« Indie punk Xmas » (Crankcase, Off models – Le Poulpe, 23 déc.)

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Retour sur un concert qui remonte un peu mais qui valait le coup. Deuxième jour de l’invasion du Poulpe par la Tribu sonore avec un début à la MJC de Reignier et la projection de « Diesel ». Manquée en ce qui me concerne, malgré que j’ai fait l’interview de David Basso auaparavant, mais il parait que c’était bien.

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Puis, il y a Crankcase qui a joué. C’est top, Crankcase. Tout le monde aime Crankcase.

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Une pincée de rock’n roll, une  mesure de punk-hardcore pied au plancher, un soupçon d’envolées surf-pop et une attitude goguenarde qui leur donne parfois des airs de Hard-ons haut-savoyards.

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En plus, le groupe a le bon goût de laisser sonner sa basse distordue, teigneuse et un brin metallique – ce qui est quasiment une condition pour faire de la musique écoutable, pas de doute là-dessus.

Puis ce fût au tour des drômois de Off models et leur manière assez craquante de se tenir alignés sur la scène. Un peu Beatles, non ?

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Guitares cristallines, mid-tempo qui rocke et une chanteuse rayon de soleil pour une musique émo/mélo sensible et enjouée. Il sera d’ailleurs possible de revoir le groupe sur la petite scène du Brise-Glace bientôt, le 28 février pour être précis.

Avec la distro conséquente d’Anartisanart dans la salle, cette invasion avait un peu des airs de mini-festival indépendant. JaxLR a ensuite pris le relais pour ambiancer jusqu’au bout de la nuit. Ou, pour être exact, jusqu’à ce qu’on se fasse virer. On ferme. Bon OK, mais à l’année prochaine, hein.

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Diesel, 20 ans de punk-rock dans les yeux

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Diesel, c’est le punk-rock vu de l’intérieur, un road-movie dont l’idée a lentement germé dans l’esprit de David Basso, alors qu’il accompagnait, photographiait et filmait certaines des formations marquantes de la scène des années 90. Travail titanesque d’archivage, d’interviews et de montage pour arriver à un film qui capte à la fois la vie quodienne de ces groupes et sonde les questionnements et débats qui les traversent. En prévision de la projection de ce film à la MJC de Reignier le 23 décembre, nous avons posé quelques questions au réalisateur.

Hello David, tu dis dans la bande-annonce de Diesel que le projet de ce film est intimement lié au groupe Uncommonmenfrommars. Peux-tu nous parler plus précisément de ce que ce groupe représente pour toi ?

J’ai connu les jumeaux au lycée, Trint & Daff, on a très très vite sympathisé. Un weekend je suis allé dormir chez eux, j’ai fait la connaissance de toute la famille, leurs parents, Anne-Gaëlle la petite soeur agée de six ans à l’époque, Ed avec des cheveux (presque) longs et Forest qui était bloqué dans sa chambre à rejouer encore une fois à Final Fantasy VII sur PS1…

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Ils sont tous interviewés dans le film. Ils ne faisaient pas de musique encore. Avec les jumeaux ont faisait de la vidéo au lycée. J’ai persisté et tout naturellement quand ils ont commencé à faire de la musique, j’étais là pour filmer. Comme quand Forest s’est lancé avec The Pookies, j’étais là.

Pourquoi fallait-il que tu fasses ce film, Diesel ?

En gravitant dans le Punk-Rock, en côtoyant en plus des Unco, les ISP, puis les Burning, The pookies, Hateful Monday, Flying Donuts, d’années en années je constatais qu’un film sur cette scène n’existait pas ! Il y avait bien des films sur Portobello Bones, Seven Hate, mais pas sur la scène de manière globale! J’utilise mon lien avec les Unco comme fil conducteur narratif et pour permettre au spectateur de se plonger avec les Unco dans l’univers d’un groupe en tournée, ensuite de plus en plus d’intervenants se rajoutent au propos, des vétérans comme Brian Baker de Minor Threat, Fat Mike, Peter Black des Hard-ons pour l’international, aux Flying Donuts, Rebel Assholes, Dirty Fonzy, Burning Heads et bien d’autres encore pour la France !

Et si il n’existe toujours pas de film aujourd’hui sur cette scène à part Diesel, ça justifie le fait que ce film doit exister ! Ha ha !

Plus sérieusement c’est aussi l’envie de raconter comment ça « marche », la musique via un groupe indé. Loin des victoires de la musique ou du show-biz.

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Dans le film, il y a n’a pas que des groupes mais aussi des gens qui travaillent dans les médias ou l’industrie du disque, pourquoi c’était important d’avoir leur point de vue ?

Tout simplement pour avoir leur point de vue sur le succès du punk en France, d’ouvrir le discours au-delà de « les majors, c’est tous des pourris et vive les labels indés ».

As-tu cherché à mettre en scène des points de vue contradictoires ?

Non, pas specialement. Chacun avait ce qu’il avait à me dire devant la caméra. Ensuite, au montage, en mettant bout à bout les points de vues, tout le monde est assez sur la même longueur d’onde. Bien sur il y a des contradictions, mais je dirais plus que c’est une question de point de vue, comme Sid le manager des Unco ou Laura Jane d’Against me ! qui disent que pour vivre de sa zique il faut faire que des concerts, que le cd reste un objet pour le merch et Fat Mike du label Fat Wrekcords qui pense qu’il faut que tu fasses « ton meilleur album » et que c’est lui qui attirera le public au concert. Je te laisse méditer la dessus… 😉

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Diesel couvre une partie assez longue de ta vie, des années 90 à aujourd’hui, comment s’est-il construit ? Y a-t-il des thèmes qui ont émergés sur le tard ou tu savais depuis le début ce dont tu allais parler ?

J’ai commencé à archiver en 1999 et j’ai fait ma première interview en 2006. J’avais les questions « types » et des plus personnelles en fonction de la personne interviewée. Mais d’années en années le projet a évolué. En 2015 à la clôture de la campagne Ulule, je suis reparti à zéro sur le projet Diesel en regardant toutes les interviews, en faisant table rase des images. Je me suis dit que ce n’était pas suffisant, qu’il fallait creuser le sujet. C’est là que j’ai interviewé les membres de Bad Religion, Stéphane Saunier de Canal+, Mathieu Pinaud de Pias, Marsu, Fabien Hein (le sociologue qui a écrit Ma petite entreprise punk, sur les Flying donuts), Marlène Follain, de nouvelles interviews de Ed et Jim et bien d’autres encore ! Heureusement, non ?

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Le punk, au départ, c’est une musique plutôt anti-autoritaire, anti-système, que reste-t-il de cet esprit quand on essaie de vivre de la musique ?

Tous les groupes ne vivent pas de leur musique. Il y a des groupes qui en vivent en créant leur propre label où la distribution des disques se fait principalement sur les concerts ou sur Bandcamp. Ils prennent les décisions eux-mêmes, sans attendre l’aval d’un directeur artistique ou de quelqu’un d’autre et tombent 150 concerts par an pour avoir un smic. Ils se débrouillent par eux-mêmes en marge du système établi par les maisons de disque… Après, on peut tous être en guerre contre le système, mais quand on est tous fourrés sur Facebook avec nos smartphones, je ne sais pas trop si le punk est anti-système. C’est plus contre-courant qu’on devrait dire ? Pierre des Burning le résume très bien dans le film…

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Ton film est centré sur les années 90, la période actuelle est-elle très différente ? En quoi, selon toi ?

On parle de ce qu’on connait, dans le film je parle des années 90, des Unco aux Burning… C’est juste un feeling musical, « les années Fat et Epitaph ». C’est ma génération. J’aurais fait un film différent si je ne m’étais intéressé qu’aux groupes d’aujourd’hui ! Il y aurait eu beaucoup moins d’émotion !

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Est-ce-qu’il y a des réalisateurs qui ont particulièrement influencé ta façon de faire des films ?

Il y en a toujours ! Pour Diesel il y a deux documentaires : Dogtown, de Stacy Peralta et Looking for sugar man de Malik Bendjelloul. Le premier pour cette narration typiquement américaine de la culture Skate mélant images d’archives, interviews, vidéos, photos et musiques cool ! Le second pour l’émotion qui est constante tout au long du film !

Les groupes présentés dans le film sont, je crois, des groupes avec qui tu as une histoire en tant que cinéaste. Y a-t-il des groupes que tu aurais aimé inclure et qui ne sont pas dans le film ?

Je te retourne la question, c’est surtout improbable qu’à mon niveau j’ai des gens comme Fat Mike, Greg Graffin, Peter Black, Frank Turner… Comme je le dis souvent, si en 2006 au moment de mes premières interviews, tu m’avais dit que j’allais les interviewer, même Didier Wampas ou Stéphane Saunier, je ne t’aurais pas cru !

Après, il y a toujours des personnes à rencontrer ou à interviewer ! Allez, prochaine étape : Jimmy Page, Robert Plant, Bruce Springsteen et Mike Muir ! Je trouverais bien une logique à tout ça au montage ! 😉

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Quand la sortie officielle du film est-elle prévue ? Comment va se passer la diffusion et distribution ?

Pas de sortie officielle à l’heure d’aujourd’hui malheureusement ! Entre dix et vingt dates sont en cours pour 2018. Pour ça on travaille avec Thib de pressure-tour qui booke le film comme un groupe. Les demandes passent aussi par le site du film (http://www.diesel-lefilm.com), mais j’aimerais qu’on trouve un vrai distributeur pour une vraie sortie en salles ! le rêve quoi !

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Un grand merci pour tes réponses, veux-tu ajouter quelque-chose pour conclure ?

Merci cher lecteur, si tu as envie de voir le film et nous aider, tu peux aller voir ton ciné d’art et d’essai du coin, on se met en relation et c’est presque aussi simple que ça pour qu’il soit diffusé dans le cadre d’une soirée avec un groupe en accoustique en prime !

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