique qu’il joue.

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Hey, les Uns sont en rade d’une date le 20 mars (Lausanne a été annulé), si quelqu’un a un plan de secours…

PS Oui, je suis de Limoges.

« J’écoute de moins en moins de punk éthiopien joué par des Hollandais mais là je vais me rattraper ! » (Orchestre tout-puissant Marcel Duchamp, The Ex, Konono n°1 – Brise-Glace, 26 février 2015)

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Jésus, je l’ai attendu ce concert… A l’entrée, bof bof : les appareils photos sont interdits. Ah, pourquoi? Pour que les gens puissent profiter de la musique. Vois pas le rapport. Et puis, fallait demander une autorisation par mail mais vous ne pouviez pas le savoir car c’est marqué nulle part. Hmmm, et bien merci bien…

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Vous vouliez peut-être savoir à quoi ils ressemblent, Orchestre Tout-puissant ? Et bien… non.

Bref, tour de chauffe avec Orchestre Tout-puissant Marcel Duchamp, qui joue une musique à mi chemin entre des beats africains, une pop tendue et des passages plus syncopés. Pas désagréable mais le côté un peu lisse de ce groupe m’a laissé légèrement sur ma faim. Je ne pouvais pas m’empêcher de faire des comparaisons avec l’ancienne formation du batteur, Dog faced hermans, plus dissonant et aventureux…

Petite pause et deuxième mauvaise surprise. Une copine garde notre fille et j’ai besoin d’aller chercher mon téléphone que j’ai oublié dans la voiture, mais un vigile m’indique que toute sortie est définitive. Et là, ça commence à faire beaucoup. Ce sera quoi, la prochaine fois : tenue correcte exigée ? Contrôle des papiers en règle ? C’est quoi la musique qu’on vient écouter déjà, ce soir? Du punk ? Ah, ouais ? Le vigile en question m’a laissé faire un aller-retour au parking, mais bon…

Puis The Ex prend possession de la scène et on oublie tout ça. Comme c’est bon de retrouver leur simplicité, leur plaisir de gamins à faire du bruit ensemble. On était du côté de Terrie, son ampli nous crachait presque directement dans les oreilles. Quel pied ! Ces rythmiques qui tout à coup s’emballent et trépignent de manière absurde, ces solos de traviole… On a même eu droit à une impro de grande classe contre la rambarde en métal du bord de la scène.

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Et là, ce bon vieux Terrie qui vient chercher Andy pour une bagarre de guitares The Exienne ! Et ben… non plus.

Finalement, leur set aura été génial mais me donnera l’impression d’être pas si long, forcément. Peut-être qu’ils seront revenus sur scène durant le set de Konono, mais pour nous c’était le temps de partir. Des feux d’artifice de bruit plein les oreilles…

PS Merci Daniel pour le titre…

Cafards et crustacés (Pneu, Ultradémon, Taulard, etc., etc. – Usine, 13 fév 2015)

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L’arrivée sur la place des Volontaires, devant l’Usine, était marrante. Sur la place, une foule à majorité black. C’est là, le concert de Pneu ? Ah, non, c’est derrière, ici c’est électro. Ah ? OK, effectivement, on se retrouve tout de suite entre blancs… Où l’on voit que le rock est une culture assez connotée racialement…

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Bref, ai vu un tout petit bout de Oswalovi et Andrea Rotti, mais alors tout petit, et c’est Havak qui enchaîne sur la scène d’en face (près de l’entrée) à peine le premier concert terminé. J’ai à peine eu le temps d’admirer un gars qui s’essayait aux coups de pieds sautés tout seul dans un coin de la salle. Etrange.

Bref, autant le son est bon sur la première scène, autant le son de celle où joue Havak semble brouillon. Le groupe joue une espèce de cold wave et j’ai vraiment pas trouvé que le son était à leur avantage. La cold wave, faut plutôt un son un peu vaporeux et cristallin, il me semble.

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Taulard

Ca enchaine sans temps mort avec Taulard, sur la scène du fond (pas celle de l’entrée où le son est moyen, vous suivez ?). Qu’est-ce que c’est chouette. Quelque part entre la chanson à texte et le punk sautillant, à la fois fun et prenant. C’est du rock alternatif, en fait. D’ailleurs, je pensais parfois à la Mano negra. Super concert.

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A peine le temps de boire un bière, que Marilou commence son set sur la scène de l’entrée. Et là, tout à coup, je me demande pourquoi la soirée s’intitule « Cafards et crustacés ». y aurait-il une scène cafards et une scène crustacés? En tous cas, j’ai trouvé que le groupe tirait bien son épingle du jeu, avec une musique bien intense.

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La distance n’est pas bien longue mais enfin faut pas traîner pour choper le premier morceau d’Ultradémon. Faut dire que ça va vite, ça balance des riffs hurlants dans tous les sens, et des petites rythmiques surfs, et du triturage de son. On comprend rien mais c’est pas mal, pas mal du tout.

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Ultrademon

Retour sur la scène cafard(s) avec His electro blue voice. Franchement, ces rythmiques linéaires, ça a un peu du mal à passer après l’hystérie Ultrademon. Mais bon le dernier morceau et son riff répété jusqu’à la nausée était quand même bien entêtant.

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Et c’est Pneu et leur noise trépidante qui font office de homard en chef. La disposition du duo dans le public (pas de scène) permet de participer un peu plus à l’extase bruitiste recherchée par le groupe. Les riffs joueurs qui te chahutent et te retournent comme une machine à laver, le batteur au bord de l’apoplexie, pas une seconde pour reprendre son souffle. Un  petit rappel mais c’est presque de trop, tant ce groupe joue une musique qui s’apprécie dans l’instant.

PS le dessin d’Ultrademon est extrait d’un petit fanzine rigolo illustrant leur tournée en automne 2014.

Comme à la maison ! (Nevraska + Smutt – 24 janvier 2015, Alterlocal)

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Par une soirée bien hivernale, rien de tel que du bon noise au coin du feu pour se réchauffer. C’est justement ce que proposait ce soir l’Alterlocal. Et vu la taille du local en question, on risque pas d’avoir froid.

Enfin, toute lumière éteinte, boule à facettes et projo brillant de tous leurs feux, le mini local prend quand même des airs de salle de concert et c’est Nevraska qui ouvre le bal. Ce duo basse-batterie est, ai-je entendu, tout récent, mais déjà bien en place.

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Nevraska

Math-rock bien véloce. Ca tricote des parties binaires avec des choses plus complexes. Une basse plutôt claire que distordue (j’ai même trouvé qu’il y avait parfois des petites sonorités jazz rock…), une batterie qui en met partout et très très fort comme il se doit. Bref, ça défile à une vitesse que ton cerveau à du mal à enregistrer mais tu te laisses aller et ça va bien se passer, comme on dit par ici.

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Smutt in da pit

Avec Smutt, on change de propos (mais c’est ça qu’est bien) : punk-rock carrément old school, puissant, entrainant, joyeux. Tout ce qu’il faut, quoi. Si Nevraska envoie le bois, Smutt met le feu!

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J’ai pensé aux Dead Kennedys, Adolescents, Ramones. Il m’a semblé qu’ils faisaient des reprises que j’avais l’impression de connaître par coeur sans être capable de mettre un nom dessus. Et même ils enchainent les morceaux et ça c’est la classe (quoi qu’avec 2 mins le titre, il vaux mieux echaîner…) ! Chanteur noyé dans le public, blagues, pogo, foule en délire, petit rappel. Ca y est, j’ai plus froid.

Child abuse (Cave 12, 10 octobre 2014) – « Crazy loud shit !!! »

C’était l’occasion de découvrir ce lieu – Cave 12 – spécialisé dans la musique expérimentale (cousin du 102 à Grenoble ou des Instants chavirés à Montreuil). Facile d’accès (centre de Genève, quartier des écoles et universités), c’est une jolie petite salle (vraiment une cave) où les organisateurs accueillent avec le sourire. J’ai trouvé très plaisante la présentation orale – et drôle – des concerts par les organisateurs, ça met un peu de convivialité dans une soirée qui autrement pourrait être froide. Et encore, je suis initié – bonjour l’impression de niche ultra-spécialisée que ça doit faire si on est novice…

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La soirée a commencé par deux sets de bruit à base d’électro (j’ai retenu aucun nom mais je mets le lien vers la page de la soirée), façon les oreilles collées à un réacteur d’avion. J’ai été assez peu surpris, je trouve cette musique pas extrêmement évocatrice et assez linéaire mais j’aime bien la puissance qui s’en dégage ainsi que le « grain ». En plus, y’avait un joli fond visuel pour le premier set. Troisième set dans le même style, avec un gars à la voix, façon râle d’agonisant. D’ailleurs il a fait mine de se pendre tout le concert et est allé s’affaler sur le sol du bar à la fin. Performance, performance…

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Bon, j’étais venu pour les américains de Child abuse et leur noise saccadé, violent et ludique (ah oui, c’est violent MAIS ludique, y’a toute une thématique autour des jouets et de l’enfance…). Ils ont envoyé sec. Leur son est super bon (c’est ça qui m’avait attiré dans ce que j’avais pu entendre d’eux, ça et le fait qu’ils ont sorti leur dernier disque sur le label Skin Graft), leurs morceaux empilent les rythmes tortueux et improbables et les couches de bruit, tout en restant écoutable et même qu’on dansait un peu. Le set était un peu court, un petit thank you, un morceau en rab et un mot sur les disques et tee-shirts qui permettent de payer l’essence et c’était plié. Mais bon, fatigués par la tournée, j’imagine.

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La petite folie qui se dégage du groupe (rien que leurs têtes improbables…) est bien représentative de ce qui fait l’intérêt de la musique noise, je trouve. Une certaine apologie ludique (décidément…) de la déviance qui crée un espace de liberté et de créativité qui fait du bien.

Bref, bien content d’avoir vu ce groupe !

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Photo exquise d’un groupe classieux. (Dominika Michalowska)

http://www.cave12.org/CHILD-ABUSE-WITTMER-MEIRINO-DUO

http://www.skingraftrecords.com/bandhtmlpages/child_abuse.html

Genève

GVA by night…