Untitled With Drums « Self-titled »

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Untitled With Drums est une formation relativement récente – ils existent depuis 2014 – et ce « Self-titled » est leur première sortie discographique. Curieusement, j’avais entendu parler de post-punk à leur propos alors que dès la première écoute, c’est plutôt à de la noisy-pop – façon Ride – qu’ils m’ont immédiatement fait penser.

Sept morceaux très homogènes composent ce disque. Une musique puissante, bloquée dans des tempos plutôt lents, mais que la voix lointaine aux mélodie douces-amères maintient dans une sorte d’apesanteur et de légèreté.  Encore une fois très proche de Ride, même si la référence du groupe semble être surtout True widow. Cette voix vibrante a l’art de faire décoller des mélodies sans effort apparent comme dans « Sequestrated » ou « The sun », où l’on perçoit le lointain rayonnement de Nirvana. Le son – rythmiques massives, distortions amples – est excellent, surtout pour une première réalisation. Un bon son, un son abouti, c’est un avantage et en même temps c’est un test pour la musique d’un groupe . Test que les compositions épurées d’Untitled With Drums passent haut la main. Car son écriture dépouillée, toute en retenue mais affirmée et sûre quand il le faut, est la grande force du groupe. Elle sait laisser parler les respirations, faire deviner des vides et cette part sombre donne du corps à une musique qui pourrait n’être que pop.

Pas d’agressivité, donc – ce n’est pas dans les gènes du groupe – mais plutôt un spleen latent, parfois aérien et tout en apesanteur comme sur la « Lullaby for satellites », parfois poisseux et qui colle aux semelles sur « Pushaway » et ses arpèges dissonants. Ou encore plus sur le douloureux et très beau « To the bone ». Le groupe se paye même le luxe d’un morceau plus énervé, « Nothing left », en fin de course et  qui ne dépareille pas une seule seconde. La nonchalance d’Untitled With Drums hésite entre la douceur et une émotion poignante et indicible. Et, au final, a énormément de charme.

Je succombe.

>>>>>>>>>> UNTITLED WITH DRUMS

« Vague froide » (Jessica 93, Future faces – Usine, 19 oct.)

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Vague froide sur Genève : quelques images du concert hier à l’Usine.

Jessica 1.JPGA vrai dire, j’étais pas au concert mais c’est certainement pas ça qui va m’empêcher d’en parler. Ca va être rapide.

Jessica 2Jessica93 sort un nouvel album bientôt mais là, il était en solo et ne jouait donc que des anciens morceaux.

Jessica 3.JPGQuant aux Genevois de Future faces, ils fêtaient la sortie de leur joli EP il y a quelques mois, sur le label Throatruiner records.

ff 5.JPGSi la voix était un peu noyée dans son brouillard d’effets, il paraît que la section rythmique était absolument massive… Il paraît.

ff 3.JPGLe groupe ne devrait pas s’arrêter là… à suivre !

 

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Merci Anne pour les photos !

>>>>>>>>>> FUTURE FACES

>>>>>>>>>> JESSICA93

« Punk porn » (Tuco, Orso, Cocaine piss – Undertown,16 déc.)

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Ouh la la la, mais c’est que Drone to the Bone nous proposait ce soir-là un petit concert avec trois groupes variés comme on aime, avec en plus une pincée de folie noise plus qu’aguichante. Hop hop hop, on se presse à l’Undertown, très chouette salle située près de l’aéroport de Genève, malgré le brouillard à couper au couteau.

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Le son net et précis servait de belle manière le hardcore massif de Tuco, bloqué sur un tempo lourd, piéton et poisseux,

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Alternance de voix, cassée, hurlée, au bord de l’apoplexie (j’adore utiliser ce mot mais, en vérité, je suis pas sûr qu’il soit médicalement très approprié) pour Laurent, le bassiste, plus tendues et sombres pour les deux autres.

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Tuco, c’est de la belle mécanique, lourde, massive et cependant bien huilée , réagissant au quart de tour. Un disque, album ou autre, devrait voir le jour quelque part en 2017 et il est attendu de pied ferme.

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Avec Orso, la cavalerie est de sortie. C’est pas moins de 3 guitaristes qui s’alignent sur scène en plus du bassiste. Pas de chant, par contre. On sent bien chez ce groupe la volonté de faire une musique différente, bâtie sur autre chose que l’inusable couplet-refrain, en un mot quelque-chose de « post ». Et cette musique à la fois puissante et planante propose ses moments intéressants, dans lesquels l’instrument qui ressort le plus est finalement la batterie et ses variations.

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Mais par contre, elle est si est si monobloc, si monocorde et linéaire, qu’elle peine quand même à susciter l’émotion. Chez moi, en tous cas. Coup dans l’eau. Ou alors il y a quelque chose que je n’ai pas compris, ce qui est tout à fait possible.

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Cocaine piss arrive de Belgique avec une jolie réputation d’un des groupes les plus dingues du moment sur scène. Et, de fait, il se sera passé pas mal de trucs fous pendant leur concert court mais intense. Entre le punk en roller qui déboule tout-à-coup la scène sans crier gare pour sauter par dessus les retours et le gars qui débitait ses cours de russes au micro, ça n’a pas manqué de rebondissements.

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Mais le plus taré de tout, c’était certainement la musique du groupe. Punk-hardcore speed estampillé années 80*, traversé de drôles de soubresauts noise, sur laquelle la voix de la chanteuse rajoute une bonne couche de folie**. Une bonne fée punk a dû se pencher sur le berceau de ce groupe parce que la première fois qu’on l’entend cette voix a tendance à hérisser le poil et puis, au final, faut bien avouer que ça fonctionne à mort.

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D’autant plus que la chanteuse incarne cette folie, passant un bon moment du concert dans le public ou à terre. Les (assez nombreux) photographes et cameramen présents ne s’y trompaient pas, qui suivaient le moindre de ses mouvemens pour saisir un instant de « punk porn » (2.0). C’était un peu étrange, mais faut dire que ce groupe a quand même tout ce qu’il faut pour faire la prochaine couverture de Maximum rock’nroll (si c’est pas déjà fait, d’ailleurs ?!?) Et quoi qu’il en soit que ça fait du bien de voir un groupe pour lequel un concert c’est un peu plus qu’une pure performance musicale. RRAAAAAAAAAAAAHHHH GGGGGGGRRRRRRRRRRR PUUUNNKK YYEESSSSSSSSSSS !!!!

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*Un peu à la manière de Youth avoiders, excellent groupe vu il y a peu à la Makhno.

**De manière vraiment similaire à The Sloks, excellent groupe vu récemment à Annecy. C’est marrant les coincidences.