« Bain de sang » (Alabaster, Unsane – Epicerie moderne, 23 oct.)

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C’était il y a plus d’un mois, déjà, le concert quasi traditionnel d’Unsane à l’Epicerie moderne. A voir le parking et les messages à droite et à gauche, ça venait de partout. Drôme, Savoie, Isère, Puy-de-Dôme…. Auvergne-Rhône-Alpes en force. Laurent Wauquiez peut être fier de sa région.

Quant à nous, il y avait au moins une voiture et un mini-bus. En ce qui concerne le conducteur, c’était quand même la septième fois, pour lui. De voir Unsane, je veux dire. Là tu commences à pouvoir faire confiance.

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Ce sont les locaux d’Alabaster qui jouaient en premier ce soir-là. Ce groupe qui compte dans ses rangs des anciens Overmars, Kiruna et Geneva vient de sortir son premier album.

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Hardcore torturé, infesté, grouillant. Avec une voix étranglée et dissonnante rappelant par moment d’autres lyonnais fameux, Condense.

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Cette voix en retrait et la guitare qui sonnait un peu brouillonne explique peut-être que le groupe ne faisait pas l’unanimité dans les discussions post-concert. Mais leur musique est bien intense et le chanteur a une chouette présence hallucinée sur scène.

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Les américains d’Unsane ne vont pas tarder à fêter leur 30 ans d’activité. Ils viennent de sortir leur 10e album – monstrueux – et un double album génial leur rendant hommage vient de sortir chez les polonais d’Antena Krzyku.

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Le son paraissait encore plus net et abrasif que lors de leur dernier passage. Comment rendre compte de l’intensité de ce groupe ? Cette tension bloquée à son maximum et qui ne redescend jamais ?

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Unsane, c’est l’équivalent musical du plus noir des thrillers. Les lignes mélodiques désespérées de la guitare, la voix étranglée d’angoisse de Spencer. Les rythmiques et les gueulantes rocailleuses de Dave Curran – ce type va finir par ne faire plus qu’un avec sa basse. Et la batterie de Signorelli qui orchestre le tout, immuable, bloquée sur des triolets vicieux, martelés.

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Et pourtant le groupe, qu’on retrouvera au bar ensuite, fait preuve de beaucoup de simplicité. Comme a dit un copain : « Salut, on est un groupe de rock et on fait ça. »

Rien à prouver.

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>>>>>>>>>> ALABASTER

 

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Expo dans le hall de l’Epicerie moderne

« Apocalypse noise » (Unsane, Sofy major – Epicerie moderne, 31 mai)

unsane 4Echappée du mardi soir jusqu’à Feyzin, à l’Epicerie moderne. Une salle déjà de bonne taille  avec une petite librairie intéressante et une jolie expo de Florent Blache visible dans le bar. Accompagnés de leurs potes de Sofy major, Unsane y marchait dans les traces de leur tournée de 2012. Les labels Bigoût records et Solar Flare (le label de Sofy major) étaient aussi de la partie et tenaient des stands.

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Sofy major

Vus – découverts même, en ce qui me concerne – à l’Usine l’an dernier, le trio Sofy major a le stoner rocailleux. Ca rocke, ça file droit sur du mid-tempo puissant qui suinte le gasoil. Pleins de sons merveilleux s’échappent de l’ampli basse, sauf que t’entends plus rien si t’es du côté du bassiste. Musicalement, je trouve ce groupe assez proche des genevois de Wardhill. Ou d’Unsane, tout simplement. La filiation est bien visible,  même si c’est une affaire un peu plus rock.

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Bon moi, j’avoue que j’ai moyennement la vibe stoner. De mon point de vue, Sofy major, c’est un peu comme être lancé à plein gaz dans un vieux camion sur une de ces routes américaines infinies. C’est super sympa, ça peut être enivrant même, mais c’est aussi un poil monotone. Le dernier morceau par contre, plus lent, plus répétitif, introduit tout à coup une tension sourde qu’il n’y avait pas durant leur set et laisse entrevoir un autre visage du groupe…

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Unsane

Orfèvres du bruit blanc, Unsane fait monter direct son noise-hardcore bluesy jusqu’à l’incandescence et la température ne redescendra pas, bloquée à l’intensité maximale. Le groupe new-yorkais enchaine sans effort apparent ses ouragans soniques, les classiques « Scrape », Commited » ou « Alleged » ou des titres tirés des albums plus récents comme « Against the grain » ou « It’s only pain », poignants à tomber.

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Les visages sont tordus par des grimaces. Il y a une tension telle dans les morceaux que même les silences entre les titres ne sont qu’un temps de suspens menaçant.  Vinny Signorelli, le batteur, la pulsation du groupe, ne peut pas s’empêcher de jouer même entre les morceaux. Certains dans le public s’essaient au pogo mais ça ne prend pas, Unsane c’est un tempo trop lourd, trop écrasant.

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Dans le public, les rangs se sont bien resserrés. C’est classe de voir un groupe avec autant d’expérience derrière lui vivre encore la musique qu’il joue de cette manière. Une musique surpuissante et abrasive mais qui pourtant ne sonne jamais  métal et qui a à peine bougé en plus de 25 ans d’existence. Comme si elle exprimait quelque chose de trop primitif pour subir l’influence des modes ou du temps.

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L’homme à l’harmonica

Pas de rappel. Le set laisse un champs de ruine derrière lui. Seul Dave Curran reste sur scène, collé à son ampli basse pour laisser bourdonner et mourir un dernier larsen.

Encéphallogramme plat.

Game over.