Flying disk, « Urgency » LP

Tu parles le Quicksand ? Le Jawbox, le Helmet, le Girls against boys ? Si c’est le cas, il y a des chances pour que tu te retrouves en terrain familier avec cet album des Italiens de Flying disk, déjà auteurs d’une première galette sympathique. Au cours des quatre années qui séparent les deux disques, le groupe a continué à progresser et à affirmer ses choix. Son post-hardcore est de plus en plus coloré par les mélodies et les petites bombes qui ouvrent le disque – One way to forget, On the run –  donnent le ton : Flying disk vire de plus en plus du côté rock de la force. Aucun mal à ça, tout le monde aime un bon gros riff rock de temps en temps et, avec son très typé mais aux petits oignons – guitare ample qui résonne dans la nuit, basse qui ronfle impeccablement -, ces morceaux sont remplis de chouettes idées, de breaks virevoltants, de dynamiques bien maîtrisées.

Pour autant, tous les morceaux ne font pas une impression aussi satisfaisante. L’énergie se dilue un peu sur les titres du milieu et plusieurs moments moins inspirés. On ne peut quand même pas faire comme si cette musique n’existait pas depuis 20 ans et je jure sur la tête de ma maman bien-aimée que j’ai déjà entendu les arpèges de Night creatures tels quels ou presque ailleurs. L’impression aussi parfois que l’ambition mélodique du groupe se fait au détriment de la tension des morceaux et qu’il manque des titres comme Scrape the bottom sur le premier album, certes plus basique dans leur progression mélodique mais qui avait quelque chose d’instinctif et de mordant.

Album attachant, qui respire la passion, Urgency peut séduire mais aussi laisser sur cette impression de références un peu encombrantes. Heureusement, les coups gagnants sont suffisamment nombreux pour donner envie de suivre le groupe et d’entendre ce qu’il peut donner sur scène, en vrai.

Flying disk, « Urgency » LP (Brigante Records / Scatti Vorticosi / Edison Box)

>>>>>>>>>> FLYING DISK

 

« Jeudi noise » (Black Mont-Blanc, Videoiid – Tilleuls, 6 déc.)

Virée aux Tilleuls un jeudi soir. Arrivé à l’arrache mais assez tôt pour passer un moment avec les groupes de la soirée. Alors qu’on avait prévu de les faire jouer tous deux ce soir, on a eu la surprise d’apprendre que les batteurs respectifs des deux groupes se connaissaient et avaient même joué ensemble à une époque ! La soirée part sous de bons auspices. Frank raconte sa tournée en autonomie en Russie, du nord jusqu’à la Crimée avec son projet solo Sheik anorak. Ca ferait un tour report d’enfer !

Il y a déjà un public assez nombreux – pour un jeudi – lorsque commence le concert de Black Mont-Blanc. Faut dire que le trio comporte la section rythmique des Don caballero locaux – We are the incredible noise – et qu’en plus ce groupe dont on compte les concerts sur les doigts de la main jouait pour la première fois à Annecy, il me semble bien.

Probablement à cause du son, leur musique fait une impression moins violente, moins rentre-dedans que lors de leur prestation au Poulpe. Post-hardcore technique, en ébullition. Voix gueulée qui se débat dans ses entrailles. Basse retorse, perverse, qui cherche le point de faiblesse, de rupture.

Quelques moments qui respirent davantage mais le trio ne laisse guère de repos au public et son set punitif le laisse pantelant, avec toujours l’envie lancinante d’en entendre plus. Quand sortiront-il quelque chose ? Un jour, peut-être, peut-être.

Le deuxième trio de la soirée, Videoiid donc, est un groupe plutôt groupe récent formé par Frank, lyonnais exilé à Göteborg, et Arvind et Sara, deux musiciens suédois. Ils n’ont pas tant tourné en France que ça et viennent de sortir leur premier EP, donc c’était plutôt cool de les recevoir ce soir-là aux Tilleuls

Punk dissonant, tribal, hypnotique. Gerbes de guitares qui déraillent. Sur scène, la musique de Videoiid est en éruption continue et leur set court mais intense fait une impression plus urgente, plus primaire encore que sur leur enregistrement.

Ou peut-être que c’était un de ces moments spéciaux où il se passe quelque chose, puisque le groupe lui-même nous racontera après que ce concert était pour eux particulièrement réussi. En tous cas, il laissera sa marque dans nos cerveaux sidérés, de même que cette excellente soirée qu’on prolonge par une interview à paraître très bientôt.

>>>>>>>>>> BLACK MONT-BLANC

>>>>>>>>>> VIDEOIID

>>>>>>>>>>BISTRO DES TILLEULS

Niet, « Dangerfield » EP

Dès les premiers accords de All work and no play, le premier morceau de ce EP 5 titres, on sait exactement où on met les pieds avec ce duo qui vient du nord-est de l’Italie. Son énorme, lourdingue et baveux à souhait, voix distordue, batterie punitive et sans fioriture. Le décor est en place. Les noms d’Unsane, ou d’Hammerhead pour le côté rock millimétré, ne peuvent pas ne pas être mentionnés. Cinq morceaux qui font bloc, taillés dans la même matière noire, épaisse, coagulante. La noise collée aux tripes. Amphétamine reptile tatoué dans le coeur. Et, bon dieu, comme on les comprend. Si le son est ultra référencé, ces cousins transalpins des clermontois de Black ink stain disposent juste ce qu’il faut de décrochages auditifs (utilisation judicieuse des pédales), de chutes de tension et de changements de vitesse abrupts pour maintenir l’intérêt et donner une existence propre à chaque titre. Et, de toute façon, c’est très fort et le cerveau en position « off » que cette musique s’écoute et devient totalement jouissive. Encore, encore !

>>>>>>>>>> NIET

 

« Frana-tic » (Frana, Black widow’s project – Blackened tattoo studio, 3 nov.)

Initialement prévu dans le shop d’Urgence disk, ce concert s’est finalement déroulé au studio de tatouage en face ou presque. Les italiens de Frana débarquent 30 mins avant le début des hostilités – surpris comme tout le monde par le traffic genevois de fin d’aprem. Déballage fissa du matos, petit line-check, go !

De toute façon, le punk-rock pied au plancher de Frana semble fait pour ça. S’entasser dans un kangoo, faire des bornes jusqu’à plus soif, poser son matos et balancer la sauce, s’écraser dans un duvet quelque part puis recommencer. Il y traîne comme un air de liberté, quelque part entre punk, noise syncopée et quelque chose de plus mélodique, avec notamment à la chouette voix de Luca – qui évoque des pionniers du post-hardcore. Hüsker-dü peut-être.

La configuration de la salle est un peu curieuse, toute en longueur avec cette partie surélevée qui fait office de scène mais qui éloigne un peu le groupe du public mais on s’en fout, c’est génial. Et puis, avec les peintures cyber-métal façon HR Giger qui tapissent les murs jusqu’au plafond, le lieu a comme une ambiance.

Le concert passe vite. On se retrouve au shop de Dam pour une super bouffe végétarienne, au milieu des disques – la grande classe. On fait mieux connaissance avec les italiens qui dormiront à la maison ce soir. Blagues, anecdotes, connaissances communes. Malgré l’organisation pratique pas toujours facile  – les membres du groupes n’habitent pas dans la même ville -, ils gardent une vraie motivation et envie de créer de la musique. « Je peux pas concevoir ma vie autrement, de toute façon », dit Luca. La semaine suivante, ils jouent avec Hot snakes à Milan. Chouette récompense.

Black widow’s project

La soirée s’enchaîne sans temps mort avec le concert de Black widow’s project, des genevois qui font le truc stoner Fu manchu/Foo fighters, les sons de Herr Liebe et un atterrissage en douceur au Poulpe pour profiter un peu de la fin de la soirée hip-hop noise qui s’y déroulait et continuer la discussion jusqu’à tard dans la nuit.

>>>>>>>>>> FRANA

>>>>>>>>>> BLACK WIDOW’S PROJECT

>>>>>>>>>> URGENCE DISK

Videoiid, EP

Sons synthétiques grouillants en guise d’accueil. Voix trainante, répétitive. Riff minimaliste, sec. Guitare amélodique, triturée, succombant peu à peu sous la force centrifuge du morceau. Bienvenue dans le monde de Videoiid, nouveau trio propulsé par le batteur Franck Garcia (Gaffer records, Neige morte, Sheik anorak…) et deux guitaristes suédois(e)s, tous trois se partageant les voix. Six titres composent ce premier EP disponible en format cassette. Six titres d’un format rock et d’une durée assez classiques mais qui choisissent tous la déviance et se cassent la gueule d’une manière ou d’une autre. Go away (Deleuze) et Crackhead jazz ont une nette préférence pour les riffs couinants, suraigus et tranchants comme des cutters. Le groupe prend un malin plaisir à les faire vriller lentement et sadiquement à force de répétitions, d’une façon qui évoque bien sûr Arab on radar. Mais la musique du groupe possède également un versant pop, même si c’est pour tourner à l’amer comme sur Flowers (La la song). Les voix ne sont jamais forcées et Sunn 636, le morceau central et le plus long du EP, est aussi le plus ouvertement et candidement pop. Plein de douceur et de mélancolie distordues et sucrées à la Yo la tengo – même dans sa déconstruction bruitiste finale. Ca a l’air très référencé tout ça mais la musique de Videoiid transpire en fait la fraicheur et la spontanéité. La reprise de Suicide, Why be blue ?, s’intègre tout naturellement dans cet ensemble et clôt parfaitement ce bouquet de chansons acides.

PS Le groupe sera en concert au Bistro des Tilleuls le jeudi 6 décembre avec Black Mont-Blanc.

>>>>>>>>>> VIDEOIID

 

« Amphetamine reptile dans ton salon » (Bug – Usine, 1er nov.)

Bar In Grad, c’est la version light de Kalvingrad. Concerts un peu plus tôt que d’habitude, prix libre. On commencera directement avec BUG, vu qu’une arrivée tardive ne permet pas d’apprécier le set de Bar, ni celui de Lunch à Urgence disk un peu plus tôt – qui, paraît-il, étaient tous deux très bons dans leur style. L’Usine, on pourrait y passer sa vie.

Bug, drôle de bestiole. Une vingtaine d’années d’existence, environ huit disques à leur actif, une notoriété plutôt relative. C’était la première fois que les Autrichiens passaient à l’Usine. Musicalement, c’est aussi déviant et rétif à la classification. Touche-à-tout. Blues titubant implosant en noise-rock chauffé à blanc. Disco vrillant à la crise de nerf. L’expression de Bruno Drone to the bone – « blackened noise-rock » – résume assez bien la chose.

Sur scène, c’est d’abord la présence du chanteur qui marque. Pas trop d’inhibition, ni au niveau vestimentaire ni au niveau de la danse. John Travolta d’Allemagne de l’est qui aurait fait un tour par la case prison. Ultra-expressif, théâtral, il incarne et orchestre la folie du groupe. Des flashs du concert de The Conformists – autre band conduite par un crooner excentrique – reviennent à l’esprit.

Moins démonstratifs, le reste du groupe ne fournit pas moins une performance irréprochable. Honnêtes artisans d’un noise-rock obscur, frelaté. On pressent parfois un air de famille avec les groupes géniaux d’Europe du nord comme Arabrot ou Raketkonen. Eux aussi conviés par Drone to the bone dans ces murs par le passé. Tiens, tiens.

L’originalité, la sincérité et l’engagement du groupe font de ce concert un moment mémorable. Groupe génial devant une poignée de personnes.

On est habitués.

>>>>>>>>>> BUG

>>>>>>>>>> DRONE TO THE BONE

« ChAOS = OK » (Varukers, The Turin horse – 10 oct.)

Affiche plutôt européenne ce soir-là à l’Usine – comme l’a fait remarqué quelqu’un. Les lillois de Psychophore (avec un(e) membre de 20 minutes de chaos) jouaient d’abord, suivis de Coupe-gorge, un groupe punk-oï genevois très actif en ce moment. J’étais pas là pour ces deux groupes mais quiconque veut savoir ce qu’il en était peut regarder ici ou .

Arrivée tardive donc, au milieu du set des punks anglais The Varukers. Groupe historique assez proche,  idéologiquement et musicalement, de Discharge, dont il compte – ou comptait, suis pas allé vérifié – des membres. Le chanteur annonce que le groupe célèbre ses 40 ans d’activités l’an prochain. Ce qui d’ailleurs ne fait pas réagir grand monde. Est-ce que c’est du au degré d’ébriété dans le public ou au niveau moyen du punk genevois en anglais, ça j’en sais rien.

N’empêche que leur set reste bien agressif. Toutes crêtes dehors, avec paroles haineuses contre les gouvernements, le capitalisme et la guerre et accent anglais à couper au couteau, comme il se doit. Enrico, le guitariste de Turin horse qui joueront juste après, racontera que, lorsqu’il est monté sur scène à la fin du set pour féliciter le guitariste, celui-ci lui a répondu « C’est sympa, mec, mais j’en ai rien à foutre. » Ha ha.

Initialement prévus à la Makhno, à l’étage au-dessus, The Turin Horse avaient été rajoutés sur l’affiche. L’occasion de mélanger les publics, aussi bien. Le 1er EP de ce duo turinois avait fait carrément forte impression et on peut d’ailleurs lire son interview par ici.

Enrico – T-shirt de Père Ubu, petit, trapu et jovial – et Alain –  longiligne, tatoué, plus réservé – sont deux gars à priori assez différents. Mais sur scène c’est une seule et même créature enragée, écumante et tentaculaire. On reconnait The regret song et The light that failed, les deux morceaux du EP – pas de reprise d’Unsane ce soir-là . Et on découvre tout un tas de brulôts tirés des mêmes charbons ardents, qui devraient fournir la matière de l’album à venir. L’ambiance est à peine tempérée par un morceau plus calme, atmosphérique et menaçant, au mileu du set. Comme du Pink floyd acide.

C’est quand même autre chose de les voir sur scène. On se rend compte de la précision et de la force de frappe du duo. Emotionnel, chaotique et évocateur, leur noise-rock furieux transcende les genres et pourrait certainement parler à des gens de tous horizons. En tous cas, il a fait le bonheur des 15 personnes présentes, qui hurlent leur enthousiasme à chaque morceau et empêchent le groupe de quitter la scène à la fin du concert.

Ben ouais, il y a encore des gens prêts à rester éveillés jusqu’à deux heures du mat en semaine pour être témoins de ça.

>>>>>>>>>>>> THE TURIN HORSE

>>>>>>>>>>>> THE VARUKERS

>>>>>>>>>>>> DRONE TO THE BONE

« Science of nonsense » : an interview with Frana

A trail of fanzine reviews and band connections led me to Frana and their own brand of twisted, frantic and yet melody-driven punk-rock. One thing leading to another, the Italian foursome is coming to rock Geneva beginning of November and Luca (vocals, guitar) and Francesco (bass) accepted to answer this little interview.

There’s something in your sound – especially in the voice – that reminds me of some post-punk bands from the 1980s. Are you interested in bands of that period?

Luca : Hmm… The 80s… Hmm… Not sure, my references are more placed in the 90s. But I don’t know, most of the time I just do something clueless of where it comes from.

Francesco : It’s not the first time somebody makes this connection. After one of our last shows, a guy from the audience told Luca that he sings just in the same way as Boon from Minutemen – of course he doesn’t recall this. Talking for myself, some of my favorite all-time punk bands are from the 80s. Take Hüsker Dü, Mission of Burma, Big Black, Fugazi. We actually recorded a version of Chartered Trips by Hüsker Dü in a tribute compilation by TBTCI.

And I love 80s brit post-punk, which I think is a mandatory inspiration for a bass player. Wire, Gang of Four, Joy Division…


I believe you live far away from each other. How do you manage to make the band work nevertheless? Can you see any positive aspects to this situation?

L : It has been more complicated than this. Frana was born in Germany. Francesco and I lived in Munich for a few years, and there it all started. We had no friends and we decided to start a band. Then in 2015 both of us moved back to Italy. It’s complicated… at some point we were living 1000 kilometers away from one another with the Alps in between: drummer in Munich, bass player in Florence, guitar player in Genova and myself in Milano. It’s much better right now, just a few hundred kilometers, we sort of manage to practice regularly. Positive aspects? Hmm… not many. Well, we don’t see each other so often, so we have no chance to get annoyed by each other. Lol.

F : Yeah, I live in Florence, but we are all within 300 km from each other. The key to success with this situation are trains and highways… We found some sort of balance. Writing a record in this configuration was very different from what I was used to before. You know, you can’t just go to the practice room and dick around. You have to make the best out of every session and do your homeworks. Maybe you can say it’s even more efficient, just maybe.

The cover of your LP, « Awkwardwards », is pretty cool. Who drew it?

L : Silvia Sicks, a friend we have first met when we played in Rome. I had an idea for some crazy drawings, I tried to explain it to her and she nailed it ! She’s also a songwriter and we’ll play a couple of shows together with her acoustic project “Tunonna”. My favorite element on the cover is the flying cement-mixer-monster, it is the very same “Panpo, the destroyer” that gives the title to the album’s second track. The cover tries to express what is the “Awkwardwards”. This is obviously a self-made word, which could be rephrased as “towards the awkward”. Besides the meaning, I like it coz it sounds quite wrong.

There seems to be quite a lot of nonsense involved in the aesthetics of Frana. Nonsense can be seen as a response to a bewildering situation. So what are the bewildering situations you are reacting to, if any?

L : I like the nonsense and I use it a lot, for fun or sometimes even as a way of life. I like it better than struggling to find deep meanings, as in our lyrics. It’s a fairly free expression of something you have in mind, outside the typical borders, and the boredom of rationality. Clearly, nonsense is never really nonsense… If your brain produced something, some association of words, some ideas that might look random, it’s never really nonsense, just you don’t understand it, maybe you will one day, maybe you won’t ever. There’s always something more than mere aesthetics.

F : I guess the whole universe is fairly bewildering, when you think about it. I mean, not so long ago, dinosaurs were ruling the earth. “God creates dinosaurs, God destroys dinosaurs. God creates Man, man destroys God. Man creates dinosaurs.” Will we ever witness the end of our galaxy, swallowed altogether by a supermassive black hole? Nah, I guess we’ll awkwardly destroy ourselves and everything else, well before that point.

Are there any band or artists that you found particularly inspiring in that (non)sense ?

F : Devo. Very surrealistic. Shellac as well. And how to forget Blue by Eiffel 65.

Do you think a rock song can reach the status of a classical piece of art or will it remain a piece of pop culture, easily consumed and then forgotten ?

L : Well, music is on the internet nowadays. So as long as the internet exists, music exists, even if it’s gonna be forgotten, it’s gonna be still there, ready to be discovered again.

F : That’s a difficult one…I don’t see a clear contrast between art and pop culture. The border is fading.

What are the italian or german bands that are close to your hearts and that we should be aware of ?

L : On the german side, I’ll go for Trigger Cut, brand new band. Our former drummer plays in there with Ralph that we know from Buzz Rodeo (RIP). My pick of the week it’s them, they just released some very juicy material and we’ll be sharing the stage with them in January.

F : The Italian side on me. Check out Lleroy, cool people and furious shows.

You guys are creating music, putting out records and touring regularly in a DIY/independent network. What is the best thing about that and what is the one that you like the least?

L : The best part of it is that people do that only because of passion and enthusiasm, because they feel it and the want to do it, no money is involved. The other side of the coin is that it’s difficult, as there’s no money involved it’s hard to manage shows, get even with traveling costs. And the record market, at least in Italy, it’s quite down, as much as the “generational change” failed. Young kids are not interested in rock and punk music anymore, so bands grow old together with their audience.

Do you like reading about music? Is there any magazine or website that you check regularly?

F : I regularly check a few zines, like Perte et Fracas. But to find new stuff I mostly rely on friends’ opinions and word of mouth. Very old school and not much time.

 

Are you active in any other way in the punk-rock scene, musically or otherwise?

L : In the past, back in 2004-2009, I used to organize shows in Milan and the suburbs in several squats and bars. When I moved to Munich, I started over, it took a while but I used to organize shows in a very lovely spot called Kafe Marat. Now, that I moved back to Milan, I’m not putting up shows, at least for the moment, not much time and no place where I can do it, but I’m trying to get back doing that. That’s my personal contribution, besides playing in bands, to the punk-rock-noise-metal-hardcore-whatever-diy scene.

You’re going to play Geneva in November. Can you tell us a little bit about this tour?

F : Well, that weekend we have been invited to play in Stuttgart…Geneva is right on the way back to Milan, glad it worked out! It will be our first time in Geneva. The following week we’ll be playing a bunch of shows in south France. Then Italy, with some more shows in November and December, and more Germany in January (for all the dates check our Facebook page). We love to play in Switzerland, we used to know the guys from Deadverse (RIP)… We should do definitely do it more often. Book us if you like our stuff !

>>>>>>>>>> FRANA

Exo-planets of noise-rock : an interview with YC-CY

Swiss German band YC-CY totally blew some of us out last year with their Todestanz Lp (including a song that is compulsary listening). So their show in La Makhno (Usine, Geneva) in May was a chance not to be missed. « It’s the first time we’re doing an interview », says YC-CY guitarist Mike, almost shily, with no suspicion of what a pleasure it is for the interviewer to record the carefully thought-out answers of the young band – kind of felt like taking the pulse of a sportsman. This conversation took place on the upper floor of l’Usine. Mike, Rune (voice) and Gregor (drums) were sitting on the beds. Remo (bass) was on a ladder breathing the smoke of a cigarette out in the night. And this is what we said.

Is there any special meaning behind the name YC-CY ?

Mike : No, we like it because it is symmetrical. I think it is interesting because it doesen’t mean anything but it makes you think about what it could mean.

I thought maybe it meant « Why see ? See why ! »…

Rune : Nobody thought about that.

Mike : I thought about it ! That’s my favourite version of the name, actually.

Is there a will from your part to make something a bit obscure, not so easily accessible ?

Mike : We don’t necessarily look for it but we are probably like that so it just automatically happens. Like for example on the first record all the names of the songs are animals in German. We didn’t have any lyrics at first so we just named the songs by the animals that they reminded us of. And then we thought, cool ! Why not ? A lot of stuff about the band seems really planned out but it’s really spontaneous.

Remo : And on the second album it’s all exo- planets.

Mike : Planets that are not in our solar system.

There’s always this notion of distance. Exo-planets, it’s… far away !

Mike : Exactly. And then the cover looks like space with an an explositon but it’s really a photo of the ocean and the thing that looks like an explosion is a jellyfish.

It’s not really easy to label your music. How do people react to it ?

Mike : People who like punk music think it’s interesting but also a little weird. And then there’s some people who are looking for that kind of music.

Remo : There is not really a scene for this kind of music and when we started we were really wondering if people would like it. When you’re writing punk or hardcore you know people will like it.

Are you talking about your local scene or in general ?

Mike : Some of our worst shows are at home. I honestly just think they don’t like that kind of music that much. Which is totally understandable.

Remo : And playing more shows and finding people that are interested in that kind of music or playing with other bands that do similar type of music outside of Switzerland made us realize yeah there is a scene we didn’t know about !

Rune : People walking out at shows. It’s always funny. It’s not really a thing that you would wish to yourself. We sound so weird that people don’t know what to do with it. At least you can protect yourself with that kind of thought.

Mike : It’s a reaction at least !

Rune : And then you discover that there are actually some people who listened to it, who actually know some songs and have come to the show and you don’t have to protect youself anymore.

Mike : When we go on tour, we never expect too much. One night it’s crowded and everybody’s dancing and the next it’s ten people and they don’t care !

So do you find punk music too conservative ?

Remo : We all wanted to do something new but we all like punk bands as well.

Mike : All these conservative – if you want to call it that – punk bands, we all like them. But we’ve played in a lot of bands already so we wanted to try something new. But we like the Ramones !

What is a good concert for you ? What type of contact with your audience are you looking for ?

Mike : I really like when people dance cause to me the music is really dancy. But I don’t know if it comes across like that always. I don’t see it as hardcore at all. I see it as just dancy but really dark and spacy.

Rune : We played our first concert in April and – we had that in Milano before – people really engaged with the music, pushing the stage, almost pushing me off the stage. It’s a really infectious thing, this excitement, this vibe that everybody gets into, where you will do some stuff that you wouldn’t necessarily do normally.

Mike : People kind of forget about themselves and just let loose. And then when the band stops everyone is normal again. It’s cool, I think. It’s interesting.

Rune : It can also be a good show when people just liked it. Or they didn’t like it but you just had fun.

Are there any bands that you saw and that inspired you to cross boundaries and do your own thing ?

Remo : We talked about it before a little bit. Some yeaurs ago we came here in l’Usine to see Retox. I didn’t know them and didn’t expect anything. It was different, really powerfull and the audience had this punk spirit but the music was not something that usual punk bands would play. It was weird but really intense. That was one influence. Punk but different.

Rune : I admire bands that can put on a really crazy show even if not much is going on. Just doing their thing. I don’t really understand how you do that.

Mike : They’re just really confident. About your original question, I think we all really like The Cure. Heavy but not melodic and not hard. A little funky, a little dancy. that’s what we’re trying to do as well.

Do you think that local scenes still have a relevance in our internet age ?

Mike : Yeah, definitely. We live in a really small town but the scene there is really good. There are record stores and studios, places to play and a lot of bands. Even an independent radio station and they play our songs ! Nothing to complain about, really. I just believe that it’s really not the kind of music that people who live there want to listen to.

Are you active in any other ways in your local scene, apart from the band ?

Remo : Yeah, we are setting up shows, playing in a lot of local bands as well. (Remo has also started a label called order05records and Mike is playing in the experimental band Tumortumor. – Ed.) We were doing shows in our practice space for a while. When we did the first show, we were kind of expecting the police to turn up because the place is like an apartement in a basement but then we ended up putting up shows there regularly !

Mike : There are also clubs where we know the people and where we sometimes do shows.

Do you like reading about music ? Do read any special website or magazine ?

Remo : Yeah, I really like to read interviews when they go a little deeper than the usual questions. And also band biographies and books about music.

Mike : I really like Ox fanzine. I check that out for reviews mainly. And I just discovered Perte & fracas. He reviewed one of our records and now I check that out too. We’ve all done French at school but we never use it. So I can read in French, even if it sometimes take me a long time to understand. I feel he’s always spot on and knows a lot about music. I’ve discovered a lot of records. He’s probably my favourite… I even like Noisey and Vice and all that stuff.

Remo : The book that I’m going to read next is called Fight your own war. It’s about the noise-punk scene. And we talked about Retox. I read two of Justin Pearson’s books, too. The first one was OK but then the second one I hated.

Mike : The second one made me dislike him a bit too…

OK, next question ! Your two records have come out on X-Mist records. Can you tell me how it happened ?

Remo : We released the first record by ourselves – 100 lps, we didn’t know if anybody was going to buy it. Somehow he heard it, made a review and really liked it. So he ordered a lot of Lps. Half of them I think. When it sold out, he did a repress, and then another repress. And then he told us that if we were going to do a new album and he liked it, he wanted to have us on his label.

The sound is a bit different on the second album. Did you go to a different studio ?

Remo : (Laughs) We didn’t go to a studio for the first one! We recorded in our rehearsal space. We did it all by ourselves. We didn’t know what to expect and then when we were mixing it and it was coming together, I was like « Wow ! This sounds really good ! Who knows, maybe someone will like it ? »

Mike : We didn’t know what we were doing. It was a lot of work to do it ourselves.

Rune : Insanely stupid !

Remo : We lived in the studio during five days for the second album. Became kind of friends with the guy who recorded us, who was really into it.

Mike : He was super sweet. We’ll probably go there again for the next album.

Which should be on your label, Remo ?

Remo : Maybe, we’re not sure yet.

Did you play some new songs tonight ?

Mike : Yeah, two. We’re trying them out. I think, just like the second record is more dancy than the first one, the next one is going to be even more dancy.

You’re very much into dance (laughs). Do you like dancing ?

Mike : A lot.

Remo : We wanna do horror disco !

Mike : Even, like, gothic… I love it.

You guys have very lively and rythmic parts and other that are more ambient/noisy stuff. It makes the songs quite long – that’s good – and during the shows you don’t have a lot silence.

Remo : We try to have one long song as the whole set !

Mike : When you’re watching a band and you’re really into it and after the songs it’s like « CRRRRR… » and it’s quiet. I think it’s nice when it’s more like a movie. There’s always something happening and you’re never getting out of it. And if you don’t like it, it’s like torture ! (Laughs) It’s good because of the contrast. The long parts seem longer and the fast songs more chaotic. It’s like a rollercoaster. Only long songs would be boring but the two different parts kind of charm each other… I think.

Plans for the future ?

Remo : This year we’re going to try to record a new album and then play a lot of shows.

Mike : We have a lot of songs already.

>>>>>>>>>> YC-CY

>>>>>>>>>> ORDER05RECORDS

>>>>>>>>>> TUMORTUMOR

« L’oeil du cyclone » (MoE – Cave 12, 20 juin)

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« Imagine un mélange entre Napalm death et Shellac. » C’est la comparaison rapide que j’avais trouvée pour décrire MoE à un copain qui ne connaissait pas. « Pas facile. », il avait répondu. Et pas tout a fait exact non plus, mais ça donne une idée de pourquoi ça valait largement le coup de faire le trajet jusqu’à Genève et Cave 12 ce mercredi-là.

Quasiment déserte et très tranquille lorsqu’on arrive. En fait, je crois que Cave 12 ne se remplit qu’à la nuit. Les Norvégiens – qu’on veut rencontrer pour une interview –  sont déjà là. Mais, fatigués par un trajet depuis Oslo beaucoup plus long que prévu et parsemé d’incidents de sécurité inquiétants, on ne les croisera pas trop avant le concert.

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Il débute devant une audience assez restreinte. On est mercredi et il fait très beau et puis c’est la coupe du monde, hein. Pas grave, le trio est là pour nous en mettre plein les oreilles et les mirettes et arborent des éléments de costume à paillettes. Batteur imperturbable sous sa cagoule fourrée qui lui donne des airs de teletubby gothique, qui casse sa caisse claire dès les premières secondes mais continue sur les toms comme si de rien n’était. Rien n’arrête la machine MoE quand elle est lancée.

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Relents de doom/stoner lourdingues. Pics de tension punk hardcore. Crise noise aigüe, soubresauts schizo, tension qui s’affole. MoE brouille les pistes, orchestre un chaudron brûlant où se fond tout ce qui est sauvage, tout ce qui se tend, éructe, se déchaine.

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Cette tension de malade, ces éclats de folie en rafales  sont servis par la technique irréprochable des trois musiciens confirmés, qui sont tous actifs dans des projets très différents, jazz, improvisé ou autre. Faut écouter sur disque pour comprendre – quoiqu’au final l’expérience en live soit assez différente, très organique.

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Pas de pit formaté ici. Pas de violence ritualisée. Sans forcer, sans rien imposer, le groupe communique juste une folie qui infuse progressivement dans le public présent et le concert se termine dans des danses sauvages et des cris enthousiastes.

La soirée se terminera pas des rencontres et discussions bien agréables, au son de la sélection « pre-summertime » des DJs locaux. Black flag, c’est en effet totalement pre-summertime. Cave 12 ne ment jamais.

>>>>>>>>>> MOE