« Voici le bruit incroyable » (Nevraska, We are the incredible noise – Makhno, 24 nov.)

Plein de monde ce soir-là à la Makhno – le restaurant frais, funky et d’extrême gauche libertaire de l’Usine, pour un concert made in la Yaute avec Nevraska et We are the incredible noise.

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Hé, mais c’est qu’il y a une bonne sono, ici ! Tout à coup, le math/noise-rock des Nevraska prend de l’ampleur. On retrouve un peu de la profondeur du son de leur démo, le jeu de basse bien complet, ses accords sur les cordes aigues en parallèle des cordes basses (Pascal utilise à la fois un ampli guitare et un ampli basse). Pareil pour les parties sur les tomes, qui prennent une autre allure. Le set claque. Clairement le meilleur concert que j’ai vu d’eux. Ils auront même droit à un petit rappel.

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Nevraska, c’est des mélodies sur le fil travaillées par des triturations noise, sur fond de rythmes  trépidants. Je pensais à No Means No en les regardant (allons-y pour  les références), pour leur capacité à mettre leur technique au service d’une musique finalement assez lisible.

J’espère qu’ils garderont ce côté abrasif, en tous cas… Ils devraient enregistrer leur album en mars prochain.

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J’ai fait une vidéo d’un des morceaux et j’étais bien content que ça tombe sur Nebula (https://www.youtube.com/watch?v=P_Kf4uFcwW4). J’aimerais bien faire ça régulièrement, pour des groupes ou des artistes locaux… Le son est assez pourri, par contre, reportez-vous à leur bandcamp pour une expérience d’écoute plus confortable…

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J’ai pas trop eu le le temps d’assister au set de We are the incredible noise (qui ont un nom qui claque, faut bien l’avouer). Chanteur très démonstratif et changements de styles abrupts, qui rappellent un peu certains groupes de Mike Patton (toutes proportions gardées, hein). Un style où t’as plutôt intérêt à être trés bon…

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J’ai également fait une vidéo d’un morceau – assez rock/stoner, j’ai trouvé -, visible ici : https://youtu.be/pPX2EYHjXLk.

Sur le retour, je suis témoin d’une fouille au corps, plus loin une avenue est barrée par des voitures de flics… ambiance état d’urgence… qui aurait clairement pu être un autre titre pour cette petite chronique de rien du tout.

 

 

« Brassé localement  » (Nevraska, Komodo experience – Brasserie pirate, 26 sept.)

komodo nevraskaDécouverte pour moi de ce chouette lieu – la brasserie pirate. Encore un endroit sur Annecy qui fait de bons concerts, tous les vendredi pour être précis.

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Nevraska

Nevraska joue en premier. Petite intro bruitiste et c’est parti pour un set de leur math/noise-rock, qui sait aussi être mélodique et swinguant. C’est pas du math-rock qui fait mal à la tête, juste ce qu’il faut de galipettes pour te garder éveillé.

DSCN0091Pendant leur set, on reconnait Liru et Nebula, les deux morceaux « démo » bien percutants déjà disponibles sur leur bandcamp et j’écoute les autres avec intérêt (l’expérience de voir un groupe en concert est totalement différente selon qu’on connait leurs morceaux sur disque ou pas, je trouve). Certains sont plus dansants, plus lisibles mais en général leur style est assez trépidant et te laisse guère le temps de reprendre ton souffle. L’abum, prévu pour début 2016, s’annonce bien! Et d’ailleurs, il y a une campagne de financement par pré-commande.

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Komodo experience

C’est Komodo experience, autre groupe d’Annecy, qui joue ensuite. Noise-hardcore-punk, disait le flyer. Peut-être, surtout pour la batterie, j’ai trouvé (un batteur qui, disons, n’hésite pas à taper sur ses fûts…), parce que la guitare, elle, reste assez métal. Du coup, ça fait un espèce de crossover. Ultra-énergique, mais moins ma tasse de thé, personnellement.

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Interview : NEVRASKA

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J’avais envie d’inclure quelques interviews sur ce blog, et j’avais bien aimé le concert de Nevraska à l’Alterlocal. J’ai appris qu’ils étaient d’ici, que le groupe en était à ses débuts… Bref, l’idée de les interviewer est venue assez naturellement.

Ca s’est fait un peu avant leur concert avec Shizune à la Machine utile, le 1er mai.

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Pouvez-vous nous parler de ce que vous avez fait avant Nevraska ?

Pascal : Moi, le groupe qui a été le plus marquant, ça a été Human side. Ce groupe a duré 10 ans, on faisait une espèce de trash technique et puis on a évolué vers quelque chose de plus mélodique, screamo, tout ça. En 10 ans, le groupe avait évolué et c’était cool parce qu’on était arrivé à une symbiose pas mal. J’ai aussi fait pas mal d’autres groupes dans des styles éclectiques : de la musique grecque des années 30, de la funk, du flamenco à deux guitares – je dis flamenco mais je devrais pas, c’était à trop petit niveau…

Cyril : Comme Pascal, j’ai eu un groupe métal/emo/hardcore qui s’appelait Inner suffering. Après je me suis orienté plus dans le rock, le stoner, puis garage. Et comme d’hab, y’a tout qui foire donc j’ai un peu abandonné la musique à une époque et puis Pascal m’a relancé et je me suis dit pourquoi pas ? Et c’est ce que j’ai fait de mieux, je crois…

Qu’est-ce que vous avez fait jusqu’à maintenant avec Nevraska ?

Pascal : On a choisi d’enregistrer deux titres, chez Moratel, en Suisse, parce que c’est un mec qui correspondait vraiment au son qu’on veut. Deux titres en une journée. On l’a fait un peu suer mais bon… c’est cher ! Enfin, c’est pas vraiment deux morceaux. Liru, c’est plus une intro. On l’a tourné en dix minutes et on s’est concentré sur l’autre morceau. C’était un choix de mettre des ronds pour avoir tout de suite quelque chose de qualité, d’ailleurs c’est pour ça qu’on a fait le site, aussi. On voulait que tout soit beau tout de suite, que ça nous fasse plaisir à nous aussi.

On a fait une dizaine de concerts jusqu’à présent. Le premier a été le festival Ecole-en-Bauges en septembre dernier.

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Aviez-vous joué dans un duo basse-batterie avant ? Est-ce qu’il y a des formations similaires qui vous ont influencés ?

Pascal : Non, jamais, et ce n’était pas le but. C’est juste qu’il manque vraiment de gens sur Annecy et que c’est très dur de trouver des gens avec qui on a le feeling musical et humain. A force, on s’est dit tant pis, on part à deux. Après des groupes comme Sabot, moi j’adore mais c’était pas du tout une source d’inspiration. On voulait un chant, un synthé, une guitare… C’était vraiment pas le but de faire basse/batterie, à la base.

Cyril : On pourrait rajouter une guitare mais finalement à deux, ça se passe très bien. On se comprend vite, on compose vite. Donc, on va tout faire à deux jusqu’à l’album et si on prend un guitariste, ce sera pour un autre projet… Pour moi, c’était pas une source d’inspiration non plus et en plus les duos, ça fait un peu concept et moi, je suis pas très concept.

Pascal : Les duos, ça peut vite tomber dans la musique expérimentale ou un peu folle et nous, c’est pas le but, on veut juste faire des ziks cools qu’on aime bien !

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Est-ce que vous avez l’impression de faire partie d’une scène à Annecy ?

Pascal : On ne peut que faire partie d’une scène puisque ça fait 15 ou 20 ans qu’on est dans ce réseau à Annecy. Ceci dit, comme on est plus vieux, les jeunes qui arrivent ne nous connaissent pas forcément. Après, la scène annecienne, ça se compte quand même très vite… mais il y a quand même une scène punk/garage qui est très présente…. Mais tout ce qui est hardcore/noise/math/post, la scène est très réduite…

Et selon toi, qui fait bouger cette scène ?

Pascal : Ben, selon moi, tu en as ici le meilleur exemple. L’Underground family, notamment Loaf, ça fait 20 ou 25 ans qu’il fait ça. C’est le seul et unique sur Annecy. Il a sorti des compiles, il a organisé des concerts de partout. Y’a eu le Tilleul qui organisait des trucs. L’Alterlocal, c’est pas trop au niveau musical… D’ailleurs, Loaf nous a toujours supportés et donc c’est un juste retour de parler de lui. C’est le seul et unique ! Bon, y’a aussi les Baujus qui organisent de belles choses dans les Bauges et font aussi partie de l’organisation de l’Underground family…

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Au niveau médias, est-ce qu’il y a des trucs que tu regardes, que ce soit sur internet ou sur papier?

Pascal : Y’a Mowno. Moi, j’aime beaucoup la musique math-rock et ils en parlent à mort donc c’est cool. Sinon, tous les webzines, Fennec, Perte et fracas…

Comment vous vous placez par rapport à l’utilisation d’internet ?

Pascal : On n’est pas forcément au top, mais on essaye de faire au mieux. C’est clair qu’on pourrait avoir un Instagram, on n’a pas, mais c’est du temps aussi ! Faut qu’on développe tout ça, mais c’est déjà pas mal. Y’a pas mal de plans qui tombent grâce à ça. Mais on a voulu que tout soit beau, le son, le site, même le facebook. Moi je suis dans le milieu, donc ça m’éclate de faire ça.

Tu vois donc ça de manière très positive, parce que moi j’ai l’impression que, avec Internet, les groupes se consacrent beaucoup à faire de l’auto-promotion…

Pascal : Ouais, mais c’est bien ! Sinon, c’est très dur d’avoir quelqu’un qui t’épaule. C’est une peu le chat qui se mort la queue : si tu fais pas assez de concerts, tu n’auras personne pour s’occuper de toi, si tu n’as personne, tu ne feras pas assez de concerts… Alors que là, le réseau, ça réagit tout de suite. Par exemple, y’a Noise’R Us à Bayonne qui nous ont mis morceau de la semaine, je ne sais pas comment ils ont su… A l’époque, on n’arrivait pas à avoir accès à ça.

Oui, c’est vrai. Je pensais plutôt au fait que beaucoup focalisent sur les « Likes » et sont un peu dans une démarche d’auto-promotion constante…

Pascal : Nous, on veut que ce soit beau et cool mais tout en gardant une intégrité. On est des vieux punks, des vieux punks modernes !

Justement ma question suivante était : qu’est-ce que ça signifie, pour vous, le punk ?

Pascal : La musique, je m’en branle à la limite, ce qui m’intéresse, c’est l’état d’esprit. Ne pas se vendre, l’intégrité.

Est-ce qu’il y a des gens qui t’ont particulièrement marqué et qui t’ont amené à faire cette musique ?

Pascal : Ben… les potes, déjà, c’est eux qui m’ont hyper motivé, qui m’ont donné l’envie. Après… des groupes, il y en a eu des millions… et ça continue… Mais pas de mentors en particulier, juste l’énergie, l’envie et de voir ce que les gens faisaient avec .

Et voilà! Fin de l’interview, il est temps de monter sur scène. On ne rigole pas avec le timing à la Machine utile ! Dommage, j’allais juste aborder les questions politiques hard… 😉 Merci beaucoup aux deux Nevraska !

http://www.nevraska.com/

https://nevraska.bandcamp.com/

« Destination : qualité » (Nevraska, Shizune – La machine utile, 1er mai)

Machine utile art

Moi je dis : concert punk, photo punk.

Première fois pour moi dans ce lieu de la culture underground annecienne. L’accueil est bien sympa, par des sculptures post-industrielles d’abord, puis par des humains ensuite.

Nevraska 2

Nevraska pied au plancher

La salle n’est pas très grande mais il y a une petite foule humaine bien dense qui s’y serre lorsque Nevraska commence son set. Petite intro lancinante qui fait chauffer les lampes de l’ampli puis le duo basse / batterie lance le moteur et on ne ralentira pas trop par la suite. Nevraska, ça file droit, ça négocie les virages serré et sans temps mort. Faut suivre. Faut rester concentré. Pas trop se laisser attendrir par le paysage parce qu’on risquerait d’avoir de mauvaises surprises. Le duo, c’est une formule light qui peut paraître austère, mais il y a comme une évidence dans la musique de ce groupe,. Peut-être ces mélodies qui parcourent les morceaux, peut-être le dialogue basse/batterie qui fonctionne particulièrement bien. Je ne sais pas…

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Shizune

« And now for something completely different… » Le punk-rock a plein de visages différents et c’est ça qui est bien. Shizune est un groupe d’emocore qui vient d’Italie. Leur émo est classique – c’est-à-dire que c’est un savant (hmm…) mélange de mélodies et de chaos, d’alternances de passages hurlés ultra-intenses et d’autres posés, presque méditatifs. On peut aimer ou mépriser cette musique – surtout quand on la connait à travers des caricatures ou des versions affadies  – , mais pour moi elle exprime / a exprimé quelque chose qu’aucune autre musique n’exprime. L’émo, c’est le punk sans l’idéologie, la révolution sans la violence, la radicalité ET la sensibilité. Bref, bref, j’ai trouvé que les italiens le faisaient bien, ils ont balancé leur sauce sans trop en faire non plus (comme je disais plus haut, avec l’émo, on tombe assez facilement dans le cliché).

Shizune

Les petites discussions post-concert ont confirmé cette impression : des gens ouverts, abordables et passionnés.

Comme tout le monde rencontré ce soir-là, d’ailleurs !

PS Le titre de cette chronique est emprunté à Pneu. Chouette groupe, Pneu, non?

Comme à la maison ! (Nevraska + Smutt – 24 janvier 2015, Alterlocal)

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Par une soirée bien hivernale, rien de tel que du bon noise au coin du feu pour se réchauffer. C’est justement ce que proposait ce soir l’Alterlocal. Et vu la taille du local en question, on risque pas d’avoir froid.

Enfin, toute lumière éteinte, boule à facettes et projo brillant de tous leurs feux, le mini local prend quand même des airs de salle de concert et c’est Nevraska qui ouvre le bal. Ce duo basse-batterie est, ai-je entendu, tout récent, mais déjà bien en place.

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Nevraska

Math-rock bien véloce. Ca tricote des parties binaires avec des choses plus complexes. Une basse plutôt claire que distordue (j’ai même trouvé qu’il y avait parfois des petites sonorités jazz rock…), une batterie qui en met partout et très très fort comme il se doit. Bref, ça défile à une vitesse que ton cerveau à du mal à enregistrer mais tu te laisses aller et ça va bien se passer, comme on dit par ici.

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Smutt in da pit

Avec Smutt, on change de propos (mais c’est ça qu’est bien) : punk-rock carrément old school, puissant, entrainant, joyeux. Tout ce qu’il faut, quoi. Si Nevraska envoie le bois, Smutt met le feu!

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J’ai pensé aux Dead Kennedys, Adolescents, Ramones. Il m’a semblé qu’ils faisaient des reprises que j’avais l’impression de connaître par coeur sans être capable de mettre un nom dessus. Et même ils enchainent les morceaux et ça c’est la classe (quoi qu’avec 2 mins le titre, il vaux mieux echaîner…) ! Chanteur noyé dans le public, blagues, pogo, foule en délire, petit rappel. Ca y est, j’ai plus froid.