« Shellac sera toujours Shellac » (Shellac – la Belle électrique, 5 juin)

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Tu vois, frère, c’est simple. Il y a deux types de noise-rock. Celui qui procède par accumulation, de couches de bruits, de distortion, de larsens. Tu peux mettre Unsane, Sonic Youth et tout le shoegaze et le grunge que tu veux dans cette catégorie. Et puis, il y a celui qui au contraire opère par démembrement, par dérapage rythmique controlé. Sec, percussif. Chirurgical. Et, de ceux-là, Shellac est le pape, l’épitome depuis plus de vingt ans.

Lumières sobres et fixes – la fiche technique du groupe stipule que le technicien lumière peut aller boire des bières pendant le concert -, amplis mythiques sur scène, public fervent qui se presse. La messe peut commencer… Ladies and gentlemen : Shellac of North America.

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Shellac, c’est d’abord un son. Celui que tu t’es pris dans les dents le jour où tu as entendu les notes qui ouvrent « At action park », que ce soit aujourd’hui ou en 1994. Et le son est là, plus cristallin, plus métallique et rachitique encore que dans tes rêves.

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Ce serait un cliché que de dire que le groupe enchaîne les tubes, vu que c’est le cas de la plupart de leurs morceaux. Mais des titres comme « Dog and pony show », « Prayer to god » ou ceux du super dernier album – 2014, quand même – conservent une sacré dose de mordant, d’énergie hargneuse et contenue qui éclate brusquement de temps à autre. Le public reste attentif mais il y avait aussi une bonne bande d’agités qui faisaient plaisir à voir.

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Leur habituelle session de questions-réponses aura donné lieu à quelques questions débiles – réponses cinglantes de plus. Ca a été l’occasion de leur demander pourquoi ils n’avaient pas accepté de première partie de dernière minute. Decibelles avait dû annuler au dernier moment pour des raisons personnelles – Steve Albini leur a d’ailleurs rendu un chouette hommage. Je m’attendais à la réponse : ils veulent connaître personnellement le groupe et être en mesure d’assumer et de le soutenir.

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Toujours aussi intraitables. Ils ont d’ailleurs refusé les accréditations demandées initialement par Rictus, laissant Olivier « el patron » tout dépité. Pas de pub. Pas de traitement spécial. Préfèrent être disponibles pour passer du temps avec les gens après le concert plutôt qu’accaparés par des journalistes autorisés.

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Steve « Prayer to god » Albini

Avec ce concert mémorable, je bouclais aussi une sorte de grand chelem, de graal personnel : Unsane, Fugazi, Jesus Lizard, Shellac. La boucle est bouclée !