« Viser le système nerveux central » : une interview de Brutalist

Né sur les cendres de Knut, Brutalist n’aura sorti qu’un seul disque, tiré à 50 exemplaires dans la plus grande confidentialité, avant de cesser toute activité. Mais la musique qu’on y découvre – sorte de métal répétitif et déconstruit – est si foudroyante qu’il était impossible de ne pas chercher à en savoir plus sur l’histoire et les dessous de ce projet intrigant et éphémère. Roderic (batterie) et Adriano (guitare, editing) ont répondu à mes questions. Merci à eux.

Sur quelles bases, avec quelles envies ou directions musicales, Brutalist est-il né? Etait-il dans le prolongement de Knut ou y avait-il une volonté de s’éloigner de cette identité?

Roderic : Dans un premier temps il s’agissait pour des rescapés de Knut de prolonger le plaisir de jouer ensemble en explorant de nouvelles voies, abstraites, répétitives, hors des chemins précédemment balisés. L’arrivée d’Adriano avec son esprit dérangé a donné l’impulsion pour pousser le bouchon toujours plus loin. Au final, Brutalist et Knut entretiennent un cousinage très lointain.

Adriano : C’est Tim qui m’a proposé de rejoindre le projet en chantier au moment où Commodore s’arrêtait pour de bon, alors qu’on était en train de composer de nouveaux morceaux. Je pense qu’il y a vu la possibilité de réunir nos univers dans la mesure où Commodore allait dans une direction plus radicale et expérimentale.

Etait-ce un choix de former un groupe instrumental, sans voix?

R : Avant qu’Adriano ne nous rejoigne, clairement, car aucun des trois autres n’utilisait sa voix dans la musique (ou très occasionnellement). Cet élément nous aurait aussi inévitablement assimilés à des esthétiques dont nous voulions nous éloigner. Par la suite, l’idée d’essayer des approches vocales singulières a été envisagée, sans se concrétiser.

Adriano jouait la guitare dans Commodore avec Tim, mais il mène également des projets de musique bruitiste/électronique. Quel est son apport dans Brutalist?

R : Fondamental. Sa perspective détachée du passé/passif de Knut et son envie d’exploser les cadres ont contribué à faire de Brutalist cet objet non identifié. Et on a le sentiment de s’être arrêtés aux balbutiements.

A : C’est vrai qu’il y a eu toute une phase de recherche durant laquelle on a enregistré beaucoup de matériel que je ramenais chez moi, après les répètes, pour trouver des bouts d’idées ou de nouvelles directions de morceaux. Et il est vrai qu’à un moment donné je me suis amusé à éditer ces sessions de façon totalement intuitive. Un peu comme je le fais dans mes projets parallèles, plus orientés autour du matériau sonore et des techniques de musique concrète ou électroacoustique. Du coup, cela nous a permis de trouver une autre façon d’explorer la composition et de s’affranchir d’une méthode plus conventionnelle.

Le brutalisme, c’est un mouvement architectural qui affectionnait particulièrement le béton. Est-ce que ce mouvement – ou tout autre mouvement plastique/visuel, d’ailleurs – est une source d’inspiration pour vous, ou est-ce juste un clin d’oeil au caractère relativement tendu et massif de votre musique?

R : Les deux, probablement. Cette idée de sculpter le son comme des blocs, de travailler la matière sonore de façon plastique (versus écrire des «riffs») nous a guidés sans doute inconsciemment en partie. Plusieurs membres du groupe ont une pratique dans des disciplines visuelles (dessin, graphisme, vidéo) et cela, couplé à un intérêt pour les musiques expérimentales, concrètes, électroacoustiques, a pu jouer un rôle. La conception d’un arsenal de pédales d’effets a été en soi un chantier permanent.

Brutalist a sorti un unique disque, qui a été enregistré sur une période de plusieurs années. Pouvez-vous nous présenter ce disque: comment a-t-il été conçu et que représente-t-il pour vous?

A : A la base, il ne s’agit pas vraiment d’un disque, mais plus d’une empreinte ou du témoignage de ce qu’a pu être le groupe durant son existence chaotique. Quand nous avons commencé à enregistrer avec Vincent Hänggi (H E X), c’était dans le but d’avoir un support de travail « propre » en essayant de capturer l’énergie live de Brutalist et de se rendre un peu mieux compte de ce qu’on essayait de faire. Sur les cinq morceaux live enregistrés, on en a retenu trois («Piton», «Cobra» et «Trabajo»). Après un premier pré-mix de Vincent, on a trouvé qu’il manquait du matériel, que certaines prises n’étaient pas abouties. On a refait certaines parties et ajouté quelques overdubs pour concrétiser ce qu’on avait vraiment en tête. Lorsqu’on a pris la décision commune d’arrêter le projet, on s’est replongés dans nos enregistrements et edits «de travail» et on a trouvé cohérent de les rassembler sur un même support pour les diffuser autour de nous de façon physique et digitale.

Le premier morceau, «Piton», avec ses structures déconstruites et heurtées, évoque certaines compositions électro actuelles. Est-ce que la musique électronique est une source d’inspiration pour vous?

R : Si c’est le cas, c’est totalement inconscient. Cela dit, la musique électronique au sens large (historique ou actuelle) fait partie du spectre au même titre que la musique industrielle, le metal, le free, le kraut et tout ce qui vise le système nerveux central.

A : Oui, je rejoins l’idée que c’est totalement inconscient. Ce morceau a été spécifiquement composé sur la base d’improvisations et d’edits totalement intuitifs, pour être totalement recomposé avec de nouvelles parties. Peut-être que le côté répétitif et minimaliste de la batterie évoque cette idée.

Même interrogation pour le jeu des guitares dont les lignes entrelacées et dissonantes rappellent un jeu jazz ou free – est-ce que ces musiques font partie de votre univers?

R : Pas dans une approche érudite, concernant le jazz, mais on a tous vu tellement de concerts et écouté tellement de musiques au cours de nos vies qu’il est possible que cela laisse une trace. Est-ce que Zeni Geva ou Krallice sont jazz? On ne peut pas nier que l’école «noise» scandinave des Noxagt, MoHa, Staer, Ultralyd, Monolithic a eu un impact sur Brutalist.

D’ailleurs l’improvisation joue-t-elle un rôle dans la musique de Brutalist ou est-elle totalement écrite?

R : L’improvisation a tenu une place de plus en plus importante et aurait dû, à terme, devenir prépondérante. Le travail de création de bruit en répétition / édition sur ordinateur / réarrangement en groupe, par aller-retours, a produit des résultats excitants.

A : Oui, clairement. Ça a fini par devenir le leitmotiv : improviser, enregistrer, éditer, ramener des idées, tout déconstruire à nouveau et recomposer. Le plus dur a été de trouver un juste équilibre entre ce qu’il était possible de reproduire et ce qui n’était pas à notre portée et qu’il a fallu repenser plus simplement, parfois en allant à l’essentiel.

Plus généralement, quelles sont les musiques ou les courants qui vous passionnent aujourd’hui et vous semblent ouvrir des voies nouvelles?

A : Plus que des courants, pour ma part se sont surtout des artistes doués d’une certaine vision, une certaine démarche. Ce qui me touche aujourd’hui est plus orienté vers la musique improvisée et l’expression de démarches radicales qu’une certaine scène ou un certain genre.

R : Ça fait tellement longtemps que je navigue entre les trucs les plus abscons ou extrêmes et des musiques totalement accessibles que je m’y perds. Certains champs réputés novateurs tournent en rond et se parodient, alors que des trucs a priori archi rebattus sonnent super frais sans trop qu’on sache pourquoi… Tant que la musique aura cette magie, cette capacité d’imprévisibilité, mes oreilles resteront ouvertes.

Le premier pressage CD de ce disque est maintenant épuisé, y-a-t-il des projets de repressage ou la version numérique restera la seule disponible?

R : Ce pressage s’est résumé à cinquante exemplaires essentiellement diffusés dans l’entourage. Après avoir laissé reposer ces sessions pendant près de deux ans, on a trouvé qu’il serait peut-être bon de finaliser le témoignage enregistré de Brutalist. Pour nous-même avant tout, histoire de conjurer un sentiment d’inachevé. La version numérique reste disponible et nous ne sommes pas à l’abri de la proposition d’un label motivé pour un pressage vinyle, qui sait?

La pochette du disque est plutôt énigmatique, pouvez-vous nous en dire un mot?

R : Ha! L’origine est un peu énigmatique et surtout assez inavouable. Union légitime, mélange de fluides à concentrations variables, influence de Fenriz …ou Peter Liechti. Promenons-nous dans les bois pour faire n’importe quoi.

A : C’est totalement inavouable et en même temps très banal… à l’image de ces morceaux et de ce projet qui s’arrête abruptement…

Aujourd’hui, des festivals proposent des affiches colossales tandis que la fréquentation des petites salles baisse régulièrement et de très bons groupes jouent devant une poignée de personnes, qu’est-ce que cette situation vous inspire?

R : C’est vrai, le monde semble contaminé par une festivalite aiguë, tentation de l’événementiel et de l’éphémère «pop up» au détriment des programmations patiemment échafaudées, de saisons audacieuses visant la cohérence à long terme dans de petits lieux aux identités fortes et aux publics fidèles. L’exemple parfait à Genève est la Cave12, antre de toutes les musiques expérimentales, hors cadre, tous genres confondus. Admirable, mais au prix de combien de sacrifice financier et humain?

Je crois savoir que l’arrêt des activités du groupe est lié à des problèmes d’audition de votre batteur, Roderic. On ne va pas se mentir, ce style de musique fait mal aux oreilles et à la longue engendre des pertes d’audition sensibles – vous qui êtes dans la musique depuis longtemps, comment abordez-vous cette question?

R : Acouphènes plus que perte d’audition, résultat d’années de martelage sans protection suffisante. A méditer avant qu’il ne soit trop tard, car il existe des protections sur mesure très efficaces.

A : On ne l’aborde pas vraiment. C’est au coup par coup. Je ne connais personnes autour de moi qui n’ait pas connu des périodes d’hyperacousie, surdités temporaires ou dommages irréversibles suite à une pratique musicale intensive ou après certains concerts relativement fort, avec ou sans protection. Malheureusement on est tributaire du hasard, comme pour le reste.

Même si Brutalist a cessé ses activités, je ne peux pas m’empêcher de vous poser la question de l’avenir. Avez-vous d’autres projets en cours? Et peut-on espérer une suite vous réunissant? Un grand merci!!

R : L’avenir, l’avenir, y en a-t-il seulement un? Brutalist s’est éteint, le reste suivra. En attendant, certains ont repris des activités musicales dans des domaines très différents, avec plus ou moins d’implication, parallèlement aux impératifs et engagements de la vie.

A : Tim a rejoint Mandroïd of Krypton pour remplacer leur bassiste. Christian continue de façon ponctuelle son projet drone Ignant avec Didier (Llama / ex-Knut), quand le temps le permet. Roderic a rejoint un projet «pop indie» qui lui permet de continuer à jouer de la batterie. Pour ma part je continue mes pérégrinations sonores, surtout orientées autour de l’ordinateur. Seul et aussi en duo, dans le projet Left Bank, associant des principes et techniques de musique concrète et électroacoustique en temps réel. Un disque et une k7 à tirage limité sont prévus avant cette fin d’été, ainsi que quelques concerts ponctuels en Suisse.

Merci Rad-Yaute pour l’intérêt !

>>>>>>>>>> BRUTALIST

« Dernier drapeau » : une interview de Last Flag

C’est presque par hasard que j’ai découvert la musique de Last flag. Seulement quelques titres disponibles sur internet, metal atmosphérique très carré, mais avec quelque chose de haletant qui accroche l’oreille et donne envie d’en écouter davantage. Il n’en fallait pas plus en tous cas pour que je leur envoie quelques questions, histoire de faire connaissance avec ces nouveaux venus de la scène annecienne.

Comment s’est formé le groupe ? Quelle était l’idée de départ ?

Le groupe s’est formé en 2016, on avait tous eu de précédentes expériences musicales suivies de pauses plus ou moins longues et l’idée c’était de se remettre à jouer de la zik. On a commencé par quelques reprises histoire de se remettre dans le bain et d’apprendre à se connaitre musicalement. Rapidement une atmosphère commune s’est créée, et on a commencé à bosser sur nos compos.

Votre nom fait plutôt old school (Black flag, Anti-flag…) Quel est donc ce « dernier drapeau » que vous brandissez ?

Les drapeaux sont des signes d’appartenance forte entre les Hommes, à la fois unifiants et déchirants. En règle générale, ils permettent de mettre en avant «l’autre», ou de se distinguer de celui qui n’appartient pas au groupe. L’idée c’est que le jour où il n’y aura plus qu’un seul drapeau, c’est qu’on aura enfin réussi à s’unir.

Vous avez fait plusieurs concerts récemment : c’étaient de bonnes expériences ?

Carrément ! On a eu la chance de jouer sur la scène du club au Brise glace, à Cluses sur la scène de l’Atelier, et à Genève au « Scene ». Se confronter au public nous a permis d’avoir un autre regard sur ce que l’on fait et ces expériences nous ont vraiment soudés et motivés pour continuer à bosser, notamment sur l’enregistrement d’une première démo 3 titres qui vient de sortir sur notre bandcamp !

Une question pour Sylvain : je trouve le chant sur votre morceau Conflictual vraiment intéressant avec son alternance parlé/crié. Comment s’est-il construit ? Quels sont les chanteurs ou chanteuses que tu apprécies ou qui t’inspirent ?

Le type de chant devient évident selon les émotions que l’on essaie de transmettre, je dirais que plus c’est intense et plus c’est saturé. Après, chacun met sa patte sur les idées au chant, heureusement sinon on aurait des passages très (trop) surprenants !
Côté influence et inspiration, je dirais Phil Anselmo, il est capable d’aller du bluesy au true black avec toujours beaucoup de sincérité et avec le sens de la mélodie. Puis Sam Carter d’Architects, qui a un chant saturé très expressif et touchant. Et Anneke Van Giesbergen qui a une voix de l’espace, très aérienne.

Histoire de vous connaître un peu mieux : si vous deviez chacun sélectionner trois albums parmi ceux qui comptent le plus pour vous, ce serait lesquels ?

Sylvain (chant) : « Follow the leader » de Korn, « Bloodflower » de The Cure et « Dangerous » de Michaël Jackson
Yoann (guitare) : « Americana » de The Offspring, « Infest » de Papa Roach, «Opposites » de Biffy Clyro
Baptiste (basse) : « Californication » des Red Hot, « Des visage Des figures » de Noir Désir, « Come What[ever] May » de Stone Sour
Justin (batterie) : « Snot » de Snot, « 10 000 days » de Tool et  » The Shape of Punk to Come » de Refused

Jouons un peu au jeu du copinage – ou pas – : quel est le groupe de la scène locale que vous appréciez le plus ?

Il y a de bons groupes, vraiment et dans des styles variés. The Buffalos & Pipedreams avaient une vraie identité et présence locale, dommage qu’ils aient arrêté. Dans d’autres styles, Howling Beards (avec qui on a eu plaisir à partager le plateau de l’atelier), l’Orchidée Cosmique ou encore Jungle Julia sont des groupes que l’on affectionne

Quels sont les lieux de concerts locaux que vous appréciez le plus ? Quelle est votre dernière claque ?

Sylvain : ?
Yoann : Le Brise, même si la prog n’est pas toujours celle qui me convient le plus. C’est une incitation à l’ouverture. Un peu plus loin, le transbordeur propose une prog plutôt sympa.
Justin : Ma dernière claque (qui remonte un peu maintenant !) c’était No one is innocent à Château rouge pour l’album PROPAGANDA. C’était propre, efficace, le son était vraiment terrible, ça faisait un moment que je ne les avais pas vus, et on peut dire que j’ai pris une bonne claque !
Baptiste : J’aime beaucoup les scènes alternatives de Genève où l’on tombe fréquemment sur de très bons concerts ! Dernièrement The Ocean à l’Usine m’a bien scotché.
Sylvain: Le Brise Glace bien sûr. J’ai vu Demi Portion, un rappeur qui a roulé sa bosse avec une super technique et très sincère.

Est-ce que vous aimez lire à propos de la musique ? Si oui, quoi ? Fanzines, webzines, magazines, sites, blog, bouquins ?

Sylvain : Radiométal, Métalorgie et Rhinoferoce !
Yoann : Je suis attaché au papier : Guitare part, guitar xtrem et d’autre histoire de se tenir au courantet de geeker un peu sur les tests de matos. Grosse consommation de lecons, astuces, tests et d’avis sur Youtube, Audiofanzine etc… et les articles de Radio Metal également.
Baptiste : Assez peu de mon coté
Justin : On est des enfants d’internet, on a grandi avec ça ! ? Donc oui pas mal de presse en ligne, des tutos, des vidéos, tout ce qui peut nous aider à avancer dans notre musique, mais un bon magazine papier sur les chiottes, ça reste une valeur sure !

Votre musique est assez proche du post-hardcore ou du hardcore, est-ce que pour vous c’est principalement de la musique ou est-ce que vous sentez proche de la démarche indépendante ou politisée de certains groupes ?

Notre musique et pour nous avant tout un exutoire, la démarche politique n’est pas prédominante. On parle avant tout de ce qui nous touche, mais effectivement, ces sentiments sont toujours plus ou moins connecté avec des décisions politiques, donc avec la force des choses on s’en approche.
De plus, chez nous, tout est fait maison, on enregistre et on bricole tout ça avec les potes. Donc indépendant, on ne peut pas faire mieux ! ?

Et sinon, que pensent vos mamans de votre groupe ?

Aucun d’entre nous n’a été déshérité pour le moment, c’est peut-être bon signe !Gilet jaune ? Rouge ? Vert ? Bleu ? Rose à paillettes ?

On serait plutôt gilet vert, l’urgence pour nous, c’est une vraie réponse face au défi climatique et une remise en question de la place des hommes dans leur environnement. Mais dans l’esprit Last Flag, plutôt du dialogue et de l’écoute plutôt qu’ajouter encore des signes d’appartenance nous divisant davantage.

En supposant qu’il y ait un futur, que pourrait-on attendre de Last flag ?

Avant tout du bon son, de l’énergie, des bons moment partagés entre nous et avec vous !

>>>>>>>>>> LAST FLAG

 

« Doing it together » : an interview with Videoiid

French and Swedish threesome Videoiid played Annecy’s Bistro des Tilleuls last December. Their set was a noisy, ear-splitting affair for sure and yet the memory of it is crystal clear, like one of those moments where everything falls naturally into place. After the gig, I met with Arvid (guitar), Sara (guitar) and Frank (drums) in the back room of the bar. Surrounded by whisky bottles, we had a little chat. Here it is.

So, what did you think of the gig tonight ?

Arvid : I think it was the best gig so far !

Frank : I think so too ! We have a new set and two of the new songs we played for the first time at the gig before this one, in Paris. We’re really happy with this new set !

Sara : We wrote the new songs in Brussels, three days ago…

On tour ?

F : Yeah, one morning we had a bit of time and wrote two new songs.

Pretty quick !

F : I think it took us two hours or so. They’re pretty easy but they work !

Talking about your music with a friend, we were saying that it sounds like it’s quite rythm-driven. Do the drums come first in your way of writing ?

F : No, only for one song. All the other songs start with guitar ideas. Also because they write songs when I’m on tour with another band.

Coming back to the history of the band, how did it start ? How did you meet ?

S : I posted a message on this Facebook group of musicians in Göteborg saying I was looking for people to start an experimental music project. I mentioned Suicide and Swans, I think. I got two separate answers, first Frank and then Arvid. We met and discussed. While Frank was on tour, we rehearsed and I got back in touch with Frank saying things worked pretty well and would he be OK to rehearse with us and he was fine with that.

F : Of course ! It went super fast. After the first rehearsal, we already had two songs, working on a third one. Second rehearsal : we basically had the first EP ! Well not quite but it went really fast !

How do yo explain that ? Do you have some really clear common ground ? You mentioned Swans but you don’t sound like them…

S : And neither like Suicide ! (Laughs)

F : Even if we never mention it, the common ground is early Sonic youth, Arab on radar, US Maple, that kind of stuff.

S : No wave…

F : Yeah, no-wave, noise…

For sure I was going to ask about Arab on radar because it’s mentioned in almost all the reviews. I swear I didn’t read them before writing mine and then I realized I had been writing almost word for word what everybody else had written !! (Laughs)

F : It’s great ! If everybody says the same thing then maybe it’s true !

I found interesting that the reviews said that the influences kind of came through clearly but also that is still sounded fresh and spontaneous and natural…

F : We never talk about how we want to sound. We bring our own ideas but we never say « I’d like the guitar or the drums to sound like that ». At the end it sounds a bit like this or a bit like that but it’s never been an intention.

S : We have a very open-minded approach to each other’s way of making music. We’re really supportive of each other’s music making. It’s a really creative environment to be in.

F : The idea is that anyone can try anything.

S : Exactly !

F : If it doesn’t work, it doesn’t work, but at least we try !

Starting a punk-rock band today can be quite daunting in the sense that so much has been done before by so many great bands. Is that scary for you or not a problem at all ?

F : It’s not scary in the sense that we never wanted to do something that nobody had done before. I just want to play music that I consider to be good music with them and have fun. I don’t consider that we have to be super original. If it happens, it happens, but if someone comes up and says this songs sounds like this other song, well, whatever ! We don’t try to copy on purpose but we don’t try to sound super original on purpose !

A : I think our set-up kind of makes it easier for us. Two guitars and drums, that’s not as common as the typical bass – drums – guitar.

F : And we don’t try to create a bass sound. Often when you see this kind of set-up, the guy is playing on a big bass amp or a baritone guitar. But we have no bass and we don’t care !

Frank, I’ve read that you moved to Sweden to become a full-time musician…

F : Yeah, I quit my job in France and thought that what I wanted to do was playing music. And if I want to play music then I don’t have to stay in Lyon ! Sweden wasn’t my first choice but I finally ended up there and it’s even better than what I thought. Music is really a big part of the culture. It’s super easy to find a practice room, to make contacts, to find venues. And there are shitloads of bands – super good bands ! When I arrived in Gẗheborg, I rented this room and thought I was going to stay for one or two months, but then I was like « Oh, fuck it ! It’s so awesome, I’m gonna stay here ! » (Laughs)

You’re touring in a DIY network, do you find that this is a good way to tour as a full-time musician ?

F : For me, it’s the best way. With my solo project, Sheik anorak, I played some bigger venues and festivals and I have to say that DIY – the way we’re doing it right now – is my favourite way. When you play bigger venues, you don’t really meet people and I have the feeling that, especially for the music we do, I’d rather play smaller venues for 30 or 40 people who are really into it than on big stages in front of thousands of people who are basically waiting for us to be finished to see the band after. Basically, it’s what happens. I mean, until you are big and have a name, playing bigger places doesn’t make sense to me. It feels you’re in-between. Too big to play the small venues and not big enough to be the headliner. Being the constant opening band for bigger acts, for me, it’s not interesting at all. I’d rather stay in this DIY scene and enjoy the touring, meeting people, make contacts and have a good time instead of being more professional and doing it as a job.

So you don’t see it as a job…

F : No, not at all. I’ve been doing this for so many years but if someone came and said this DIY thing, playing for 30 or 40 people every night, it’s gonna stay like this forever, I’d sign directly ! I love it !

Do you manage to live from it ?

F : Yeah, sometimes it’s pretty tough but I kinda like it… More money would be nice but more money is more concessions and I don’t want to do it. I’m glad the way it is now.

About the EP : I think it was released on tape. Whay did you choose that format and how do you consider the actual object on which the music is released ?

F : We have different opinions… (Laughs)

S : Well, I’m a PhD student and I do my research, among other things, on record collectors so I know that there are at least some people who find value in the physical object ! Walter Benjamin wrote about the aura of the art object – or the withering of the aura but that’s a story for another day. I personally collect vinyls myself and I think a lot of people like to have something tangible to hold and touch when it comes to music. To have a tape and pay money for that, not just for a download code, makes a difference I think. And Ben Sanair did an amazing artwork…

Can we have a different point of view, now ?

A : I usually just listen to Spotify… It doesn’t matter as much what I’m listening to.

F : I used to have lots of vinyls – I also have a record label (Gaffer records – Ed.) – but for some reason I lost that interest in the object. I was paying a lot of attention to details, I love 7’’ and 10’’ and I did these series of 7’’ with different colours, black transparent sleeves and stuff. As a label I would still want to do that but as a person I don’t care anymore. I sold all my vinyls. I just listen to MP3 and Spotify. Now if I want to support a band, I would buy a tee-shirt but I won’t buy records anymore. I don’t like records anymore.

Is that a way to be simpler in your way of life ?

F : I just realized I didn’t need this anymore but it’s completely personal. Maybe because I don’t have the money anymore (Laughs).

And that’s where my recording device decided to stop, for some reason. There was a little bit of talking about music websites, fanzines and books, unanimous appraisal of the Skull defects being the one cool band to come out of Göteborg you had to listen to and then Frank expanding on how old school skateboarding gave him the original inspiration to play music. Streets on fire rules ! SST style ! For more information on the guy you can check this interview (in French !) published in 2012 but lots of information still relevant today.

>>>>>>>>>> VIDEOIID

>>>>>>>>>> GAFFER RECORDS

« Power (metal) to the people » : interview DRONE TO THE BONE

Est-ce qu’il existe vraiment, ailleurs, un équivalent de Drone to the bone ? One-man collectif genevois déversant un flot quasi continu de concerts dantesques, électron libre fouillant sans relâche les entrailles de l’underground mondial pour en extraire et propager des pépites. Découvert en 2014 avec le concert Suma/Rorcal/Intercostal, c’est un fil qu’on n’a cessé de dérouler et de suivre. Du black-metal d’avant-garde au hip-hop expérimental, de la noise torturée aux folk songs hantées ou au post-rock contemplatif – à ce niveau, ce n’est plus de la programmation, c’est de l’art. Ou juste un gars qui fonctionne à l’instinct. Les 10 ans de l’asso approchant – qui seront fêtés dignement par 10 jours de concerts en octobre 2019 -, l’idée d’en savoir plus et d’interroger Bruno me tournait dans la tête, quand je suis tombé sur cette interview longue et fouillée et découvrait que STN zine – fanzine genevois publié sur papier dont on reparlera très bientôt – avait fait le job ! Restait plus qu’à contacter Trvs et Laar  pour leur demander si je pouvais la relayer sur Rad-Yaute – ce qu’ils ont accepté avec empressement. Merci encore à eux. En avant.

Présente-toi brièvement, dis-nous qui tu es et ce que tu fais…

Salut ! Bruno / 34 ans /bibliothécaire / père de famille /musicien / gentil organisateur /passionné / un peu fou. Drone to the Bone est mon troisième “enfant”, si je puis dire, que j’élève avec ardeur depuis bientôt 10 ans.

As-tu des activités musicales ou artistiques ?

J’ai joué pendant 11 ans au sein de Rorcal, doom / black metal, de Genève. Mais plus rien sur le feu depuis deux ans (même si ça me démange grave).

Qu’est-ce que Drone to the Bone ?

Drone to the Bone c’est à ce jour quelques 150 concerts organisés sur Genève pour près de 250 groupes originaires des quatre coins de la Planète. Drone to the Bone c’est une passion immodérée pour le Doom, le Sludge, le Black Metal, la Noise, mais pas que. En 2019, Drone to the Bone fête ses 10 ans et c’est super.

S’il faut causer origines, ça remonte à loin. On a commencé à organiser nos premiers concerts dans les squats de la région au début des années 2000, avec les copains (sous l’égide de Sigma Records), puis de fil en aiguille on a investi les maisons de quartier, tous les espaces alternatifs qui voulaient bien nous recevoir (Artamis et j’en passe), pour terminer à L’Usine, « comme des grands ». Il y a eu une grosse pause – en tout cas pour ma part – parce qu’à un moment donné j’avais moins le temps et surtout moins l’envie de le faire, puis je m’y suis remis. On a monté une nouvelle asso en 2009 avec d’autres copains (Stone Cult), mais je m’en suis finalement très rapidement détaché ; devoir discuter et argumenter avec trois personnes à l’époque si on faisait tel ou tel groupe ou non m’a bien gavé… il faut dire qu’on avait pas forcément tous les mêmes envies et que nos affinités musicales en fin de compte ne coïncidaient pas toujours, ce qui au final, en ce qui me concerne, était plus frustrant qu’autre chose. C’est à ce moment-là que je me suis ouvertement lancé dans l’aventure Drone to the Bone, à la fin 2010. Un petit radeau sur lequel je suis seul maître à bord. Seul à décider de tout, selon ce que j’ai envie de faire ou non. Zéro compromis, zéro blabla ; juste une passion que je suis comme un mantra, et un dévouement que je continue de cultiver jour après jour. Si j’ai envie de faire un gig de Funeral doom, je le fais. Si j’ai envie de faire une soirée Hip-Hop, je le fais. Si j’ai envie de faire un sombre groupe du trou-du-cul du Locle ou Dieu-sait-où qui potentiellement n’intéresse pas grand monde à part moi, je peux le faire aussi. En règle générale je m’entends assez bien avec moi-même alors c’est cool ; pas de temps à perdre en tergiversations, réunions, concertations ou je ne sais quoi. Si je veux vraiment faire un truc, je me sors les pouces du cul et j‘y fous.

La rumeur dit que tu travailles tout seul. On te jure qu’on l’a entendu. Même que parfois on la propage nous-même ! Est-elle vraie ?

Rumeur ou pas, tout ce qui importe à mon sens c’est que les choses se passent, peu importent la voie et les moyens pour y arriver et peu importe qui est derrière en train de pousser pour le faire, accessoirement. Après tout, il faut bien que les choses se passent, sinon on fait quoi dans cette Ville morte ? Je ne pense pas que Genève soit une ville plus morte qu’une autre, hein, ce serait du domaine de l’insulte que de prétendre une chose pareille quand on voit l’offre culturelle gargantuesque. Mais sans le nombre incalculable de passionnés qui font vivre la scène, la Genève “alternative“ qu’on connaît tous ne serait plus qu’un vieux souvenir inscrit dans les mémoires des Anciens. Ceci étant, la rumeur dit vrai. Drone to the Bone c’est moi (et inversement). Mais j’ai de précieux amis dans mon entourage qui répondent toujours largement présent lorsque j’en ai besoin, soit pour filer un coup de pouce à la caisse, au bar, faire le son, faire à manger, ou bien juste boire des coups (après tout on est aussi là pour rigoler ou bien ?). Pour le Helvete Underground en 2014, par exemple, j’étais loin d’être seul (même si la prog intégrale reposait sur moi), idem pour les Geneva Doom Days en 2017. Pour dire vrai, parce que je trouve important de le préciser, je suis quoiqu’il en soit rarement seul à faire le merdier de A-à- Z, dans la mesure où les lieux qui m’accueillent ont pour la plupart leurs propres équipes qui participent largement à ce que toutes les choses se passent à la cool. La prog, néanmoins, est toujours de mon ressort ; ou en tout cas dans 99% des cas, puisque Drone to the Bone tape aussi l’incruste de temps à autres sur quelques collaborations ponctuelles comme ça a été le cas sur les concerts de Marika Hackman, Russian Circles, Scott Kelly ou bien The Varukers plus récemment.

Concernant le choix des groupes, est-ce toi qui les démarches ou parfois est-ce que les groupes eux- mêmes viennent te proposer leurs services ?

Je reçois des dizaines de mails, tous les jours. Ce qui est plutôt cool mais qui peut quand même devenir vite chiant, dépendant les propositions. Sans compter le fait que j’écoute absolument tout ce que je reçois et que je m’impose de répondre à toutes les sollicitations (même si des fois ça me prend des semaines pour tout absorber). Je constate qu’au fil des années Drone to the Bone est devenu un incontournable pour des dates de “Hard” sur Genève et que du coup mon adresse e-mail se retrouve malgré moi sur pas mal de listes de plus ou moins grosses agences de booking. C’est souvent bienvenu mais des fois je reçois vraiment des propositions qui ont rien à voir avec le schmilblick ; je me suis pas encore décidé malgré les sollicitations à me lancer dans le Ska, la chanson française ou bien la Techno indus russe, par exemple, tout comme je me tamponne le cul de faire un énième band Pagan death mélodique à tendance viking-queer symphonique antifasciste. D’un autre côté, je reçois également pas mal de mails en provenance de groupes directement, de plus en plus. Ceci dit, je démarche malgré tout aussi pas mal par moi-même ; dès que je découvre un band qui m’intéresse, je prends contact et je présente Drone to the Bone. Après, à priori, les choses suivent leur cours et, tôt ou tard, on finit par bosser ensemble. Idem pour ce qui est des dates de dernière minute, quand il s’agit de remplir un day-off sur une tournée, par exemple. Dès que je vois une possibilité, aussi folle et improbable soit-elle, je balance un mail ; c’est d’ailleurs comme ça que des monstres comme Church of Misery, Portal ou Acid King se sont retrouvés ici en plein été, alors que tout était officiellement fermé, devant un parterre d’une centaine de personnes, en conditions DIY totales, et qu’ils sont repartis avec passé 1000 balles chacun sur un plan aux entrées… il s’en est d’ailleurs fallu de peu pour qu’on chope Neurosis et Eyehategod dans des conditions similaires l’été dernier! Pour ce qui est de mes sources, enfin, elles sont tout ce qu’il y a de plus banal. L’inspiration peut venir d’écoutes compulsives au hasard de la toile, de découvertes au gré d’un concert ou bien via des zines spécialisés ou en papotant avec les copains tout simplement. Comme n’importe qui, je présume ; mais comme je suis un type plutôt ouvert d’esprit, cela permet sans doute d’avoir des horizons plus vastes que le “métalleux” ou le “coreux” lambda.

Y a-t-il des styles, des groupes que tu refuses de programmer ? Ou comment choisis-tu les groupes ? Y a-t- il une sorte de « ligne éditoriale » ?

Il n’y a pas de “ligne éditoriale” à proprement parler. Même si mes préférences me poussent à programmer majoritairement des trucs qui “chient à mort”, comme on dit dans le jargon. Je surkiffe le gros gros Doom, le Funeral doom en particulier, le Sludge bien épais, et certaines formes de Black metal. J’aime bien aussi le Hardcore quand c’est bien sur la brèche, les trucs qui partent dans tous les sens et tout ce qui a un petit côté Noise. Mais j’écoute aussi beaucoup de Hip-Hop, de Drone, j’aime bien la Folk quand elle est bien dark. Le Rock psyché quand ça me fait triper. Le Grind bien extrême quand chuis de mauvaise et que j’ai envie de casser des trucs. La Harsh noise quand c’est bien viscéral. Le Post rock quand je sens que ça m’emporte. Des tas de choses, vraiment, selon l’humeur générale. Je me suis même surpris cet été à programmer un récital de piano en mode sauvage au bord du Rhône pour The Eye of Time (un des tout grands moments de cette prog 2018, d’ailleurs). Grosso-modo, je programme ce que je sens, quand je le sens, sans aucune retenue et sans aucun autre but que celui de me faire plaisir. Après si les gens suivent, tant mieux, ça me rend d’autant plus heureux, pour les groupes que j’accueille, surtout. Mais le principal pour moi c’est de ramener des artistes que j’ai envie de voir. Point final.

Quels sont tes liens avec les scènes locales ? Est-ce que tu essaies d’encourager les groupes de la région avec DTB ?

Encourager les groupes de la région n’est pas un but en soi, à proprement parler, il y a des tas d’autres acteurs dans la scène qui se sont fixés cet objectif, et qui font largement le job. Mais vu la quantité d’artistes absolument incroyables qui nous entourent, il n’y a vraiment aucune raison valable pour quiconque de ne pas soutenir le merdier ! J’en fais par conséquent un “poing” d’honneur à apporter moi aussi ma modeste pierre à l’édifice. J’aimerais bien dans la mesure du possible proposer un groupe suisse sur chacune de mes dates, systématiquement, ça c’est vraiment quelque chose que j’aimerais pouvoir faire. Je sais par expérience à quel point c’est chaud de trouver des dates tant que t’as pas atteint un certain “level” de réputation ou que t’es trop “hors-cadre”, alors si je peux aider, quand c’est possible, je le fais. Mais ça reste toujours sur le même principe, j’invite personne juste pour rendre service, parce que c’est des copains ou je ne sais quoi ; il faut que la musique me parle un minimum. Comment je pourrais « vendre » mes concerts si j’y crois pas à 10’000 ? Dans la réalité, après, c’est malheureusement un principe souvent compromis (celui d’avoir des groupes locaux à tous les coups). Le fait est que la plupart des artistes que j’accueille sont des groupes internationaux et qu’ils tournent rarement seuls ; si on ajoute en plus le fait que mes dates se déroulent majoritairement en semaine (du dimanche au jeudi), c’est pas toujours possible ou bien souhaitable pour les salles d’accueillir un band supplémentaire. Sans parler évidemment de l’aspect financier qui reste parfois un frein non négligeable car, même si beaucoup de groupes (notamment à Genève) sont ok de venir pour une tape dans le dos, une bonne bouffe et des bières fraîches, c’est toujours délicat de ne pas pouvoir, au mieux, leur filer plus qu’un “vulgaire” défraiement pour l’essence (et ça c’est quand il reste un peu de sous dans le budget).

On s’est amusé à regarder l’évolution du nombre de concerts depuis la création de DTB. On passe de 1 en 2010 à plus de 25 en 2018… Comment est-ce que tu arrives à maintenir ce rythme ?

Chaque année, je me fais avoir, à vrai dire. Je me dis toujours à chaque début de saison que je devrais fairemoins de dates (genre, une par mois, pour me préserver un minimum) mais au fur et à mesure que les semaines passent, des opportunités se présentent et de fil en aiguille je me retrouve avec des mois (voire des semaines !) où je me tape en fin de compte trois / quatre orgas d’affilée ! Ce qui, en raison de ma vie privée et professionnelle n’est pas toujours simple ; il faut dire que Drone to the Bone n’est évidemment pas mon job (d’ailleurs je serais bien dans la merde si ça l’était, y a pas de fric à se faire dans ce « bizness »!). J’ai deux enfants, un « vrai » boulot, une famille et un emploi du temps largement bien rempli. La vie est cool, franchement, mais il faut des fois bien jongler ; entre les « obligations » du quotidien et mon incorrigible tendance à vouloir tout faire, ça tient parfois du miracle d’arriver à tout goupiller. En vrai, je me fatigue moi-même, comme un grand, à vouloir tout enchaîner comme si j’avais 20 ans alors que les lendemains de veilles sont de plus en plus rudes puisque, quoi qu’il advienne, il faut se lever à 6h du mat’ 5 jours sur 7 pour s’occuper des kids et aller bosser. Après, ma foi, je dormirai quand je serai mort, comme on dit !

Il y a une deuxième chose qui nous impressionne avec DTB : les entrées de concerts toujours proposées à prix libre (en tout cas le plus souvent). Est-ce un principe qui te tient à cœur ?

Si ça ne tenait qu’à moi, tous les concerts Drone to the Bone seraient effectivement en prix libre. Mais ça, ça dépend essentiellement des lieux qui m’accueillent.

Ce n’est pas très élégant mais la question des sous se pose. Est-ce que le fait de proposer l’entrée à prix libre te permet d’avoir des fonds suffisants pour continuer tes activités ? On se dit que ton point de vue sur cette question encouragerait peut-être plus de personnes à le faire et donc à dédiaboliser ainsi le concept bienveillant de la confiance et du partage !

Le prix libre a pour avantage que chacun, peu importe ses moyens, peut se permettre d’aller aux concerts, ce qui, à mon avis, est plus que cool. Les gens ont pas nécessairement besoin de scruter leur budget au centime près en se disant qu’ils ne peuvent se permettre que telle ou telle sortie et ça, à mon sens, vu la surabondance de l’offre culturelle de la région, est un sacré plus pour maintenir la scène active ou en tout cas encourager les gens à sortir de leur cave. Après, prix libre ou non (et ça c’est encore un autre débat), beaucoup de gens, fondamentalement, en ont rien à foutre et préfèrent rester chez eux ou faire autre chose (chacun son truc après tout). Des lieux comme La Makhno, à L’Usine, fonctionnent sur le principe du prix libre pour toutes leurs soirées. L’expérience montre que ça fonctionne plus ou moins, les gens au final dépensent peut-être un peu moins à l’entrée et un peu plus au bar (ceux qui ont les moyens en tout cas). Les choses s’équilibrent, dans un sens, mais c’est totalement tributaire de la “morale” et des possibilités de chacun. Ceci dit, j’ai beau être un idéaliste de premier ordre, je ne suis pas certain que le principe puisse s’appliquer partout et pour tout type d’événements non plus. Pour parler finances, enfin, Drone to the Bone n’est pas coté en bourse. Je ne possède pas d’actions non plus que je pourrais faire fructifier pour les réinjecter dans le “Hard”. Drone to the Bone ne bénéficie pas de subventions non plus. Pas non plus de généreux mécènes pour alimenter financièrement toutes ces folies. J’ai surtout la chance, pour être honnête, de bosser avec des lieux qui, comme La Makhno, Kalvingrad, L’Undertown et L’Ecurie, me font confiance et peuvent se permettre de « prendre des risques » à ma place, dans une certaine mesure. En gros, je négocie cachets et conditions avec les groupes ou les agences de booking, à la suite de quoi je fais des propositions aux salles, voir qui potentiellement veut / peut m’aider à faire en sorte que les choses se passent sans que j’aie à casser ma tirelire. Il ne me reste ensuite “plus qu’à” faire de mon mieux pour que ça marche, que le public suive et que tout le merdier mis en place pour y arriver ne soit pas “vain”, si je puis dire (dans le sens économique du terme, on s’entend). Parce que le fait est que Drone to the Bone n’a pour ainsi dire plus de fonds propres à disposition depuis des lustres. Le fric que je mets dedans quand il le faut vient de ma poche. Le seul moment où j’ai réussi à mettre des sous de côté pour Drone to the Bone, à vrai dire, c’est en 2014 quand j’ai organisé une série de concerts de soutien au H elvete Underground (un festival sur trois jours intégralement consacrés à la scène black metal helvétique) ; j’avais réussi à l’époque à rassembler un petit pactole que j’avais réinjecté illico en promo, affiches, caterings d’accueil et un ou deux cachets…

Tout ça c’est de la cuisine interne, au final, mais il s’agit de faire des “projections” et des suppositions et des calculs d’épicier en essayant d’être le plus réaliste possible et de trouver le moyen de faire en sorte que les choses se passent sans ruiner ma fortune personnelle et la fortune des lieux et assos qui accueillent mes événements. Le tout en veillant à ce que les artistes s’y retrouvent eux aussi, évidemment. Ça a peut-être pas l’air bien compliqué expliqué comme ça mais ça l’est bien plus qu’il n’y paraît en réalité. Il ne s’agit pas de présenter aux salles qui m’accueillent un show comme un “sold-out” potentiel alors qu’on navigue la plupart du temps à vue et que le public potentiellement intéressé par les concerts qu’on fait est en baisse constante depuis des années ; il n’y a qu’à penser à la misérable dizaine de personnes qui sont venues voir Mantar, Bell Witch ou Årabrot il y a quelques années et voir les foules que ces mêmes groupes déplacent maintenant… il n’y a pas de règles sur lesquelles s’appuyer. C’est d’ailleurs une réalité assez merdique qui fait qu’on ne peut plus vraiment se permettre de prétendre sortir des “gros” cachets, même pour les plus « grands » noms de l’Underground qu’on reçoit parce qu’on ne sait jamais comment les choses vont finir par tourner ; c’est un truc à devenir fou, des fois !

Mon but n’est pas de devenir le roi de l’entourloupe et de faire croire aux gens avec qui je bosse que tout ce que je leur propose est formidable et que ça va remplir leur salle, au contraire. J’essaie de vendre le bordel tout en étant le plus transparent possible, aussi bien avec les groupes, les agences de booking et les salles avec qui je collabore. La réalité de la scène est assez inquiétante et la santé des clubs à l’heure actuelle est bien fragile, si on y pense au final ; c’est à se demander sincèrement si, tôt ou tard, certaines agences de booking – et par conséquent les groupes qui vont avec – ne vont pas simplement finir par faire l’impasse sur des dates en Suisse parce que le public ne suit plus ou en tout cas pas suffisamment. Sans parler des clubs qui eux aussi évidemment paient lourdement le tribut de ces baisses de fréquentation. Ce n’est pas un hasard, c’est certain, si la plupart des orgas et assos actives dans la place finissent par poser les plaques au bout d’un moment…

Après, heureusement, les moments de kiff en ce qui me concerne sont d’une puissance telle que je finis rapidement par dédramatiser et passer outre les moments de doute, les galères et les déceptions. Sinon je crois bien que j’aurais déjà posé les plaques à mon tour depuis un sacré bout de temps.

Tu sembles être actif uniquement à Genève. Est-ce un choix ? Est-ce que le fait d’être à Genève pose moins d’obstacle par rapport à d’autres villes ? Et quels sont les acteurs avec qui tu travailles ?

Je suis actif à Genève uniquement, oui. J’y suis arrivé quand j’avais 8 ans, j’y vis depuis pas mal d’années, du coup. J’y ai grandi, je devais avoir 15 ou 16 ans quand j’ai été voir mon premier concert à L’Usine, je contribue à la “scène” depuis bientôt 20 ans, déjà ; ça fait un sacré bout de temps, maintenant que je regarde un peu dans le rétro ! Genève est un peu devenu ma “Ville natale”, en quelque sorte, et je m’y plais vraiment pas mal. Je connais à peu près tout le monde, si on peut dire, ce qui pour le coup facilite franchement grandement les choses quand on fait ce que je fais. Si je devais tout redémarrer à zéro ailleurs ce serait clairement une autre paire de manches ! Je bosse avec pas mal de monde, de L’Usine à L’Ecurie, l’Undertown, La Reliure… sans parler des connexions avec divers autres lieux et assos de la place comme Urgence Disk, l’Axe du Mal, Kalvingrad, Peg!, Bad Mood, LiveGeneva TV, le Collectif nocturne, le mouvement Prenons la Ville et des tas d’autres gens super. Genève est un foutu carrefour depuis des décennies pour les scènes punk / rock / hardcore etal et affiliés et c’est une tradition que j’essaie de contribuer à faire perdurer même si, en règle générale, hélas, comme partout en Suisse apparemment, je me répète, le public peine à se renouveler.

Est-ce qu’il y a d’autres acteurs avec qui tu collabores hors frontières genevoises ou même suisses qu’on n’aurait pas vu ? Aimerais-tu étendre tes activités à d’autres villes ?

Au fil des années, j’ai construit un assez gros réseau, c’est sûr ; réseau qui dépasse largement les frontières helvétiques, d’ailleurs (à force de bourlinguer avec Rorcal, notamment). Après c’est pas dans mes plans de monter des satellites Drone to the Bone dans d’autres villes ou de me lancer dans une agence de booking, par exemple. Je continue d’exploiter et d’entretenir ce réseau, c’est sûr, en mettant en place de temps en temps des séries de dates pour des groupes que je reçois à Genève comme je l’ai fait pour Suma en 2014 avec une date supplémentaire à Bâle ou bien pour Leng Tch’e cette année avec une date à Winterthur et une autre à Strasbourg, mais ça s’arrête là. Drone to the Bone ça se passe à Genève pour le moment et c’est déjà bien assez de boulot comme ça.

Pour parler connexions, ceci dit, elles sont multiples et beaucoup trop nombreuses pour être énumérées. J’ai une profonde admiration pour tout ce que fait Damien à Urgence Disk, le shop de disques de L’Usine, à Genève. Idem pour les copains d’Hummus Records à La Chaux-de-Fonds, l’équipe de Deep Drone à Bâle… Ceci dit, je tiens à jour une liste assez conséquente sur mon site alors il n’y a qu’à suivre les liens pour connaître l’étendue de cette joyeuse constellation qui ne cesse de s’étendre.

Y a-t-il des obstacles auxquels tu es confronté parfois ? Par exemple, est-ce que des défenseurs des bonnes valeurs de la croix à l’endroit t’envoient des courriers menaçants pour te faire savoir que tes concerts sont un peu trop sombres et t’accusent de faire la promotion du Satan ?

J’ai jamais eu de soucis ce type, et je le regrette parce que ça m’aurait beaucoup amusé. Mais certains groupes que j’ai programmés ont été taxés de “nazis” (à tort selon moi, sinon il est évident que je ne les aurais pas accueillis), ce qui à mon sens est bien plus sérieux et problématique et qui m’a d’ailleurs valu quelques problèmes à un moment donné avec certaines salles. Après, l’affaire est close alors je ne m’attarderai pas davantage sur le sujet et je ne donnerai pas de noms non plus.

Le seul véritable obstacle, et pas des moindres, est une grande constante pour toutes celles et ceux qui se démènent pour organiser des trucs : la galère du manque de lieux…

Les questions un peu feelgood maintenant : quel(s) est/sont le(s) concert(s) dont tu es le plus fier/content/qui t’ont le plus fait kiffer ?

S’il fallait n’en choisir qu’un, je dirais Sourvein en 2011 ; mo-nu-mental. Il y a d’ailleurs encore une ou deux vidéos qui traînent sur le Tube et qui font du bien quand je me dis que les gens suivent pas comme j’aimerais et que ça me fait chier. Mais il y a bien trop de kiffs chaque année ! Eagle Twin en 2010, Saviours en 2011, Hexis et This Gift is a Curse en 2012, Meth Drinker et Graves at Sea en 2013 (dire qu’on était genre 12 à cette soirée !) … SubRosa et Darkspace en 2014, Portal et Impetuous Ritual en 2015… Oddateee, Sole et Årabrot en 2016… Oranssi Pazuzu, Impure Wilhelmina, Jozef van Wissem, Coilguns… des très grands moments à chaque fois ! Jucifer et Walk Through Fire en 2017, Eyes, Svartvit et Dark Buddha Rising en 2018… Pfff. Beaucoup trop de gens cool et de concerts mémorables ! Et la liste ne cesse de s’allonger, année après année, c’est d’la folie !

Et la deuxième question un peu bitchy mais en quelque sorte feelgood aussi, quel est/sont le(s) concerts qui t’ont posé le plus de problème/que tu as détesté organisé/qui te font dire « oh merde, j’espère qu’ils ne sont pas comme ceux-là » à chaque nouveau concert ?

Je ne regrette absolument rien de ce que j’ai fait. Mais il y a bien eu deux ou trois accrochages notamment sur des dates pour des groupes de black metal dont je me serais bien passé. Des groupes que je ne referai pas, à priori (quoique je ne suis pas un type très rancunier), mais par respect pour les protagonistes je tairai leur nom. Et puis de toute manière c’est passé et on ne peut plus rien y faire, ça sert à rien de remuer la merde.

Depuis ces “incidents”, ceci dit, à chaque fois que je reçois des groupes de black metal (même si c’est somme toute assez rare), je crains de me retrouver avec le même genre d’abrutis. Après si vous voulez absolument des noms on peut en causer autour d’une mousse, hein, c’est pas un secret d’Etat non plus mais il n’y a aucun intérêt, ni pour moi ni pour les personnes concernées, à chier dans la soupe publiquement. Au fond, même si parfois je peine à avaler la pilule, je pense qu’on est tous humains et que des fois on peut faire ou dire d’la merde ; j’aime à croire que les gens peuvent changer, c’est pas parce qu’une fois tu t’es comporté comme un connard que tu seras un connard toute ta vie.

As-tu une anecdote ou aventure que tu aimerais partager ?

Il y en a un paquet mais il y en a une qui m’amuse beaucoup. C’était plutôt angoissant sur le moment mais une fois que c’était passé on a bien ri. Une date de 2015, quand Jozef van Wissem s’est rendu compte que son luth s’était cassé durant le voyage, un dimanche, et que tous les luthiers de la ville étaient soit fermés soit absents. Sans compter que le luth s’était brisé pile entre le haut du manche et le chevillier (la tête) ! Des dizaines de coups de fil pour essayer de trouver un luth de rechange, en vain. On a fini par fixer tout ça à la super-glue, trois heures avant le concert… A chaque pause entre les morceaux, Wissem accordait son luth et à chaque tour de cheville on serrait les dents de peur que ça pète à nouveau !

Il y a aussi eu la fois où Supayniyux ont repeint les murs et le sol de La Gravière avec quelques litres de sang de cochon… la fois où Impetuous Ritual ont bouché la douche avec de la boue et des feuilles mortes…

Est-ce que tu aurais envie d’étendre les activités de DTB ? Par exemple, lancer un label, organiser un festival ou avoir ta propre salle de concert ? En gros, quels sont les projets qu’il t’intéresserait de réaliser ?

Des festivals, j’en fais de temps à autres ; il y a eu le Helvete Underground en 2014, un festival intégralement consacré à la scène black metal helvétique, il y a aussi eu deux éditions des Geneva Doom Days, l’une en 2013, l’autre en 2017, un festival plutôt orienté doom et black metal avec quelques incursions hip- hop lors de la seconde édition. Après ce n’est pas un but en soi, j’ai pas l’intention chaque année ou tous les 3, 4, 5, 6 ans de réitérer la même formule. Un label, je ne crois pas que ça me tente plus que ça mais je n’y ai jamais vraiment pensé. Peut-être un délire du genre « print on demand » comme ça se fait actuellement pour les livres aurait un intérêt à être développé ? Je pense à voix haute, j’en sais rien.

En revanche, à terme, avoir une salle sous la main ne serait pas de refus. Pas que j’estime le mériter plus que d’autres, au contraire, mais une salle supplémentaire, avec une petite jauge, qu’on partagerait entre divers acteurs de la scène, rendrait bien service à toute la communauté c’est certain. Pour le moment, dans tous les cas, j’organise des dates à gauche à droite sans me poser trop de questions et ça va bien comme ça. Affaire à suivre.

Tu es libre d’ajouter ce dont tu as envie à cette interview ! Fanzine libre, on fait et on dit ce qu’on veut !

Merci pour cet espace de liberté. Vous êtes supers ! Continuez ! Le bon sens voudrait que je m’étale ici sur la nécessité de soutenir les scènes locales et tout le blabla. Mais je pense que vous êtes bien assez grands pour en tirer vos propres conclusions. Gloire à Satan et tous les activistes. Drone to the Bone est Amour.

 

>>>>>>>>>> DRONE TO THE BONE

« Long distance noise-rocker » : an interview with Xavier ( SONIK fanzine/ Perte & Fracas webzine)

It’s probably hard today to imagine how vital fanzines were in underground culture back in the 80s and 90s. These cut and paste magazines were almost the only source of knowledge and information and making a fanzine was almost as cool as playing in a band. It could open  a whole new world of bands and scenes to you and that’s exactly what SONIK did for me. It introduced the hardcore-punk kid that I was to music that sounded similar but not quite. Music with rythms weirder and more intricate, music that could borrow from jazz or experimental or electronic music. I became familiar with names like Sabot, Zeni geva, Dog faced hermans, Heliogabale,  Pain teens or Melt Banana, among many, many, many others. More than 20 years later, Xavier is still publishing like a madman on his webzine Perte & fracas about the weird punk that he loves and so missing the chance to interview him was just unthinkable – even though this is just an email interview. Big, chunky answers, raw, honest and passionate, like you would expect. Thanks a million, Xavier.

The number of reviews you publish is impressive ! How do you find the time to listen to all those records and write about them ? Errr… You do listen to them, don’t you ?

Thanks to iron discipline and a perfectly healthy way of life. And also an amazing professionalism that makes me actually listen to all those records, yeah. Unfortunately, at times. In fact, I listen to music from morning to evening, all the time, whatever the weather and through whatever means the modern world has made available to us, even if, in the end, it’s my good ole record player that gets the most use. I think I just love that. It’s been almost 30 years I’ve been writing reviews so it’s like a daily gymnastics routine that has become really easy (most of the time), like a second skin, like eating or pissing, it doesn’t take much time, as opposed to listening to the music. There, I can be quite long before starting the review of a record, I like to think I know the record perfectly even if that’s impossible. So the reviews often come out late after the releases but I don’t care, there’s no hurry. Then again, reviewing a record is by no means a difficult job. Years ago, I bumped into this book by rock journalist Alain Dister with this quote on the back cover that said something like « Any fucker can write about rock’n roll ». I fully agree with that. And he said that at the beginning of the seventies when the internet, all the blogs and webzines hadn’t come into existence yet, whereas nowadays anyone can give their opinions really easily. A real visionnary, that guy.

Let’s come back to prehistory : can you tell us about the transition between your fanzine SONIK that you were doing through the 90s and Perte & Fracas ? What brought about that transition to the digital medium ?

Time and money ! SONIK stopped at the eighth issue in May 1996. It was around 120 pages, with a print run of 500 copies, the cover was in colour and each copy cost me 25 francs (around 4 euros, for the youngest readers !) and I used to sell it… 25 francs ! I’ve always been such a brilliant manager. At the time, 25 francs was already a nice sum of money (the price of a 7 inch, or even more) and selling it at a higher price would have been too much. And as I had to send it at my own expenses through the post to various distribution places thoughout France, I was losing too much money. Just a pack of 10 copies cost me 50 or 60 francs, so that was it, I closed up shop, sadly… Some time later, Internet started to be available to the public and with Kfuel – the collective I’m part of – we built up a site to publicise our activities – mainly the organization of gigs. That was when I was able to resume writing reviews, by creating a zine section on the site – that was around 1997. That’s actually the reason why you can find loads of reviews on P&F spanning the 1996-2003 period, whereas the webzine only started in 2004. I had brought back all the reviews I had written to have some content right at the launch of the website. So, that’s what it is : money, publishing on the internet made so easy, making your stuff available to the whole world in just one click, the lack of time, not spending my nights laying out the zines, forgetting about the scissors and the glue. I’m still toying with the idea of putting out a paper version of P&F one day, I’m missing it, maybe once in a year to recap all or most of what has been written during the year but I think I’ll never come round to actually doing it. Except if someone comes up and tells me they are ready to take care of it !

Do digital copies of the issues of SONIK exist ? Is there any place where we can find them ?*

No, not to my knowledge, no digital copy. And don’t count on me to do that, I don’t even have all the issues. Only the templates and in a really bad state at that. However, I learnt recently that the fanzinothèque in Poitiers has all the issues… and also some friends but there, it would be more complicated !

In SONIK, there were extra-musical articles – I remember a whole section on the writer Louis Calaferte – that are not to be found in Perte & Fracas, is there any particular reason for this ?

Time and… Well, no, not money ! I’d like to do much more. More reviews, live reports, articles of all types but, even if I don’t sleep a lot, I don’t manage to. And then, you need to feel the urge to write about something other than music, find the topic that is going to motivate you but, in fact, I don’t think I’m looking for anything. Even if there are plenty of non musical topics that I’m interested in I keep them to myself now. Perte & Fracas is really about music and nothing but music.

You have published a handful of interviews too but the last one dates back from 2014. Is it something that you are not interested in anymore ?

Oh yes, enormously but just like the previous answer : lack of time (except for answering them, hahaha) and laziness. In fact, good conditions to make good interviews are pretty hard to find. When a band comes for a gig, it’s often quite tricky to catch them between balances, dinner, the gigs, in the corner of a noisy backstage area – not to speak of bands who don’t give a shit. On top of that, my English leaves a lot to be desired. If I manage to make myself understood, I don’t get half of what they say (or maybe I should just do French bands?) Better do it through writing then but that has its limits too. You can’t build up on answers, you can’t have a real conversation. I also think I’ve been quite disappointed with some of the interviews I did in the past, not much interesting really came out of them. The best would be to spend a whole day – outside of tours – to have a real chat with a band, with no time pressure, no stress – but I’m dreaming here. And then in the end, to be perfectly honest, when I go to a show, I’d rather drink beers and chat with mates, because musicians, they’re all wankers, ha ha ha !

The art of losing and Oldies – bands biographies, commented discographies and records free to download – are absolutely killer sections. What made you want to do this « historical work » ? Did it have to do wih the fear that some pre-internet bands might fall into oblivion ?

If a record has just been released or if it dates back from a number of years, the principle is the same, the desire to make people discover that record. I don’t give a fuck about the year written on it, there’s no expiry date for good music. During my whole life (and still today), I’ve discovered records long after they came out, records that I still tremendously enjoy listening to. So my point is, if I can get people to discover bands like Glazed baby, Dazzling killmen, Craw, Dog faced hermans and so on, more obscure records that would have deserved more light, why shouldn’t I do it ? In fact, I’m still in the skin of a high-school boy who would trade tapes with his mates at breaktime. Hey, I’m gonna make a copy of that band for you, you’ll tell me what you think and in return they would make me copies of other records, we had a whole traffic in tapes. The only thing is that now we trade mp3 links. I also learnt while talking to people younger than me – but not only – that bands that seem totally obvious to me, that I figured everybody knew, well that wasn’t the case at all. I was totally out of sync ! What, you’ve never heard of Dazzling killmen !!!!???? You don’t know the first two singles of Blunderbuss ??!! Were you living in a cave or what ? Well in fact it’s not suprising at all, not only for a question of age but also because most of those bands in The art of losing or Oldies are rather confidential, only a handful of people were into them at the time when the internet didn’t exist and when it was harder to make your band known whereas now you just put your first demo on Bandcamp and you’re all over the world. So that’s what it is, I hope that with these two sections, younger people can discover plenty of records and older ones can blow the dust off their musical culture or fill in the blanks. No will to make a historical work as you say, even if, with time, it’s starting to look a bit like that and that suits me just fine. No fear either, for all of this is not really planned from my part and in the end I’m just quite pleased that some of the records that I cherish so much can be heard again, that a trace might remain. Having said that, it must be important to some of the bands not to fall into oblivion, some have asked to be portrayed in the The art of losing section… I’ve also managed to get my hands on some records that had never been released because the band had split in the meantime. When the members of the band came across the articles in The art of losing by chance, they spontaneously got in touch with me and were really happy to have a chance to make the recordings that had never been released heard… I even learnt a few years ago that the English band Headbutt had put the article devoted to them in the Oldies section as « official » link on their Discogs page !

Humeur massacrante (« Foul mood ») is a section that I must admit I read with a somewhat guilty pleasure. I can imagine it’s not to everybody’s taste… What does it represent for you ? Do you think that, deep inside, every music fan is a little dictator that thinks he holds the ultimate truth, worshipping certains bands and vilifying others ?

I believe you’re not the only one that reads it with this guilty pleasure, like you say, I have had some feedback in that sense. The more shit you talk about others, the more people love it. Humeur massacrante reveals the darker side of you all !! And yes, it’s not to everybody’s taste. Especially of the bands that are in it, even if most of them takes it really well and even anticipate it when they send me their records and say to me I’m gonna have a good time having a go at them… Well, in fact, I take no pleasure in doing that. First, because I’m forced to listen to those records (a professional to the bitter end!) and sometimes it’s a real torture for my ears ! And because I’d rather spend time writing on music that I like, it’s much easier ! If I started this section, it was to stuff in all the records that I had received (or that I had made a mistake of buying) and that I didn’t like or I wondered why they had been sent to me since they didn’t fit at all with P&F. I could very well have ignored them (I do that sometimes) or bin them straight away (I do that often too) but as people had done the effort to send them to me, I wanted to make the effort to write about them. At the beginning, I was just thinking of writing a few lines, rather neutral and descriptive but it became quickly very boring to do and read. So I started wanting to do it in an ironic way and the idea of Humeur massacrante quickly came to me. But this section is to be read with humour most of the time (and this, lots of bands have understood), with bad faith and a cheesy sense of provocation, stupid humour, a very uncensored and direct way to speak about music, exactly the way you talk about music with friends in a bar. It’s not to be taken too seriously, but then again sometimes it should be… And that will teach some a lesson who send promotional material without being aware of the fundamentals of who they’re writing to. That has always freaked me out.

It’s a way to go against all the hipocrisy that I can read on numerous blogs/webzines that will lick the asses of labels, bands and communication agents with no critical outlook whatsoever, or just copy and paste all the biographical elements that they are stuffed with or are happy with just writing about what they are sent for promotion without ever trying to discover records by themselves or buying their own records, which is why a lot of webzines look alike. Or even fight against some labels or bands that try, artfully or not, to put some pressure on you so that you write positive things about their work of art. No way, I write what I want and you can kiss my ass.

But, above all, I’m the only one who’s responsible for those reviews, positive or negative. I’ve taken care to write on the « Contact » page that « Perte & Fracas only translates the opinions of a humble hard-worker. Read between the lines. Make up your own mind. » I don’t own the one and only truth, it’s just an opinion among other opinions, you can do what you want with it. If someone thinks he holds the ultimate truth, he is a true asshole or maybe his name is Philippe Manoeuvre (which is the same, by the way). I can say plenty of positive stuff or even shower some bands with praise (and that’s the majority of the reviews on P&F, I think) or shoot others down in flames (and sadly they’re often the ones that people remember the best) but in the end it’s only just the point of view of a guy in his Council flat trying to write in the most honest way what he feels when listening to a record. End of story.

Layout from issue 3 of Sonik, butcher style

Perte & Fracas is the exact opposite of typical musical webzine of 2019, stuffed to the mouth with short news, photos, videos. What do you think of that ?

I think that I’m old ! Perte & fracas, an old-school webzine ! Seriously first, I don’t have the technical and artistic knowledge to make a fancy looking website. I make P&F with a version of Dreamweaver that dates back from around 2000, see what I mean ? One day, I’m gonna be seriously deep in shit because of that but as long as it works… On the other hand, I’ve always wanted to make a clear looking website, easy to browse without being overcome with thousands of pieces of information, pictures and of course content is more important than style. So, yeah, nothing very glamorous. I spend more time writing than making super cool looking animations or quizzes involving exclusive listenings… That wasn’t planned at first but now I like the idea that P&F is the kind of site where you stop, you rest, you come back regularly to search, to discover accidentally, off the beaten track, outside of trends, far from the current news or even a little ouside of time. Sometimes I hear that reviewing records is not really useful anymore, when you can just click on a link and listen to what it sounds like, who cares about the opinions of some obscure wannabe writers ? There might some truth in that. But, first, with all the thousands of records that come out, webzines and magazines can act as a filter (subjective, of course) for all the people who don’t have the time or the will to search deeper. And more importantly, I’ve always loved to read about music in general, even music that I didn’t specially like, read about what other people thought about records, learn about bands and so on. I don’t want P&F to become just another news feed about records releases, bandcamp links and youtube videos, cold and without passion, with a mark out of ten for all comment. Speaking about music, that’s important, it’s part of all that rock folklore that I’m in love with. There’s something human behind it all that touches me, the will to go a little bit deeper into that sensation that music gives you, wondering why that record blows your mind, makes such a strong impression on us, how it does speak to you /reach out to us , it’s kind of like giving a little substance to music, a memory that will pass the test of time, a mysticism around music that is important for us to feed.

That’s also the reason why I need to have the actual record between my hands to speak about it and why I take a photo of all the covers. To prove that there are  people behind all this, musicians, sound engineers, graphic artists and so on, who take time, work their asses to make records, visuals, objects that are sometimes really beautiful. Music is not MP3 and JPEG! So yeah, I’ll carry on writing, writing and writing because for me it’s the best way to tell someone to listen to a record, to communicate your desire and your passion.

Your style of writing is really personal and the way you use images to talk about music is sometimes more captivating than the actual listening of the records themselves. Do you write on other occasions than Perte & Fracas ? Have you ever written for magazines ? Has someone ever asked you to do that ?

Thanks for the comment on the writing but the best comment you can make on P&F is « Thanks for making me discover that record or that band » and not on the way it is written. Writing is just a way to make that not too unpleasant, it’s really secondary. And the words, the images that you use, the feelings, the emotions that listening to a record gives to you, the way you look at it, it’s only one part of the problem. The information that you’re giving, the knowledge on the band and the critical outlook you have are more important. The heart of a fanzine is to make people want to listen to such and such a record, not to prove yourself the best writer otherwise you’ve got to stop right now, write a novel or I don’t know what and, personnally, I have absolutely no desire to do that, not to speak of the skills. As I said in the first answer, anybody can write reviews, it’s just a matter of putting yourself to it. The rest of it is practice and perseverance ! As an ad for I don’t remember which sport said, the harder is not to start, it’s to keep going ! So I only write for P&F. I’ve written three or four reviews for a magazine that stopped in 2004, called L’Oeil électrique (done mostly by the guy whose artist name is now John-Harvey Marwanny). Paquito Bolino had also asked me to write something for a zine that he wanted to put out really long ago and I think it never came to being done. That’s all if I remember correctly and nobody else ever asked me anything.

120 reviews from Perte & Fracas

Apart from the pleasure of writing, what does the webzine bring you ?

Errr, the right to answer interviews ? Frankly, I’ve always taken and done P&F with the simple aim to make other people discover bands that I love, present or past. Music and only love of music (beautiful, heh?). I’ve never expected something in return. Now, except a few free records (not enough in my opinion and especially not the ones I really want!), download links (way too many !), to have the huge privilege to listen to the records before they come out, a inter-stellar appreciation that is always pleasant and meeting a few nice people (not too many though, heh!) P&F is good for my daily balance (still lots of room for improvement !), it’s a kind of shelter, a way to escape the harsh and merciless reality of life, a personal world in which I slip really personnal stuff although making people discover records remains the ultimate goal. I do it naturally, I never force myself, taking lots of pleasure in the process, without thinking too much about consequences. I started P&F (and SONIK before that) first for myself because I needed to speak about music – I couldn’t explain it – I have to speak about all these records that I absolutely love and, more and more, to share, in the hope that some people will enjoy the fact that P&F exists. Some collect stamps or get crazy about country western dance. Me, it’s writing about rock’n roll !

Perte & fracas was also a label, the label of one record « The perturbation theroy » by Moller-Plesset. Can you tell us a word about it ? Were there any plans to put out other records ?

That was more the story of some friends that we wanted to help and support. It all started with their first album Rather Drunk Than Quantum that we had put out with Kfuel. After that I carried on on my own when I created perte & Fracas and put out The Perturbation theory. I had plans to put out plenty of other records, to fully throw myself into the adventure of a label but it never came to being done. First because The perturbation theory sold really bad (we still have copies, ask Moller, I gave them the whole lot !), I lost money (the SONIK syndrome…) and more surely I think I didn’t have the will to carry on. If you really have something that is vital to you, you always find the means – money, time and so on – to make it happen, you overcome problems, you get really involved and that just didn’t happen for me… Perte & Fracas, a born dead label, even if you never know, I could fall for something that would make me want to start again…

No more questions… OH YES ! If Jesus Lizard plays in france in 2019, will yo go and see them ? And in 2029 ?

I see you are aware of my passion for Jesus Lizard… The last time I saw them, that was in rennes at the Antipode before the break-up, the first one before the numerous reunions for tours. It’s not really a good memory. Mac McNeilly, the drummer, wasn’t there anymore, it wasn’t even Jim Kimball but an obscure and you could feel the end was near, just a routine gig. But all the feedback on their many reunions are really good so if they play in Rennes I couldn’t help myself and would go and see them but I wouldn’t drive like crazy for them either. I’d rather stay with my glorious old memories like the first time I saw them in Bruxelles and then in Paris (at the Gibus!) the day after. That was between Goat and Liar. I didn’t care about how many kilometers I had to do to see them at that time !! In 2029, I’ll be senile, deaf or dead. But less than them.

*Yes, in fact there are. By doink a simple internet search, you fall upon the  site of the amazing fanzinothèque de Poitiers where you can follow a link to the 3rd issue of   SONIK and also plenty of other really cool fanzines of that era : Positive rage, Tranzophobia, Peace warriors, and so on.

>>>>>>>>>> PERTE & FRACAS

« Long distance noise-rocker » : interview de Xavier (fanzine SONIK/webzine Perte & Fracas)

 C’est sûrement difficile aujourd’hui d’imaginer l’importance qu’avaient les fanzines pour la culture underground dans les années 80 et 90. Ces petits magazines confectionnés à la main et photocopiés la plupart du temps étaient souvent la seule et unique source d’information et de connaissance et faire un fanzine était presque aussi cool que de jouer dans un groupe. Un fanzine, c’était potentiellement tout un monde de groupes et de scènes qui s’ouvrait à toi. En tous cas, c’est exactement l’effet que me fît SONIK. Ce fanzine a fait connaître au gamin fan de hardcore-punk que j’étais une musique qui y ressemblait mais pas totalement. Des rythmes plus étranges, plus complexes, des sonorités qui pouvaient emprunter au jazz ou aux musiques expérimentales ou électroniques. Les noms de Sabot, Zeni geva, Dog faced hermans, Heliogabale, Pain teens ou Melt banana me sont devenus familiers, parmi beaucoup, beaucoup, beaucoup d’autres. Plus de 20 ans plus tard, Xavier publie toujours comme un fou à propos de ce punk bizarre qu’il aime tant sur son webzine Perte & fracas et il était impossible de passer à côté de l’occasion de l’interviewer, même si ce n’est qu’une interview par mail. De bonnes grosses réponses massives, directes, sincères et passionnées, comme je m’y attendais. Merci Xavier.

Le nombre de critiques que tu publies est impressionnant ! Comment trouves-tu le temps d’écouter tous ces disques et  d’écrire ? Euh… tu les écoutes, hein ?

Grâce à une discipline de fer et une hygiène de vie irréprochable. Et une conscience professionnelle incroyable qui fait que oui, j’écoute tous ces disques. Hélas des fois. En fait, j’écoute de la musique du matin au soir, tout le temps, par tous les temps et par tous les moyens que le monde moderne a mis à notre disposition même si au final, c’est ma bonne vieille platine vinyle qui use surtout. Je crois que j’aime ça tout simplement. Ça fait pas loin de 30 ans que j’écris des chroniques donc c’est une gymnastique quotidienne devenue très facile (en général), comme une seconde peau, comme manger ou pisser, ça me prend pas énormément de temps contrairement à l’écoute. Là, je peux être assez long avant de me lancer à chroniquer un disque, j’aime bien avoir l’impression d’en avoir fait le tour même si c’est impossible. Du coup, les chroniques arrivent souvent en retard par rapport aux sorties mais je m’en fous, rien ne presse. Et puis, chroniquer un disque, c’est franchement pas compliqué. J’étais tombé par hasard y’a pas mal d’années sur un bouquin d’Alain Dister, journaliste rock, avec au verso une de ses citations qui disait un truc du genre « n’importe quel connard peut écrire sur le rock ». Je suis carrément d’accord avec ça. Et il disait ça au début des seventies, quand internet, tous les blogs, webzines n’existaient pas encore, alors que n’importe qui peut donner désormais son avis très facilement. Un visionnaire le mec !

Revenons à la préhistoire : peux-tu nous parler de la transition entre le fanzine SONIK que tu faisais dans les années 90 et Perte & fracas ? Qu’est-ce qui a motivé le passage au numérique ?

Le temps et l’argent ! Sonik s’est arrêté au n°8 en mai 96. Il faisait 120 pages environ, tirage 500 exemplaire, couverture couleur, et chaque exemplaire me revenait à 25 francs (environ 4 euros pour les plus jeunes !) et je le revendais… 25 Frs. J’ai toujours été un très bon gestionnaire. A l’époque, 25 Frs, c’était déjà pas mal (le prix d’un single, voir plus) et le vendre plus cher, c’était trop. Et comme il fallait après l’envoyer dans de multiples dépôts à travers la France via La Poste à mes propres frais, je perdais trop d’argent. Rien qu’un colis de 10 n° revenait dans les 50/60 balles donc le compte a été vite fait, j’ai fermé boutique hélas… Quelques temps après, internet a commencé à débarquer pour le grand public et avec l’asso KFuel dont je fais partie, on a monté un site pour parler de nos activités, essentiellement l’orga de concerts. C’est à ce moment là que j’ai pu reprendre les chroniques en créant une rubrique zine, c’était vers 97. C’est pour ça d’ailleurs qu’on retrouve plein de chroniques sur P&F allant de 96 à 2003 alors que le webzine s’est crée qu’en 2004. J’avais rapatrié toutes les chros que j’avais écrites pour KFuel pour avoir du contenu à l’ouverture. Donc, voilà, le fric, la facilité de publier sur internet, la diffusion instantanée dans le monde entier, le manque de temps, ne plus passer des nuits blanches à mettre en page, à ressortir la colle et les ciseaux. Je caresse toujours l’espoir un jour de sortir une version papier de P&F, ça me manque, genre une fois l’an pour récapituler une grande partie ou la totalité des écrits de l’année qui viennent de s’écouler mais je crois que ça se fera jamais ! Sauf si quelqu’un-e me dit un jour qu’il/elle est prêt-e à se porter volontaire pour s’en occuper !

Les numéros de SONIK ont-ils été numérisés ? Est-ce qu’on peut les trouver quelque part ?*

Non pas à ma connaissance, pas de numérisation. Et ne compte pas sur moi pour le faire, j’ai même pas tous les numéros. Juste les maquettes dans un piteux état. Par contre, j’ai appris récemment que la fanzinothèque du Confort Moderne à Poitiers à tous les n°… et chez des potes aussi mais là, ça va être plus compliqué !

Dans SONIK, il y avait des articles extra-musicaux – je me souviens d’un dossier sur Louis Calaferte – qu’on ne retrouve plus sur Perte & Fracas, y a-t-il une raison particulière à cela ?

Le temps et… ah non, pas l’argent ! J’aimerais en faire beaucoup plus. Plus de chros,de scene reports, d’articles en tout genre mais même si je ne dors pas beaucoup, je n’y arrive pas. Et puis, il faut avoir aussi l’envie d’écrire sur autre chose que la musique, sentir le sujet qui va te motiver mais en fait, je crois que je ne cherche pas. Même si plein d’autres sujets non musicaux m’intéressent, je les garde pour moi maintenant. P&F, c’est vraiment la musique et rien que la musique.

Tu as publié aussi quelques interviews mais la dernière date de 2014. C’est quelque chose qui ne t’intéresse plus ?

Si énormément mais comme pour la réponse précédente, manque de temps (sauf pour y répondre hahaha) et la flemme. En fait, ce sont surtout les conditions pour faire une bonne interview qui manquent. Lors de la venue d’un groupe en concert, c’est souvent chaud pour choper le groupe entre deux balances, le repas, les concerts, dans un coin de backstage bruyant sans parler des groupes qui s’en tapent. En plus, mon anglais laisse grandement à désirer. Si j’arrive à me faire comprendre, j’entrave pas la moitié de ce qu’ils répondent (ou alors ne faire que des groupes français ?). Autant le faire par écrit alors mais là aussi, c’est limité. On ne peut pas rebondir sur ce que la personne vient de dire, on ne peut pas instaurer une véritable discussion. Je crois aussi que j’ai pas mal été déçu et frustré par plusieurs interviews que j’ai pu faire dans le passé, pas grand chose d’intéressant en sortait. L’idéal, ce serait de passer une journée, en dehors des tournées, pour taper la discute avec un groupe, sans contrainte de temps, sans stress mais là je rêve. Et puis au final pour être tout à fait honnête, quand je vais à un concert, je préfère aller boire des bières et discuter avec les potes parce que les musiciens, c’est que des branleurs hahaha !

The art of losing et Oldies – biographies de groupes, discographies commentées et disques en téléchargement libre – sont vraiment des rubriques géniales : qu’est-ce qui t’a donné l’envie de faire ce « travail historique » ? Est-ce qu’il y avait la peur que ces groupes pre-internet tombent dans l’oubli ?

Qu’un disque vienne de sortir ou qu’il date de pas mal d’années, le principe reste le même, avoir envie de faire découvrir un disque. Je m’en fous de l’année marquée dessus, y’a pas de date de péremption pour la bonne musique ! Tout au long de ma vie (et encore maintenant), j’ai découvert plein de disques bien après leurs sorties, des disques que j’ai toujours beaucoup de plaisir à écouter aujourd’hui. Alors je me suis dit, si je peux faire découvrir des groupes comme Glazed Baby, Dazzling Killmen, Craw, Dog Faced Hermans etc etc et des disques plus obscurs mais qui auraient mérité plus de lumière, pourquoi se gêner ?! En fait, je suis toujours dans la peau du lycéen qui échangeait des cassettes avec ses potes à la récré. Tiens, je vais t’enregistrer ce groupe, tu m’en diras des nouvelles et en retour, ils me faisaient des copies d’autres disques, on avait tout un trafic de cassettes. Sauf que maintenant, on s’échange des liens MP3. J’avais aussi découvert lors de discussions avec des personnes plus jeunes (mais pas seulement !) que moi que des groupes qui apparaissaient comme des évidences, que tout le monde connaissait, hé bien ce n’était pas le cas du tout, j’avais un gros décalage. Quoi, tu n’as jamais entendu parler de Dazzling Killmen !!!!???? Tu ne connais pas les deux 1ers singles de Blunderbuss ??!! Tu vivais dans une grotte ou quoi ?! Alors que c’était normal en fait, non seulement à cause d’une question d’âge mais aussi parce que la plupart de ces groupes dans The Art of Losing ou Oldies sont assez confidentiels, n’ont intéressé qu’une poignée de personnes à l’époque où internet n’existait pas et où il était plus difficile de se faire connaître alors que maintenant, tu mets ta 1ère démo sur Bandcamp et tu fais le tour du monde. Donc voilà, j’espère qu’avec ces 2 rubriques, les plus jeunes peuvent découvrir plein de disques et les plus vieux dépoussiérer leur discographie ou combler les trous. Pas de volonté de faire un travail historique comme tu dis même si avec le temps, ça en prend la tournure et que c’est pas pour me déplaire. Pas de peur non plus car tout ça est bien involontaire de ma part et ce n’est pas désagréable au final que certains disques obscurs que je chéris tant puissent se faire entendre encore, qu’une trace subsiste. Par contre, ça doit être important pour certains groupes de ne pas tomber dans l’oubli puisque certains m’ont demander de figurer dans The Art of Losing… J’ai également réussi à choper des disques qui ne sont jamais sortis parce que les groupes avaient splitté entre temps. Quand les membres de ces groupes sont tombés par hasard sur les articles de The Art of Losing, ils m’ont spontanément contacté et étaient très heureux de pouvoir faire entendre leurs enregistrements qui ne sont jamais sortis… J’ai même découvert il y a quelques années que les Anglais de Headbutt sur le site Discogs avait mis comme lien « officiel » pour leur groupe la page Oldies que P&F leur a consacrée !

Humeur massacrante est une rubrique que je prend un malin plaisir à lire. J’imagine qu’elle n’est pas du goût de tout le monde… Qu’est ce qu’elle représente pour toi ? Penses-tu que, en son for intérieur, tout fan de musique est un ayatollah qui pense détenir la vérité ultime, adoube certains groupes et voue tous les autres aux gémonies ?

Je crois que tu n’es pas le seul à prendre un malin plaisir comme tu dis à lire cette rubrique, j’ai eu pas mal d’échos dans ce sens. Plus on dit du mal des autres, plus les gens adorent. L’humeur massacrante révèle le coté obscur de chacun d’entre vous !! Et effectivement, elle n’est pas du goût de tout le monde. Surtout des groupes qui y figurent même si la plupart le prennent très bien et l’anticipent même quand ils m’envoient leur disques en me disant que je vais pouvoir me défouler sur eux… Alors qu’en fait, je ne prends pas de plaisir à le faire. Déjà, parce que je suis obligé d’écouter ces disques (conscience professionnelle jusqu’au bout !!) et que parfois, c’est une vraie torture pour mes oreilles. Et parce que je préfère passer du temps à écrire sur de la musique que j’apprécie, c’est beaucoup plus facile. Si j’ai fait cette rubrique, c’était pour caser tous les disques que j’avais reçus (où les erreurs d’achat) et qui ne me plaisaient pas ou que je me demandais pourquoi je les avais reçus parce qu’ils ne correspondaient pas du tout à P&F. J’aurais très bien pu les ignorer (ce que je fais parfois) et les balancer à la poubelle (où ils finissent par atterrir souvent) mais comme on avait fait l’effort de me les envoyer, je voulais faire l’effort d’en parler. Au début, je pensais écrire quelques lignes seulement, assez neutres et descriptives, mais je trouvais ça vite barbant à faire et à lire. J’ai voulu donc le faire sous un angle un peu décalé et l’idée de l’humeur massacrante m’est venue rapidement. Mais cette rubrique est à lire au second degré la plupart du temps (et ça, beaucoup de groupes l’ont compris) avec de la mauvaise foi et de la provocation gratuite, de l’humour bête et méchant, une façon sans filtre et très directe de parler musique comme quand on parle zique avec des potes sur le bord d’un comptoir de bar, il ne faut pas la prendre trop au sérieux. Mais pas toujours non plus… Et ça apprendra à certains à envoyer des disques à l’aveugle sans prendre un minimum d’infos sur le zine à qui on envoie de la promo, ils tendent vraiment le bâton pour se faire battre. Ça, ça me sidère.
C’est une façon aussi d’aller à l’encontre de toute l’hypocrisie que je peux lire dans de nombreux webzines/blogs qui lèchent bien le cul des labels, groupes et autres attaché(e)s de presse, sans aucun avis critique, ou en se contentant de reprendre les éléments biographiques qu’on leur refile sous le nez ou en se satisfaisant de chroniquer uniquement ce qu’on leur envoie en promo sans jamais chercher à découvrir des disques par eux-mêmes et en achetant leurs propres disques, ce qui fait que beaucoup de zines se ressemblent. Voir de lutter contre des labels/groupes qui essayent plus ou moins habilement de vous mettre la pression pour que vous écriviez des choses positives sur leur oeuvre d’art. Nan, j’écris ce que je veux et je vous emmerde.
Mais surtout, ces chroniques, positives ou négatives, n’engagent que moi. J’ai pris le soin sur la page « contact » d’écrire que « Perte & Fracas ne fait que traduire les opinions d’un modeste besogneux. Lisez entre les lignes. Ayez votre propre avis. » Je ne possède aucune vérité, je ne possède pas LA vérité, c’est juste un avis parmi d’autres, vous en faites ce que vous voulez après. Si quelqu’un pense qu’il détient la vérité ultime, c’est un véritable crétin ou alors il s’appelle Philippe Manoeuvre, (ce qui revient au même). Je peux dire beaucoup de bien, voir encenser des groupes (et ça constitue la majorité des chros sur P&F je pense), en descendre d’autres (mais ce sont toujours celles là dont on se souvient le mieux hélas…) mais ça restera toujours uniquement l’avis et rien d’autre d’un mec dans son HLM qui essaye d’écrire le plus honnêtement possible ce qu’il ressent à l’écoute d’un disque. Point barre.

Mise en page au hachoir extraite de SONIK #3

Perte & Fracas, c’est l’exact opposé du webzine musical typique de 2018, bourré jusqu’à la gueule d’infos courtes, d’images, de vidéos. Qu’est-ce que ça t’inspire ?

Que je suis vieux ! Perte & Fracas, un webzine old-school ! Bon déjà, j’ai pas les connaissances techniques et artistiques requises pour faire un site super chiadé. Je fais P&F avec une version de Dreamweaver datant de 2000 environ, tu vois le genre. Un jour, je vais sûrement être dans la merde mais tant que ça marche… En même temps, j’ai toujours voulu faire un site clair, où il est facile de s’y retrouver sans que le lecteur soit bombardé de centaines d’infos, d’images et en privilégiant bien sûr le fond à la forme. Donc oui, rien de très glamour. Je passe plus de temps à écrire qu’à faire de superbes animations ou des jeux concours avec des écoutes en exclusivité… Ce n’était pas calculé au départ mais maintenant, j’aime l’idée que P&F soit le genre de site où on prend le temps de s’arrêter, se poser, y revenir régulièrement pour fouiller, découvrir au hasard, en dehors des sentiers battus, des modes, de l’actualité voir un peu hors du temps. J’entends parfois que faire des chroniques ne sert plus à grand chose, qu’il suffit de cliquer sur des liens et les personnes peuvent tout de suite écouter à quoi ça ressemble, qu’on s’en fout des avis de quelques obscurs scribouilleurs. C’est peut-être vrai. Mais d’abord, avec tous ces milliers de disques qui sortent, les webzines/mags permettent de faire un peu de tri (subjectif forcément) pour toutes les personnes qui n’ont pas le temps/l’envie de fouiller. Et surtout, personnellement, j’ai toujours adoré lire sur la musique en général même celle que je n’apprécie pas spécialement, lire ce que peuvent penser d’autres personnes sur des disques, apprendre des choses sur les groupes etc. Je n’ai pas envie que P&F devienne un agrégateur de news sur les sorties de disques, de liens Bandcamp ou de vidéos Youtube, froid et sans passion avec une note sur 10 pour toute appréciation. Parler de musique, c’est important, ça fait partie de tout ce folklore rock que j’adore. Ya quelque chose d’humain derrière tout ça qui me touche, c’est l’envie d’aller un peu plus profondément dans cette sensation que procure la musique, se demander pourquoi tel disque nous retourne, nous fait cet effet là, en quoi ça nous parle, ça donne un peu comme un support consistant à la musique, une mémoire qui va rester, une mystique sur la musique qu’il est important d’entretenir.
C’est pour ça aussi qu’il me faut le disque entre les mains pour en parler et que je prends en photo toutes les pochettes. Montrer que y’a des gens derrière tout ça, des musiciens, des ingénieurs sons, des dessinateurs etc… qui prennent du temps, bossent, se donnent un mal de chien pour faire des disques, des visuels, des objets parfois très beaux. La musique, ce n’est pas du MP3 et des jpg ! Donc oui, je continuerais d’écrire, écrire et écrire encore parce que pour moi, c’est le meilleur moyen pour dire à quelqu’un d’écouter un disque, lui faire partager ton envie et de communiquer ta passion.

120 chroniques de Perte & Fracas

Ton écriture est vraiment personnelle et ta façon très imagée de parler de la musique est parfois presque plus captivante que l’écoute des disques même. Ecris-tu à d’autres occasions que Perte & Fracas ? As-tu déjà écrit pour des magazines ? Est-ce qu’on te l’a proposé ?

Merci pour ta remarque sur l’écriture mais le plus beau commentaire qu’on puisse faire pour P&F, c’est « merci de m’avoir fait découvrir tel disque ou tel groupe » et non pas sur la façon dont c’est écrit. L’écriture n’est qu’un moyen de rendre tout ça pas trop désagréable, c’est secondaire. Et les mots, les images que tu utilises, les sentiments, les émotions que l’écoute d’un disque te procure, la façon dont tu tournes tout ça ne sont qu’une partie de la donne. Les infos que tu vas fournir, la connaissance du groupe et surtout l’esprit critique sont encore plus importants. L’essentiel dans un zine, c’est de donner envie aux personnes d’écouter tel ou tel disque, pas de se faire mousser pour son écriture sinon faut arrêter tout de suite et écrire un roman ou je ne sais quoi et perso, je n’ai strictement aucune envie de ce coté là et encore moins les capacités. Comme je disais dans la 1ère réponse, n’importe qui peut écrire des chroniques, il suffit de s’appliquer un minimum. Le reste, c’est de l’entraînement et de la persévérance. Comme dit une pub pour je ne sais plus quelle marque de sport et sa pratique, le plus dur, c’est pas de s’y mettre, c’est de s’y tenir ! Je n’écris donc que pour P&F. J’ai écrit 2,3 chroniques pour un magazine qui n’existe plus depuis 2004, ça s’appelait l’Oeil électrique (fait notamment par le gars dont le nom de scène est désormais John-Harvey Marwanny). Paquito Bolino m’avait demandé aussi d’écrire un truc pour un zine qu’il voulait sortir y’a fort longtemps mais je crois que tout ça est tombé à l’eau. C’est tout si je me rappelle bien et on ne m’a jamais rien proposé sinon.

Outre le plaisir d’écrire, qu’est-ce que le webzine t’apporte ?

Euh, le droit de répondre à des interviews ? Franchement, j’ai toujours envisagé et fait P&F dans le but tout simple de faire connaître des groupes que j’aime, présents ou passés, à d’autres personnes. La musique et rien que l’amour de la musique (c’est beau hein ?!). Je n’ai jamais rien attendu en retour. Maintenant, à part quelques disques gratos (pas assez à mon goût et surtout pas ceux que je voudrais !), des liens de téléchargement (beaucoup trop !) pour avoir l’immense privilège d’écouter les disques avant leur sorties, une reconnaissance inter-planétaire toujours appréciable et la rencontre de quelques personnes sympathiques (pas trop quand même hein), P&F, c’est bon pour mon équilibre quotidien (y’a du boulot !), une sorte de refuge, d’échappatoire à la dure et impitoyable réalité de la vie, un monde personnel dans lequel je glisse des choses intimes bien que faire découvrir des disques restent le but ultime. Je fais ça naturellement, sans me forcer, en prenant beaucoup de plaisir, sans réfléchir à tout ce que ça entraîne. J’ai commencé P&F (et Sonik avant) pour moi même d’abord parce que je sentais que j’avais besoin de parler de musique – et je ne pourrais pas l’expliquer – il faut que je parle de tous ces disques que j’adore et ensuite de plus en plus, pour le partage en espérant que d’autres personnes soient satisfaites que P&F existe. Certains collectionnent les timbres ou se passionnent pour la pratique de la danse country. Moi c’est écrire sur le rock’n’roll !

Perte & Fracas, ça a aussi été un label, celui d’un disque The perturbation theory de Moller-Plesset. Peux-tu nous en dire un mot ? Y avait-il l’idée de sortir d’autres disques ?

C’est surtout une histoire de potes qu’on avait envie de soutenir et d’aider. Ça a commencé avec leur 1er album Rather Drunk Than Quantum que nous avons sorti avec KFuel. Après j’ai continué l’aventure tout seul quand j’ai crée Perte & Fracas et publié The Perturbation Theory. J’avais dans l’idée de sortir plein d’autres disques, de me lancer dans l’aventure du label mais ça s’est jamais fait. Déjà parce que The Perturbation Theory s’est très mal vendu (il reste toujours des exemplaires, demandez à Moller, je leur ai tout filé !), j’ai perdu des thunes (le syndrome Sonik…) et plus sûrement, je crois que j’avais pas réellement la motivation pour continuer. Si vraiment on a un truc qui tient à coeur, on trouve toujours les moyens – financier, le temps etc – pour le faire, on dépasse les contraintes, on s’implique vraiment et ça n’a jamais été le cas… Perte & Fracas, un label mort-né même si on sait jamais sur un coup de coeur…

Plus de question… AH SI ! Si Jesus Lizard passe en France en 2019, tu iras les voir ? Et en 2029 ?

Je vois que tu connais ma passion pour Jesus Lizard… La dernière fois que je les ai vu, c’était à Rennes à l’Antipode avant la séparation, la première avant les nombreuses reformations pour des tournées. Je n’en garde pas un bon souvenir. Le batteur Mac McNeilly n’était plus là, c’était même pas Jim Kimball mais un obscur besogneux et on sentait que c’était la fin, un concert de routine. Mais tous les échos de leurs multiples reformations sont bons donc s’ils repassent à Rennes, je ne pourrais pas m’empêcher d’aller les voir mais je ferais pas des centaines de kilomètres non plus. Je préfère rester avec mes vieux et beaux souvenirs comme la première fois que je les ai vus à Bruxelles puis Paris (au Gibus !) le lendemain, c’était entre Goat et Liar. A ce moment là, je comptais pas les kilomètres pour les voir !! Et en 2029, je serai gâteux, sourd ou mort. Mais moins qu’eux.

*Oui, il en existe. En faisant une simple recherche internet, on tombe sur le’site de l’irremplaçable fanzinothèque de Poitiers où on trouve un lien vers le troisième râle de SONIK ainsi que vers pleins d’autres fanzines géniaux de l’époque : Positive rage, Tranzophobia, Peace warriors, etc.

PS L’illustration en entête de cette interview est celle de l’insert du LP « Dig out the switch » de Dazzling killmen, autre groupe chouchou des pages de SONIK/Perte & Fracas..

>>>>>>>>>> PERTE & FRACAS

« Queer in the tradition » : an interview with Gerda

Year after year and record after record, Gerda has become another name for total engagement in a dark, abrasive, deeply-felt noisy hardcore sound. So I was ever so  stocked when hearing the news they were playing Geneva last October. And this is what I did : made myself a note to go, planned my trip carefully and arrived just right at the end of their show. Bumping into the Italians near the kitchen of the squatted house, I decided to improvise an interview. My questions were short, half unclear and only partly coherent and I probably came out as a complete idiot. But the boys were cool with it. And even managed to make it an interesting moment. Read on.

You’re playing in a squatt tonight, how do you feel about that ?

Alessio (bass) : It’s very natural. It’s like being at home. This is where we come from and where we belong. The band started in a squatt similar to this in our hometown. With people doing politics, pressure groups, antifa, organizing stuff. So it makes sense to us to travel and meet this kind of places.

Can you tell us a bit about this tour and how you organize things ?

Alessio : It’s a short tour because in this part of our life we need to make it compact. It’s nine days and eight shows. We play Geneva tonight, then Paris, Nantes, Soraluze near Biarritz and then Vitoria, Gasteiz and Pau and back. We do everything by ourselves, we are a DIY band. Except wedon’t have our own label. We rely on people that have now become friends – very small DIY labels but they’ve been dealing with music since the beginning.

Alessandro (singer) : Also it allows us to get a better distribution. Some are recent, others have been around for a long time. It has become part of our game.

Alessio : Yeah, it’s like a big family.

So you are in this DIY network and obviously it works because it allows you to tour, make records, make people hear your music – what would you say works less well or you would like to see work better ?

Alessio : Everything is very efficient -except that maybe it’s a small group of people and it’s not really easy to break though and meet audiences that are not specifically connected to this or that genre. Which I think is a pity because I know that our band can meet any kind of audience. During tours, we play in random bars in front of random people and it ends up being great shows.

Alessandro : Yeah, it’s not just the music, it’s how you play it.

Please, don’t make me regret missing your show, please…

Alessio : But that’s the only thing that is not working so well. And it’s not because we or our label want it, it’s because bigger labels have marketing and work hard on people’s imagination. They take all the available space.

Roberto (guitare) : A few years ago we played a bar in France. It looked weird at first, it seemed we were kind of out of place but the night was really cool. Really good vibes.

Alessio : Buying records even though they didn’t know us…

Alessandro : Sometimes it’s even better, to be a complete outsider.

Your album « Black queer » was released recently and it’s you, Alessio, who recorded it. Can you tell us a little bit about that choice ?

Alessio : This is the first album that we did entirely on our own, besides a single song that we did on a split 7’’ (Split 7’’ with Lleroy, released on BloodySoundFucktory as part of the volumorama series. – Ed.) and that was our first experimentation with recording. There are several reasons why we decided to record it ourselves. One is that our sound engineer left and another is that it felt like the right time for us to try this. If it had been 10 or even 5 years ago, fuck, we would have reallly struggled. But I have to say we were starting to think that it was about time to try, jamming with gear and do the sound ourselves.

Roberto : When you are on your own, it’s risky but you dare to try things and you succeed.

Alessio : Yeah, you know better what you want but you know less how to get it. Our sound egineer produced something like 600 records and I produced one record. I think you can hear it’s a job made by a young producer.

To tell you the truth I thought it was produced by Steve Albini (Laughs) and I went around telling everybody there’s this Italian band, really cool, recorded by Steve Albini !… Seriously, I thought the sound was interesting, with drums quite in the foreground and the music in the back with almost a shoe-gaze/ambient feel… And also the guitar sound is quite clean, compared to the usual distorted guitars…

Alessio : Yeah, I think the guitars are very much in the focus in this album. Maybe it’s a bit more melodic maybe the songs are a little simpler. My wife says we’re getting older. (Laughs)

Roberto : Some of the songs had a different approach, starting from the guitar, whereas the previous records were more based on drums and bass.

Can you tell us a little bit about the choice to sing in Italian ?

Alessandro : Since we started it was very important for us to express very directly what we want so Italian was our first choice. More or less all of us write lyrics. It’s easier for us and we feel more confident this way. It has never really been a question among us.

Alessio : It feels very natural. Playing outside of Italy, we bring something from where you come from. And also I think it’s important that there is a tradition of Italian hardcore. It’s not like we wanted to raise a flag but… There are so many Italian bands that are influential worldwide, like Negazione, Nerorgasmo, Wretched… I believe we are part of that tradition.

What about the title of the last album ?

Alessandro : Ha ha, the title is in English !

Alessio : There is an ironic side to maybe not the music but in what surrounds it. « Your sister » (tTitle of the previous album – Ed.) is an insult and that was also ironic. Very rude way of refering to your sister So we said yeah, let’s translate it and make it Little Italy kind of insult ! Black queer is partly the same kind of idea but it’s also heavy and deep. I think we like putting funny and serious stuff.

Roberto : The whole album is dedicated to my brother, who died three years ago. He had a band, he was a brother to all of us. He had a very difficult life. He was a very powerful artist – not only a musician – and very tormented. His main problem was that he needed a lot of space to express himself so, when he couldn’t find it, it was like dying. He felt too different from other people. Sometimes he felt treated like a leper. So the meaning of Black queer for us is to never feel ashamed of your difference. Even if nobody likes it. Be yourself in the face of the others.

It’s a very personal story…

Alessio : Yeah, there are many layers…

Alessandro : On the record there is a song from his band.

Alessio : Also queer is a cool word for us to refer to our music, which doesn’t necessarily fit into categories : hardcore, noise, post punk, metal and so on. Typical metalheads might not be very happy with it. So we call it queer because it is queer music, crossing genres and expectations. Black because… it’s dark music.

And also relating to political aspects…

Alessio : Yeah, of course ! That’s also what we wanted to talk about. How certain categories of people can be perceived as dangerous or wrong or just mistreated. Black people, queer people. It’s also the social and political idea of the title.

Do you think hardcore or heavy music can be a voice for these people ?

Alessio : Ha ha ! I think it could be but there are not many queer or gay people playing harcore but it would be lovely to have more. But actually I don’t know many but there are some !

Alessandro : Of course, there are !

Alessio : But I don’t think we should talk about music genres. Music should be a way to say what you want to say. Of course DIY can be a way for queer people to express themselves.

La photo de Gerda à la Zona mutante est toujours de Olive – merci à lui.

>>>>>>>>>> GERDA

« Science of nonsense » : an interview with Frana

A trail of fanzine reviews and band connections led me to Frana and their own brand of twisted, frantic and yet melody-driven punk-rock. One thing leading to another, the Italian foursome is coming to rock Geneva beginning of November and Luca (vocals, guitar) and Francesco (bass) accepted to answer this little interview.

There’s something in your sound – especially in the voice – that reminds me of some post-punk bands from the 1980s. Are you interested in bands of that period?

Luca : Hmm… The 80s… Hmm… Not sure, my references are more placed in the 90s. But I don’t know, most of the time I just do something clueless of where it comes from.

Francesco : It’s not the first time somebody makes this connection. After one of our last shows, a guy from the audience told Luca that he sings just in the same way as Boon from Minutemen – of course he doesn’t recall this. Talking for myself, some of my favorite all-time punk bands are from the 80s. Take Hüsker Dü, Mission of Burma, Big Black, Fugazi. We actually recorded a version of Chartered Trips by Hüsker Dü in a tribute compilation by TBTCI.

And I love 80s brit post-punk, which I think is a mandatory inspiration for a bass player. Wire, Gang of Four, Joy Division…


I believe you live far away from each other. How do you manage to make the band work nevertheless? Can you see any positive aspects to this situation?

L : It has been more complicated than this. Frana was born in Germany. Francesco and I lived in Munich for a few years, and there it all started. We had no friends and we decided to start a band. Then in 2015 both of us moved back to Italy. It’s complicated… at some point we were living 1000 kilometers away from one another with the Alps in between: drummer in Munich, bass player in Florence, guitar player in Genova and myself in Milano. It’s much better right now, just a few hundred kilometers, we sort of manage to practice regularly. Positive aspects? Hmm… not many. Well, we don’t see each other so often, so we have no chance to get annoyed by each other. Lol.

F : Yeah, I live in Florence, but we are all within 300 km from each other. The key to success with this situation are trains and highways… We found some sort of balance. Writing a record in this configuration was very different from what I was used to before. You know, you can’t just go to the practice room and dick around. You have to make the best out of every session and do your homeworks. Maybe you can say it’s even more efficient, just maybe.

The cover of your LP, « Awkwardwards », is pretty cool. Who drew it?

L : Silvia Sicks, a friend we have first met when we played in Rome. I had an idea for some crazy drawings, I tried to explain it to her and she nailed it ! She’s also a songwriter and we’ll play a couple of shows together with her acoustic project “Tunonna”. My favorite element on the cover is the flying cement-mixer-monster, it is the very same “Panpo, the destroyer” that gives the title to the album’s second track. The cover tries to express what is the “Awkwardwards”. This is obviously a self-made word, which could be rephrased as “towards the awkward”. Besides the meaning, I like it coz it sounds quite wrong.

There seems to be quite a lot of nonsense involved in the aesthetics of Frana. Nonsense can be seen as a response to a bewildering situation. So what are the bewildering situations you are reacting to, if any?

L : I like the nonsense and I use it a lot, for fun or sometimes even as a way of life. I like it better than struggling to find deep meanings, as in our lyrics. It’s a fairly free expression of something you have in mind, outside the typical borders, and the boredom of rationality. Clearly, nonsense is never really nonsense… If your brain produced something, some association of words, some ideas that might look random, it’s never really nonsense, just you don’t understand it, maybe you will one day, maybe you won’t ever. There’s always something more than mere aesthetics.

F : I guess the whole universe is fairly bewildering, when you think about it. I mean, not so long ago, dinosaurs were ruling the earth. “God creates dinosaurs, God destroys dinosaurs. God creates Man, man destroys God. Man creates dinosaurs.” Will we ever witness the end of our galaxy, swallowed altogether by a supermassive black hole? Nah, I guess we’ll awkwardly destroy ourselves and everything else, well before that point.

Are there any band or artists that you found particularly inspiring in that (non)sense ?

F : Devo. Very surrealistic. Shellac as well. And how to forget Blue by Eiffel 65.

Do you think a rock song can reach the status of a classical piece of art or will it remain a piece of pop culture, easily consumed and then forgotten ?

L : Well, music is on the internet nowadays. So as long as the internet exists, music exists, even if it’s gonna be forgotten, it’s gonna be still there, ready to be discovered again.

F : That’s a difficult one…I don’t see a clear contrast between art and pop culture. The border is fading.

What are the italian or german bands that are close to your hearts and that we should be aware of ?

L : On the german side, I’ll go for Trigger Cut, brand new band. Our former drummer plays in there with Ralph that we know from Buzz Rodeo (RIP). My pick of the week it’s them, they just released some very juicy material and we’ll be sharing the stage with them in January.

F : The Italian side on me. Check out Lleroy, cool people and furious shows.

You guys are creating music, putting out records and touring regularly in a DIY/independent network. What is the best thing about that and what is the one that you like the least?

L : The best part of it is that people do that only because of passion and enthusiasm, because they feel it and the want to do it, no money is involved. The other side of the coin is that it’s difficult, as there’s no money involved it’s hard to manage shows, get even with traveling costs. And the record market, at least in Italy, it’s quite down, as much as the “generational change” failed. Young kids are not interested in rock and punk music anymore, so bands grow old together with their audience.

Do you like reading about music? Is there any magazine or website that you check regularly?

F : I regularly check a few zines, like Perte et Fracas. But to find new stuff I mostly rely on friends’ opinions and word of mouth. Very old school and not much time.

 

Are you active in any other way in the punk-rock scene, musically or otherwise?

L : In the past, back in 2004-2009, I used to organize shows in Milan and the suburbs in several squats and bars. When I moved to Munich, I started over, it took a while but I used to organize shows in a very lovely spot called Kafe Marat. Now, that I moved back to Milan, I’m not putting up shows, at least for the moment, not much time and no place where I can do it, but I’m trying to get back doing that. That’s my personal contribution, besides playing in bands, to the punk-rock-noise-metal-hardcore-whatever-diy scene.

You’re going to play Geneva in November. Can you tell us a little bit about this tour?

F : Well, that weekend we have been invited to play in Stuttgart…Geneva is right on the way back to Milan, glad it worked out! It will be our first time in Geneva. The following week we’ll be playing a bunch of shows in south France. Then Italy, with some more shows in November and December, and more Germany in January (for all the dates check our Facebook page). We love to play in Switzerland, we used to know the guys from Deadverse (RIP)… We should do definitely do it more often. Book us if you like our stuff !

>>>>>>>>>> FRANA

Exo-planets of noise-rock : an interview with YC-CY

Swiss German band YC-CY totally blew some of us out last year with their Todestanz Lp (including a song that is compulsary listening). So their show in La Makhno (Usine, Geneva) in May was a chance not to be missed. « It’s the first time we’re doing an interview », says YC-CY guitarist Mike, almost shily, with no suspicion of what a pleasure it is for the interviewer to record the carefully thought-out answers of the young band – kind of felt like taking the pulse of a sportsman. This conversation took place on the upper floor of l’Usine. Mike, Rune (voice) and Gregor (drums) were sitting on the beds. Remo (bass) was on a ladder breathing the smoke of a cigarette out in the night. And this is what we said.

Is there any special meaning behind the name YC-CY ?

Mike : No, we like it because it is symmetrical. I think it is interesting because it doesen’t mean anything but it makes you think about what it could mean.

I thought maybe it meant « Why see ? See why ! »…

Rune : Nobody thought about that.

Mike : I thought about it ! That’s my favourite version of the name, actually.

Is there a will from your part to make something a bit obscure, not so easily accessible ?

Mike : We don’t necessarily look for it but we are probably like that so it just automatically happens. Like for example on the first record all the names of the songs are animals in German. We didn’t have any lyrics at first so we just named the songs by the animals that they reminded us of. And then we thought, cool ! Why not ? A lot of stuff about the band seems really planned out but it’s really spontaneous.

Remo : And on the second album it’s all exo- planets.

Mike : Planets that are not in our solar system.

There’s always this notion of distance. Exo-planets, it’s… far away !

Mike : Exactly. And then the cover looks like space with an an explositon but it’s really a photo of the ocean and the thing that looks like an explosion is a jellyfish.

It’s not really easy to label your music. How do people react to it ?

Mike : People who like punk music think it’s interesting but also a little weird. And then there’s some people who are looking for that kind of music.

Remo : There is not really a scene for this kind of music and when we started we were really wondering if people would like it. When you’re writing punk or hardcore you know people will like it.

Are you talking about your local scene or in general ?

Mike : Some of our worst shows are at home. I honestly just think they don’t like that kind of music that much. Which is totally understandable.

Remo : And playing more shows and finding people that are interested in that kind of music or playing with other bands that do similar type of music outside of Switzerland made us realize yeah there is a scene we didn’t know about !

Rune : People walking out at shows. It’s always funny. It’s not really a thing that you would wish to yourself. We sound so weird that people don’t know what to do with it. At least you can protect yourself with that kind of thought.

Mike : It’s a reaction at least !

Rune : And then you discover that there are actually some people who listened to it, who actually know some songs and have come to the show and you don’t have to protect youself anymore.

Mike : When we go on tour, we never expect too much. One night it’s crowded and everybody’s dancing and the next it’s ten people and they don’t care !

So do you find punk music too conservative ?

Remo : We all wanted to do something new but we all like punk bands as well.

Mike : All these conservative – if you want to call it that – punk bands, we all like them. But we’ve played in a lot of bands already so we wanted to try something new. But we like the Ramones !

What is a good concert for you ? What type of contact with your audience are you looking for ?

Mike : I really like when people dance cause to me the music is really dancy. But I don’t know if it comes across like that always. I don’t see it as hardcore at all. I see it as just dancy but really dark and spacy.

Rune : We played our first concert in April and – we had that in Milano before – people really engaged with the music, pushing the stage, almost pushing me off the stage. It’s a really infectious thing, this excitement, this vibe that everybody gets into, where you will do some stuff that you wouldn’t necessarily do normally.

Mike : People kind of forget about themselves and just let loose. And then when the band stops everyone is normal again. It’s cool, I think. It’s interesting.

Rune : It can also be a good show when people just liked it. Or they didn’t like it but you just had fun.

Are there any bands that you saw and that inspired you to cross boundaries and do your own thing ?

Remo : We talked about it before a little bit. Some yeaurs ago we came here in l’Usine to see Retox. I didn’t know them and didn’t expect anything. It was different, really powerfull and the audience had this punk spirit but the music was not something that usual punk bands would play. It was weird but really intense. That was one influence. Punk but different.

Rune : I admire bands that can put on a really crazy show even if not much is going on. Just doing their thing. I don’t really understand how you do that.

Mike : They’re just really confident. About your original question, I think we all really like The Cure. Heavy but not melodic and not hard. A little funky, a little dancy. that’s what we’re trying to do as well.

Do you think that local scenes still have a relevance in our internet age ?

Mike : Yeah, definitely. We live in a really small town but the scene there is really good. There are record stores and studios, places to play and a lot of bands. Even an independent radio station and they play our songs ! Nothing to complain about, really. I just believe that it’s really not the kind of music that people who live there want to listen to.

Are you active in any other ways in your local scene, apart from the band ?

Remo : Yeah, we are setting up shows, playing in a lot of local bands as well. (Remo has also started a label called order05records and Mike is playing in the experimental band Tumortumor. – Ed.) We were doing shows in our practice space for a while. When we did the first show, we were kind of expecting the police to turn up because the place is like an apartement in a basement but then we ended up putting up shows there regularly !

Mike : There are also clubs where we know the people and where we sometimes do shows.

Do you like reading about music ? Do read any special website or magazine ?

Remo : Yeah, I really like to read interviews when they go a little deeper than the usual questions. And also band biographies and books about music.

Mike : I really like Ox fanzine. I check that out for reviews mainly. And I just discovered Perte & fracas. He reviewed one of our records and now I check that out too. We’ve all done French at school but we never use it. So I can read in French, even if it sometimes take me a long time to understand. I feel he’s always spot on and knows a lot about music. I’ve discovered a lot of records. He’s probably my favourite… I even like Noisey and Vice and all that stuff.

Remo : The book that I’m going to read next is called Fight your own war. It’s about the noise-punk scene. And we talked about Retox. I read two of Justin Pearson’s books, too. The first one was OK but then the second one I hated.

Mike : The second one made me dislike him a bit too…

OK, next question ! Your two records have come out on X-Mist records. Can you tell me how it happened ?

Remo : We released the first record by ourselves – 100 lps, we didn’t know if anybody was going to buy it. Somehow he heard it, made a review and really liked it. So he ordered a lot of Lps. Half of them I think. When it sold out, he did a repress, and then another repress. And then he told us that if we were going to do a new album and he liked it, he wanted to have us on his label.

The sound is a bit different on the second album. Did you go to a different studio ?

Remo : (Laughs) We didn’t go to a studio for the first one! We recorded in our rehearsal space. We did it all by ourselves. We didn’t know what to expect and then when we were mixing it and it was coming together, I was like « Wow ! This sounds really good ! Who knows, maybe someone will like it ? »

Mike : We didn’t know what we were doing. It was a lot of work to do it ourselves.

Rune : Insanely stupid !

Remo : We lived in the studio during five days for the second album. Became kind of friends with the guy who recorded us, who was really into it.

Mike : He was super sweet. We’ll probably go there again for the next album.

Which should be on your label, Remo ?

Remo : Maybe, we’re not sure yet.

Did you play some new songs tonight ?

Mike : Yeah, two. We’re trying them out. I think, just like the second record is more dancy than the first one, the next one is going to be even more dancy.

You’re very much into dance (laughs). Do you like dancing ?

Mike : A lot.

Remo : We wanna do horror disco !

Mike : Even, like, gothic… I love it.

You guys have very lively and rythmic parts and other that are more ambient/noisy stuff. It makes the songs quite long – that’s good – and during the shows you don’t have a lot silence.

Remo : We try to have one long song as the whole set !

Mike : When you’re watching a band and you’re really into it and after the songs it’s like « CRRRRR… » and it’s quiet. I think it’s nice when it’s more like a movie. There’s always something happening and you’re never getting out of it. And if you don’t like it, it’s like torture ! (Laughs) It’s good because of the contrast. The long parts seem longer and the fast songs more chaotic. It’s like a rollercoaster. Only long songs would be boring but the two different parts kind of charm each other… I think.

Plans for the future ?

Remo : This year we’re going to try to record a new album and then play a lot of shows.

Mike : We have a lot of songs already.

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« Sonic Youth, mobylettes et album jazz de l’année » : une interview avec NURSE

Après la sortie de son premier album, à la fois attachant et impressionnant, sans parler de leurs prestations scéniques enflammées, une interview avec Nurse s’imposait. On a pris rendez-vous à leur local de répétition au Poulpe, enclenché le bouton On de la caméra et laissé filé l’enregistrement. Ben (chant), Ram (basse), Manu (guitare) et Simon (batterie) se sont prêtés avec bonne humeur au jeu de ce qui était au final plus une conversation en roue libre entre copains, un peu réécrite et recomposée pour que le résultat soit lisible et intéressant.

Première question un peu débile : votre album est sorti il y a un mois, est-ce que vous êtes contents ?

Nurse : On est contents! C’était très très long, deux ans, quasiment.

Manu : Trois ans pour composer, deux ans à enregistrer !

Pourquoi est-ce que c’était aussi long ?

Ben : J’ai mis énormément de temps à trouver mes lignes de chant. Il fallait que je digère le style qu’on avait mis en place tous les quatre. J’avais jamais écrit de chant mélodique, j’ai fait que du hardcore avant ! Et puis, il m’a fallu un an pour me trouver une technique d’enregistrement. Le studio, ça me gave. J’ai enregistré tout seul avec des enceintes. Je passe l’enregistrement. A fond – tu rentrais dans la pièce, ça faisait mal. Micro à la main, j’ai tout enregistré comme ça. C’est en prenant le temps que j’ai fini par trouver ça. Je pouvais faire ce que je voulais. J’étais pas content, je recommençais. Maintenant que je sais comment j’enregistre, je pense que ça ira plus vite à l’avenir.

A Ugine, juin 2016

Est-ce que vous pourriez me refaire l’historique de Nurse ?

Ben : Les deux garçons là (Manu et Ram) jouaient dans un groupe qui s’appelait Shivaz et moi, j’avais un groupe de fusion, Full dawa. On a commencé à se connaître sans jouer ensemble. Shivaz ont eu un mini succés local et ensuite j’ai monté un groupe de metal-hardcore qui s’appelait NFO. Eux, ils avaient un peu envie d’arrêter Shivaz. Et moi, ça me disait bien de faire autre chose que du métal. On a monté ce projet – Borefat cohesion – on a fait un petit disque auto-produit. Quelques concerts. Les gens aimaient bien. Et puis, on a voulu enregistrer un nouveau truc. Sauf que le batteur est pas venu. Du coup, ça s’est arrêté.

Manu : Et le jour même, j’ai appelé Simon.

Donc ça, c’est l’ancêtre de Nurse…

Ben : Y’a encore un truc entre les deux. On a composé avec Simon, sur les cendres de Borefat. En faisant un peu le même style mais en changeant un petit peu. Ca s’appelait Latte machiatto (Fou rire général). On a fait un concert au Poulpe qui s’est avéré être une catastrophe. En plus, les gens qui aimaient bien Borefat nous attendaient, ils sont tous venus nous voir et on s’est vraiment vautré. On s’est pas revu pendant trois mois. Pas d’appel, pas de répète, rien. Silence radio. Puis, on s’est revu, on s’est remis à composer mais en voulant faire autre chose. En partant de l’album « Sonic nurse » de Sonic youth.

Rami : On a jammé, on a fait un morceau. C’était cool. Calme, aéré par rapport à ce qu’on faisait avant. C’est le deuxième du disque. Tout est parti de là. C’est tout pompé sur Sonic Youth, Nurse !

La Spirale, Annecy, septembre 2017

Qu’est-ce qu’il représente pour vous, cet album de Sonic youth ?

Ram : C’est pas celui que les gens préfèrent. Il y a ce morceau, le cinquième,, Stones.

Ben : C’est hyper beau.

Ram : Ce morceau, il est incroyable.

Est-ce que vous pouvez me dire un mot sur la pochette de l’album ?

Ben : C’est le grand-père de Manu, dans le nord de la France.

Simon : On avait une idée super et c’est tombé à l’eau…

Ben : On voulait faire un portrait d’un pote, qui a une tête – une gueule, quoi. Il nous avait dit oui et puis plus de nouvelles et puis il a dit je suis pas photogénique, ça sert à rien.

Simon : En fait, cette photo, plus tu regardes et plus tu vois qu’il y a tout. Le Ricard, la grosse clope, des bouteilles de gaz, tu sais pas trop, les briques, un chien et puis surtout, il y a le grillage qui prend toute la place. Et ça, c’est génial !

Manu : C’est marrant qu’il ait dit oui… Je suis pas là pour longtemps, va-z-y ! Il a le même âge que moi…

Ram : Il y a cinquante ans…

Ben : On voulait pas un truc en rapport. On voulait pas qu’il y ait le nom. On est content que ce soit une photo qui nous appartienne.

Tu peux toujours voir des rapports…

Manu : Ouais, là, mon grand-père, il montait son affaire, c’était une période merdique. Il était en usine avant. Tu vois ce que ça pouvait être… Il vivait dans une baraque ouvrière à côté de l’usine. Bossait six jours par semaine. Voisins avec ses collègues. Il monte son truc. C’est un peu un échappatoire, quoi. Tu retournes le disque, tu vois l’autre image. Tu te dis : putain, il avait envie de se barrer !

Une question un peu Michel Drucker : on évoque souvent les années 90 quand on parle de votre musique, pouvez-vous nous raconter vos années 90 ?

Ram : On est plus de la fin des années 90. Le lycée, Nirvana, Noir désir…

Ben : En 4e, j’avais 15 ans. Je répétais avec un pote qu’avait une mobylette pourrie et j’avais la batterie dans le sac ! J’étais le batteur et je jouais sur une batterie Mickey !

Ram : C’était le moment où, même dans le rock, on commençait à affirmer notre truc. Moi c’était l’alterno français, Les Shériffs…

Simon : Les tout premiers CD, Nofx…

Ben : Et la découverte des premiers groupes un peu durs. Le premier disque que j’ai eu, c’était War de U2. J’écoutais beaucoup, jusqu’en 5e. Après, mon frangin a dû acheter Tostaky. J’ai écouté. Je me suis dit, putain, c’est quoi ce truc-là ? Cette intensité, cette énergie… Même maintenant, tu me mets Tostaky et tu me mets n’importe quel Metallica, je trouve que Noir désir, c’est plus dur. Mais à l’époque, avec le son heavy metal, la batterie, la grosse prod, quand t’as 15 ans, ben… je suis allé bien dans le metal. Assez loin. Pour revenir, tranquillement. Je suis revenu à Nirvana bien plus tard. J’aimais bien Nirvana mais j’étais pas hyper fan.

Simon : Et puis, c’était les premiers concerts, les Plateaux rock à Annemasse où toute la scène alterno passait. Les Thugs, No one is innocent, Les Shériffs, Silmarils… Tu voyais le batteur torse nu et tu te disais Waouh ! C’est ça que j’ai envie de faire !

Vous êtes dans le scène locale depuis un paquet d’années, comment est-ce que vous l’avez vue évoluer ? Comment est-ce que vous la jugez maintenant ?

Ram : Ca bouge moins.

Simon : Tout ce qui est SMAC – genre Chateau-rouge – au début, on trouvait ça plutôt cool. Et maintenant j’ai l’impression que ça a tué tous les petits lieux. Les bars. J’ai l’impression qu’avant c’était plus simple de jouer pour un groupe qui commençait.

Ram : Au début des années 2000, il y a eu une pétée de petits festivals. Il y en avait partout !

Ben : Dans les villages, ils ne faisaient plus de bals, ils faisaient des festivals ! Tous les petits groupes – comme mon premier groupe, on était vraiment nuls – tous jouaient ! Ca, ça a disparu. Avec NFO, on jouait avec des groupes de reggae, de chanson, avec les Shivaz. C’était tout mélangé ! C’était cool !

Simon : Je pense que c’est la professionnalisation de la musique qui a tout tué. Les groupes prennent plus cher parce que c’est devenu leur job. Tous les prestataires prennent plus cher.

Manu : Les Rockailles, au début, ça marchait bien, on s’est tirait à peu près (Manu a fait partie des premiers collectifs d’organisations du festival des Rockailles, NDLR). On faisait passer des groupes qui prenaient peut-être 2000 balles et, en deux ans, c’est monté à 15000 boules… En fait, pour que ça marche, fallait faire en sorte que ça te coûte rien ou pas grand-chose. Nous, on voulait faire ça pour faire passer des groupes qui nous faisaient envie et puis, rapidement, on a été pris à la gorge parce qu’il fallait négocier. C’était pas notre boulot !

Ben : Business, quoi. Il y a un gros creux. Comme un peu partout, je pense…

Les Tilleuls, Annecy, septembre 2017

Ben, t’as aidé à organiser des concerts dans des lieux alternatifs comme la Machine utile. Comment vous vous placez par rapport aux lieux plus institutionnels ? Est-ce que vous faîtes une différence ?

Ben : Ah ouais, moi je fais une énorme différence. Je ne leur parle pas de la même manière. Après, le truc, c’est que j’y travaille, dans les lieux institutionnels (Ben est éclairagiste, NDLR). J’aime bien, comme pour tout, avoir un pied dans plein de trucs. Ca me fait marrer. J’aime bien faire la lumière dans des gros machins et j’aime bien les squatts où il y a pas de lumière. En vrai, je prend plus de plaisir dans un squatt où il y a pas de lumière ! Musicalement, par rapport à ce qui se passe. Après mon métier, ça reste la lumière. J’ai une vraie passion pour ça.

A ton avis, quelle devrait être la relation entre les deux ?

Ben : Il n’ y a aucun problème. Pourquoi les grosses salles pourraient pas programmer un groupe de noise ? Je considère que c’est leur rôle. C’est ce qu’ils font, plus ou moins. Le problème, c’est la fermeture des grandes scènes à la scène indé et à la scène locale. Ils ouvrent leur petite salle volontiers, mais ils l’ouvrent parce que c’est dans leur cahier des charges, pas par plaisir. Enfin, c’est pas vrai, ça dépend des programmateurs. Le problème, c’est le dialogue, on parle pas la même langue.

Ram : Mais bon, nous, en tant que groupe, on a aucun combat contre l’institutionnel…

Ben : Ouais, mais Simon il est en colère. Et moi aussi, mais en même temps j’y suis alors je comprends plein de choses. Mais il a aussi des choses que je ne comprends pas. Je pense depuis très longtemps que les gens qui sont à ces postes, ils devraient changer tous les cinq ans. Le mot est peut-être fort mais ils sont blasés. Un peu. Et puis sur les grandes scènes, ils se battent avec les prods. Exactement comme ce que Manu t’as raconté tout à l’heure. Le problème c’est que quand t’as des mecs qu’ont pas de culture alternative, ils s’en remettent au tourneur qu’il connaissent et on a toujours les mêmes groupes.

Simon : Et on en vient au truc de la professionnalisation de la zique… Et puis, ils prennent le problème dans le mauvais sens. Le public, en fait, il faut l’habituer. Genre le Poulpe, maintenant ils ont leur belle salle. C’est rarement vide, quand même. Ils ont réussi à fidéliser des gens qui vont voir les concerts, même si ils ne connaissent pas le groupe… Et les grosses salles, c’est : le tourneur nous a vendu un truc, c’est bien, on va remplir notre salle. On est content ! On se pose même pas la question de faire jouer un groupe en première partie. Je sais pas… Pour moi, c’est juste pas logique… Pour ces gens, ça paraît un truc impossible de faire jouer un groupe local avant deux autres groupes, alors que les assos elles font jouer quatre groupes dans la soirée et c’est cool. Ca se passe hyper bien.

Ram : Mais parce que les salles c’est les cantonniers de la musique ! Ils sont dans leur petit rythme tranquille, faut pas trop changer ! C’est des cantonniers de commune, j’ai rien contre mais faut dire les choses…

Ben : C’est dur parce qu’on arrive pas à foutre nos groupes là-haut…

Simon : L’argent des subventions, il vient de qui ? Il vient de nous, il vient des impôts. Alors tu en fais profiter tout le monde. Je demande pas d’être payé 1000 balles à chaque fois que je vais jouer mais un minimum de considération. Tu files 100 balles au groupe. Les groupes de lycéens, tu leur files à bouffer. Tu leur files un jeu de cordes ! Tu vas voir un magasin de musique, tu mets leur logo au bas de l’affiche. Les solutions, elles existent. C’est juste que les gens en ont rien à branler !

Il y a des fois, on connaît des groupes étrangers qui déchirent qui tournent en France et qui trouvent à peine quelques dates, on se dit bon sang c’est dommage de pas pouvoir avoir accés à ces salles…

Simon : Les mecs à la programmation, ils lisent les Inrocks et puis c’est fini.

Ben : Et puis les coups de pression du style : OK, je te fais celui-là un peu moins cher mais par contre tu me prends celui-là. C’est du business. Quand t’essayes de discuter, tu parles pas le même langage. Nous, en toute sincérité, avec le recul, on a pas tous les tenants et aboutissants de ces gens-là. C’est sûr. Et eux, ils ont une vision qui est fermée.

Simon : Au début, il y avait une émulation mais maintenant, ils programment la scène locale et il y a personne. Pourquoi ? Parce que les gens peuvent nous voir ici au Poulpe ou au Moderne avant et c’est vachement plus sympa !

Ben : Moi, y’a un truc qui m’a énervé. Au café à Château-rouge dans leurs soirées intermèdes – parce qu’il faut qu’il y ait un nom à ces soirées, comme si les gens en avait quelque chose à foutre – ils programment un gars qui fait des reprises. Des reprises à Chateau-rouge ! Le mec – que j’apprécie, hein – il joue que dans des cafés où les mecs veulent se faire du fric, OK. Mais à Chateau-rouge ? Dans un lieu subventionné ?

Simon : Il y a mille groupes qui veulent jouer, putain…

La batterie de la caméra qui enregistre l’interview s’arrête à ce moment-là. On n’y fait plus attention. Le flot de la conversation nous mène jusque tard dans la nuit. Ben raconte son expérience comme hurleur dans un groupe de jazz d’avant-garde local, qui sera finalement élu album jazz de l’année. On évoque les projets du groupe, les concerts passés et à venir, un projet de label. A suivre…

Toutes les photos de Nurse sont tirées de l’excellent blog photo Lowlightconditions. Merci à lui !

>>>>>>>>>> NURSE