« Trois anti-Johnny »

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Il a fini par mourir en décembre, le plus grand rocker français. Tout du moins rocker à ses débuts, parce qu’ensuite c’est devenu de la variétoche. Mais on ne pourra pas lui enlever le fait qu’il fût un pionnier du rock’n’roll en France, genre musical tellement moqué par des gens tels que Boris Vian, Gainsbourg, Henri Salvador ou Jean Yanne.

Le problème : des vrais rockers il en est mort en 2017, et personne n’en a vraiment parlé. Donc voici mon Top 3 des rockers morts en 2017, et devinez quoi : pas un seul ne s’appelle Johnny…

3 – Grant Hart : batteur/chanteur de Hüsker Dü, puis chanteur/guitariste de Nova Mob, avant d’entamer une carrière solo. Des membres de Hüsker Dü j’ai toujours préféré suivre Bob Mould, même si tout n’est pas bien, même si je considère que c’est à cause de lui qu’on a eu droit aux Foo Fighters. Hé ! Les fans des Foo Fighters, écoutez Hüsker Dü, Bob Mould et Grant Hart, vous jetterez toute votre discographies des Foo Fighters après ça. Je leur répète assez souvent à ces con(ne)s mais je prêche dans le vent. Peux pas leur en vouloir, car malgré les conseils enthousiastes desdits fans je n’écoute jamais les Foo Fighters. Putain, j’ai jamais autant parlé des Foo Fighters !

Grant Hart a écrit et chanté une de mes chansons favorites de Hüsker Dü : « Girl Who Lives on Heaven Hill » sur l’album New Day Rising. Ecoutez et jetez vos disques de l’autre batteur devenu guitariste/chanteur… Ecoutez Nova Mob aussi, je suis passé à côté, bien fait pour moi.

2 – Mike Hudson : What’s This Shit Called LoOOOve ? hurlait-il.

Ca m’a tout de suite parlé. Et puis l’autre titre : « Streets Where Nobody Lives », il m’a parlé aussi. Pendant des années je n’ai rien su de ce groupe : The Pagans. Il n’y avait pas grand-chose sur eux, je ne connaissais que les reprises qu’en avait fait Teengenerate ou les Creamers (encore des groupes obscures, je sais). Crypt Records avait compilé tout ce qui était disponible sur un seul CD : « Everybody Hates You ». Je ne l’ai jamais acheté, j’étais lycéen, pas beaucoup d’argent à investir dans un disque qui sonnait comme de la merde. Bon, je me suis rattrapé plus tard quand Crypt Records (toujours le génialissime Tim Warren) a ressorti encore plus de matériel sur 2 CD : « The Pink Album Plus ! » et « Shit Street ». Tous ces titres sur la haine de l’American Way Of Life, toute cette négativité, ce nihilisme, c’est paradoxalement admirable.

Mike Hudson était journaliste indépendant et écrivain. Si vous le pouvez, lisez son autobiography « Diary Of A Punk », c’est rempli d’anecdotes drôles et débiles, mais c’est aussi très touchant. Il avait remonté les Pagans récemment. Bon ok, il était le seul membre d’origine…

1 – Fred Cole : L’anti Johnny Halliday ? Non ! Soyons radicaux : l’anti rock star tout court.

Tout le contraire de l’autre : une vie dédiée au rock’n’roll et à l’indépendance totale. Pour moi, il était la personnification du DIY : fabriquer ses guitares, produire et graver soi-même ses vinyles (la légende dit que ce serait la même machine qui aurait gravé Louie Louie), construire sa maison… Et puis lui il est resté marié à la même femme toute sa vie. En plus elle joue de la basse, chante et part en tournée. La classe totale. Pas de show business attitude, juste des gens humbles et passionnés.

Regardez le documentaire Unknown Passage, tout est dedans. De ses débuts, adolescent chanteur à Las Vegas dans moult groupes, à la légende garage punk qu’est devenu Dead Moon.

Fred Cole était le rock’n’roll, bien plus que Lemmy (oui, c’est mon opinion, c’est mon top 3, je t ‘emmerde), l’ultime punk, bien plus que n’importe beauf aviné portant crête et t-shirt Exploited. Fuck off !