Barré #6

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Ouvrir un numéro de Barré, c’est plonger dans un bain bouillant d’initiatives différentes, de pensées à contre-courant, de personnalités hors du commun ou d’une histoire non-officielle. Le numéro 6 de la revue n’échappe à la règle avec des reportages sur les méfaits de Monsanto au Burkina-faso, sur les salles d’injection légales au Danemark (vraiment instructif), la résistance des habitants de Vense ou le Roter stern, un club de foot alternatif et politisé à Leipzig. On y trouve également des interviews de Pakito Bolino – fondateur du Dernier cri, d’ailleurs en expo bientôt à Genève – ou de Franck Lepage à propos de la SCOP le Pavé et des conférences gesticulées.

D’autres tiennent plus du récit ou du témoignage, comme celui très stimulant sur la Borde, un centre de soin psychiatrique historique qui pratique des méthodes alternatives, ou un récit graphique sur le camp de squatters du bois de Vincennes.

Je regrette toujours que davantage d’articles ne touchent pas plus directement à la scène punk mais là, il y a quand même une « anti-discothèque des années 80 » choisie et aussi une rubrique « Fais-le toi-même » qui explique comment fabriquer un machine pour tester un montage électronique.

Voila, j’ai oublié un ou deux articles mais on ressort de cette lecture avec des idées plein la tête et l’envie de passer à l’action et c’est bien là l’essentiel. Soutenez Barré !

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Barré #5

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Ce webzine étant consacré avant tout à la scène locale, on va prendre comme prétexte le fait que le magazine Barré est domicilié à Saint-Etienne (pas si loin) et que deux articles se rapportent à Grenoble (encore plus près).

Barré, c’est donc un magazine – une revue plutôt –  qui en est à son 5e numéro et qui a l’ambition d’apporter une information et un point-de-vue différents. « Contre-culture, déviances et autres initiatives », dit la page de couverture. Et ce numéro tient plutôt bien son programme. La contre-culture est bien représentée avec une rétrospective sur le magazine freak (comprenez : hippie) québécois Mainmise, les comics louches de « Crime does not pay » et l’écrivain Claro. Il y a aussi une interview du dessinateur JM Bertoyas, qui, même si on ne connait pas ses dessins, est très intéressante à suivre. Des dessins bien barrés et une démarche qui n’a l’air vraiment pas conventionnelle, pour le coup. La déviance est surtout politique avec une interview de Pièces et Main d’oeuvre, collectif grenoblois critique (ha, le mot est faible) des nouvelles technologies, un démontage de la compensation écologique qui transforme la nature en monnaie d’échange et un super reportage photographique sur Hong-Kong et la révolution des parapluies (j’avais jamais vu de photos, c’est très impressionnant de voir ces autoroutes bloquées par les campements des manifestants puis nettoyées de toute trace et rendues aux bagnoles et au commerce quelques jours après). Sans oublier un petit voyage à Cuba pour voir comment on vend la révolution aux touristes. Enfin, les initiatives ne sont pas en reste : un reportage sur un savon anti-paludisme, un super article sur les alliances citoyennes – des collectifs qui réunissent les habitants d’un quartier et des militants spécialistes de l’organisation politique dans des actions directes non-violentes autour de thématiques propres aux habitants. Et enfin, une rubrique « Fais-le toi-même » explique comment fabriquer un mini-micro/capteur, le micro Piezzo.

Bon, y’a un article sur les origines du football espagnol, aussi. J’ai pas réussi à le mettre dans une des trois cases… Déviances, je pense.

En fait, un peu comme ce qu’avait entrepris L’Oeil électrique en son temps, Barré ressemble à ce que pourraient produire des punks qui auraient grandi, voyagé, fait des études et auraient assez d’argent pour s’acheter un appareil photo. D’ailleurs, en parlant de punk, c’est un de mes seuls regrets : à part des suggestions pour une « anti-discothèque idéale » des années 70, ce numéro ne comporte pas d’articles sur des groupes punks ou affiliés (Headwar dans le #2, punk texan dans le #1), qui auraient pu devenir la marque de fabrique du magazine.

Ce #5 a failli ne pas sortir, il s’en est fallu de peu, et surtout d’un financement participatif presque réussi, pour que l’initiative prenne fin, et la contre-culture et les déviances avec. Ils ont un joli site web où on peut s’abonner et commander tous les numéros, qu’on trouve aussi dans les bacs de quelques distros aux concerts.

http://barremag.info/